[MàJ] Commission copie privée : 104 600 euros pour 15 réunions en 2011
7 000 euros par réunion
Le 27 février 2013 à 09h10
6 min
Droit
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Le projet de loi de finances pour 2013 contient toute une série de documents parlementaires précieux. Sur Twitter, le blogueur Authueil, attentif à l’activité parlementaire, a pointé un « jaune »- dans le jargon - qui dresse « la liste des commissions et instances délibératives placées directement auprès du Premier ministre ou des ministres ». Il y est justement question de la copie privée.
Depuis 1996, le gouvernement doit présenter chaque année au Parlement, en annexe du projet de loi de finances, la liste des commissions placées directement auprès de lui. L’exécutif doit y lister le nombre de membres, leur coût de fonctionnement et le nombre de leurs réunions tenues lors des trois années précédentes. Dans ce document désormais disponible, on trouve justement la Commission copie privée.
On apprend ainsi (voir capture) que cette commission est composée sur le papier de 24 membres et de son président. Ni plus, ni moins.
Pour la seule année 2011, la Commission copie privée a donc englouti 104 600 euros d'argent public pour ses coûts de fonctionnement. Le tout pour 15 réunions. Si on pose la division, c'est près de 7 000 euros par réunion. En 2010, la Commission copie privée avait tenu 10 réunions pour un budget de 88 000 euros, soit 8 800 euros par réunion.
Sténo, études et indemnités du président
À quoi correspondent ces coûts ? Ils « comprennent les frais de sténotypiste, l’indemnité du président de la commission et la prise en charge des études d’usages menées par la commission », liste le document. Il n’y a donc pas de rémunération pour les 12 ayants droit, 6 consommateurs et 6 industriels, comme vient d'ailleurs de nous le confirmer l'un des membres.
Le coût par réunion était donc supérieur en 2010 qu’en 2011, alors que sur cette dernière année les réunions étaient plus nombreuses et qu’il y avait prise en charge des études d’usages.
Quelle est donc cette prise en charge des études d’usages ? Il s'agit d'une belle et ambitieuse idée initiée dans le plan Besson France Numérique 2012. Celui-ci prévoyait de « doter la Commission de la copie privée de moyens propres, affectés à la réalisation d'études indépendantes ». L'enjeu était de donner un gage d'impartialité aux résultats qui fondent ensuite la perception de la copie privée en France.
Sur ce terrain, les travaux préparatoires à la loi du 20 décembre 2011 sur la copie privée sont précieux, même s'ils ne chiffrent rien. Ils indiquent que « la Commission a passé un accord-cadre avec un nombre réduit de prestataires choisis conjointement avec le gouvernement, qui sont remis en concurrence à chaque appel d'offres. » Le même document assure aussi que les « principales sources d'information [de la commission] sont les études qu'elle commandite elle-même, financées par le ministère de la Culture et de la Communication ». De fait en pratique, cela n’interdit pas aux ayants droit, industriels et aux consommateurs de présenter des études pour élaborer leurs propositions comme nous allons le voir.
Les voeux du Conseil d’État
Le Conseil d’État a réclamé en juin 2011 que les études d’usages destinées à justifier taux et supports soumis à prélèvement se fondent désormais « sur une étude objective des techniques et des comportements », non « sur des hypothèses ou des équivalences supposées ». Face à cette dénonciation en règle, la Commission copie privée se devait donc d’organiser enfin une vraie étude d’usage à ses frais pour épurer tout ce système qui rapporte tout de même 190 millions d’euros chaque année aux ayants droit.
Pour ne pas casser le système de perception des flux, et laisser à la Commission du temps pour retrouver ses esprit, le Conseil d’État repoussait de 6 mois l'effet de son arrêt.
En août 2011, nous révélions que le ministère de la Culture avait lancé un appel d’offres pour prendre en charge ces études. Dans ce document, des questions étaient presques amusantes. Ainsi, le sondé devait par exemple dévoiler à l’enquêteur les fichiers copiés. Cette inquisition statistique est une excellente manière pour minimiser les pratiques illicites et donc maximiser les pratiques de copie licite. Et donc la rémunération qui en découle.
Sauf que patatras ! Si le questionnaire est très long, le ministère a été trop pingre. De fait, aucun institut de sondage sur la place n’a accepté de travailler pour des clopinettes, soit moins de 125 000 euros HT.
