Hadopi : la peine de 15 jours de suspension à Internet ne sera pas appliquée
In mitius
Le 05 septembre 2013 à 08h36
5 min
Droit
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Exclusif PC Inpact : Le premier abonné condamné à une peine de suspension après une procédure Hadopi conservera finalement son accès à Internet. Un petit miracle que nous a confirmé la Hadopi. Explications.
Malgré de multiples avertissements adressés par la Hadopi, l’adresse IP de cet employé de la mairie de Montreuil continuait à être repérée par les ayants droit via les radars de l’entreprise Trident Media Guard (TMG). En cause selon nos sources, deux MP3. Un titre de Rohff, un autre du Collectif Métissé.
Saisi par la Hadopi, le tribunal d’instance de Montreuil sanctionnait le 3 juin 2013 cet homme de 46 ans à 600 euros d’amende et 15 jours de suspensions d’accès (le jugement dévoilé dans nos colonnes).
Le 9 juillet, le ministère de la Culture publiait un décret annoncé notamment lors du Festival de Cannes. Il abrogeait la suspension d’accès à internet, peine complémentaire à la fameuse contravention pour défaut de sécurisation. La ministre applaudissait sa décision sur son compte Twitter : « La coupure internet c'est fini. Le changement c'est maintenant ». Sur le site de la Rue de Valois, même salve d’autosatisfaction: « ce n’était pas une peine purement théorique, comme l’a montré, il y a quelques semaines, le prononcé d’une suspension de 15 jours d’accès à Internet par un tribunal d’instance de Seine-Saint-Denis. »
La peine de suspension de 15 jours ne sera jamais appliquée
De fait, la peine restera bien théorique. Questionnée sur la mise en œuvre effective de cette suspension après le jugement de Montreuil, Mireille Imbert-Quaretta, présidente de la Commission de protection des droits à la Hadopi, nous le dit clairement : « nous ne savons pas où en est l'exécution de la décision du tribunal d’instance de Montreuil. Mais nous n'avons plus aucune raison d'en être informés ».
Pourquoi ? « Lors de la publication du décret abrogeant la peine de suspension pour la contravention de négligence caractérisée, la décision n'était pas passée en état de force jugée. Le jugement rendu par défaut (c'est vous qui me l'avez appris) n'avait pas encore été signifié et le délai d'opposition n'avait pas encore couru ». Le fait que l’abonné ne s’est pas présenté au tribunal a conduit celui-ci à rendre un jugement « par défaut » ouvrant dans le même temps une période procédurale un peu brumeuse.
C’est justement durant cette période que le décret mettant fin à la suspension a été publié. Or, il existe en droit pénal un principe bien connu : si les textes plus sévères ne sont pas rétroactifs, les mesures plus douces s'appliquent aux faits du passé. Et c’est exactement ce qui s’est produit ici, selon Mireille Imbert-Quaretta : « La suppression de la peine de suspension s'est appliquée immédiatement et elle ne peut plus être mise en œuvre. Pour être un peu pédante c'est l'application de la règle pénale de la rétroactivité "in mitius" ». Ainsi, ce premier et dernier condamné par défaut à une peine de suspension ne verra pas sa peine de 15 jours appliquée, le décret annulant dans le Code la suspension ayant été publié entre-temps.
Une peine de suspension qui était de toute façon impossible techniquement ?
Comme signalé plusieurs fois dans nos colonnes (voir notre procédure CADA contre la CNIL), la peine de suspension a toujours posé de lourds problèmes techniques. La loi Hadopi prévoit en effet que le juge peut condamner l’abonné à un mois de suspension, non à Internet comme on a coutume de résumer, mais aux « services de communication au public en ligne ».
Dans la première version du projet de loi Hadopi, le texte tapait large pour infliger une « peine complémentaire de suspension de l’accès à un service de communication au public en ligne et de communications électroniques ». Le 22 juillet 2009, deux amendements similaires signés des députés Martine Billard et Jean Pierre Brad d’un côté, Lionel Tardy et Dionis du Séjour de l’autre, supprimaient la partie « et de communications électroniques ». Seule restait la partie « à un service de communication au public en ligne ».
