Hadopi : marchés publics ou presque (libération partielle avant la CADA)
Montée en puissance confirmée
Le 07 février 2013 à 11h12
7 min
Droit
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En novembre 2010 puis en mars 2011, la Hadopi lançait deux marchés publics d’ampleur. Leur objectif ? Le nouveau système informatique (ou SI) gérant toute la riposte graduée : réception des dénonciations des ayants droit, envoi des avertissements, jusqu’à la transmission aux Parquets, aux FAI et au casier judiciaire. Suite à notre procédure CADA, nous en savons désormais un peu plus sur ce dispositif.
C’est en comptant sur les bons services de ce SI que la Hadopi programme d’adresser 1,1 million d’avertissements cette année, soit près de 40 % de plus qu’en 2012. Nous avions dans ce cadre sollicité la communication des pièces de ce marché. Sauf que la Haute autorité présidée par Marie-Françoise Marais n’a souhaité ne transmettre qu’une partie des pièces :
- Le cahier des clauses particulières (CCP) du marché public « d'assistance à la maîtrise d’ouvrage pour la version cible du système d’information utilisé dans le cadre de la réponse graduée »,
- Le cahier des clauses techniques particulières (CCTP) pour le marché de mise en oeuvre de ce système.
Une première analyse des documents montrait l’envers de ce marché et la volonté pour la Hadopi d’informatiser l’ensemble de ses échanges avec les entités extérieures (ayants droit, FAI, parquet, casier judiciaire, La Poste). Elle a envisagé également un système capable d’adresser jusqu’à 5 000 courriers postaux chaque jour. Sauf que, comme souligné, ces documents étaient tronqués, et manquaient notamment plusieurs annexes.
Lettre à la Hadopi puis saisine de la CADA
Le 26 novembre 2012, nous adressons donc une LRAR à la Hadopi pour exiger en substance les DCE (documents de consultation des entreprises) de ces marchés et plusieurs pièces annexes comme l’offre de prix détaillée des entreprises retenues. Le 26 décembre, aucun retour. Le silence valant rejet implicite de notre demande, début janvier nous avons donc saisi la CADA, la Commission d’accès aux documents administratifs.
C’est aujourd’hui 7 février 2013 que la CADA doit rendre son avis sur la publication des pièces réclamées dans ce dossier. C'est ce que la Commission nous a assuré le 15 janvier dernier.
La Hadopi libère des documents un jour avant la décision CADA
Hier, cependant, la Hadopi nous a adressé un camion de fichiers. On comprend l’enjeu : en diffusant ces pièces avant la décision de la CADA, elle évite d’avoir à respecter un avis de diffusion qui lui serait adressé. Cependant, dans son mail, la Hadopi persiste à refuser de libérer l’intégralité des documents demandés. Elle estime que certains sont couverts par « le secret industriel et commercial », voire ne peuvent « être divulgués compte tenu des exigences de sécurité publique ». Plusieurs passages ont ainsi été occultés. Des fichiers ont par ailleurs été volontairement oubliés.
Ce n’est pas la première fois que la Hadopi plie avant une décision CADA. Cela s’était par exemple produit lors d’une de nos premières procédures, destinée à récupérer les déclarations d’intérêts de ses membres. Ce n’est pas davantage la première fois que la Hadopi occulte des informations. Elle l’avait déjà fait pour tenter de cacher la rémunération brute de son secrétaire général (180 000 euros/an maximum), avant que la CADA ne lui rappelle que « les documents faisant état de la rémunération des agents publics sont communicables à toute personne qui en fait la demande. »
Les fichiers libérés suite à notre demande
En attendant la décision de la CADA, nous diffusons ce jour les documents reçu de la Hadopi, en trois fichiers :
- Pièces du marché d’assistance à maitrise d’ouvrage pour la version cible du système d’information utilisé dans le cadre de la réponse. On trouvera notamment la liste des entreprises ayant déposé une offre (mc2i et Bm2 Conseil, qui ont respectivement fait une offre à 87 040 euros et 55 225 euros.)
