Au Parlement européen, Paris aux petits soins avec les ayants droit
AD>Reda
Le 27 novembre 2014 à 11h26
7 min
Droit
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Information Next INpact. Aujourd’hui, le Parlement européen vote en séance plénière une résolution sur le renforcement des droits des consommateurs au sein du marché unique numérique. À cette occasion, Paris a adressé par mail quelques chaleureuses recommandations à des eurodéputés pour protéger le droit d’auteur contre toute réforme.
Comme à chaque fois, une résolution en gestation est l’objet d’un travail d’affinage par les eurodéputés. Ainsi, dans un amendement 32, Julia Reda (Parti pirate, apparentée Vert) et Michel Reimon (Vert) veulent profiter de l’occasion pour dénoncer les législations nationales en matière de droit d’auteur et spécialement celles qui étendent « la portée des droits exclusifs de tiers, entraînant ainsi une différenciation dans l'accès aux contenus par les consommateurs entre les États membres, et induisant potentiellement des effets anticoncurrentiels, notamment sur le marché de la recherche en ligne. »
Selon nos informations, les autorités françaises viennent d'adresser une note à des eurodéputés afin de dire tout le mal qu’elles pensent d’un tel amendement. Dans un mail signé du Secrétariat général des Affaires européennes (SGAE), dont nous avons pu prendre connaissance, elles militent en effet pour « une flexibilité suffisante quant à la mise en place de droits voisins », sachant que « ce cadre permet également à la Commission de contrôler, par le biais des notifications, si l'introduction de nouveaux droits peut avoir un impact sur le marché unique ».
Laisser plus de marges aux États membres
En creux, il s’agit notamment de laisser la possibilité pour les États membres de prévoir, pourquoi pas, une participation des moteurs de recherche dans le financement de l’industrie culturelle, comme en Allemagne. La France réclame en tout cas le rejet de cet amendement Reda-Reimon afin que chaque État membre puisse « mener des politiques culturelles ciblées répondant à des besoins économiques de certains secteurs qui peuvent être en danger ».
La France se montre par contre plus attentive à l’amendement 50 du groupe ALDE (Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe). Partant de l’affirmation que « le secteur culturel est durement touché par la crise », celui-ci juge nécessaire que le développement des technologies numériques assure « une rémunération convenable aux détenteurs de droits ». Ainsi, poursuit le texte, « le développement de l'internet, des réseaux sociaux et de la télévision connectée demeure un défi considérable et ne devrait pas être considéré comme préjudiciables à nos industries de la culture et de la création, qui créent des emplois et contribuent de façon significative au PIB ».
Dans son courrier, Paris réclame cette fois un vote favorable, tout en se disant « très réservé quant à la nécessité d’engager une révision de la directive 2001/29/CE » sur le droit d’auteur : « il convient de ne pas remettre en cause le principe d’une rémunération équitable des titulaires de droits ».
Paris veut que les eurodéputés repoussent la réforme du droit d'auteur
Manque de chance, le paragraphe 13 de la proposition de résolution invite déjà la Commission européenne à présenter une telle réforme :
« 13. [Le Parlement européen] invite la Commission à présenter la réforme du droit d'auteur, attendue de longue date, en particulier en ce qui concerne des mesures qui renforceraient le potentiel du marché unique numérique, notamment en matière d'accès au contenu, de diffusion des connaissances et de modèles viables pour les services transfrontières; estime à cet égard que la révision de la directive 2001/29/CE est fondamentale pour la réforme à venir, qui devrait tenir compte des nouvelles technologies et des comportements des consommateurs et des utilisateurs ».
Si une résolution n'a pas de valeur juridique, elle possède un poids politique certain. Ce paragraphe souligne d'ailleurs le caractère « fondamental » de cette révision de la directive 2001/29CE sur le droit d’auteur, laquelle devrait enfin tenir compte des nouvelles technologies, des consommateurs et des utilisateurs. Un amendement 33 sur ce paragraphe 13, déposé encore par Julia Reda, voudrait spécialement que cette révision prône le renforcement des négociations « des auteurs vis-à-vis des intermédiaires qui commercialisent leurs œuvres ».
