Loi Renseignement : magistrats, journalistes, avocats et parlementaires pourront être surveillés
Merci Bernard
Le 06 juillet 2015 à 14h00
4 min
Droit
Droit
Contrairement à une croyance un peu trop répandue, le projet de loi sur le renseignement prévoit bien plusieurs hypothèses où un parlementaire, un journaliste, un avocat ou un magistrat pourront être surveillés. Tour d’horizon.
Le 2 juillet dernier, lors d’un échange en commission « libertés publiques » (Libe) au Parlement européen, l’eurodéputée française Christine Revault d’Allonnes (PS) l’a affirmé à sa collègue du groupe Démocrates 66, Sophie In’t Veld : les parlementaires (pas plus donc que les magistrats, les avocats ou les journalistes) ne pourront être surveillés dans le cadre de leur mandat.
Retour au texte. Le projet de loi adopté voilà une quinzaine de jours prévoit dans sa disposition-clef qu'« un parlementaire, un magistrat, un avocat ou un journaliste ne peut être l’objet d’une demande de mise en oeuvre, sur le territoire national, d’une technique de recueil de renseignement (...) à raison de l’exercice de son mandat ou de sa profession. » (L. 821 - 7.)
Une surveillance périmétrique ou accidentelle en France
En relisant a contrario cet article, on voit que la surveillance restera possible pour tout ce qui est extérieur à leur mandat ou profession. Prenons du coup un scénario qui est tout sauf exceptionnel : celui du journaliste qui reçoit un appel ou rédige un mail « pro » en dehors de ses horaires de travail. S’il est surveillé, cet échange tombera dans les mailles du filet puisqu’une technique de surveillance ne peut anticiper par avance si cette communication est ou non relative à ses activités.
Certes, main droite en l’air, les services du renseignement pourront toujours promettre d’effacer ces contenus collectés en trop, car liés à « leur mandat » ou « leur profession ». Mais, trop tard : les sources seront connues et l’atteinte à leur secret, consommée.
Cette grille de lecture est d’autant plus vraie que le même article du projet de loi ajoute sans nuance que des autorisations de surveillance pourront bien viser « l’une de ces personnes ou ses véhicules, ses bureaux ou ses domiciles ». Comme garantie, il est simplement exigé que l’avis préalable de la Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement (CNCTR) soit rendu en formation plénière, histoire d’alerter le Premier ministre sur la sensibilité de cette surveillance.
Il y a d’autres cas où ces acteurs seront indistinctement frappés : c’est lors du déploiement des mesures de surveillance d’ampleur : sondes, boîtes noires, IMSI catcher, etc. Tous ces dispositifs ne pourront pas contourner leurs données de connexion puisque leur statut n’est pas inscrit sur leur adresse IP (voir en ce sens la question prioritaire de constitutionnalité soulevée par la Quadrature du Net, FDN et FFDN).
Une surveillance open bar à l’étranger
De même, revenons au début de l’article L.821 - 7. L’encadrement ne concerne que « le territoire national ». Du coup, à l’étranger, en-dehors du « territoire national », ces quatre types d'acteurs pourront être surveillés personnellement, sans nuance, même s’il s’agit de glaner spécialement des renseignements liés à leurs activités professionnelles.
Tel juge antiterroriste partant en Afrique rencontrer une source sensible, tel journaliste ou avocat se rendant au Moyen-Orient pour enquêter sur un dossier impliquant des politiques français de premier ordre, tel député effectuant un voyage à Bruxelles pour échanger avec un lobby, tout ce beau monde pourra être surveillé dans ses faits et gestes, dès lors que la finalité de l’espionnage vise la défense ou la promotion des intérêts supérieurs français.
N’oublions pas au surplus que contrairement aux mesures franco-françaises, les opérations de surveillance internationale ne seront vérifiées qu’a posteriori par la CNCTR. À ce niveau, en effet, elle n’émet aucun avis préalable sur l’autorisation prise par le Premier ministre. Cela sera donc encore une fois tardif, à supposer en outre que la CNCTR dispose des moyens suffisants pour exercer son contrôle.
