Les centres d’appels externes tirent la sonnette d’alarme sur l’emploi
Free Mobile pointé du doigt
Le 24 septembre 2013 à 06h30
5 min
Économie
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Selon le JDD, qui tire ses informations du Syndicat des professionnels des centres de contact (SP2C), le secteur des hotlines externalisées perd des milliers d'emplois. Entre 8 000 et 9 000 emplois seront ainsi partis en fumée en l'espace de deux ans. La faute aux opérateurs mobiles qui ont stoppé une partie de leurs contrats, se concentrant sur leurs centres d'appels internes ou poussant à la délocalisation.
Beaucoup moins d'emplois, et un chiffre d'affaires qui s'écroule
Jeudi prochain, c'est-à-dire dans deux jours, le Syndicat des professionnels des centres de contact tiendra une conférence de presse où il révélera ses derniers chiffres. Le JDD a cependant obtenu certains détails. Le SP2C lui a ainsi confié que son secteur ne comptera plus que 55 000 salariés dans l'Hexagone. Contacté, le syndicat nous a indiqué que ce nombre était en fait celui prévu pour la fin de l'année 2013.
Si l'on se rend sur le site du syndicat, nous pouvons en effet remarquer que les centres de relation client externalisés comptaient 64 000 emplois, pour un chiffre d'affaires d'environ 2 milliards d'euros. Le premier nombre date de 2011, ce qui correspond donc à une perte d'environ 9 000 emplois en deux ans, soit un recul de 15 %. Financièrement, la chute serait encore plus importante, puisque notre confrère précise qu'une baisse située entre 400 et 500 millions d'euros devrait être enregistrée, soit près d'un quart de moins en vingt-quatre mois.
Cette chute s'explique selon le JDD par l'arrivée de Free Mobile, qui a imposé une telle pression financière sur les épaules de ses concurrents que ces derniers ont dû trancher dans leur budget relations clients, notamment ceux qui étaient externalisés. « Free a été une bombe pour nous » a ainsi expliqué Laurent Uberti, le président du SP2C. « Ils ne sont pas coupables, mais c’est un constat : leur arrivée a provoqué un véritable tsunami dans notre secteur. »
Les délocalisations ne sont pas nouvelles
Free Mobile est-il pour autant le seul coupable ? En réalité, le secteur tire la langue depuis de nombreuses années, en partie du fait des délocalisations à l'étranger, et en particulier en Afrique du Nord. Entre 2006 et 2008 par exemple, soit plusieurs années avant l'arrivée du quatrième opérateur, l'intersyndicale lyonnaise de la société Teleperformance, qui travaillait à l'époque pour Neuf Cegetel (SFR), se délocalisait à 100 % vers la Tunisie.
Dans un rapport réalisé par le député UMP Marc Le Fur, et publié l'an passé, nous apprenions ainsi que le secteur, dans sa globalité (interne plus externe) comptait environ 275 000 employés en France, dont 75 % en interne et 25 % en externe. Ce dernier comptait ainsi près de 70 000 emplois, pour une date inconnue toutefois (2010 ?). Le rapport s'étonnait tout d'abord du faible nombre d'employés dans le secteur par rapport à l'Allemagne et au Royaume-Uni.
Il pointait aussi du doigt les délocalisations importantes des hotlines : « Les centres d’appel offshore permettent de délocaliser les appels dans des pays étrangers, principalement le Maroc, la Tunisie, la Roumanie, l’Ile Maurice, et plus récemment le Portugal et l’Espagne. La généralisation de cette pratique s’explique par le coût deux à trois fois moins élevé de la main-d’œuvre dans ces pays et la souplesse de la réglementation relative au temps de travail qui permet à ces centres d’appels de fonctionner la nuit et le week end. »
« L’arrivée de Free constitue une difficulté »
Or, le rapport, qui se veut général, a rapidement indiqué le coupable idéal : le secteur de la téléphonie mobile. Non seulement ce dernier aurait « créé le besoin et le modèle », mais il aurait « même généré la délocalisation ». L'impact direct ou indirect de Free Mobile était toutefois déjà décrit dans ce rapport, même si relativisé. « Il est à craindre que, pour faire face à l’arrivée du quatrième opérateur, les opérateurs de téléphonie ne soient dans l’obligation de faire appel à une main-d’œuvre meilleur marché à l’étranger » expliquait ainsi Marc Le Fur.