Mais là encore, « les autorités françaises ne soutiennent pas l'amendement 33 qui ne reprend pas cet équilibre, nécessaire au soutien de la diversité culturelle » écrivent-elles dans ce mail.
Un secteur en crise mais qui est prospère
Le gouvernement français préfère réserver tout son plébiscite à un autre amendement toujours signé du groupe ALDE, le 84. Et pour cause, il réécrit complètement ce nauséabond paragraphe 13 :
13. [Le Parlement européen] « exhorte la Commission à examiner de façon approfondie la législation existante dans le domaine des droits de propriété intellectuelle (DPI) et à soumettre une proposition relative aux DPI qui veille à l'équilibre entre les intérêts des consommateurs et des détenteurs de droits; invite, en outre, la Commission à instaurer un régime européen transfrontalier intégré et harmonisé en matière de droits d'auteur qui veillera à l'équilibre entre la valeur intrinsèque et l'appréciation d'un contenu créatif et artistique, d'une part, et les droits des consommateurs, d'autre part; souligne que les industries créatives représentent le secteur le plus prospère de l'Union, et qu'elles stimulent la croissance et l'emploi, tout en favorisant l'innovation conformément à la stratégie Europe 2020; rappelle que le Parlement a créé un groupe de travail sur les DPI et la réforme du droit d'auteur afin de faciliter la recherche de solutions dans ce domaine et de soutenir la mise en œuvre de la réforme »
Si on compile, Paris ne veut pas d'une modification de la directve sur le droit d’auteur, souligne paradoxalement que la culture est un secteur en crise, mais également le plus « prospère » en Europe, créateur d’emploi, d’innovation, de croissance, etc. et qu'il faut veiller à équilibrer les intérêts des consommateurs et ceux des détenteurs de droits.
Les promesses de Fleur Pellerin aux pieds des ayants droit
Le 18 novembre dernier, Fleur Pellerin avait fait savoir aux ayants droit qu’elle protégerait coûte que coûte cette directive, armé du rapport du professeur Sirinelli. Celui-ci déconseille une telle réforme, préférant qu’on modifie la responsabilité des intermédiaires. Ce mouvement a évidemment provoqué la colère de l’ASIC, l'association des sites communautaires (Facebook, Google, Dailymotion...).
Ce rendez-vous a également suscité la réaction de Julia Reda, mise en cause par la ministre de la Culture, mécontente que le Parlement européen lui ait confié le soin de plancher sur l’adaptation de la directive sur le droit d’auteur. « Je ne suis pas certaine que ce soit le meilleur moyen de favoriser une réflexion sereine … mais, en tout cas le débat est ouvert ! » a expliqué la ministre aux ayants droit présents lors de la conférence plénière du Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique (CSPLA).
L’eurodéputée a déjà répondu à la Rue de Valois : « l’adaptation du droit d’auteur à l’ère numérique, ainsi que l’encouragement de l’innovation en Europe sont des objectifs politiques, sociaux et économiques qui, j’en suis sûre, nous sont communs. »
Au Parlement européen, Paris aux petits soins avec les ayants droit
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Laisser plus de marges aux États membres
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Paris veut que les eurodéputés repoussent la réforme du droit d'auteur
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Un secteur en crise mais qui est prospère
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Les promesses de Fleur Pellerin aux pieds des ayants droit
Commentaires (29)
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Abonnez-vousLe 27/11/2014 à 11h31
Le même jour, une connaissance fait donc du tourisme en Europe.
Le 27/11/2014 à 11h37
Oui tourisme bien sur, pas lobbying, il est là juste par hasard, il passait par là et a vu de la lumière…
Le 27/11/2014 à 12h15
Ces gens me font vomir.
Le 27/11/2014 à 12h26
On sait maintenant qui financera, de façon occulte, la campagne présidentielle de 2017.
Le 27/11/2014 à 12h33
Toujours privilègier l’économie de la rente (moins fatigante) par rapport à l’économie du travail (qui demande de transpirer un peu plus).
On sait désormais de quel côté sont les socialistes (ou prétendus tels).
Le 27/11/2014 à 12h37
quelle bande de …………….
