Un agent de sécurité licencié après avoir été trahi par une vidéo sur YouTube
L'agent ne fait pas le bonheur
Le 21 octobre 2014 à 12h40
3 min
Droit
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La cour d’appel d’Orléans vient de juger que la mise en ligne par un agent de sécurité d’une vidéo dans laquelle on voyait cet employé participer à une partie d’airsoft, sur un site dont la surveillance était confiée à son employeur, pouvait conduire à un licenciement pour cause réelle et sérieuse. Le salarié n'avait pas hésité à mettre en avant ses « exploits » sur sa page Facebook.
Le 10 juillet 2010, après un peu plus d’un an passé à travailler en tant qu’agent de sécurité dans une société de gardiennage du Loiret, Monsieur C. est licencié pour faute grave. « Nous avons appris que vous diffusiez, sur Internet, une vidéo, comportant le logo de [notre société]. Dans cette vidéo, vous apparaissez avec des compagnons cagoulés. Cette vidéo a, par ailleurs, été réalisée sur un site gardé par l'entreprise. Vous avez effectué cette vidéo et utilisé notre logo sans notre autorisation » se justifie alors l’employeur dans sa lettre de licenciement, tout en formulant d’autres reproches au salarié.
En fait, Monsieur C. a participé à une partie d’airsoft, un jeu « grandeur nature » basé sur l’utilisation de pistolets à bille. Une vidéo de cette partie a été publiée sur YouTube par le salarié, et ce dernier en a même partagé quelques extraits sur sa page Facebook, laissant au passage quelques commentaires tels que « Regardez c'est mon travail ».
Sauf qu’une fois remercié, l’agent de sécurité n’en est pas resté là. Il a en effet saisi la justice afin de contester son licenciement. Et dans une décision en date du 9 octobre dernier, que Next INpact a pu consulter, la cour d’appel d’Orléans a donné (en partie) raison au salarié.
Une cause réelle et sérieuse de licenciement oui, mais pas une faute grave
S’appuyant sur des captures d’écran apportées aux débats par l’employeur, ainsi que sur le témoignage de l’agent censé surveiller le site sur lequel a eu lieu la partie d’airsoft, les juges de seconde instance ont considéré que Monsieur C. avait bel et bien « diffusé sur Internet une vidéo tournée dans les locaux (...) gardés par l'entreprise sur laquelle il apparaît cagoulé et armé et dans laquelle est reproduit le logo de l'entreprise ».
Mais si ce comportement était fautif, il ne relevait pas pour autant d’une faute grave selon la cour d’appel. Pour mémoire, la faute grave est celle qui rend impossible le maintien du salarié dans l’entreprise (et qui justifie par la même occasion l’annulation de différentes indemnités de licenciement). Les juges ont ainsi considéré que le comportement du salarié s’apparentait à une cause réelle et sérieuse de licenciement, dans la mesure où « le fait de diffuser des photographies prises dans des locaux surveillés par l'entreprise (...) est de nature à porter atteinte à son image et à sa crédibilité auprès de ses clients et à menacer ses intérêts commerciaux ».
La cour d’appel a donc confirmé le jugement rendu par le conseil de prud’hommes de Montargis, en requalifiant ce licenciement en licenciement pour cause réelle et sérieuse. L’employeur a de ce fait été condamné à verser différentes indemnités à son ancien salarié (plus de 2 000 euros au total), ainsi que 1 500 euros de frais de justice.
Un agent de sécurité licencié après avoir été trahi par une vidéo sur YouTube
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Une cause réelle et sérieuse de licenciement oui, mais pas une faute grave
Commentaires (50)
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Abonnez-vousLe 21/10/2014 à 19h08
Dans un sens, je suis entièrement d’accord avec ton commentaire. Une partie de la faute est à relayer au système (manque de moyens, de places dans les prisons, de suivi correct).
Mais ce dont évoques revient à nous rappeler le travail premier de la justice : la recherche de la vérité. Hélas, actuellement, on peut légitimement penser que le but premier a hélas changé. Il ne s’agit plus d’une recherche de la vérité, mais d’une recherche aveugle du vice de procédure…
Quelle déception souvent de voir une procédure cassée car un PV n’a pas sa signature dans une affaire de viol par exemple… Et la vérité elle est où ?
La justice procédurale ne devrait pas avoir ce terme si honorifique “Justice”, qui laisse penser à une équité, un droit, une légitimité pour les victimes.
