[Interview] Baisse ou hausse du piratage ? La réponse de l’ALPA
Non, le piratage ALPA baissé
Le 04 juillet 2014 à 07h40
5 min
Droit
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Avant-hier, l’Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle (ALPA) a dévoilé une étude s’intéressant aux pratiques de piratage de films et de séries sur Internet : peer-to-peer, streaming, téléchargement direct. Sauf que la lecture de ses chiffres a pour le moins prêté à des interprétations différentes notamment par la Hadopi... Next INpact a ainsi souhaité interroger Frédéric Delacroix, le délégué général de l’ALPA.
La Hadopi a vu dans votre étude une « réelle baisse » du piratage, tandis que le ministère de la Culture a parlé de son côté de pratiques illicites en « très nette hausse ». Qui dit vrai ?
Objectivement, la mesure que l'on a réalisée avec Médiamétrie montre une augmentation de l'audience des sites dédiés à la contrefaçon audiovisuelle. J'ai bien lu vos articles. Même si la base d'internautes augmente, le pourcentage reste peut-être stable, mais il n'empêche que ça augmente puisqu'entre 2009 et 2013, il y a à peu près deux millions de personnes de plus qui fréquentent les sites dédiés à la contrefaçon audiovisuelle.
Mais le nombre de foyers équipés d'Internet a augmenté de 30 % dans le même temps...
Et alors ? Ca n'empêche que le nombre de gens se rendant sur des sites dédiés à la contrefaçon augmente aussi, donc on ne peut pas dire que ça baisse !
Ne peut-on pas alors parler d’une augmentation relative ?
Si vous trouvez que deux millions de personnes c'est quelque chose de relatif, je vous laisse vos propos...
Vous n'avez pas répondu à ma question initiale : qui dit vrai ? Le ministère de la Culture ?
La Hadopi dit vrai si l'on regarde effectivement la courbe du peer-to-peer, où l'on a une relative stabilité.
N’est-il pas contradictoire de s’alarmer du fait que le piratage est « important », alors que vos chiffres montrent que sur le long terme, la tendance est à la baisse sur le streaming, le P2P et le téléchargement direct ?
Ce n'est pas du tout contradictoire ! Pour le streaming, la mesure est faussée parce que nous n'avons pas tenu compte de certaines grosses plateformes, que l’on ne peut pas qualifier de dédiées à la contrefaçon audiovisuelle mais qui, malheureusement, hébergent des contenus illégaux et qui font l'objet d'une fréquentation massive [en l’occurrence, YouTube et Dailymotion ont été exclus de l’étude, ndlr]. Donc effectivement, en matière de streaming, je dirais que les chiffres ne reflètent pas forcément la réalité.
À ce propos, que répondez-vous à la Hadopi, qui a critiqué hier matin les « zones d'ombre méthodologiques » de votre étude et les « conclusions hasardeuses » qui en découlaient ?
Mais quelles zones d'ombres ? La méthodologie est faite par Médiamétrie, qui dispose d'outils statistiques qui ne sont à mon avis pas contestables.
Savez-vous quelle est l'empreinte économique des pratiques illicites que vous avez auscultées ?
Non. C'est quand même assez difficile de le mesurer globalement. Mais on va essayer de s'y atteler. Avec Médiamétrie, on commence à avoir une approche de la volumétrie, notamment de contenus qui sont visionnés et/ou téléchargés, que l'on va essayer de mesurer dans le temps. À partir de là, on essayera d'estimer l'impact que cela peut avoir sur les industries culturelles du cinéma et de l'audiovisuel, en termes économiques.
Pour l'instant, vous n'avez donc aucune idée ?
C'est très difficile. Je crois que c'est la première fois qu’on arrive à mesurer de façon à peu près assez fine, notamment sur le streaming, la consommation illégale. On va poursuivre de façon à essayer de quantifier la chose.
Que préconisez-vous pour remédier aux effets prétendument néfastes de ces pratiques illicites ?
Il y a deux choses : la prévention et évidemment la pédagogie vis-à-vis des internautes, mais également la mobilisation des services de l'État - quels qu'ils soient - contre les sites de diffusion massive de contenus totalement illégaux.
Plus concrètement, est-ce qu'il y a des choses en particulier qui vous tiennent à coeur ?
