Thierry Mariani, les hotspots Wi-Fi et la Hadopi… mettons les points sur les i
Wi-Fi génie !
Le 12 décembre 2014 à 10h30
6 min
Droit
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Le député Thierry Mariani s’est attiré hier une salve de critiques après qu’il a applaudi les facilités de connexion dans les hotspots accessibles en Corée. Nombreux sont ceux qui lui ont rappelé sur Twitter qu'il avait voté la loi Hadopi et ne devait finalement ne s’en prendre qu’à lui-même. Cependant, une petite remise en perspective s’impose.
En voyage en Corée (du Sud), le député Thierry Mariani a applaudi la faculté de profiter là-bas du Wi-Fi « en libre accès dans tous les lieux publics ». Il a alors osé la comparaison avec la France où, « quand [le] Wi-Fi existe, tu dois demander le mot de passe. Et si on faisait simple ? ».
#Corée:Wifi en libre accès dans tous les lieux publics.En France,quand wifi existe,tu dois demander le mot de passe.Et si on faisait simple?
— Thierry MARIANI ن (@ThierryMARIANI) 11 Décembre 2014
Cette suggestion lui a alors valu moqueries et critiques sur Twitter, nombreux lui reprochant une conséquence de la loi Hadopi... qu’il a votée.
Sauf qu’il ne faut pas trop vite s’emporter.
De fait, il est évident que cette Hadopi a incité plus de personnes à surprotéger leurs accès puisque par ce biais, ils sont responsables des téléchargements effectués par des tiers connectés via l’infraction de défaut de sécurisation. Cette contrainte a nécessairement généré un phénomène de contraction des réseaux 100 % ouverts d’autant que la Hadopi recommande elle-même dans ses documents l’usage d’une sécurisation musclée, mais aussi de solutions de type pare-feu ou de messages de sensibilisation à l'égard des utilisateurs (p.47 et 48 du rapport 2011 - 2012, p.74 du rapport 2013 - 2014).
Ceci n’enlève cependant rien à la logique Hadopi : avec ou sans accès Wi-Fi protégé par mot de passe, par exemple dans les environs d’un bar, d’un jardin public, d’un hôtel, d’un aéroport, le titulaire du hotspot public reste responsable des défauts de sécurisation persistants, si des échanges illicites sur réseau P2P venaient à scintiller sur les écrans des ayants droit.
La sombre idée des listes blanches
Lorsqu'on se repenche sur les hotspots et la Hadopi, une situation catastrophique aurait très certainement été d’adopter en France le mécanisme de la liste blanche. Comme révélée dans nos colonnes le 18 février 2009, l’hypothèse avait été clairement envisagée par le Conseil Général des Technologies de l’Information puis reprise sans sourciller par Christine Albanel.
Ce projet envisageait alors de créer un « portail blanc », une liste de sites de confiance qui auraient été les seuls accessibles via ces hotspots WiFi…. L’idée n’a heureusement pas prospéré !
Des hotspots publics encadrés bien avant Hadopi
Mais il faut surtout prévenir qu’avant même la loi Hadopi, les hotspots publics étaient déjà soumis à une série d’obligations pouvant inciter les responsables à mettre en place cette authentification préalable. Pourquoi ? Ceux qui les exploitent sont considérés comme des opérateurs par le Code des postes et des télécommunications : « on entend par opérateur toute personne physique ou morale exploitant un réseau de communications électroniques ouvert au public ou fournissant au public un service de communications électroniques » dit aujourd'hui l’article 32 15°.
Surtout, depuis le décret du 24 mars 2006 relatif à la conservation et à la communication des données, tous les opérateurs sont obligés de stocker durant douze mois l’ensemble des logs de connexion. Ce texte publié au JO trois ans avant Hadopi vise :
a) Les informations permettant d'identifier l'utilisateur ;
b) Les données relatives aux équipements terminaux de communication utilisés ;
c) Les caractéristiques techniques ainsi que la date, l'horaire et la durée de chaque communication ;
d) Les données relatives aux services complémentaires demandés ou utilisés et leurs fournisseurs ;
e) Les données permettant d'identifier le ou les destinataires de la communication.
Ce dispositif a été préparé par la loi du 23 janvier 2006 relative à la lutte contre le terrorisme (article 6). Avec ces textes, les opérateurs ne sont certes pas tenus d’authentifier les accès, mais ils peuvent le faire s’ils considèrent que ces restrictions les couvriraient mieux juridiquement contre certains faits (pédophilie, terrorisme, peu importe). On pourra également relire cette note d'un avocat, datant de 2007, deux ans avant Hadopi.
Les logs et les critiques de la CJUE ou de Snowden
Une certitude : la question de la conservation des logs est nettement plus problématique que le bête désagrément imposé par l’authentification d’accès. Elle renvoie d’ailleurs aux critiques d’Edward Snowden contre la surveillance de masse, encore exprimées cette semaine en France : sous prétexte de lutter contre de potentiels faits graves, on demande aux opérateurs d’aspirer l’ensemble des logs de l’ensemble des internautes, soit autant de petits cailloux de chaque Petit Poucet du Net.