Cette nuance juridique a eu des effets lourds. En effet, avec elle, la suspension ne doit viser finalement que l’accès au web (les fameux services de communication au public en ligne), non à tout Internet. Cela devait laisser intact notamment les correspondances privées (mails, messagerie Facebook, Skype, etc.), la télévision et la téléphonie. Interrogé sur la mise en œuvre de cette usine à gaz en mai 2011, la Hadopi refusait de nous donner le moindre détail. Elle renvoyait la problématique dans les mains du tribunal : « c’est (…) au juge qu’il appartient de prononcer la peine complémentaire de suspension de l’accès à un service de communication au public en ligne et d’en déterminer les contours au regard des circonstances du dossier. »
Alors certes, le tribunal de Montreuil a bien infligé ce 3 juin 2013 une peine de suspension, mais il n'en a pas déterminé « les contours au regard des circonstances du dossier ». L’intervention du décret supprimant la suspension enfoncera les derniers clous dans le cercueil de cette problématique. Avec finalement, une sèche conclusion : la suspension Hadopi sera bien restée une peine « purement théorique ».
Hadopi : la peine de 15 jours de suspension à Internet ne sera pas appliquée
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La peine de suspension de 15 jours ne sera jamais appliquée
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Une peine de suspension qui était de toute façon impossible techniquement ?
Commentaires (69)
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Abonnez-vousLe 05/09/2013 à 13h21
Le 05/09/2013 à 13h28
Le 05/09/2013 à 13h36
Le 05/09/2013 à 14h23
Le 05/09/2013 à 14h34
Le 05/09/2013 à 15h58
Et si, au lieu de dépenser tous ce fric pour rien, on s’en était servi pour financer des projets artistique ?
Le 05/09/2013 à 16h51
Le 05/09/2013 à 18h36
Et le voleur de musique, ah non pardon juste le propriétaire de ligne, il pouvais choisir les dates de la suspension inapplicable, histoire que ça colle avec ces vacances? " />
Le 06/09/2013 à 07h26
Et quand bien même la peine aurait été appliquée, à sa place, j’aurais demandé une grâce présidentielle. " />
Le 06/09/2013 à 08h23
Le Monde(…) Grâce à l’adoption du décret abrogeant les coupures de connexion, rapporte le site PC IIpact.
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Le 05/09/2013 à 09h36
Marc Rees, le journaliste-devin " />
Le 05/09/2013 à 09h37
Le 05/09/2013 à 09h46
Ca reste 600€ pour deux mp3 …
Oui. Et dans ce cas, l’amende me ferais bien plus chier que 15 jours sans internet !
Cette loi à la con reste un vrai scandale !
Le 05/09/2013 à 09h48
Preuve encore que la HADOPI ne sert qu’à gâché énormément d’argent, d’énergies et de temps à faire d’autres choses intelligentes !
Nous sommes indignés les amis !" />
Le 05/09/2013 à 09h58
Hadopi : la peine de 15 jours de suspension à Internet ne sera pas appliquée
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J’aurai pourtant adoré entendre l’opérateur gueuler que c’est impossible techniquement et la Hadopi lui répondre que la décision vient d’un juge et qu’elle doit être appliquée
Le 05/09/2013 à 09h59
PCI vous abusez avec vos photos à chaque fois que vous mettez CA en image, j’ai des haut-le-cœur ! " />
Plus sérieusement, m’étonne pas, une bande d’incompétents qui choisissent des solutions d’incompétents appuyé par des incompétents sera toujours une bouse infâme.
Le 05/09/2013 à 10h00
Le 05/09/2013 à 10h35
C’est pas grave, on refile tout ça au CSA, les hauts fonctionnaires incompétents de HADOPI ne sont pas virés on va retrouver un autre poste pour eux.
Et on continuera de dépenser nos impôts inutilement. On est sérieusement le seul pays a avoir ce genre de chose ?
Il me semble pas que les USA ont un HADOPI like, et pourtant la majeure partie des musiques, donc des ayants droits viennent de là bas.
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Le 05/09/2013 à 10h36
Le 05/09/2013 à 10h41
Le 05/09/2013 à 11h02
Le 05/09/2013 à 11h18
Le 05/09/2013 à 11h21
Le 05/09/2013 à 11h30
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Je vais aller voir ma chef:
-Bon ça fait 3 ans que vous êtes sur le projet , ça va bientôt aboutir ?, parce que ça nous coute un bras
-FIRED
Ha on me dit que pour l’Hadopi c’est normal " />
Le 05/09/2013 à 11h36
Le 05/09/2013 à 11h42
Le 05/09/2013 à 09h01
Pour un peu, je trouverais presque dommage que cette peine ait disparu.