Certes, la Commission pourra toujours taper du poing sur la boîte noire et saisir le Conseil d’État, mais cette saisine ne sera qu’hypothétique. Pire, en cas de saisine effective, la formation de jugement compétente pourra ne pas sanctionner une violation de la loi, même constatée par ses soins. Notez en effet le « elle peut », témoignage d’une confortable option :
« Art. L. 773 - 7. – Lorsque la formation de jugement constate qu’une technique de recueil de renseignement est ou a été mise en œuvre illégalement ou qu’un renseignement a été conservé illégalement, elle peut annuler l’autorisation et ordonner la destruction des renseignements irrégulièrement collectés. »
Loi Renseignement : magistrats, journalistes, avocats et parlementaires pourront être surveillés
-
Une surveillance périmétrique ou accidentelle en France
-
Une surveillance open bar à l’étranger
Commentaires (46)
Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.
Déjà abonné ? Se connecter
Abonnez-vousLe 06/07/2015 à 14h05
magistrats, journalistes, avocats et parlementaires pourront être surveillés
Ouf ! La même loi pour tous.
Le 06/07/2015 à 14h06
Les dentistes et les kinés aussi ?
Le 06/07/2015 à 14h08
Surveilleurs et surveillés !
Si ce sont toujours les mêmes qui surveillent les surveillés, alors le jeu n’est pas équitable.
Il est nécessaire pour revendiquer la démocratie, que ceux qui surveillent puissent aussi être surveillés par les surveillés qui deviendraient surveilleurs.
En cas contraire, les dés sont pipés d’avance et que vive la dictature.
Le 06/07/2015 à 14h08
Le 06/07/2015 à 14h09
La question à 100 balles, est ce que Balkany va être surveillé pour l’ensemble de son œuvre?
Le 06/07/2015 à 14h11
Pas assez de stockage sur les serveurs de la DGSE …. " />
Le 06/07/2015 à 14h12
Moi pas comprendre la subtilité…
Si on écoute, un journaliste, un avocat, etc… cette écoute devra déjà forcément passer par le 1er ministre…
Si cette écoute concerne toute activité d’un journaliste par exemple, elle sera illégale d’après la loi et donc pas recevable…
Si cette écoute illégale est utilisée pour faire chanter ou trouver une source, cela ne pourra se faire qu’en “souterrain”… Or mon petit doigt me dit que les services de renseignement intérieurs ont déjà la capacité de le faire (ce qui est tout aussi illégal)…
Question finale: qu’est ce que cela change ?
Le 06/07/2015 à 14h12
[musique reine des nieges]
Surveillés, espionnés,
L’État peut vous décortiquer
Sanctionner, confiner,
Nul ne pourra plus nous échapper….
[musique pompes funèbres]
Le 06/07/2015 à 14h14
" />" />
Le 06/07/2015 à 14h16
faire de la démago pour dire que tout le monde sera servi à la même enseigne, mais que comme tu le démontres, ca ne changera rien a la situation actuelle. Si ca peut en faire taire quelqu’uns, c’est deja ca. je vois même pas l’interet de mettre tout le monde dans le même panier si ensuite ca revient a la même situation qu’a udépart que ca en sort certains.
Le 06/07/2015 à 14h17
Le 06/07/2015 à 14h19
La fin de Next INpact approche… " />
Le 06/07/2015 à 14h22
Si la surveillance concerne toute activité d’un journaliste,
elle sera illégale si elle a lieu en France. Légale si elle a lieu à l’étranger.
Si la surveillance concerne d’autres activités du journaliste, avocat, magistrat, parlementaire, elle sera légale si elle a lieu en France ou à l’étranger.
Problème : comment dresser préventivement la frontière entre ces autres activités et ces mandats/professions ? Cas perso : il m’arrive de nombreuses fois d’échanger professionnellement avec un parlementaire en pleine nuit, quand lui et moi sommes censés dormir (donc activité périmétrique à son mandat, à ma profession). Comment le service du renseignement saura la nature de cet échange en se limitant aux données de connexion ?
Je ramasse la copie dans 3 heures.
Le 06/07/2015 à 14h30
L’exécutif se moque ici de la séparation démocratique des pouvoirs pour espionner le pouvoir légilatif et le pouvoir judiciaire, sans parler de celui-de la presse. Et ils osent communiquer en disant que ce texte met à l’abri les professions protégées des oreilles des services de renseignement. Dès fois, on se demande même si ce n’est pas ces services qui ont les pleins pouvoirs tant ils n’ont de compte à rendre à personne et tant ils sont opaques.
Le 06/07/2015 à 14h31
En quoi les métiers sus-cités devraient-il faire exception ?