Le 27/11/2014 à 12h40
Le 27/11/2014 à 12h48
A partir de quel profondeur de suçage de boule ça devient de la corruption ? Parce que là, les grelots chatouilles les amygdales
Le 27/11/2014 à 12h56
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C’est pas comme si il y avait plusieurs courant au seins du PS (ou de l’ump ou du centre d’ailleurs).
Effectivement sur certain point notamment économique le gouvernement fait une politique plutôt libérale (de droite effectivement).
Autant sur certain point non. Tu as trouveras tous les exemple grâce au hurlement des UMP pas content !
Donc ceux qui réfléchissent font la part des choses et distingue les courants …
Sinon par rapport a la news oui c’est décevant …
Le 27/11/2014 à 13h03
Effectivement il y a plusieurs courants au PS.
Il y a le PS d’extrème droite, le PS de droite, le PS de centre droit et le PS de centre gauche.
ça fait belle lurette qu’on a pas vu quelqu’un de gauche au PS.
Le 27/11/2014 à 13h07
C’est juste une coïncidence … tu est totalement paranoïaque !
… ou pas " />
Le 27/11/2014 à 13h29
Le 27/11/2014 à 13h46
Le 27/11/2014 à 13h56
ce sont donc les majors qui gouvernent la france et nos politiciens leurs sucent bien ce que je pense…. hallucinant ! En meme temps si vous voulez que ca change… n’achetez donc plus ce qui est produit par les majors !
Le 27/11/2014 à 13h58
Le 27/11/2014 à 14h06
Le 27/11/2014 à 14h07
Le 27/11/2014 à 14h28
Les artistes Francais couchent avec nos politiciens. Normal que ceux ci soit pret à tout pour defendre les interets de leurs moitiés.
Si c’etais de l’argent on pourrait parler de corruption …
Le 27/11/2014 à 14h31
la prostitution n’est pas interdite ?
Le 27/11/2014 à 14h38
En fait, je savais pas qu’en France il y avait un ministère des ayant droit (anciennement ministère de la culture?)
Le 27/11/2014 à 14h48
D’après certains observateurs, le nombre de passants portant une valise est en forte augmentation près du parlement à Strasbourg.
Sinon, vous achetez des CD / DVD, vous achetez des objets soumis à la taxe copie privée en France, vous payez un abonnement pour écouter de la musique……
Vous êtes consciemment ou pas complices.
Si vous n’êtes pas d’accord avec les pratiques mafieuses des ayants droit, ne leur donnez pas un centime. Tout le reste n’est que verbiage et ne sert à rien.
Le 27/11/2014 à 14h53
Le 27/11/2014 à 15h37
C’est une bonne semaine, tous les jours je me fend la poire.
Un secteur en crise mais qui est prospère
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Le 27/11/2014 à 16h00
en “indélicatesse” avec fisc ! (lors des “2 cas”, il ne pouvait RIEN faire)
Le 27/11/2014 à 16h06
Le 27/11/2014 à 16h22
Il suffit de voir comment se terminent les propositions du député Charles De Courson, comme par exemple justifier de l’usage des frais de mandat
Le 27/11/2014 à 17h29
Serait-il possible de voir la note du SGAE dans son intégralité ?
Good job, agent Rees.
Le 27/11/2014 à 21h05
Le 27/11/2014 à 23h24
Si on compile, Paris ne veut pas d’une modification de la directve sur le droit d’auteur, souligne paradoxalement que la culture est un secteur en crise, mais également le plus « prospère » en Europe, créateur d’emploi, d’innovation, de croissance, etc.
Ce genre de double discours est courant chez eux.
Il faut etre vraiment naif, corrompu ou completement indifferent pour laisser passer ca.
Et pour moi, l’hypothese de la naivete chez ces politiciens est assez peu probable. :\
Les discours des lobbies du coypright sont toujours simples: aidez-nous a toucher plus d’argent parce que nous sommes en crise, mais ne nous enlevez aucun avantage puisque nous sommes prosperes et que cela profite a tous.
Deux discours opposes, tout deux melant un peu de mensonge et beaucoup d’hypocrisie, pour arriver a la meme conclusion: ils veulent toujours plus de fric et de controle, tout en ayant moins d’efforts a fournir.