Je pense qu'il est important d'essayer de poursuivre, lorsque cela est possible, les auteurs de ces diffusions massives de contrefaçons. Et également de trouver des solutions alternatives visant à réduire cette offre illicite massive, par exemple ce qui a été donné dans le cadre de l'affaire Allostreaming.
Pourquoi avoir diffusé publiquement cette étude, à ce moment-là ?
Parce que nous avons eu les chiffres très récemment, et il nous a paru opportun de le faire maintenant. De toute façon, nous n'aurions pas pu les garder confidentiels très longtemps.
N’y avait-il pas une volonté d’influencer les pouvoirs publics ?
Pas à mon niveau en tout cas.
Pourquoi ne pas avoir fait appel à la Hadopi pour mener ce type d’étude ?
L'Hadopi est une autorité indépendante. Vous le dites assez bien dans vos articles, l'ALPA représente le secteur privé. C'est une association de droit privé qui a ses propres outils de mesure, en la personne de Médiamétrie.
Merci Frédéric Delacroix.
[Interview] Baisse ou hausse du piratage ? La réponse de l’ALPA
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La Hadopi a vu dans votre étude une « réelle baisse » du piratage, tandis que le ministère de la Culture a parlé de son côté de pratiques illicites en « très nette hausse ». Qui dit vrai ?
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Mais le nombre de foyers équipés d'Internet a augmenté de 30 % dans le même temps...
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Ne peut-on pas alors parler d’une augmentation relative ?
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Vous n'avez pas répondu à ma question initiale : qui dit vrai ? Le ministère de la Culture ?
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N’est-il pas contradictoire de s’alarmer du fait que le piratage est « important », alors que vos chiffres montrent que sur le long terme, la tendance est à la baisse sur le streaming, le P2P et le téléchargement direct ?
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À ce propos, que répondez-vous à la Hadopi, qui a critiqué hier matin les « zones d'ombre méthodologiques » de votre étude et les « conclusions hasardeuses » qui en découlaient ?
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Savez-vous quelle est l'empreinte économique des pratiques illicites que vous avez auscultées ?
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Pour l'instant, vous n'avez donc aucune idée ?
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Que préconisez-vous pour remédier aux effets prétendument néfastes de ces pratiques illicites ?
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Plus concrètement, est-ce qu'il y a des choses en particulier qui vous tiennent à coeur ?
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Pourquoi avoir diffusé publiquement cette étude, à ce moment-là ?
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N’y avait-il pas une volonté d’influencer les pouvoirs publics ?
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Pourquoi ne pas avoir fait appel à la Hadopi pour mener ce type d’étude ?
Commentaires (49)
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Abonnez-vousLe 04/07/2014 à 08h01
Le problème de l’ALPA c’est le même que SOS racisme. Sans racisme pas de SOS racisme, sans piratage pas d’ALPA.
Au passage un petit chèque pris sur les subventions ça ne fera pas de mal. De la a laisser faire; voire l’organiser…
Le 04/07/2014 à 08h04
Bonne pratique de la langue de bois " /> Ou comment ne pas vouloir reconnaitre que la proportion d’internautes piratant est en baisse " />
“outils statistiques qui ne sont à mon avis pas contestables.” Un outil statistique est toujours contestable par nature de par le fait qu’il s’agisse de statistique …
Le 04/07/2014 à 08h04
Le 04/07/2014 à 08h08
Bon courage pour calculer le coût de cette “contrefaçon audiovisuelle”. Il y a beaucoup de film que je n’irais jamais voir au ciné car je ne pense pas qu’ils vaillent le prix demandé mais il est sur que si il y avait une vrai plateforme de streaming ou vod vraiment intéressant (et non a 4€ le film en vod), j’achèterais plus facilement.
Mais bon autant pisser dans un violon.
Le 04/07/2014 à 08h09
L’Hadopi est une autorité indépendante.
" />
Le 04/07/2014 à 08h10
Le 04/07/2014 à 08h11
J’ai vraiment l’impression que le gars panique complétement. Peut etre ont ils enfin commencé à se rendre compte que leur “buisness modèle” (si on peut appeler comme ça leurs magouilles mafieuses) est définitivement mort et enterré.