Le 06/07/2015 à 14h37
En exclusivité : la copie de Bernard :
« algorisme magique et boîte noire quantique, donc que les opposants au texte arrêtent d’être les complices passifs du terrorisme. Il n’y a aucune inquiétude à avoir : la situation est sous contrôle dans le respect des règles républicaines et démocratiques. ».
Le 06/07/2015 à 14h42
Il ne s’agit pas de les ranger dans une sur-catégorie de citoyens. C’est tout simplement une des pierres angulaires de ces professions, qui bénéficient du coup d’un ensemble de règles protégeant leur secret afin de garantir certaines facettes de la démocratie. Voir la saisine Quadrature-FDN-FFDN qui revient là dessus…
Sinon, au delà, tous les citoyens ont droit au respect de leur vie privée, je te l’assure…
Le 06/07/2015 à 14h42
Le 06/07/2015 à 14h44
Wouala.
Le 06/07/2015 à 14h49
Le 06/07/2015 à 14h49
Le 06/07/2015 à 14h53
Le bac philo c’est passé, normalement " />, mais à lire le code du travail on pourrait le penser (encore que pour les parlementaires ou les journalistes pigistes c’est moyennement clair). C’est simplement une disposition faux-cul comme le met en lumière Marc.
Le 06/07/2015 à 14h59
Et la l’Europe sera bien pratique.
On pourra donc espionner tout le monde depuis l’Allemagne …
Vive l’Europe … ou pas.
Le 06/07/2015 à 15h03
Le 07/07/2015 à 09h31
peut être, que maintenant “qu’ils” savent qu’on peut, AUSSI, les surveiller (normalement) ils viendront
“grossir les bataillons des gens qui sont contre cette LR” !
“viendez, viendez, y-a encore de la place” !!!
Le 07/07/2015 à 11h19
Le 07/07/2015 à 11h25
Le 08/07/2015 à 12h43
Le secret professionnel de l’avocat permet à ce dernier de “tout entendre” de la part de son client, en principe sans que l’accusation ne puisse bénéficier des mêmes “informations”. C’est une déclinaison du droit au procès équitable. Ce droit ne met pas les avocats au dessus des lois.
C‘est en ce sens qu’un Tribunal de La Haye aux Pays Bas vient de décider que “la surveillance des avocats par les agences de renseignements constitue une violation des droits fondamentaux et ordonne à l’État néerlandais de cesser toute surveillance des communications des avocats” http://www.lemondedudroit.fr/index.php?option=com_content&view=article&a…:avoir-la-possibilite-de-communiquer-en-toute-confidentialite-avec-un-avocat-constitue-un-droit-fondamental&catid=172:une&Itemid=1320
Le 09/07/2015 à 18h41
Le 09/07/2015 à 18h44
Le 09/07/2015 à 18h57
En président on pourrait mettreIgor et Grichka Bogdanoff …">
Nous ferait un programme présidentiel TEMPS X
En étant 2 pourront les écoutés… en STÉRÉO " />
" />
Le 06/07/2015 à 15h03
Le 06/07/2015 à 15h14
Le 06/07/2015 à 15h25
Le 06/07/2015 à 15h30
Heu… en mettant en en tête de vos messages :
“User-agent: boîte-noir
Disallow:/”
?
Ca marche pour les bot google, ça devrait fonctionner pour les boites noirs , non ?
Le 06/07/2015 à 15h44
Le 06/07/2015 à 18h04
J’ai pris un exemple caricatural.
Le 06/07/2015 à 18h46
Pourquoi vouloir trouver des solutions à des problématiques produites volontairement, en l’occurrence dans l’établissement d’une surveillance accrues via boites noires, et autres sources (données récupéré par les FAI, etc…) au sujet des individus, groupes, etc… ?
Comment peut on vouloir (consciemment ou inconsciemment) des actions (surveillance via la loi de renseignement, etc…), sans que se produisent les conséquences (par ex. : problème de savoir « comment dresser préventivement la frontière entre ces autres activités et ces mandats/professions ? », etc…).
On m’a toujours appris, soit dit en passant, que l’on ne pouvais pas avoir le beurre et l’argent du beurre !
[mode ‘je m’égare’]
Quelqu’un de normalement constitué devrait remettre, le plus possible, en question ses actes (en parlant par ex. d’un certain nombre de politique, voir tous).