- Pièces du marché de mise en œuvre de la version cible du SI de la riposte graduée. C’est le cœur de la réponse graduée, la plateforme de réception des IP flashées par les ayants droit qui va traiter l’ensemble de la graduation jusqu’à la transmission au Parquet. Et une annexe « CNIL » de 10 Mo.
Ce deuxième pack de documents que la Hadopi a finalement daigné nous transmettre est à ajouter à notre actualité décrivant le système informatique de la riposte graduée. Divisé en cinq lots interdépendants, il charpente tout l’automatisme du dispositif sur quatre ans. Du cœur logiciel à l’interface en passant par les prestations automatisées d’envois des courriers...
La montée en puissance de la Hadopi est programmée
Nous examinons actuellement ces éléments qui pourront aussi servir aux chercheurs étudiant la loi Hadopi, par exemple. Fait notable, à plusieurs reprises la Haute autorité confirme sa volonté de pouvoir monter en puissance dans le traitement.
Par exemple, pour les prestations d’envoi des lettres recommandées - phase 2 de la réponse graduée - la Hadopi ordonne au titulaire du marché de prévoir « lors de la conception du système, (…) l’évolution de sa montée en charge (« scalabilité », en termes de volumes de plis traités, etc.) ». Pour la Hadopi, « il est obligatoire que le système soit capable de monter en charge, de telle sorte qu’une volumétrie plus importante conforme aux volumes des saisines soit traitée et que les performances soient améliorées ». D’ailleurs, « aucune régression du système de gestion du courrier n’est acceptable. »
Dans le règlement de consultation, la Hadopi indique laconiquement que cette plateforme automatisée d’envoi des LRAR « doit pouvoir traiter plusieurs milliers d'envois par jour ».
Même parfum pour les autres strates informatisées : « le titulaire, lors de la conception du système, prévoit l’évolution de sa montée en charge (« scalabilité », en termes de volumes de données, nombre de visiteurs, etc.) ». Elle répète qu’ « il est obligatoire que le système soit capable de monter en charge, de telle sorte qu’une volumétrie plus importante conforme aux volumes des saisines soit traitée et que les performances soient améliorées. » (p. 17 du CCPA).
200 000 saisines par jour
Dans les pièces obtenues, il est confirmé que la version opérationnelle du SI vise une base de 200 000 saisines reçues/jour. Ce système doit même être capable d’absorber « des pics réguliers », sachant que « le poids moyen d'une saisine 500ko est compris majoritairement entre 200ko et 100Mo » (des extraits de fichiers accompagnent les IP).
Confidentialité pour 10 ans
Le marché est évidemment truffé de clauses destinées à assurer la confidentialité des données. Impossible de divulguer par exemple les informations « relatives aux codes sources et aux fonctionnalités des systèmes utilisés par l’HADOPI ». L’obligation « demeurera en vigueur pour une durée de 10 ans à compter de l'expiration ou de la résiliation de ce marché pour quelle cause que ce soit ».
La Hadopi ne nous a pas transmis l’intégralité des annexes. Le cahier des charges décrivant les spécifications d’interface avec les ayants droit ou les FAI est absent. Tout comme le rapport d’audit du code, le plan de sécurité, le plan d’architecture, les spécifications fonctionnelles détaillées ou le manuel utilisateur...
Des pièces toujours manquantes
Le fichier PDF « annexe CNIL » rend compte du traitement de données personnelles généré par ce système (jusqu’à 200 000 données personnelles/jour encaissées). Il décrit les mécanismes d’échanges. Cependant, la Hadopi a occulté de nombreuses données : certaines tiennent au chiffrement, mais d’autres se contentent d’esquisser les étapes du traitement des données recueillies chez les ayants droit puis leur avenir au-delà (tri, etc.).
La décision CADA délivrée aujourd'hui nous permettra d'avoir le périmètre de la libération de ces éléments. Pour information, nous avons d'autres procédures similaires programmées. Nous y reviendrons là aussi prochainement.
