Les sénateurs PS veulent restreindre l’usage de la biométrie en France
Bioman
Le 20 février 2014 à 14h00
4 min
Droit
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En 2012, la CNIL avait déjà haussé le ton à l’encontre des employeurs ayant trop facilement recours aux dispositifs biométriques (lecteurs d’empreintes digitales ou de fond de l’œil,...) afin de contrôler les horaires de travail de leurs salariés. Une proposition de loi déposée au Sénat veut cependant aller encore plus loin, en imposant à l’institution de ne délivrer d’autorisation de traiter des données biométriques que dans des cas de « stricte nécessité de sécurité ».
C’est bien la montée en puissance des dispositifs de biométrie qui inquiète les sénateurs membres du groupe socialiste et apparentés. Au travers d’une proposition de loi déposée la semaine dernière, ces élus expliquent en effet que « l'on assiste depuis quelques années au développement exponentiel de l'usage des données biométriques, en particulier pour contrôler l'accès à des services ou à des locaux professionnels, commerciaux, scolaires ou de loisirs ». Données biométriques ? Si l’on cite souvent en exemple les empreintes digitales ou l’iris des yeux, les parlementaires semblent surtout préoccupés quant aux « nouvelles formes de biométrie dont la fiabilité et les risques ne sont pas totalement identifiés, telles que la reconnaissance faciale ou vocale, le "keystroke" (reconnaissance de la frappe au clavier) ou encore la reconnaissance de la dynamique de signature ».
Aux yeux des sénateurs socialistes, l’évolution actuelle des choses « appelle une clarification législative ». Pourquoi ? Parce qu’elle « met en jeu des principes fondamentaux au regard de la protection de la vie privée et du corps humain qui doivent être rappelés et défendus ».
Aujourd’hui, toute entreprise souhaitant mettre en place un dispositif utilisant des données biométriques doit préalablement obtenir une autorisation de la CNIL. Les formalités correspondantes sont d’ailleurs variables en fonction des données exploitées (empreintes digitales, contour de la main, iris,...) et de la finalité du traitement (contrôle d’accès à certaines salles, etc.).
« Biométrie : quelle déclaration pour quel fichier ? »-CNIL.
Un usage des données biométriques limité aux cas de « stricte nécessité de sécurité »
C’est justement à ce régime d’autorisation que les auteurs de cette proposition de loi veulent toucher. « La question qui nous est posée est en effet de savoir si nous sommes prêts à consentir à une banalisation de l'usage de données tirées du corps humain ou si nous voulons que cet usage soit limité à des situations exceptionnelles » affirment les parlementaires pour justifier cette évolution.
En l’occurrence, par « situations exceptionnelles », ces sénateurs entendent « une stricte nécessité de sécurité ». En l’état, leur texte prévoit effectivement de modifier la loi Informatique et Libertés afin que ce ne soit que pour ce motif là que la CNIL puisse être amenée à autoriser les traitements automatisés de données biométriques.
Plus concrètement, quelles situations pourraient être considérées comme des cas où la « stricte nécessité de sécurité » justifie la mise en place d’un traitement automatisé de données biométrique ? Réponse des sénateurs : au nom de « la sécurité des personnes et des biens », ou lorsque « la protection des informations dont la divulgation, le détournement ou la destruction porterait un préjudice grave et irréversible ». Et ce à condition « que le risque soit élevé et qu'il y ait proportionnalité entre la nature de l'information ou du site à sécuriser et la technologie utilisée ».
Les sénateurs ne cachent pas leur volonté de rester des plus prudents quant au développement de l’usage des données biométriques, et ce alors que la CNIL ou les tribunaux ont épinglé ces dernières années des entreprises étant allées au-delà du tolérable. « Au-delà du souci d'assurer la protection des personnes, cette limitation du recours à la biométrie devrait traduire également notre volonté, qui doit rester forte dans notre société, de garantir la dignité des personnes à laquelle cette technologie est susceptible d'apporter d'indiscutables atteintes ». La CNIL avait pourtant déjà durci ses modalités d’attribution des autorisations en matière de dispositifs biométriques visant au pointage des salariés (voir notre article). Mais cela n’était manifestement pas suffisant aux yeux des élus socialistes du Palais du Luxembourg.
Les sénateurs PS veulent restreindre l’usage de la biométrie en France
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Un usage des données biométriques limité aux cas de « stricte nécessité de sécurité »
Commentaires (46)
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Abonnez-vousLe 20/02/2014 à 14h17
le système de biométrie est déjà banalisé dans les lycées et collèges pour l’accès à la cantine.
Le 20/02/2014 à 14h18
Effectivement, c’est un des sujets les plus fondamentaux du moment, quand tant de gens sont au chomage, qu’il y a une division de la société comme il n’y en a jamais eu, et que ces gentils sénateurs n’ont pour la plupart jamais mis les pieds dans une entreprise.