Mais là, on a à faire à des tarés, et ce n’est pas la question de savoir pourquoi ils le sont !
[/mode ‘je m’égare’]
Si on cherche des solutions à des problèmes que l’on à soi-même engendrés, et qu’on les mets en place, je crains fort que l’on ne fasse que restreindre le peu de libertés qu’il nous reste, et qu’on s’installera profondément dans un monde qui ne pourra que se limiter toujours plus dans un système que l’on fermera toujours plus.
On aura donc pas a changer nos actes malsains, délirant, etc…, puisque les conséquences seront gérés par d’autres actes mis en place à cet effet.
Par exemple, on peu trouver comme résolution à la problématique que tu soulèves, à savoir « Comment le service du renseignement saura la nature de cet échange* en se limitant aux données de connexion ? », simplement celle ci :
Chacun se devrai d’utiliser un ordinateur/système/cadre dédié à une tache/fonction/jeu. Par exemple, pour ne pas que le renseignement puisse confondre ce qu’il peut ou non surveiller dans l’exemple que tu donnais via ton cas perso, à savoir tes échanges avec un parlementaire en pleine nuit quand vous êtes sensés ne pas être au taf (d’ailleurs qui décide de ce que l’on doit faire ou pas faire dans des portions temporelles ?) !
Ainsi, si tu es sur l’ordi perso, l’agent de surveillance se dira : « non ! je n’ai pas le droit de surveiller cet ordinateur là ! ».
Ensuite on ne pourra que continuer a encore chercher et trouver des nouvelles solutions que LA solution précédemment exprimée pourra créer. Par ex. :
Cet individu surveillant se devra donc être un roc dans sa psyché. Remarque il est prévu que ce soit des machines qui fasse le taf alors la question dans ce cas ne se pose plus !
Bref, ce n’est à n’en plus finir tout ça je trouve. Sauf, il me semble, si le bon sens et le calme revient chez une majorité de bipèdes humanoïde terrestre !
Mais ce n’est pas gagné de sortir de cette frénésie environnante, j’en conviens bien.
PS : tu rends les copies quand ? Quand connaîtrais je ma note ? Dsl du petit retard, j’avais piscine !
*cet échange concerne celui du parlementaire et de Marc au milieu de la nuit, que ce dernier donne en exemple dans son commentaire.
Le 06/07/2015 à 20h04
Déjà qu’ils n’écoutais pas ce qu’on leur disait j’espère que maintenant il ne feront pas la sourde oreille…" />
Pour les présidents, ministres et politique l’Oncle SAM s’en occupe déjà, un peu moins de travail pour nos fonctionnaires zélés…" />
" />
Le 06/07/2015 à 20h04
toi tu rentres pas dans les clous marc, tu nuis aux intérêts économiques de la france avec toutes tes demandes cada, tes investigations pointus sur les magouilles dézayantdroits, et ton refus obstiné d’être mis sur écoutes…aurais tu quelques chose à cacher??? Et en plus ces quoi cette histoire d’échanger avec un parlementaire de nuit!!! c’est pas clair cette histoire, allé hop une boite noire directement aux fesses de ton ordi!!!!!
Le 06/07/2015 à 20h51
C’était cousu de fil blanc.
Le 06/07/2015 à 20h56
De toutes façons, ça me rappelle l’affaire Bismuth… on ne surveille officiellement pas l’avocat, mais son client, qui lui n’est pas exempté…
Le 07/07/2015 à 00h00
Ah non tu remarqueras que depuis l’élection de l’autre nigo en 2012 la NSA a lâchée l’affaire. Il compte tellement peu que le seul moment où ils captent sa voix c’est en fait pour espionner quelqu’un avec qui il est lui ils s’en foutent ^^
Le mec est tellement nul que même les espions refusent de l’espionner …
Mais je dois reconnaître le coup de génie de GrosHollande, en étant naze il est certain que personne ne l’écoute héhé ça c’est malin
Le 07/07/2015 à 05h07
D’après les révélations de Snowden, les présidents ont été écoutés jusqu’en 2012. C’est à dire jusqu’au moment où il a fait une copie des documents. Cela ne signifie pas que cette surveillance s’est arrêtée ensuite, même si Barack Obama jure la main sur le coeur que c’est le cas.
Le 07/07/2015 à 05h14
Le 07/07/2015 à 08h14