Une situation regrettable pour la Cour de Justice de l’Union Européenne, qui pour cette raison a torpillé la directive sur la conservation des données : « ces données, prises dans leur ensemble, sont susceptibles de permettre de tirer des conclusions très précises concernant la vie privée des personnes (…) telles que les habitudes de la vie quotidienne, les lieux de séjour permanents ou temporaires, les déplacements journaliers ou autres, les activités exercées, les relations sociales de ces personnes et les milieux sociaux fréquentés par celles-ci ».
Selon les reproches de la CJUE, ce texte européen couvre « de manière généralisée toute personne et tous les moyens de communication électronique ainsi que l’ensemble des données relatives au trafic sans qu’aucune différenciation, limitation ni exception soit opérée en fonction de l’objectif de lutte contre les infractions graves ». En clair : on aspire tout, et on voit ensuite selon les besoins.
C’est plus ou moins exactement comme en France, à ceci près que nos textes ne procèdent pas de cette directive et restent donc pour l’heure intouchables, avec la complicité passive de l'actuelle majorité. Bref, s’il fallait reprocher à Thierry Mariani quelque chose, ce n’est pas nécessairement en se focalisant sur la loi Hadopi et l’inconfort de l’authentification, mais plutôt sur la loi de 2006 contre le terrorisme, un texte qu’il avait voté avec la cohorte des députés UMP.
Thierry Mariani, les hotspots Wi-Fi et la Hadopi… mettons les points sur les i
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La sombre idée des listes blanches
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Des hotspots publics encadrés bien avant Hadopi
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Les logs et les critiques de la CJUE ou de Snowden
Commentaires (37)
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Abonnez-vousLe 12/12/2014 à 12h02
Nxi cité comme source sur lemonde.fr
gg!
Le 12/12/2014 à 12h03
Le 12/12/2014 à 12h14
Je pense que la Fonéra est un mauvais exemple, car même l’utilisateur avait la possibilité de contrôler quel Fonero s’était connecté, à quel heure et sa consommation de débits, tout cela à partir de son tableau de bord.
De plus le débit accordé au partage était réglables.
Je parle au passé, car depuis le 9 décembre les règles du jeu de Fon ont été modifiées, plus de rémunérations des pass vendus et gestion des comptes clients refondus, je n’ai vu aucun article à ce sujet.
Le 12/12/2014 à 12h55
En mai 2001, il fait passer un amendement dans le projet de loi sur la sécurité quotidienne (LSQ), autorisant la police à saisir le matériel dans les free partys.
En septembre 2007, il présente aussi plusieurs amendements au projet de loi sur l’immigration, qui connaissent des fortunes diverses :
Après des études au petit séminaire d’Avignon, il rejoint le lycée militaire d’Aix-en-Provence, puis achève son parcours universitaire à l’Institut libre d’étude des relations internationales (ILERI) de Paris, d’où il sort diplômé de droit international
Son domaine d’expertise semble donc être l’aumônier militaire en poste à l’étranger…
Le 12/12/2014 à 12h57
Le 12/12/2014 à 12h59
Le 12/12/2014 à 13h09
Le 12/12/2014 à 13h18
Le Monde NXi au top.
Le 12/12/2014 à 13h24
Le 12/12/2014 à 13h51
Hum, il a donc voté 2 lois (Loi de 2006 et Hadopi) sur des sujets qu’il ne maîtrise vraisemblablement pas. N’est ce pas le travail des députés, lorsqu’une loi doit être étudiée et votée de se renseigner/former sur le sujet afin de prendre une décision en connaissance de cause ?
Le 12/12/2014 à 13h52
Le 12/12/2014 à 14h15
Le 12/12/2014 à 15h31
En voyage en Corée (du Sud), le député Thierry Mariani a applaudi la faculté de profiter là-bas du Wi-Fi
Ne nous arrêtons pas là et allons plus loin en prenant comme exemple la magnifique zone démilitarisée ! On pourrait en coller une autour de l’Élysée, de l’ENA, etc. Au bout de quelques semaines, la nature aura reprit ses droits " />
Le 12/12/2014 à 15h34
Le 12/12/2014 à 15h45
Normalement sur la boite mail qui te sers d’identifiant tu as du recevoir un mail annoncant l’arrêt des tirelires et un autre le 11 te proposant le virement de ta tirelire actuelle quelque soit le montant sur ton compte payapal, page de remboursement valable jusqu’au 10 janvier 2015
Le 12/12/2014 à 15h51
Le 12/12/2014 à 16h18
Ils ne vont peut-être pas apprécier mon " />espérant que beaucoup, comme toi, zappe l’info et ne récupère pas leur tirelire.
Le 12/12/2014 à 17h56
“si des échanges illicites sur réseau P2”
Il n’y a pas d’échanges illicites sur les réseaux P2P, par définition un échange n’est illicite.
Une loi peut être illicite par contre !