Le député François Sauvadet fit alors remarquer qu'il ne comprenait « pas pourquoi certains lient l’arrivée de Free à cette problématique, alors même que la SNCF a délocalisé des services informatiques ». Ce à quoi Le Fur a rétorqué que « l’arrivée de Free constitue une difficulté. De nombreux donneurs d’ordre s’en servent d’ailleurs comme un prétexte pour justifier leurs délocalisations à venir. Je ne me gêne pas pour le dire ! »
« Ces délocalisations se font pour des raisons économiques »
Le Fur annonça d'ailleurs que d'ici 2017, pas moins de 70 000 emplois pouvaient être perdus dans le secteur si aucune modification n'était réalisée. Le député proposa notamment que les centres d'appel fassent preuve de plus de transparence en révélant leur localisation. Mais en juillet 2012, Stéphane Richard, le PDG d'Orange, expliqua que les coûts sont si différents qu'il est impossible de lutter : « ces délocalisations se font pour des raisons économiques, le coût des services en question est deux à trois fois plus bas dans les pays où ces centres ont été localisés ».
À ces questions financières, se pose aussi la problématique des conditions de travail, là encore incomparable, dès lors que certaines hotlines peuvent fonctionner à l'étranger 24 h/24 et 7j/7 (jours fériés compris), ce qui est assez complexe à mettre en place dans l'Hexagone à des coûts normaux. « Jusqu'à ce jour, il est strictement impossible d'organiser cette disponibilité continue avec les salariés du groupe en France » estimait ainsi le patron.
Les centres d’appels externes tirent la sonnette d’alarme sur l’emploi
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Beaucoup moins d'emplois, et un chiffre d'affaires qui s'écroule
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Les délocalisations ne sont pas nouvelles
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« L’arrivée de Free constitue une difficulté »
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« Ces délocalisations se font pour des raisons économiques »
Commentaires (65)
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Abonnez-vousLe 24/09/2013 à 08h14
Le 24/09/2013 à 08h14
Mais en juillet 2012, Stéphane Richard, le PDG d’Orange, expliqua que les coûts sont si différents qu’il est impossible de lutter : « ces délocalisations se font pour des raisons économiques, le coût des services en question est deux à trois fois plus bas dans les pays où ces centres ont été localisés ».
Quelle hypocrisie… Il va nous faire croire qu’il va baisser le prix des forfaits une fois qu’il aura délocalisé les call center?
Ou bien c’est juste un moyen d’augmenter les marges en abaissant la qualité du SAV…
Le 24/09/2013 à 08h17
Le 24/09/2013 à 08h21
Le 24/09/2013 à 08h29
D’toute manière, la meilleure des hotline, c’est celle qu’on appelle pas.
Le 24/09/2013 à 08h29
Je pense que Orange, SFR et Bouygues veulent perdre le minimum de marges…
En gros, depuis des années nous les avons engraisser, et ils ne font aucun effort pour nous remercier…
En comparaison, lorsqu’on gave une oie, nous obtenons un bon fois gras…" />
Quand on gave Orange, SFR et Bouygues nous ne récoltons RIEN…." />
Le 24/09/2013 à 08h48
Le 24/09/2013 à 08h58
Le 24/09/2013 à 09h03
Le 24/09/2013 à 09h06
Le 24/09/2013 à 09h06
Le 24/09/2013 à 09h12
Le 24/09/2013 à 09h16
Le 24/09/2013 à 09h16
Le 24/09/2013 à 09h24
Le 24/09/2013 à 09h25
Le 24/09/2013 à 06h45
Justement le jour où je me fais embaucher en call center… A Belfast !
