Connexion obligatoire pour jeux solo : Ubisoft poursuivi pour non-respect du RGPD
Thérapie primale

Far Cry Primal – crédit Ubisoft
L'association noyb a déposé plainte en Autriche à l'encontre d'Ubisoft pour infraction au RGPD. En cause : la connexion à Internet imposée par l'éditeur au lancement de ses jeux vidéo, même si ces derniers n'ont pas de mode en ligne. Le plaignant représenté par noyb affirme avoir constaté plus de 150 connexions à des serveurs externes au cours d'une session de 10 minutes sur le jeu Far Cry Primal.
Le 25 avril à 11h44
4 min
Droit
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Célèbre pour son engagement en faveur du respect de la vie privée, l'association noyb pilotée par Max Schrems s'est trouvé une nouvelle cible : le Français Ubisoft. Dans une plainte rendue publique jeudi, elle accuse en effet l'éditeur d'enfreindre les termes du RGPD, en imposant la connexion Internet lors de l'utilisation de jeux solo. Elle estime par ailleurs qu'Ubisoft procède au recueil de données personnelles sans consentement utilisateur ni motif légitime.
Une connexion obligatoire, au moins au premier lancement
La plainte (traduite en français, PDF) décrit les mésaventures d'un plaignant autrichien, confronté à Uplay, le client logiciel d'Ubisoft, pour jouer à Far Cry Primal après l'avoir acheté sur Steam. Il s'agit d'un jeu de tir à la première personne qui ne dispose pas de fonctions multijoueurs en ligne.
Fin septembre 2024, le plaignant initie une prise de contact avec le service client d'Ubisoft, et s'étonne qu'il soit obligatoire de s'identifier au moyen de Uplay pour lancer son jeu. Sur ce point, le service client d'Ubisoft lui répond qu'une connexion Internet est obligatoire au premier lancement du jeu, pour vérifier que l'utilisateur dispose bien de la licence associée. Il rappelle que Uplay peut ensuite fonctionner en mode hors-ligne, si aucune connexion Internet n'est active.
Le plaignant, « qui s'y connaît en technologie » d'après noyb, lance dans le même temps une écoute du trafic réseau associé à Far Cry Primal et constate que son jeu envoie des paquets vers des serveurs distants. Il évoque 150 connexions en l'espace de dix minutes, et identifie Google, Amazon ou Datadog, une entreprise spécialisée dans l'analyse de données à des fins de monitoring.
Un flux de paquets envoyé pendant les phases de jeu
Sur ce volet, l'utilisateur est renvoyé vers le CLUF, le contrat de licence de l'utilisateur final associé au jeu. Ce dernier stipule effectivement qu'Ubisoft collecte des données personnelles « afin de vous offrir une meilleure expérience de jeu » et utilise « des outils d'analyse tiers pour collecter des informations concernant vos habitudes de jeu et l'utilisation du produit par vous et d'autres utilisateurs ».
Parmi ces données figureraient notamment des « informations de localisation, date et temps passé sur le produit, scores du jeu, métriques et statistiques du jeu, utilisation des fonctionnalités, taux de conversion publicitaire, taux de monétisation, historique des achats et autres informations similaires », d'après le CLUF cité par la plainte.
« Le problème, c'est que le plaignant n'a jamais consenti à ce traitement. Conformément à l'article 6(1) RGPD, cela signifie que le traitement n'est légal que s'il est nécessaire – ce qui n'est pas le cas pour le plaignant », estime noyb.
Pour l'association, l'acte d'achat réalisé via Steam suffit à confirmer la propriété du jeu. Et si Ubisoft permet de jouer à Far Cry hors connexion, c'est bien que « le traitement de toutes les données à caractère personnel dans le cadre de la configuration standard n'est pas réellement nécessaire », souligne-t-elle.
Un dossier pour la CNIL ?
« Si Ubisoft a besoin de données pour améliorer un jeu, il lui suffit de demander le consentement des utilisateurs. La société peut également demander aux joueurs s'ils souhaitent envoyer des rapports de bogues individuels à ses serveurs », explique-t-elle encore.
La plainte réclame de ce fait à l'Autorité de protection des données compétente l'ouverture d'une enquête. Dans la mesure où Ubisoft est une société française, c'est donc a priori à la CNIL que reviendra la responsabilité de ce dossier. Elle demande également à cette même autorité de prononcer une amende administrative dissuasive, qu'elle estime pouvoir atteindre 92 millions d'euros, sur la base des 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel d'Ubisoft.
Contacté par l'AFP, l'éditeur a réaffirmé jeudi que ses jeux solos pouvaient être pratiqués hors ligne. En cas de connexion, les données seraient « utilisées pour améliorer les performances du jeu ».
Connexion obligatoire pour jeux solo : Ubisoft poursuivi pour non-respect du RGPD
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Une connexion obligatoire, au moins au premier lancement
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Un flux de paquets envoyé pendant les phases de jeu
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Un dossier pour la CNIL ?
Commentaires (17)
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Abonnez-vousModifié le 25/04/2025 à 12h20
Par ailleurs, j'ai appris par hasard il y a quelque temps le décès de Benoît Sokal survenu en 2021, ça m'a rempli d'une profonde tristesse en repensant à la découverte de ses jeux avec ma mère quand j'étais ado, dans notre période aventure, énigme et univers intriguant : Myst, Grim Fandango etc.
Bref, une pensée émue en voyant ces mammouths pour cet illustrateur, scénariste et créateur de jeux vidéos belge.
Le 25/04/2025 à 15h09
Le 25/04/2025 à 15h22
Le 25/04/2025 à 22h02
Le 26/04/2025 à 18h05
Le 27/04/2025 à 00h02
Alors que le 4, il est épic même si le style de jeu évolue un peu. Ça devient plus un jeu narratif. Enfin bon fais toi ton propre avis 🤘
Le 25/04/2025 à 12h23
Le 25/04/2025 à 13h30
Le 25/04/2025 à 16h55
Le 26/04/2025 à 09h41
Le 25/04/2025 à 14h56
Le 25/04/2025 à 17h39
Le 26/04/2025 à 09h48
Le 27/04/2025 à 11h57
Par contre, les autorités de protection des données peuvent se concerter pour considérer cette pratique comme une non conformité dans le cadre de l'EDPB, ce qui harmoniserait les décisions à l'échelle de l'UE. Cela dit, pour qu'une décision soit rendue, il faut qu'il y ait plainte dans tous les cas.
Le 25/04/2025 à 17h38
Le 26/04/2025 à 09h43
L'angle RPGD est intéressant car on est censé pouvoir refuser sans bloquer l'utilisation.
Modifié le 25/04/2025 à 19h36