[MàJ] Les administrateurs d’UndeadLink condamnés à payer 63 000 € aux ayants droit
Des indemnités pour les liens des CD
Le 17 novembre 2014 à 07h20
6 min
Droit
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Plus de 2,83 millions d’euros. Voilà la somme que réclament les nombreux ayants droit s’étant portés parties civiles suite à la condamnation, l’année dernière, de deux jeunes responsables du site Undeadlink. Explications.
Le 9 avril 2013, le tribunal correctionnel de Bourg-en-Bresse a condamné à six mois de prison avec sursis et 5 000 euros d'amende, également avec sursis, chacun des deux responsables du site UndeadLink. Les prévenus, âgés d’une vingtaine d’années, étaient ainsi reconnus coupables d’actes de contrefaçon mais également d’avoir proposé via leur site un « logiciel manifestement destiné à la mise à disposition du public non autorisée d'œuvres ou d'objets protégés ». Et pour cause. UndeadLink apportait une solution à un problème bien connu des internautes adeptes du téléchargement direct : celui des liens « morts ».
Les administrateurs d’UndeadLink (« lien ressuscité », en français) avaient effectivement réussi à mettre au point un logiciel permettant de parer aux suppressions de liens par des hébergeurs tels que MegaUpload, notamment pour des raisons de copyright, suite à des demandes des ayants droit. « Lorsqu’un lien est ajouté sur UndeadLink, il est automatiquement renvoyé sur MegaUpload en quelques secondes (90 % des cas) ou en quelques dizaines de minutes (10 % des cas). (...) À chaque suppression de lien, on remplace le premier lien par le lien généré à l’ajout, et on planifie une tâche de renvoi pour avoir un autre lien de rechange, et ainsi de suite » expliquait ainsi en janvier 2011 l’un des deux responsables au Journal du Pirate.
Le tout fonctionnait tellement bien à en croire maître Christian Soulié, l’un des avocats des ayants droit victimes dans cette affaire, que l’intéressé avait qualifié leur logiciel de « phénix de la contrefaçon ».
Près de 3 millions d'euros réclamés au « phénix de la contrefaçon »
Mais une fois le volet pénal de cette affaire tranché, ce fut au tour du volet civil d’être examiné par la justice. Initialement prévu pour le mois de décembre, le procès visant à déterminer les dommages et intérêts qu’auront éventuellement à verser les responsables d’Undealink a finalement été reporté au mois dernier. Les estimations concoctées par les nombreuses parties civiles s’avèrent quoi qu’il en soit relativement importantes :
- La SACEM et la SDRM réclament 69 887,20 euros pour leur préjudice matériel et 2 000 euros pour le préjudice moral, plus 2 000 euros au titre des frais de justice.
- La Société Civile des Producteurs Phonographiques (SCPP) estime à 201 872 euros son préjudice matériel et à 5 000 euros son préjudice moral. L’organisation demande en outre 5 000 euros au titre des frais de justice.
- La Fédération Nationales des Distributeurs de Films (FNDF) exige 40 000 euros.
- Le Syndicat de l’Édition Vidéo Numérique (SEVN) demande 60 000 euros.
- Différentes sociétés de production sont également demandeuses de dommages et intérêts : Columbia Pictures (148 920 euros), Disney (66 620 euros), Paramount Pictures (478 370 euros), Twentieth Century Fox (618 780 euros), Universal (637 910 euros), Warner Bros (501 160 euros), outre 500 euros de frais de justice.
Soit un total de 2 838 019,20 euros. Pour en arriver là, les ayants droit utilisent habituellement une méthode en trois étapes. Premièrement, ils se basent sur un nombre de « téléchargements », constatés bien souvent par procès-verbal. Deuxièmement, ils déterminent un manque à gagner par œuvre téléchargée (5 euros par film par exemple). Troisièmement, ils multiplient ce manque à gagner par œuvre avec le nombre de téléchargements retenus. Seul 10 % du total ainsi obtenu est conservé, ce qui donne l’estimation du préjudice.
Une méthode de calcul contestée par la défense
Sauf qu’ici, UndeadLink ne permettait pas d’effectuer directement de téléchargement, puisqu’il se contentait de proposer des liens, parfois multiples, pour les œuvres répertoriées. Aussi, le site ayant précipitamment fermé ses portes en 2011 suite à l’arrestation de ses deux responsables, les ayants droit ont dû procéder à des estimations effectuées notamment à partir de chiffres de fréquentation d’UndeadLink.