Le 21/10/2014 à 21h00
Le 21/10/2014 à 22h31
Le 21/10/2014 à 23h55
Le 22/10/2014 à 08h28
En l’absence du jugement détaillé, c’est péremptoire de dire quoi que ce soit sur le respect de la loi ou pas … Les seuls éléments qu’on a, c’est qu’ils ont licencié pour faute grave, et que les prud’hommes ont jugé que le motif était incorrect, mais qu’il y avait une cause sérieuse de licenciement quand même…
Aucune histoire de respect de la loi ou pas (ils ont respecté la procédure de licenciement pour faute grave de leur côté), juste de l’évaluation de la gravité d’une faute, ce qui est très subjectif. Il suffit de lire les commentaires pour voir que l’appréciation varie fortement, et que pas mal de monde réagirait comme l’employeur ici face au comportement rapporté.
Le 22/10/2014 à 08h39
voir mon commentaire juste au-dessus de ta citation : pour moi ça peut être assimilé à du sabotage (pas matériel mais de l’image de la société qui l’emploie) et donc constituer une faute grave.
Le 22/10/2014 à 09h50
Mouais, sans avoir vu la vidéo on peut pas vraiment savoir…
Le 22/10/2014 à 10h31
Le 22/10/2014 à 10h41
Tiens j’avais loupé ça hier…
Le 22/10/2014 à 16h38
Le 22/10/2014 à 16h40
Le 22/10/2014 à 16h47
Le 22/10/2014 à 16h50
Le 22/10/2014 à 17h18
Le 22/10/2014 à 21h10
Le 23/10/2014 à 05h59
Le mec fait de la merde au boulot et l’employeur doit en plus lui verser 3500 euros de dommage interet ? C’est n’importe quoi !!!!
Dans quel monde on vit sérieux ????
Et
après on va venir se plaindre que le chomage augmente encore ?
Le 21/10/2014 à 15h06
Le 21/10/2014 à 15h17
Ceci est un PAIN AU CHOCOLAT " />
Sinon concernant le fait de jouer sur son lieu de travail et/ou pendant son temps de travail, là il y a aussi le fait qu’il ait fait venir des copains (dur de faire de l’AirSoft tout seul). A moins qu’il ne s’agisse que de collègues qui étaient légitimement présents, mais dans ce cas pourquoi ce salarié est-il le seul inquiété dans l’histoire ?
Ensuite, il y a également une différence entre surfer discrètement de temps en temps sur le web au travail, et organiser des parties d’airsoft. D’un point de vue image auprès du client, ce n’est pas tout à fait pareil non plus.
Pour finir, quelqu’un qui surf un peu mais fait son travail (rend ses projets finis en temps et en heure avec la qualité attendue) a au moins le mérite de faire son travail. Là, cet employé ne faisait manifestement pas son travail " />
Le 21/10/2014 à 15h20
Le mec n’est pas futé, quand même…
A l’époque des LANs entre collègues, ça se faisait notamment dans les locaux d’une boite : Toujours avec une demande orale, un coup de balai vite fait et évidemment pas de photos publiques.
Le 21/10/2014 à 15h22
On ne sait pas si ce sont ses potes ou des collègues mais peu importe, qui beaucoup de monde fait rentrer ses potes sur son lieu de travail sans conséquence aucune.
Si c’était des collègues, pas vu pas pris (merci les cagoules).
L’article ne dit pas s’il y a eu une ou plusieurs parties.
Quant à faire son travail, rien ne dit que c’était son tour de garde.
J’aurais mieux fait de quoter, ça fait pavé…
Le 21/10/2014 à 15h25
Moi non plus je ne comprends pas comment il “gagne” son procès.
Surveiller un lieu, c’est vérifier qui est présent et empêcher les indésirables d’y accéder, non ?
Alors en faire rentrer un paquet pour faire une partie, montrer cela sur le net avec le logo de l’entreprise qu en a la charge,… C’est quoi alors ?
=> perte de confiance entre employeur et employé => collaboration devenue impossible.
=> réputation de l’entreprise en baisse, perte d’éventuels clients,…
Je ne comprends décidément pas pourquoi ce n’est pas lui qui doit des sous mais en reçoit.
Le 21/10/2014 à 15h38
Depuis plusieurs décennies maintenant c’est pas mal de décisions de justices qui restent incompréhensibles par nous simple mortel, gens du bas peuple…
Décisions tout comme les applications des peines encore plus !
Pour compléter cette news, une petite explication sur la décision du tribunal serait pas mal (le fait qu’il reçoive de l’argent)
Le 21/10/2014 à 15h38
Le 21/10/2014 à 15h40
oui je suis assez d’accord… le mec salit clairement la boite mais non ce n’est pas grave, c’est réel et sérieux mais sans plus, merci bien de lui verser des sous. Je trouve ça vraiment n’importe quoi. En plus le mec se vante sur la vidéo… ça m’écœure…
Le 21/10/2014 à 15h42
oui et aussi qu’il associe le logo de la boite… super pour la réputation de la boite… va trouver des clients après ça…
Le 21/10/2014 à 15h46
Le 21/10/2014 à 15h47
honnêtement on n’est pas loin du sabotage… il ne s’est pas juste fait piquer par son responsable à faire le guignole en cagoule un pistolet à bille à la main pendant son travail ou à minima sur le lieu de travail de sa société. Non là il a posté des vidéos avec provocation (“et c’est mon boulot! youpi”) avec le logo de sa boîte. Pour moi c’est une sorte de sabotage.