Hadopi : marchés publics ou presque (libération partielle avant la CADA)
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Lettre à la Hadopi puis saisine de la CADA
Commentaires (49)
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Abonnez-vousLe 07/02/2013 à 16h09
Le 07/02/2013 à 17h25
et donc maintenant que vous vous êtes acharnés à faire bosser des gens avec nos sous pour filtrer le diffusable du pas diffusable des documents, il y a au moins un truc intéressant justifiant tant d’insistance dans ces fichiers, ou c’est comme la dernière fois, strictement rien, et un peu de nos impôts a été dépensé pour faire plaisir à pci ?
je dis ça sans animosité, mais c’est la stricte vérité, ça a du leur demander un poil de taff de filtrer un “camion” de données, de valider cela en interne et peut être avec les prestataires dont les données figurent dans les fichiers…. Si au final c’est juste pour dire “regardez, on peut vous donner le nombre de mails qu’ils pourront envoyer dans 5 ans!”, c’est juste un énorme gachis ..
Le 07/02/2013 à 17h28
Le 07/02/2013 à 17h35
Le 07/02/2013 à 17h57
Le 07/02/2013 à 18h03
Le 07/02/2013 à 18h35
Merci Marc pour ta ténacité à faire respecter toute la loi!
Le 07/02/2013 à 18h50
Le 07/02/2013 à 19h37
Le 07/02/2013 à 19h43
Le 07/02/2013 à 20h14
Le 07/02/2013 à 20h29
Le 07/02/2013 à 21h10
Moi, au contraire, j’apprécie l’engagement de PCI (et de Marc Rees directement) auprès de son public pour faire toute la lumière sur des sujets qui nous touchent tous réellement et qui sont critiqués de toutes parts (gouvernement inclus).
C’est, à mes yeux en tout cas, un vrai travail de journaliste (et qui se perd vitesse grand V). Tous les outils mis à disposition peuvent être utilisés et c’est le cas ici.
Merci à PCI et Marc Rees pour les efforts engagés, ainsi que pour les résultats.
Le 07/02/2013 à 21h22
Le 07/02/2013 à 22h25
Le 08/02/2013 à 06h38
(jusqu’à 200 000 données personnelles/jour encaissées).
ou 73.000.000 / an
Le 07/02/2013 à 11h31
C’est énorme les dernières captures " />
J’adore ce genre de truc qui en dit long sur la HADOPI.
Le 07/02/2013 à 11h31
Vu la “lisibilité des documents” autant ne rien envoyer… C’est LAMENTABLE " />
Le 07/02/2013 à 11h33
serait temps que ce genre de foutage de gueule cesse dans les administrations.
et que la CADA puisse DE FACTO rendre publique les elements que auraient dut l’etre.
plutot que de donner raison => elle delivre direct les documents
Le 07/02/2013 à 11h37
Encore un boulot de pseudo-journaliste " />
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La Hadopi ne nous a pas transmis l’intégralité des annexes. Le cahier des charges décrivant les spécifications d’interface avec les ayants droit ou les FAI est absent. Tout comme le rapport d’audit du code, le plan de sécurité, le plan d’architecture, les spécifications fonctionnelles détaillées ou le manuel utilisateur…
En gros ils ne vous ont pas fourni ce qui avait de l’intérêt, quoi…
Des fichiers ont par ailleurs été volontairement oubliés.
Pourquoi “volontairement” ? Si ca se trouve, cest juste un oubli…. " />
Le 07/02/2013 à 11h57
C’est quoi ce vieux file hoster russe? vous avez rien trouver de plus obscur?" />
Le 07/02/2013 à 12h00
des extraits de fichiers accompagnent les IP
le SI d’HADOPI meilleur que MEGA!
c’est combien l’abonnement?" />
Cependant, la Hadopi a occulté de nombreuses données : certaines tiennent au chiffrement, mais d’autres se contentent d’esquisser les étapes du traitement des données recueillies chez les ayants droit puis leur avenir au-delà
on risquerai de s’apercevoir du bullshit/illégalité du truc
Le 07/02/2013 à 12h05
L’envoi des documents la veille de la réponse théorique de la CADA, c’est la vieille technique enfantine du “Je mets la table le soir où les parents vont recevoir mon carnet de notes”.
