Chine, Iran, Russie… : comment des pays contrôlent, bloquent et manipulent Internet
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La question peut sembler triviale ou compliquée selon les affinités de chacun. La mise en place d’une telle mainmise nécessite dans tous les cas une certaine organisation. Il y a plusieurs écoles : la Chine et l’Iran limitent l'interconnexion avec le reste du monde à un petit nombre d’AS fortement contrôlés. La Russie mise sur un contrôle plus diffus. En trame de fond, on retrouve des enjeux de souveraineté et d’information.
Le 14 mai à 10h01
7 min
Internet
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Chaque année, le Conseil Scientifique de l’Afnic organise sa Journée scientifique baptisée JCSA. Lors de la dernière édition qui avait pour thème « Repousser les limites de l’internet », Louis Pétiniaud du laboratoire Geode (Géopolitique de la Datasphère à l’université Paris 8) proposait une conférence sur l’angle géopolitique.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, on ne peut que vous conseiller de lire notre dossier sur le fonctionnement (pour de vrai) d’Internet. Pour la suite, il est important d’avoir en tête ce qu’est un AS (Système autonome), le protocole BGP, comment fonctionne le transit, les routes sur Internet, etc.
- [Dossier] Internet, mode d’emploi : une URL c’est quoi ? (partie 1)
- De l’URL à l’IP avec le DNS (partie 2)
- Trouver le bon chemin avec BGP (partie 3)
- Les CDN, quels sont leurs réseaux ? (partie 4)
- Peering, transit, points d’échange (partie 5)
- Fibres optiques et câbles sous-marins (partie 6)
Les opérateurs restent « libres de décider où, quand, comment »
Louis Pétiniaud commence par poser le décor, rappelant qu’il y a « de plus en plus de pratiques de fermeture ou de coupure du réseau, qu’on peut le manipuler et instaurer des vraies frontières ». Par contre, « une immense majorité de la communauté réseau vise à l’interconnexion maximisée ».
Sur les questions d’interconnexion, il affirme qu’il y a peu de régulation actuellement. Dans la majorité des pays, les opérateurs restent aujourd’hui « libres de décider où, quand, comment et avec qui ils se connectent ».
Néanmoins, au cours des deux dernières décennies, il affirme qu’il y a « une croissance rapide de la conception territoriale du réseau », avec en trame de fond la question de la souveraineté numérique : « Le routage devient un enjeu stratégique ».


Peu d’AS ouverts sur le monde en Chine et en Iran
Un exemple dont on entend souvent parler : la Chine et son Grand Firewall. C’est un ensemble complexe mélangeant différentes technologies (VPN. proxi…), mais avec une particularité au niveau du réseau et l’ouverture sur le monde : « quatre AS chinois suffisent à connecter 90 % des IP en Chine au reste du réseau », AS évidemment contrôlés par le pouvoir.
L’Iran a suivi le même chemin, explique Louis Pétiniaud. D’un réseau relativement décentralisé, le pays l’a transformé « peu à peu de manière à ce que trois points soient vraiment les points de contrôle centraux qui permettent d’interconnecter l’Iran avec le reste du monde ». Ils sont contrôlés par le régime iranien. « On baisse en résilience, mais on augmente en contrôle », explique le chercheur.
« On a été un peu dérouté par la politique Russe »
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Le 15/05/2025 à 17h01