Fichier TAJ : la CNIL épingle l’Intérieur et la Justice
Oh! et gaz à tous les TAJ
Le 25 février 2015 à 09h50
5 min
Droit
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Déjà dénoncés pour leurs trop nombreuses erreurs, un nouveau cafouillage vient pourrir les fichiers de police. Cette fois, c’est le fameux fichier TAJ, ou Traitement des Antécédents Judiciaires, qui est en cause. La CNIL considère spécialement que les ministères de l’Intérieur et de la Justice sont beaucoup trop lents pour respecter les délais encadrant le droit d’accès et de rectification des justiciables. Explications.
En 2012, le TAJ a fusionné les actuels fichiers STIC et JUDEX pour concentrer dans sa mémoire l’ensemble des informations relatives aux personnes soupçonnées de crime, délit ou contravention grave, mais également celles de leurs victimes. Des données stockées pour une durée de 5 à 40 ans suivant les cas, avec des informations parfois très sensibles.
Dans un précédent avis sur ce système, la CNIL rappelait qu’en fonction des infractions considérées (voir notre actualité), il est possible d’y trouver, outre évidemment le nom, le surnom, l’adresse, le sexe, la photo, la date ou encore lieu de naissance de l’intéressé, des informations « laissant apparaître les origines raciales ou ethniques, les opinions politiques, philosophiques ou religieuses ou l'appartenance syndicale des personnes, ou qui sont relatives à la santé ou à la vie sexuelle de celles-ci ».
TAJ d'huile
Selon le dernier rapport du Conseil d’État, ce mécanisme compte 12,2 millions de fichiers concernant les « mis en causes ». L’intérêt d’un tel méga fichier ? Faciliter la recherche des auteurs d’une infraction en permettant aux autorités de scruter ses précédentes mises en cause. Depuis la loi sur la sécurité intérieure du 17 mars 2003, le TAJ peut tout autant être exploité pour l’accès à la nationalité française, les titres de séjour, mais encore les enquêtes administratives notamment en vue d’un emploi public dans une activité à risque (défense, etc.).
On comprend du coup l’importance de données fiables ou, inversement, les conséquences de données erronées dans la vie d’une personne, privée par exemple de postuler à tel emploi public. Des cas malheureusement loin d’être rares, comme le relevait un rapport parlementaire qui dénonçait un taux d’erreur trop important dans le STIC.
Les citoyens ne sont heureusement pas dépourvus d’action, seulement ils ne possèdent ici qu’un droit d’accès (et de rectification) indirect. Cela tient à la sensibilité de ces fichiers qui intéressent la sûreté de l’État, la défense ou la sécurité publique.
Sur le papier, des délais bien encadrés
Comment se passe concrètement ce droit d’accès ? Sur le papier, la personne qui veut s’assurer que sa fiche est conforme à la réalité doit d’abord adresser sa demande via la CNIL. Idéalement, tout doit être traité dans les 6 mois.
La CNIL va d’abord désigner l’un de ses membres (uniquement un ancien magistrat) pour mener à bien les investigations et procéder aux éventuelles modifications. Contacté, le responsable du traitement (police ou gendarmerie) dispose ensuite d’un mois et demi pour saisir le ou les procureurs concernés, délai majoré d’un mois en cas d’affaire complexe. Chaque parquet doit alors se prononcer dans les trois mois et leur réponse est transmise au responsable du traitement. Celui-ci en informe alors la CNIL dans un délai de 15 jours.
Le magistrat de la CNIL en charge du droit d’accès indirect procède enfin aux vérifications et fait procéder aux éventuelles rectifications. Sauf opposition du parquet, de la gendarmerie ou de la police, la personne concernée est informée.
En pratique, des délais très peu respectés
Problème : « Les services de la police nationale et les Parquets ne respectent pas les délais » dénonce la CNIL dans une délibération publiée avant hier. Elle constate que le plafond des 6 mois est tout bonnement explosé. Quelques exemples ? 20 % des demandes d’accès reçues en 2012 par la CNIL sont toujours en cours d’instruction. Le chiffre monte à 60 % pour celles de 2013 et même 80% en 2014. Quand, une réponse a finalement été apportée, le délai moyen est de… 16 mois.
D’où viennent ces bugs ? Majoritairement d’« un défaut de saisine des Parquets par les services de police nationale », qui oublient donc le délai d’un mois et demi. Ces mêmes services trainent aussi des pieds pour centraliser les procédures à l’origine de l’enregistrement, « ce qui a pour effet d’allonger de manière importante les délais de traitement » regrette la CNIL. Parfois encore, ce sont les parquets qui sont épris de lenteur excessive, oubliant de respecter le délai de trois mois, voire de répondre.