Le 21/10/2014 à 16h12
Et donc, en quoi ça exige un licenciement pour faute grave en lieu et place d’un licenciement pour cause réelle et sérieuse ?
Le 21/10/2014 à 16h17
En fait on en arrive à ce genre de décisions non pas par la faute du tribunal et ses interprétations mais par celle des défenseurs.
C’est bien simple dans nombre d’affaires de ce cas, les accusés (ici les employeurs) pensent qu’ils sont dans leur bon droit et se disent qu’ils sont intouchables. Ce faisant, ils ne répondent à aucune argumentation de la partie adverse (ici l’employé), ne présentent bien souvent aucun élément de preuve indiscutable et ne les défendent pas devant la cour.
Le doute s’insinuant alors dans la solidité du dossier et voyant que le défenseur ne répond pas, le juge ne peut que donner raison à l’accusation.
Dans nombre de ces dossiers, la condamnation de l’employeur vient de cette insuffisance de preuve et de défense.
Les gens oublient souvent qu’un juge n’est pas là pour défendre une partie mais pour juger.
Le 21/10/2014 à 16h19
Ce qui est assez drôle effectivement c’est que l’entreprise ne reproche pas principalement à cet agent d’avoir organisé une partie d’airsoft sur un des sites protégés, mais d’en avoir fait une vidéo.
Leynas.
Le 21/10/2014 à 18h24
Le 21/10/2014 à 18h26
Le 24/10/2014 à 08h19
Tribunal d’instance, prud’homme, grande instance, conseil, parlements … dans l’ensemble c’est la même gangrène.
Mais se voiler la face et se dire qu’“on vit dans le meilleure des mondes possibles” a toujours été la solution la plus aisée
Le 24/10/2014 à 12h11
Le 24/10/2014 à 12h17
Le 24/10/2014 à 13h33
Le 24/10/2014 à 14h02
Le 24/10/2014 à 16h19
En effet tu as raison mon explication porte à confusion.
Et là si son entreprise lui devait plusieurs indemnités il est possible que le patron avait oublié de régler les congés acquis. Quand ça bricole…
Le 24/10/2014 à 16h28
C’est pour ça que je trouve que le motif de la vidéo n’est pas le bon. Pour moi il suffisait d’invoquer le fait qu’il avait organisé une partie d’airsoft sur un site à protéger, je doute que l’employeur ou le client propriétaire du site aient autorisé cette pratique. Et tu ne peux pas décemment garder un employé qui ne peut plus être considéré comme fiable et en qui tu ne peux plus faire confiance pour faire réellement son travail.
Leynas.
Le 25/10/2014 à 12h32
Le 21/10/2014 à 13h58
Les commentaires sont revenus ? \o/
Je trouve étonnant que la faute grave qui lui soit reproché est de diffuser le logo de la boite sur Youtube alors que le reproche le plus évident qu’on pouvait lui faire était de ne pas faire son boulot…
Le 21/10/2014 à 14h02
Décidémment, il faut faire quoi pour se faire licencier pour faute grave ? Un meurtre sur son lieu de travail ?
Le 21/10/2014 à 14h05
Ca dit pas vraiment si c’était pendant SA garde, cela dit, ou alors j’ai mal lu. En effet si il n’était pas en service, mais a profité de son statut pour squatter le site (avec la complicité/à l’insu de l’agent en charge dont on évoque le témoignage?), la faute est différente (plutôt pénale peut être, d’ailleurs).
Le 21/10/2014 à 14h06
Bonjour. En droit, la “faute réelle et sérieuse” n’existe pas telle que mentionnée dans l’ensemble du texte, ce qui existe c’est la “cause réelle et sérieuse” comme indiquée au dernier paragraphe. Une chtite correction, Xavier ?
Le 21/10/2014 à 14h46
Le 21/10/2014 à 14h52
Hum…
Un agent de sécurité qui organise des parties d’airsoft dans les locaux qu’il est censé surveiller, ça ne rend pas impossible le maintien du salarié dans l’entreprise ??? Décidément je ne suis pas fait pour être juriste, je ne comprend parfois rien à leurs décisions…
Le 21/10/2014 à 14h55
Merci, je viens de corriger cette imprécision :-)
Le 21/10/2014 à 14h56
Je t’avoue que j’y ai rien compris aussi (mais moi c’est presque systématique).
Le 21/10/2014 à 15h00
Le 21/10/2014 à 15h01