Hormis ces éléments, les règles de la CNIL existent déjà, il suffit de les appliquer. Pas besoin d’une nouvelle loi surement mal ficelée et mal rédigée.
Le 20/02/2014 à 14h19
Qu’ils commencent deja par modifier les textes en vigueur et ne recuperer que les 2 empreintes necessaires pour les passeports, et non tous les doigts…
Apres ils pourront donner des lecons, une fois qu’on a le cul propre c’est plus facile…
Le 20/02/2014 à 14h20
Il serait bon d’être plus précis quant aux technos visées.
En effet, il me semble qu’il doit y avoir déclaration à la CNIL uniquement dans le cas où les empreintes sont stockées.
Cette proposition de loi vise-t-elle uniquement ce cas ci où tous les dispositif de contrôle biométrique ?
Après, il est certain que la biométrie pour du contrôle d’accès est discutable, sachant qu’un simple badge fait largement l’affaire.
Le 20/02/2014 à 14h21
Le 20/02/2014 à 14h24
Biométrie ou badge, tu pointes pareil.
Le problème n’est pas la technologie, mais toujours ce que l’on en fait.
S’il y en a à l’entrée (et donc sortie) des toilettes, il faut s’inquiéter, oui, mais là où il faut encore plus s’inquiéter, c’est pour l’hygiène si le lecteur est placé avant d’atteindre le lavabo !
Avoir une sécurité potable, c’est sympa dans toutes les entreprises, ça me permet de laisser trainer mon téléphone, mon portefeuille, ma montre, tout mon bazar sur mon bureau sans craindre quoi que ce soit (sauf mes collègues, mais là, sans confiance, on ne fait plus rien).
Le 20/02/2014 à 14h24
Le 20/02/2014 à 14h26
Le 20/02/2014 à 14h40
La biométrie çà peut être contourné.
Moi je propose une solution pour
Le profil ADN + profil anti-corps : tu pompes un demi litre de sang à chaque portes sécurisées ! Turnover de 3 jours garantie des employés ! Masse salariale multipliés par 3, sans compter les embauches massives de brancardier.
Et top du fabulissime : tu reverses le sang récolté aux hopitaux en tant que généreux donateur : pub gratuite.
Class internationale, prix nobel etc. " />
Le 20/02/2014 à 14h45
Le 20/02/2014 à 14h46
Le 20/02/2014 à 14h53
Le 20/02/2014 à 14h53
Le 20/02/2014 à 14h55
Le 20/02/2014 à 14h59
Le 20/02/2014 à 14h59
Le 20/02/2014 à 15h03
Le 20/02/2014 à 15h07
Le 20/02/2014 à 15h10
Le 20/02/2014 à 15h19
Le 20/02/2014 à 15h21
Le 20/02/2014 à 15h24
Le 20/02/2014 à 15h32
Le 20/02/2014 à 15h37
Le 20/02/2014 à 15h39
Le 20/02/2014 à 15h48
Le 20/02/2014 à 15h51
Le 20/02/2014 à 15h53
Le 20/02/2014 à 15h57
Le 20/02/2014 à 16h07
Ce serait mieux une double authentification.
un élément sécurisé (carte à puce) + empreinte, le lecteur s’occupe de lire ton empreinte et la clef pour faire une projection des divers points de ton empreinte dans l’espace (la base)stockée sur la clef.
Et tu compares tout ça avec ce qu’il y a en base.
Au final si la BDD est volée, il n’auront pas ton empreinte mais sa représentation dans un espace vectoriel.
Le 20/02/2014 à 16h09
Les sénateurs PS veulent restreindre l’usage de la biométrie en France
Ils ont peur de laisser des traces…" />
Le 20/02/2014 à 16h11
Le 20/02/2014 à 16h19
Le 20/02/2014 à 16h51
Le 20/02/2014 à 16h51
Ils ont bien raison : si on n’a plus la possibilité de filouter au pointage en filant son badge aux collègues, mais où va-t-on !
D’ailleurs, on ferait bien de modifier la constitution en instituant le droit à la magouille, au retard quotidien et à l’absentéisme !
Le 20/02/2014 à 17h03
Le 20/02/2014 à 17h14
Le 20/02/2014 à 18h04
Le 20/02/2014 à 18h06
Le 20/02/2014 à 18h40
Le 21/02/2014 à 06h24
Pourtant les Fauxcialistes aiment tout ce qui est un pas vers la dictature" /> ….
Le 21/02/2014 à 07h43
Le 21/02/2014 à 07h57
Le 21/02/2014 à 08h59
Bossant sur le sujet, je comprends très bien les préocupations des sénateurs, il serait temps d’avoir un vrai débat sur le sujet.
Ce qui me chagrine, c’est l’orientation du projet : “C’est mal, il faut interdire, ou en tout cas limiter”.
C’est peut-être vrai, mais attaquer le sujet sous est angle n’est pas, à mon avis, propice à un débat permettant d’y voir plus clair.
Le 21/02/2014 à 10h27
Le 21/02/2014 à 16h57