Le sacrifice des ayants droit
La Rue de Valois pouvait relancer un autre marché public, moins dense et donc moins onéreux, mais les règles de passation repoussaient les conclusions au-delà de la date butoir accordée par le Conseil d'Etat.
Alors ? Simple ! Les ayants droit se sont donc sacrifiés pour financer intégralement l’étude 2011. Exit le plan Besson. Famille de France et deux autres associations de consommateurs (hors CLCV) ont tout de même accepté de se saigner et verser « un euro symbolique ». Selon nos informations d’alors, cette fameuse étude aurait couté 382 700 € HT, soit bien plus du double de ce qu’avait anticipé le ministère de la Culture.
Le sacrifice des ayants droit est à apprécier dans ce passage :
Extrait du compte rendu de septembre 2011
En somme, quand le PLF justifie les 104 600 euros payés par l'impôt pour cette machine à rémunération, par « la prise en charge des études d’usages menées par la commission », cela cache une réalité plus nuancée : sur l'année 2011, les ayants droit ont continué à payer et produire les études d'usages sur lesquelles ils justifient leurs rémunérations votées dans cette instance où ils sont en surnombre, si ce n'est désormais en majorité absolue.
Dernier détail, les curieux pourront fouiller le Code de la propriété intellectuelle de long en large. Aucun article n’impose d'une manière ou d'une autre à la Commission copie privée ou au ministère de la Culture d’assumer la prise en charge de ces coûts. Gageons qu'Aurélie Filippetti saura corriger au plus vite ce petit oubli.
[MàJ] Commission copie privée : 104 600 euros pour 15 réunions en 2011
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Sténo, études et indemnités du président
Commentaires (27)
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Abonnez-vousLe 15/11/2012 à 16h58
Mon précédant message était plutôt ironique
Le 15/11/2012 à 17h04
sur l’année 2011, les ayants droit ont continué à payer et produire les études d’usages sur lesquelles ils justifient leurs rémunérations voLées dans cette instance où ils sont en surnombre, si ce n’est désormais en majorité absolue.
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Le 16/11/2012 à 08h30
La première solution implique que les délais du Conseil d’État ne seront pas respectés et qu’il y aura un arrêt des perceptions au 22 décembre, préjudiciable pour les ayants droit (…)
Par conséquent, le collège des ayants droits est favorable à une prise en charge de l’étude par les parties intéressées.
Cette solution alternative est d’une étonnante subtilité " />
Le 16/11/2012 à 11h59
104 600 euros pour 15 réunions en 2011
Ah pour ça on en trouve du fric, les parasites ont encore du bon temps dans ce pays de daube……….
Le 27/02/2013 à 09h30
L’arrogance de Mr Rogard encore une fois exposé sur Twitter ??
Ca le defrise que les citoyens demandent des comptes ??
Le 27/02/2013 à 10h28
Alerté de cette question, Pascal Rogard (SACD) dénonce sur Twitter un « acharnement non thérapeutique. »
Je lui retourne le compliment, car c’est exactement ce que nous pratiquons avec l’exception culturelle française.
Le 27/02/2013 à 10h30
Ils indiquent que « la Commission a passé un accord-cadre avec un nombre réduit de prestataires choisis conjointement avec le gouvernement, qui sont remis en concurrence à chaque appel d’offres. »
Oh le beau soupçon d”entente que voilà " />
Sachant que dans le BTP ils s’arrangent souvent pour se passer la main à tour de rôle gonflant ou baissant artificiellement les factures de certains chantiers, histoire que tout le monde mange un peu du gâteau plutôt que de se tirer dans les pattes. Je ne pense pas que les instituts de sondage et autres boites de “consulting” eux aussi peu nombreux à pouvoir gérer des études à l’échelle nationale agissent différemment .
Le 27/02/2013 à 11h35
Le 27/02/2013 à 11h43
Quand je vois comment je galère a payer mes impôts et eux qui dépensent l’argent du contribuable sans compter ça me fou la rage.