J’étais vraiment curieux de savoir comment ils allaient se débrouiller pour la mettre en oeuvre.
Pour le coup, c’est Hadopi qui devrait dire merci. Ils évitent une situation où ils auraient pu être dans la mouise.
Le 05/09/2013 à 09h03
En cause selon nos sources, deux MP3. Un titre de Rohff, un autre du Collectif Métissé.
Mais rien que pour écouter ça il mérite d’avoir son abonnement suspendu !
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Le 05/09/2013 à 09h07
La livebox est aussi “hadopi inside” elle redémarre toute seule dès que je lance trop de download en torrent…
Le 05/09/2013 à 09h08
Hahahadopi, c’est comme les Class 52 de British Rail : propre à tout sur le papier, bon à rien sur le terrain…
Et envoyé à la casse prématurément aussi parce qu’inutilisable ? Souhaitons-le !
Le 05/09/2013 à 09h12
Bon résumons :
Mais heu, à part spammer, ils savent faire quoi les gugusses à 12M€/an?
Le 05/09/2013 à 09h13
Le 05/09/2013 à 09h13
Le 05/09/2013 à 09h14
Le 05/09/2013 à 09h16
L’inutilité de la Hadopi (que beaucoup avaient prédite) est devenue réalité. " />
Le 05/09/2013 à 09h18
Le 05/09/2013 à 09h22
Le 05/09/2013 à 09h29
Combien d’emploi l’Hadopi a créé ?
Le 05/09/2013 à 09h32
Le 05/09/2013 à 09h32
Ca reste 600€ pour deux mp3 …
Le 05/09/2013 à 09h34
Le 05/09/2013 à 09h34
Le 05/09/2013 à 08h41
Et la Hadopi inventa la suspension à internet avec sursis " />
Le 05/09/2013 à 08h45
Le 05/09/2013 à 08h45
Suspension suspendue. " />
Le 05/09/2013 à 08h45
moi je croyais que les microcoupures de free c’était des suspensions hadopi…
Le 05/09/2013 à 08h46
Le 05/09/2013 à 08h46
In mitius
Effectivement.
Et comme dit ca arrange tout le monde parce que de toutes facons c’était impossible à mettre en pratique.
Donc rien de bien surprenant, au final.
Le 05/09/2013 à 08h48
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Le 05/09/2013 à 08h48
Le 05/09/2013 à 08h51
C’est pas comme si on s’y attendait depuis le début " />
Le 05/09/2013 à 08h57
Le 05/09/2013 à 08h59
Et voilà au final à quoi aura servi HADOPI… à dépenser de l’argent public pour… RIEN.
Envoyer des mails pour dire “rohhhh c’est pas bien, y’a un fichier de musique qui a été téléchargé illégalement via votre connexion internet… attention sinon vous allez recevoir un autre mail”… " />
Le 05/09/2013 à 11h44
parce que bien entendu, on trouve 100% de ce qui existe en offre légale en France
Le développement de la structure PUR fait partie intégrante des missions d’HADOPI mais ne semble pas être une priorité ou alors la communication est mal faites. Hormis en allant sur des sites comme PCI, je n’ai jamais vu nulle part ces sites, et après on s’étonne que l’utilisateur lambda n’y aillent pas et qu’il utilise encore emule ou le torrent.
Maintenant dans les faits, le contenu libre de droit en France, c’est quand même extrêmement limitatif. Autant en litterature ebook, jeux vidéo indépendant, tu as le choix, autant en musique et vidéos, c’est clairement une autre histoire.
Le 05/09/2013 à 11h44
Le 05/09/2013 à 11h57
Le 05/09/2013 à 12h03
Le 05/09/2013 à 12h09
Le 05/09/2013 à 12h11
Le 05/09/2013 à 12h13
Le 05/09/2013 à 12h19
Le 05/09/2013 à 12h24
Le 05/09/2013 à 12h24
Le 05/09/2013 à 12h29
Le 05/09/2013 à 12h34
Le 05/09/2013 à 12h52
Le 05/09/2013 à 12h57
Le 05/09/2013 à 12h59
Le 05/09/2013 à 13h10