Bernard Cazeneuve et Christiane Taubira mis en demeure
La Commission estime du coup qu’« en ne respectant pas les délais qui leur sont ainsi impartis, les services de la Police nationale et les Parquets privent les personnes concernées d’un droit d’accès indirect efficace aux données les concernant enregistrées dans le TAJ. »
Celle-ci vient de mettre en demeure le ministère de l’Intérieur et celui de la Justice de corriger le tir dans les trois mois. À défaut ? Joueront ici les possibles sanctions prévues à l’article 45 de la loi de 78. Soit un avertissement-sanction qui, s’il reste encore sans effet, pourra se muer en une information du Premier ministre pour qu’il prenne, « le cas échéant, les mesures permettant de faire cesser la violation constatée. »
Fichier TAJ : la CNIL épingle l’Intérieur et la Justice
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TAJ d'huile
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Sur le papier, des délais bien encadrés
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En pratique, des délais très peu respectés
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Bernard Cazeneuve et Christiane Taubira mis en demeure
Commentaires (39)
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Abonnez-vousLe 25/02/2015 à 12h07
Le 25/02/2015 à 12h11
Donc, si je comprends bien, si faire les gros yeux ne suffit pas, on va dénoncer au grand frère Valls? Le même qui exhibe une volonté manifeste de ficher et videosurveiller les gens?
Qui est pour amender l’article 45 de la loi de 78 pour y ajouter une vraie sanction?
Le 25/02/2015 à 12h46
À défaut ? Joueront ici les possibles sanctions prévues à l’article 45 de la loi de 78.
Soit un avertissement-sanction qui, s’il reste encore sans effet,
pourra se muer en une information du Premier ministre pour qu’il prenne,
« le cas échéant, les mesures permettant de faire cesser la violation constatée. »
HOulà….. Cà fait vachement peur quand même \](https://cdn2.nextinpact.com/smileys/france.gif)" />
Le 25/02/2015 à 13h06
“laissant apparaître les origines raciales ou ethniques, les opinions
politiques, philosophiques ou religieuses ou l’appartenance syndicale
des personnes, ou qui sont relatives à la santé ou à la vie sexuelle de
celles-ci ».
Faut et entièrement faux ces éléments n’y sont pas, c’est de la désinformation!!!, quant aux employeurs, ils n’ont pas accès au fichier TAJ
Le 25/02/2015 à 14h14
Elles ne sont pas sensées y être, mais la CNIL a quand même observé leur présence.
Le 25/02/2015 à 15h14
J’espère que le Parquet de Paris ouvrira une enquête sur cette affaire, afin que les coupables soient sanctionnés, comme il l’a fait dans d’autres affaires, notamment Acadomia, car dans le cas contraire, on pourrait se poser la question de l’égalité devant le droit.
Le 25/02/2015 à 15h36
@Mihashi
Faux elle n’y sont pas je peu l’affirmer, le fichier TAJ est alimenté de sorte que ces éléments ne peuvent y figurer
@ ActionFighter
Le parquet de paris ouvrir une enquête ? lol … pour quels motifs? lenteur administratives ?
Le 25/02/2015 à 15h40
Le 25/02/2015 à 16h00
Ce n’est pas le fichage le problème mais la désinscription du Fichier TAJ.
Si une personne est auditionné en qualité de mis en cause il entre dans le fichier TAJ , ce fichier a une existence légale.
Le problème c’est juste que si le parquet décide à posteriori d’un classement sans suite et bien il doit etre sorti du fichier et c’est le délai qui pose problème c’est tout…
Ca n’a rien a voir avec un fichier illegal, le TAJ est tout a fait légal
Le 25/02/2015 à 16h09
Le 25/02/2015 à 16h12
Si tu parles de ça : “laissant apparaître les origines raciales ou ethniques, les opinions
politiques, philosophiques ou religieuses ou l’appartenance syndicale
des personnes, ou qui sont relatives à la santé ou à la vie sexuelle de
celles-ci ».
Une fois de plus je peu affirmer que c’est faux, ces éléments n’y sont pas
Le 25/02/2015 à 17h35
Taj Mahal : Wikipedia? Je suis déjà loin
Le 25/02/2015 à 18h17
Le 25/02/2015 à 18h23
Le 25/02/2015 à 19h26
je peux te dire que ces informations la n’y figure pas c’est certain, je peu même te dire ce qui figure dedans
Le 25/02/2015 à 19h32
Envoyez moi un lien montrant que ce genre de renseignements figurent sur le TAj…mais je doute que vous trouviez ça
Le système d’alimentation du fichier TAJ ne prévoit pas ce genre de renseignements, ce n’est pas possible
Le 25/02/2015 à 19h33
Oui si ils affirment ça ce sont des incapables, les craintes mentionnées par la CNIL datent de 2012.. nous sommes en 2015 si ce genre d’info y figuraient la CNIL aurait réagit.