Le 24/09/2013 à 06h45
En gros, les français sont fainéant et sont trop payés pour leurs boulots….
Le 24/09/2013 à 06h53
Pas “trop payés”, juste “trop chers”. La nuance est importante !
Le 24/09/2013 à 06h59
Le 24/09/2013 à 06h59
On ne peut pas avoir les 3. Il y a forcément une des 3 variables qui doit changer.
Le 24/09/2013 à 07h02
Le 24/09/2013 à 07h10
Franchement, vu le service offert par ces centres délocalisés, je veux bien payer plus cher pour avoir un service potable et qui serve à quelque-chose, en plus d’être compréhensible…
Le 24/09/2013 à 07h11
Simple question, combien de fois avez vous appelez l’un de ces centres pour votre forfait mobile ?
Perso, j’ai du les appeler 1 ou 2 fois en 12ans de portable. Eux par contre, il m’ont pas mal fait chier ces derniers mois. J’en tire donc mes conclusions.
Le 24/09/2013 à 17h43
J’aime l’excuse free, mais il me semble que toutes les hotline free sont en france..
" />
Le 24/09/2013 à 18h15
Deja, je tiens à preciser que free ne delocalise pas tout (grosse hotline a vitry..).
Le n2 virgin est a angers.
Il faut aussi rappeler que notre gouvernement propose des aides pour delocaliser au maroc (financement d’une zone d’activitsé au maroc…et rien chez nous!).
Enfin, j’ai eu des clients qui exigeaient un support en France, mais ces clients sont rares.
Le 24/09/2013 à 18h57
Le 24/09/2013 à 19h12
Le 24/09/2013 à 20h18
Le 24/09/2013 à 21h45
Y en a marre aussi du Spam téléphonique " />
Le 25/09/2013 à 07h24
Le 25/09/2013 à 10h55
Le 25/09/2013 à 19h57
free montré du doigt quand orange etc délocalise depuis plus de 5 ans
Le 24/09/2013 à 07h15
Le 24/09/2013 à 07h25
Le 24/09/2013 à 07h30
Pourquoi pas proposer une option quand on appelle la hotline ?
Comme ça, on responsabilise la consommateur.
Pour faire l’analogie bagnolesque obligatoire, ça évitera aussi de voir les mêmes que les pleureuses qui roulent en allemande et se plaignent que les emplois sont détruits en France.
Le 24/09/2013 à 07h30
Le 24/09/2013 à 07h31
pour la photo, j’hésite entre " /> et " />
Le 24/09/2013 à 07h33
" /> :popcorn:
Entre ceux qui vont nous sortir leur jolie réthorique à 2 sous comme quoi le travail coute trop cher en France (vive le modèle chinois)…
Et ceux qui vont venir défendre Free et ses techniques low cost,
on va avoir droit à un joli spectacle " />
Le 24/09/2013 à 07h33
Le 24/09/2013 à 07h35
Le 24/09/2013 à 07h38
Le 24/09/2013 à 07h41
Les call centers… Le seul secteur qui use et abuse des CDD d’usage.. " />
Le 24/09/2013 à 07h43
Décidément, Free a bon dos
Le 24/09/2013 à 07h43
Le 24/09/2013 à 07h47
« Il est à craindre que, pour faire face à l’arrivée du quatrième opérateur, les opérateurs de téléphonie ne soient dans l’obligation de faire appel à une main-d’œuvre meilleur marché à l’étranger » expliquait ainsi Marc Le Fur.
Ils nous juraient pourtant tous qu’aller chez free c’était abandonner la qualité de service….