Sabrina Scaramozzino, avocate de l’un des prévenus, a ainsi tenté de convaincre le tribunal de grande instance de Bourg-en-Bresse du caractère grandement « critiquable » de cette méthode de calcul, en ce que celle-ci se base sur des téléchargements potentiels (et non certains). L’intéressée soutient en outre qu’on « ne peut pas dire que tous les liens ont conduit à des téléchargements illicites ». Elle rappelle ainsi le principe du site : « On n'est pas sur du téléchargement réel, on est sur de l'immortalité de liens, avec une plateforme qui permet d'avoir accès à... »
Le verdict attendu pour le mois de septembre
La balle est désormais dans le camp des juges, qui doivent rendre leur verdict d’ici au mois de septembre. Maître Scaramozzino a néanmoins plaidé devant le TGI de Bourg-en-Bresse pour que les dommages et intérêts soient calculés en fonction du nombre de téléchargements effectifs, ainsi qu’en considération du bénéfice réalisé par son client - soit un peu moins de 25 000 euros.
L’ex-administrateur qu’elle défend, qui soufflera prochainement ses 23 bougies, est aujourd’hui étudiant, boursier, et aurait bien du mal à régler l’addition préparée par les parties civiles. Réunir près de 3 millions d’euros ? « Ce serait strictement impossible ! » réagit ainsi l’avocate. Selon elle, « les demandes des syndicats sont purement médiatiques. Elles sont là pour poser une vision politique de protection de l'œuvre ». Bref, faire un exemple.
Rappelons néanmoins que la justice n’a pas hésité dans le passé à sanctionner lourdement des administrateurs de sites « pirates » dont la situation laissait pourtant facilement penser qu’ils seraient dans l’impossibilité de payer ce types de sommes. En novembre dernier, l'administrateur du site de liens « Forum-DDL », âgé de 21 ans, a par exemple été condamné à verser plus de 1,17 million d’euros aux ayants droit qui l’attaquaient. Une somme impossible à recouvrir pour les plaignants, de l'aveu même d'un des avocats des ayants droit dans cette affaire. Par ailleurs, l’adoption de la récente proposition de loi sur la contrefaçon ne devrait à l’avenir qu’alourdir les dommages et intérêts que pourront réclamer les victimes de contrefaçon.
[MàJ] Les administrateurs d’UndeadLink condamnés à payer 63 000 € aux ayants droit
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Près de 3 millions d'euros réclamés au « phénix de la contrefaçon »
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Une méthode de calcul contestée par la défense
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Le verdict attendu pour le mois de septembre
Commentaires (56)
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Abonnez-vousLe 01/04/2014 à 13h41
" />
poisson?
Comment ca non?
Le 01/04/2014 à 13h44
Les admins y on cru… mais non par ici les 2 millions " />
Le 01/04/2014 à 13h46
Que ce soit un poisson d’avril ou pas, je met " /> pour le sous titre " />
Le 01/04/2014 à 13h47
“Préjudice moral” pour ce genre de structure c’est aussi crédible qu’une grève de la faim de Béatrice Bourges " />
Le 01/04/2014 à 13h49
l’image d’illustration avec le photomontage statue / balance est vraiment moche " />
Le 01/04/2014 à 13h51
Le 01/04/2014 à 13h58
c’est du même niveau que ce qui est demandé à Kerviel, du gros n’importe quoi.
Et ce sont ces même boites “ayants-droits” qui détournent des millions d’euros pour échapper au fisc français. " />
Le 01/04/2014 à 13h58
Le 01/04/2014 à 14h04
Le 01/04/2014 à 14h05
Le 01/04/2014 à 14h13
tu m’étonnes que les ayants-droit étaient remontés.