Le 27/02/2013 à 12h47
Alerté de cette question, Pascal Rogard (SACD) dénonce sur Twitter un « acharnement non thérapeutique. »
Et pour cause, l’acharnement thérapeutique serait plutôt du fait des sociétés d’ayants droit, pour maintenir un modèle condamné, grâce à la perfusion du fric issu de la rémunération pour copie privée. " />
Le 27/02/2013 à 12h55
A ce prix ce n’était pas de l’eau et des petits fours de chez Lidl … Il faut en finir avec cette supercherie d’Hadopi !!
Le 15/11/2012 à 13h41
Des vaches? Des vaches à lait? " />
Sinon, ça ressemble de plus en plus à un cartel…
Je repose ma question d’hier : pourquoi la FFT a souhaité rester et n’a pas claqué la porte? Ca peut se comprendre pour SFR (maman Vivendi) mais les 2 autres, je ne comprends pas.
Le 15/11/2012 à 14h02
À quoi correspondent ces coûts ? Ils « comprennent les frais de sténotypiste, l’indemnité du président de la commission et la prise en charge des études d’usages menées par la commission », liste le document. Il n’y a donc pas de rémunération pour les 12 ayants droit, 6 consommateurs et 6 industriels, comme vient d’ailleurs de nous le confirmer l’un des membres.
Alors :
Sténotypiste pour 15 réunions de 4 heures à 50 € de l’heure brut : 3000 €
Reste 101600 pour les études et l’indemnité. On fait quoi comme quotité entre les deux ?
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Le 15/11/2012 à 14h05
Le 15/11/2012 à 14h07
Le 15/11/2012 à 14h23
le collège des industriels finance lui aussi ses études (qui sont rejetées par les ayant droits )
lien
Le 15/11/2012 à 14h27
Le 15/11/2012 à 14h34
moi je suis curieux de savoir combien ils dépensent en frais de lobbying." />" />" />
Le 15/11/2012 à 14h36
Le 15/11/2012 à 14h48
Y a pas à dire, ça coûte cher le pinard de nos jours…
Le 15/11/2012 à 14h50
J’adore la partie en vert sur la seconde illustration " />
“alors Bienvenue chez les Chtis-DVDRIP-FR-Te@m Megalodon.mp4… non on le compte comme licite celui là ! vous l’avez bien acheté sur iTune n’est-ce pas Monsieur ?”
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Bon sinon, c’est vrai que bosser pour la beauté du geste… je veux bien comprendre que les instituts aient trainé la patte.
La Rue de Valois pouvait relancer un autre marché public, moins dense et donc moins onéreux, mais les règles de passation repoussaient les conclusions au-delà du 22 décembre 2012.
bah ouais, après la Fin du Monde Director’s Cuts mayan Edition™, ça n’avait plus grand intérêt " />
cette fameuse étude aurait couté 382 700 € HT
Ma vieille habitude de re-convertir en francs m’a repris " />
c’est vrai que ça coute un rein, ce sport :s
Dernier détail, les curieux pourront fouiller le Code de la propriété intellectuelle de long en large. Aucun article n’impose d’une manière ou d’une autre à la Commission copie privée ou au ministère de la Culture d’assumer la prise en charge de ces coûts.
euuuh je vais paraitre un peu crétin mais du coup, c’est à qui de payer ?
Le 15/11/2012 à 15h05
Le 15/11/2012 à 15h06
104.600 euro pour augmenter des taxes au pifomètre… " />
Le 15/11/2012 à 15h11
Ils font des réunions dans le cadre d’une ASBL " />
C’est toujours bon à savoir comment ils gèrent le bilan annuel de leur association, non ? " />" />
Il doit souvent être en négatif " />(pour certains d’entre eux)" />
Le 15/11/2012 à 15h33
Le 15/11/2012 à 16h33
7 000 euros par réunion… 8800 euros….
J’espère qu’ils ont du champagne à ce prix là.
Le 15/11/2012 à 16h47
Voilà le fond du problème :
Tout le mécanisme de la copie privée vise en réalité à compenser le non-dit de toute cette histoire : le piratage. La rémunération des copies licites n’est qu’un prétexte juridique pour ne pas reconnaître la rémunération d’une pratique illicite. Mais aucun des deux camps ne peut l’avouer ; ni les ayants droit qui ne peuvent pas prétendre à se faire payer pour ce qui reste un délit pénal ; et les industriels qui ne peuvent pas avouer qu’ils vendent des appareils et des supports qui servent (entre autres) à pirater.
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