A ce propos, pour ceux qui ne l’auraient pas déjà lu :
http://ploum.net/publier-cest-rendre-public/
Le 04/07/2014 à 08h14
De toute façon, pour pouvoir organiser leur chasse aux “sorcières modernes”, ils ne peuvent pas dire que ça diminue. Donc leur avis est complètement orienté donc sans intérêt …
Le 04/07/2014 à 08h16
Savez-vous quelle est l’empreinte économique des pratiques illicites que vous avez auscultées ?
Non. C’est quand même assez difficile de le mesurer globalement.
… donc on va mettre une nouvelle taxe qui va nous rapporter 10 milliards, je pense que ça doit être bon " />
Le 04/07/2014 à 08h20
Le 04/07/2014 à 08h21
Le 04/07/2014 à 08h21
De toute façon, avec ces gars-là, même si l’étude prouvait que le “piratage” ou la “consommation illicite” baissait, il se féliciterait et demanderait des moyens supplémentaires pour encore faire plus baisser.
A part payer très cher des instituts pour sortir des chiffres du chapeau (le Bigmalyon effect !) tout ça ne sert à rien….
En tout cas, merci pour l’interview. le “vous ne répondez pas à ma question” est excellent. Il faut garder son calme devant ses professionnels de la langue de bois.
Le 04/07/2014 à 08h24
Ne peut-on pas alors parler d’une augmentation relative ?
Si vous trouvez que deux millions de personnes c’est quelque chose de relatif, je vous laisse vos propos…
Réponse de débile, inutile de lire le reste de l’interview, le gars c’est un débile…
Le 04/07/2014 à 08h25
Le 04/07/2014 à 08h27
Le 04/07/2014 à 08h29
Le 04/07/2014 à 07h51
d’accord, L’ALPA pointe une augmentation de la consommation illicite via mediametrie… qui sort ses chiffres d’ou? non parce qu’a moins de faire du DPI j’ai du mal a savoir comment ils ont une vue sur la qualité du trafic internet….
et aussi, on attaque la présence de l’offre illégale, mais l’absence d’offre légale potable non? ca leur viens pas à l’esprit que la chronologie des médias leur fais plus de mal qu’autre chose?
voila voila… une répétition de plus qui est nécessaire…
Le 04/07/2014 à 07h59
Le 04/07/2014 à 08h29
Le 04/07/2014 à 08h42
Le 04/07/2014 à 08h42
Le 04/07/2014 à 08h45
Le 04/07/2014 à 08h50
Le 04/07/2014 à 08h50
Be en gros la question du journaliste qui voit que les deux institutions ont une interprétation complètement opposée des mêmes résultats c’est “vu que vous avez pondu les résultats, vous en pensez quoi ?” et le type répond “ben Hadopi pense que ça baisse vu qu’ils prennent en compte le pourcentage et le ministère de la culture dit que ça monte vu qu’ils prennent en compte le chiffre brut”.
C’est pas vraiment répondre à la question ça, c’est juste répéter ce que tout le monde sait (et que le journaliste a formulé dans sa question).
Après pour ce qui est de la transcription, ça m’a l’air assez orienté.
Le 04/07/2014 à 09h04
Le 04/07/2014 à 09h10
Le 04/07/2014 à 09h10
Le 04/07/2014 à 09h12
Le 04/07/2014 à 09h19
Le 04/07/2014 à 09h21
Le 04/07/2014 à 09h21
Et pourtant, ce que l’on tire de tes propres chiffres c’est qu’en 2009 on avait 63% de pirate, en 2013 on en avait 55%.
Or entre 2005 et 2010 le nombre de ménages en France à très peut augmenté et est resté dans les 25 million. Le nombre d’abonné arrive donc à saturation et n’augmentera plus que de quelques %.
Donc si le taux suit la même pente et que le nombre de ménage gagne 3-4% alors les prévisions indique que la courbe du piratage s’inversera.
Le 04/07/2014 à 09h23
Le 04/07/2014 à 09h32
Le 04/07/2014 à 09h32
Le 04/07/2014 à 09h43
Le 04/07/2014 à 09h45
Ben le pauvre il a un peu le cul entre 2 chaises. D’un côté il faut qu’il dise que son action est efficace (sinon on va encore dire qu’il est (trop) payé à ne rien faire, de l’autre, il faut qu’il dise que ça augmente malgré son action efficace pour justifier d’avoir plus de moyen/la pérennité de son poste.