les mecs paient la peau du cul des boites pour dénoncer les liens et 2 gus dans leur garage (sic), avec un pauvre script, réuplodent automatiquement les liens. " />
ceci dit c’est très fort. très con et très facile, mais fallait oser. " />
Le 17/11/2014 à 10h50
Le 17/11/2014 à 10h53
Le 17/11/2014 à 10h56
Le 17/11/2014 à 11h00
Le 17/11/2014 à 11h31
Le 17/11/2014 à 12h14
Le 17/11/2014 à 13h15
Le 17/11/2014 à 13h16
Le 17/11/2014 à 13h16
Le 17/11/2014 à 13h17
Le 17/11/2014 à 13h20
Le 17/11/2014 à 13h22
Tes arguments m’ont convaincu " />
Le 17/11/2014 à 13h42
Le 17/11/2014 à 13h43
Le 17/11/2014 à 13h46
Le 17/11/2014 à 13h50
Le 17/11/2014 à 14h05
Aucune affirmation de ma part. Je dis juste : on n’en sait rien.
Le 17/11/2014 à 14h45
Le 17/11/2014 à 14h48
Le 17/11/2014 à 14h53
Le 17/11/2014 à 15h30
On peut trouver des études qui vont dans un sens comme dans l’autre. Les pirates trouveront toujours une bonne excuse pour pirater, et les majors toujours une bonne excuse pour faire croire que le préjudice est monstrueux, en minorant la très grande diversité des causes qui peuvent conduire à la baisse des ventes et l’impossibilité de les départager. En réalité personne n’en sait vraiment rien et tout le monde défend juste son bifteck.
Le 17/11/2014 à 22h23
C’était qu’un agrégateur de lien pas un diffuseur !? (ou même hébergeur, et puis même hébergeur c’est pas censé être responsable pour autant)
Le 18/11/2014 à 08h43
Le 18/11/2014 à 08h45
Le 18/11/2014 à 09h21
Le 18/11/2014 à 09h54
Le 18/11/2014 à 10h25
Le 18/11/2014 à 10h56
Le 18/11/2014 à 11h02
Le 01/04/2014 à 14h28
Un site qui reuploade les sites tombés pour violation de copyright, le supplice pour certains " />
Sinon comme d’hab ils ont joué et perdu, tant pis pour eux.
Le 01/04/2014 à 14h38
Le 01/04/2014 à 14h41
Le 01/04/2014 à 14h41
Le 01/04/2014 à 14h43
Le 01/04/2014 à 14h52
Ca nous fait un paquet de syndicats et de représentants pour un type d’oeuvre culturel:
•La SACEM et la SDRM
•La Société Civile des Producteurs Phonographiques (SCPP)
•La Fédération Nationales des Distributeurs de Films (FNDF)
•Le Syndicat de l’Édition Vidéo Numérique (SEVN)
On pourrait considérer que seule la Sacem est légitime, les autres ne sont que des lobbyistes parasitaires, non ?
Le 01/04/2014 à 15h04
Le 01/04/2014 à 15h27
On a pas déjà eu une actu à propos de ce site ? (j’ai un gros doute)
Le 01/04/2014 à 16h07
Le 17/11/2014 à 09h02
plus qu’a refaire pareil pour mega :)
Le 17/11/2014 à 09h17
les victimes « n’ont pas obtenu satisfaction à la hauteur de leurs prétentions, la justice estimant qu’il fallait prendre en compte les seuls bénéfices directement engrangés par les deux pirates ».
Pourtant, “un téléchargement pirate = une vente de perdue”. C’est bien connu.
Y a plus de justice, ma bonne dame !
Le 17/11/2014 à 09h24
Le 17/11/2014 à 09h30
Peine totalement proportionnée.
Et s’il ne peut pas payer, j’espère qu’une fois au pénitencier, il n’aura pas le mauvais goût de diffuser de la musique piratée en la sifflant pendant le cassage de caillou " />
Le 17/11/2014 à 10h19
Internet (et le piratage) fait surement baisser les ventes physiques à l’unité.
Mais Internet (et le piratage) a aussi contribué a créer le marché du “je veux tout, tout de suite, tout le temps et partout” qui se concrétise par les abonnements mensuels a un catalogue.
Et comme tout bon industriel le sait, il est beaucoup plus lucratif de vendre de l’abonnement que du “one-shot” : c’est plus pérenne (fidélisation), plus rentable (économie d’échelle), plus prédictif (revenus lissés), …
Le 17/11/2014 à 10h36
Le 17/11/2014 à 10h45
rien de mieux qu’une licence globale…