Je pense que tu n’a pas compris ce que dénonce la CNIL
Ce n’est pas le contenu du fichier mais le temps necessaire a retirer une personne de ce fichier TAJ lorsqu’il y a un classement sans suite
Le 25/02/2015 à 19h38
Oui si ils affirment ça ce sont des incapables, les craintes mentionnées
par la CNIL datent de 2012.. nous sommes en 2015 si ce genre d’info y
figuraient la CNIL aurait réagit.
Je pense que tu n’a pas compris ce que dénonce la CNIL
Ce n’est pas le contenu du fichier mais le temps necessaire a retirer
une personne de ce fichier TAJ lorsqu’il y a un classement sans suite
Le 25/02/2015 à 19h39
Le 25/02/2015 à 19h43
Le 25/02/2015 à 19h44
Tu n’a vraiment rien compris c’est certain
Le 25/02/2015 à 21h15
De quel rapport parles tu ? La CNIL a émis ses craintes en 2012 avant la création du TAJ.
Depuis la création du TAJ, il n’y a aucun rapport de la CNIL disant que “la sexualité, l’opinion politique, philosophiques religieuse syndicale ” est intégré au fichier TAJ !!!
Quant au fait de me croire ou pas libre a toi… ça fait juste parti de mon taf
Le 26/02/2015 à 07h28
Le 26/02/2015 à 07h31
Pas mal :)
Le 26/02/2015 à 08h30
Le 26/02/2015 à 09h24
Ca date de 2012 ces craintes de la CNIL!! avant la mise en place du TAJ, de plus c’était du conditionnel
Depuis la mise en place du TAJ, il n’y a pas eu de rapport de la CNIL en ce sens car il n’y a pas mention de ces critères tout simplement
Le 26/02/2015 à 10h06
Le 26/02/2015 à 10h25
Non ce n’est pas le cas les preconisation s de la CNIL sont appliquée dans ce domaine. Ces renseignements n’y sont pas
Le 26/02/2015 à 11h50
Le 26/02/2015 à 13h03
Mais elle n’y sont pas et le système est fait de sorte qu’elle s ne peuvent y figurer
Le 26/02/2015 à 17h36
Le 26/02/2015 à 19h42
Je ne suis pas “flic” :) , l’alimentation de ces fichiers se faits par des choix multiples ( cheveux courts, long.. couleurs des yeux…etc) il n’y a pas de possibilité de mettre si t homo, syndicaliste…. justement pour éviter ça.
Je ne connais pas les fichiers bancaires ou de mutuelles ( que des v…) mais la je te dit juste que ces informations ne peuvent y figurer.
Ecoute je te propose de commettre un délit, tu seras auditionné l’enquêteur te posera des questions sur ta taille … te prendra en photo et tes empreintes, et tu verras de tes propres yeux que ce que je te dis est vrai :)
Le 25/02/2015 à 10h12
Concours de jeu de mot dans l’article ?
Sinon ,y en a qui croit encore aux bisounours dans ce pays de bien pensants à base umps ?
Le 25/02/2015 à 10h15
concrètement, j’ai du mal à imaginer quel moyen de pression efficace la CNIL a à sa disposition pour faire plier le ministère de l’intérieur.
Le 25/02/2015 à 10h17
Le 25/02/2015 à 10h18
Soit un avertissement-sanction qui, s’il reste encore sans effet, pourra se muer en une (très) potentielle injonction de cesser le traitement.
les ministres en tremblent déjà !
TAJ maal ?
Le 25/02/2015 à 10h28
C’est désolant d’en arriver là.
Le pire reste que ce problème d’erreurs de traitement (et de délai) n’est pas limité au TAJ mais doit bien concerner de nombreux services de l’administration.
J’ai eu l’occasion de tomber sur ce phénomène avec l’INSEE, l’URSSAF et le centre des impôts récemment (les 3 en même temps oui).
Les impôts sont venus me réclamer des sous (CFE) pour une activité d’auto-entrepreneur… arrétée il y a 3 ans. Malgré les déclarations en ligne et les courriers recommandés de cessation d’activité, ils n’avaient pas pris en compte cet arrêt. Idem pour l’Urssaf et l’INSEE, malgré les 3 (oui 3!!) courriers recommandés bien reçus de leur part. Il m’a fallu 4 mois pour faire corriger ces erreurs.
Si les fichiers de police sont gérés de la même manière que ceux des entreprises, les problèmes sont pas prêt de s’améliorer.
Le 25/02/2015 à 10h34
Tout autant … il serait temps de couper des têtes politiciennes … m’enfin !
Le 25/02/2015 à 10h35