Faut un subtil discours/présentation des chiffres.
Le 04/07/2014 à 09h48
Le 04/07/2014 à 10h02
Le 04/07/2014 à 10h38
Le 04/07/2014 à 11h17
Le 04/07/2014 à 12h18
Médiamétrie !
Cette boîte daubesque à la méthogologie complètement opaque, en voilà une bonne source.
Quand un client leur commande un sondage, il joint les chiffres qu’il voudrait voir publiés, et oh, quelle chance, ça correspond parfaitement.
Le 04/07/2014 à 12h25
Mais quelles zones d’ombres ? La méthodologie est faite par Médiamétrie, qui dispose d’outils statistiques qui ne sont à mon avis pas contestables.
http://i0.kym-cdn.com/photos/images/newsfeed/000/101/781/Y0UJC.png
Le 04/07/2014 à 13h36
Petite question , quel génération (age) constitue ces 30% d’augmentation d’abonnement?
Je vois pas mal de personnes un peu âgées (65-80ans) s’y mettre, c’est pas du a ça le fait que le nombre de pirate n’est pas proportionnel?
Le 04/07/2014 à 13h42
Le 04/07/2014 à 16h33
Et alors ? Ca n’empêche que le nombre de gens se rendant sur des sites dédiés à la contrefaçon augmente aussi, donc on ne peut pas dire que ça baisse !
Le nombre de ventes dématérialisées légales augmente aussi, donc on ne peut pas dire que le piratage soit un problème.
non ? " />
Le 04/07/2014 à 17h31
Le 04/07/2014 à 18h52
Pourquoi ne pas avoir fait appel à la Hadopi pour mener ce type d’étude ?
L’Hadopi est une autorité indépendante. Vous le dites assez bien dans vos articles, l’ALPA représente le secteur privé.
Traduction: nous ne voulions pas une etude independante, nous voulions pouvoir commander des chiffres a la demande.
Bref, ils ne veulent pas une verite objective (d’ou un gros eclat de rire a la premiere reponse qui commence par “objectivement…”), mais un element de plus pour demander plus de repression.
D’ailleurs…
Que préconisez-vous pour remédier aux effets prétendument néfastes de ces pratiques illicites ?
Il y a deux choses : la prévention et évidemment la pédagogie vis-à-vis des internautes, mais également la mobilisation des services de l’État - quels qu’ils soient - contre les sites de diffusion massive de contenus totalement illégaux.
Plus concrètement, est-ce qu’il y a des choses en particulier qui vous tiennent à coeur ?
Je pense qu’il est important d’essayer de poursuivre, lorsque cela est possible, les auteurs de ces diffusions massives de contrefaçons. Et également de trouver des solutions alternatives visant à réduire cette offre illicite massive, par exemple ce qui a été donné dans le cadre de l’affaire Allostreaming.
Donc, plus de propagande - pour mettre en avant leur conception dictatoriale du droit d’auteur - et plus de repression - avec des outils abusifs et de preference extra-judiciaires.
Toujours pas un mot sur le developpement de l’offre legale, dont la qualite serait pourtant le meilleur remede au piratage. C’est encore et toujours aux autres (sous-entendu au gouvernement) de resoudre leur probleme de transition technologique.
Le 05/07/2014 à 13h06
Quelles bandes d’incompétents, en plus une étude de médiametrie….. ces chiffres sont plus que discutable et comme dit dans des coms précédents, le % de pirates parmis la masse d’internautes diminuent car certaines offres comme spotify ou deezer ont réussis a s’installer, idem pour steam dans les jeux… il nous manque juste une offre réglo pour la VOD mais en France les majors ont encore les dents longues.
@Corky: apparement tu n’as pas encore compris le fond de l’article, on va vraiment commencer a croire que tu as de réels probleme mentaux " />
Le 07/07/2014 à 12h11
l’ALPA et l’hadopi n’ont pas lieu d’exister !
Le piratage n’existe pas.
Le réel problème, ceux sont: les ayants droits et lobbys, ces lobbys aident le gouv à prendre le contrôle de ‘lInternet dans un futur proche, il faut bien trouver des excuses pour controler le réseau , le gouv n’aime pas la diffusion, circulation de la libre pensée , et de l’information …
Tien, tient le mot “pédagogie” est à la mode, bientôt lavage de cerveau obligatoire.