Le 24/09/2013 à 07h53
Le 24/09/2013 à 08h02
Le 24/09/2013 à 08h04
Le 24/09/2013 à 09h29
Le 24/09/2013 à 10h16
À ces questions financières, se pose aussi la problématique des conditions de travail, là encore incomparable, dès lors que certaines hotlines peuvent fonctionner à l’étranger 24h/24 et 7j/7 (jours fériés compris), ce qui est assez complexe à mettre en place dans l’Hexagone à des coûts normaux. « Jusqu’à ce jour, il est strictement impossible d’organiser cette disponibilité continue avec les salariés du groupe en France » estimait ainsi le patron.
Comment diable font-ils dans les hôpitaux français pour avoir du personnel 24⁄24, ils ont délocalisé en Chine sans qu’on s’en aperçoive ?
Comment diable font-ils dans les usines tournant en 5⁄8 ? Les gars que je croise le matin sont donc tous des clones ?
Pour quelqu’un qui se gave autant, ça la fout mal d’être autant de mauvaise foi…
Le 24/09/2013 à 10h26
Le 24/09/2013 à 10h44
Le 24/09/2013 à 10h55
Le 24/09/2013 à 10h57
Le 24/09/2013 à 11h07
Sur le plan de l’inla compétence, cela ne change souvent rien (ya pas de raison).
Soit la personne s’y connait, soit elle doit réciter un discours préparé (et pour en sortir, tintin)..
Après, le gros problème c’est la compréhension.
> la personne qui appelle ne parle pas forcément un français académique (vous seriez surpris ;) )
> la personne qui répond dans un call center en <insérer un pays du maghreb/asie forcément ne maitrise pas les subtilités de la langue..
Le Français est une langue compliquée.
Enfin bref, encore un arbitrage coût/qualité dicté par une politique du “profit à court terme”" />
Le 24/09/2013 à 11h16
Le 24/09/2013 à 11h16
Fallait pas exiger la gratuité des hotlines.
Il fallait exiger que la société rembourse l’appel SI la responsabilité de la société était engagée.
Les hotlines ne sont pas là pour apprendre aux gens à paramétrer leur outlook.
Les FAI auraient été bien inspirés de fournir un cd de diagnostic qui génère un code unique à donner par téléphone pour basculer sur une ligne gratuite.
Le 24/09/2013 à 12h16
Le 24/09/2013 à 12h29
Si les choses sont bien faites, on n’a pas besoin de Hotline " />
C’est donc une bonne nouvelle !
Le 24/09/2013 à 13h44
Mon grain de sel :
Ici au Québec, nous avons 2 gros opérateurs pour la TV et Internet : Bell et Vidéotron.
Les deux disposent de support en ligne/téléphonique et les appels sont gratuits. Bien sûr, les forfaits mensuels sont beaucoup plus élevés qu’en France (entre 100\( et 140\)/mois TTC, selon options moyennes). Bell est moins cher que Vidéotron, pas de beaucoup, mais quand même.
Par contre, les deux services à la clientèles sont à l’exact opposés l’un de l’autre : Bell et ses calls centers automatisés et externalisés, Vidéotron avec son service humanisé et ses employés locaux.
Et bien je peux vous dire que l’un des deux est haï. Perso, commencer par se battre avec le système automatisé pour finir par parler à un William qui parle avec un accent nord-africain incompréhensible, ça part super mal une conversation. J’ai l’impression qu’on me prend pour un con. Et malheureusement souvent, ça se confirme.
Bref payer plus pour avoir un service impeccable, c’est finalement mieux.
Le 24/09/2013 à 13h57
Le 24/09/2013 à 14h47
Lui: Bonyour, toi problème ADSL mosieur ?
Moi : Doh !
Le 24/09/2013 à 15h39
Le 24/09/2013 à 16h42
Deja, je tiens à preciser que free ne delocalise pas tout (grosse hotline a vitry..).
Le n2 virgin est a angers.
Il faut aussi rappeler que notre gouvernement propose des aides pour delocaliser au maroc (financement d’une zone d’activité au maroc…et rien chez nous!).
Enfin, j’ai eu des clients qui exigeaient un support en France, mais ces clients sont rares.