Le 12/12/2014 à 18h35
De nouveau cité par lemonde.fr
Le Monde
Super boulot les gars et depuis longtemps !
Le 12/12/2014 à 23h02
Le 13/12/2014 à 10h28
Je ne vois absolument pas l’intérêt pour les hotspots de demander une identification sans authentification… Sur le WiFi d’Aéroports de Paris (entre autres), je m’appelle Jean Mermoz, j’ai 97 ans, j’habite au Kazakhstan, et mon adresse mail c’est “[email protected]”
Evidemment je ne souhaite nullement l’authentification, je dis juste que leur truc ne sert à rien. A part nous faire perdre quelques dizaines de secondes à chaque fois…
Le 14/12/2014 à 18h40
Bon résumé. D’autant plus que l’on peut avoir des connexions sans mdp à rentrer.
Sans compter que l’on peut mettre ce qu’on veut comme coordonnées personnelles, un compte mail bidon, ça se crée en cinq minutes…
Le 12/12/2014 à 10h44
Le 12/12/2014 à 10h47
Le 12/12/2014 à 10h53
Merci Marc pour cette news. Toujours plaisir de voir qu’il y a des gens qui connaissent le sujet et qui ne tardent pas à nous rappeler le fond de la chose !
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Le 12/12/2014 à 10h56
J’ai des Mdp sur tous les opérateurs, mes potes aussi, ça reste franc mais bon, ça fonctionne sur une chaîne de confiance en attendant.
Le 12/12/2014 à 11h02
Sauf qu’il ne faut pas trop vite s’emporter.
Si, ça mérite. Qu’ils assument leurs conneries.
Dans un autre monde, on aurait des Wi Fi gratuits et ouverts, un peu partout. Pas possible à cause de ces gens là.
Le 12/12/2014 à 11h04
" /> Une très bonne mise au point ! " />
Le 12/12/2014 à 11h05
C’est plutôt à cause d’une loi liberticide post- 11 septembre qu’à cause de Hadopi.
Mais le problème vient, à l’origine, d’une loi idiote voté par son groupe.
Le 12/12/2014 à 11h11
C’est une actu moins “bashing”, mais je veux surtout souligner que ces considérations de confort (ouch ! on m’a demandé un mdp !!!!) ne sont rien à côté de la problématique des logs de connexion. Surtout qu’avec un mdp en poche, tu peux télécharger comme un goret et mettre l’opérateur du hotspot dans une belle merdouille hadopienne. Bref, ca ne change rien. Ce sujet lié à l’hygiène informatique (mdp) est un non-problème. Celui des logs collectés et conservés pendant un an en est un.
My 2cts, comme on dit.
Le 12/12/2014 à 11h16
Avant Hadopi, j’avais une Fonera active chez moi.
Simplement parcequ’avant, je ne devais m’inquiéter que des “vrais délinquants” qui auraient pu faire un mésusage de ma fonera, et le cas échéant, j’aurais alors renvoyé la police vers FON …
Mais la probabilité que ça arrive me semblait suffisamment faible pour accepter de prendre ce risque de tracasseries administrative.
Hadopi a changé ça, en transformant tout le monde en “dangereux criminel qu’il faut chasser a tout prix pour les empêcher de nuire à la cassette des ayant-trop-de-droits” … (juste les gens qui téléchargeaient en p2p, donc tout le monde).
Depuis la Fonera est éteinte.
Le 12/12/2014 à 11h21
Ce qui pourrait être sympa, c’est qu’une fois le sujet abordé… ça devienne une loi, un truc genre la neutralité du net, un sujet plus global donc.
Je suppose que faire une loi ne sert à rien, un amendement pour qu’on soit de vilain télé chargeur (oui oui ce mot là, ça vient du grec) reviendra parce que le mec à fat un tour en Corée du Sud, ça a du le changer de Paris au passage, un seul pays, une seule (ou deux) entreprise.
Le 12/12/2014 à 11h42
RHÄÄÄÄÄHHhHHHHHHHHH, arrêtez avec le mini, je suis entrain de le faire en bois pour plus cher.
Dredi inside svp.
Le 12/12/2014 à 11h44
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Le 12/12/2014 à 11h53
On a tous sécurisé nos accès avec un filtrage et firewall Open Office et maintenant il nous dit d’ouvrir nos accès ?
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Le 12/12/2014 à 11h57
Mais on les forme ou nos politiciens ???
Ha oui ils sont pas formés, ils ont les postes par piston et par la famille.
Et les Coréens lu dise merci pout toutes les données qu’ils ont recuperés grace à l’ignorance crasse de ce se deputés.
Le 12/12/2014 à 11h57
Bah ouais, j’ai le gabarit, un pote menuisier, une carte mère toute petite mais vraiment toute petite, l’ailm extérieur, des HDD en veux tu en voilou… Bon plus qu’à monter tout cela, ce sera gravé aussi (sérigraphie métal et bois au fer à souder).
Et pour ceux que ça intéresse pas, il y aura pas de pub ici comme ailleurs, on va pas les faire à la chaîne non plus.