Bon là, Hadopi innove, avec le “Je mets la table, mais avec des assiettes sales”. On voit pas bien le but.
Le 07/02/2013 à 12h05
Ce serait pas mal de faire libérer par la CADA le texte de l’Accord Cadre Microsoft du Mindef … ???
Le 07/02/2013 à 12h05
Ces zones noires me rappellent une sacrée bourde que la HADOPI avait commise (première diffusion avec les données perso d’un contrefacteur, puis re-diffusion avec des zones noires masquant ces informations… que l’on pouvait déplacer). Non, je me trompe ?
J’imagine que vous avez pensé à vérifier si ici, ce n’est pas la même " />
Le 07/02/2013 à 12h05
Le 07/02/2013 à 12h12
Le 07/02/2013 à 12h13
quelqu’un a réussi à télécharger le MP SI cible?
envoyez moi ça que je le mette sur un torrent
Le 07/02/2013 à 12h14
Le 07/02/2013 à 12h24
Le 07/02/2013 à 12h32
En lisant l’article, je ne sais pas pourquoi, j’ai ressenti la jubilation de Marc. :français; " /> " />
Le 07/02/2013 à 12h39
C’est des PDF ces documents? Personne n’a essayé d’utiliser un logiciel comme Inkscape pour déplacer les coups de censurator? Ca a bien marché dans le passé, au vu de leur niveau, ça pourrait marcher à nouveau maintenant.
Et les propriétés des documents apportent du croustillant ?
Le 07/02/2013 à 12h46
Le 07/02/2013 à 12h53
Le 07/02/2013 à 12h59
On me signale dans l’oreillette que certains documents ont disparus malencontreusement dans la cheminée de MFM …
C’est un beau foutage de gueule " />
Le 07/02/2013 à 13h01
Le 07/02/2013 à 13h04
Le 07/02/2013 à 13h10
Bien joué (une fois de plus!) " />
Le 07/02/2013 à 13h12
Le 07/02/2013 à 13h37
Pour le PDF c’est mort, c’est juste des images dans un PDF, y’a rien de vectorisé ou quoi. Pour vous dire, c’est même des feuilles qui on été imprimées puit rescané en PDF " />
Ils on prit des précaution les bougres!
Le 07/02/2013 à 13h40
Le 07/02/2013 à 13h47
Le 07/02/2013 à 13h53
Le 07/02/2013 à 13h55
C’est une image scannée, noircie puis PDFisée
Le 07/02/2013 à 13h57
Le 07/02/2013 à 14h06
quelqu’un a tenté de virer les cadres noirs avec inkscape ?
grillé 2 messages plus haut par MarcRees :-/
Le 07/02/2013 à 14h06
Ces gens-là ont trop de choses à cacher, c’est évident, et je ne parle pas de ce qui est normalement caché bien sûr, codes et autres procédures.
Les méthodes des gouvernants/politiques s’affranchissent des circulaires, obligations, et même lois en jou
Le 07/02/2013 à 14h17
Et m…, peux plus éditer.. " />
Je recommence :
Ces gens-là ont trop de choses à cacher, c’est évident, et je ne parle pas de ce qui est normalement caché bien sûr, codes et autres procédures.
Les méthodes des gouvernants/politiques s’affranchissent des circulaires, obligations, et même lois en jouant sur l’opacité.
Trop jouissif que de mettre ces parachutés devant leurs contractions, mauvaise foi, mauvaise volonté.
Ces planqués s’octroient des salaires de princes sur le dos des contribuables, mais s’affranchissent de leurs obligations, sans doute les collusions entre privé/public y sont-elles pour quelque chose, ces gens-là n’ont pas les mains propres.
Le 08/02/2013 à 11h31
Ouaip, bidon, cher, controversé, harcèlement médiatique, allez–>abrogation (avec les dadsvi and co).