Orange gèrera le cloud public de l’État
Des nuages oranges, tout se perd
Le 27 juillet 2015 à 10h30
4 min
Internet
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La branche entreprise de l'opérateur historique, Orange Business Services, a remporté l'hébergement des services de l'État en cloud public. L'offre s'appuie sur l'infrastructure de Cloudwatt, racheté en totalité en janvier.
L'État a choisi Orange Business Services pour héberger ses services en cloud public. C'est ce qu'annonce le groupe télécom dans un communiqué daté d'aujourd'hui. Le contrat de deux ans (renouvelable) est censé réduire les coûts d'informatique de l'État. Comme toute offre du genre, le principe est de mutualiser les clients sur une architecture gérée par une entreprise tierce. C'est tout l'inverse du cloud privé, qui consiste à héberger soi-même ses propres serveurs, avec pour avantage principal de maîtriser complètement son matériel.
En l'occurrence, l'État externalisera chez Orange une part importante de ses services, qui maintiendra pour lui son infrastructure et ne lui fera payer que ce qui est utilisé. « Orange fournira aux ministères et à certains établissements publics, des services d’informatique à la demande (puissance de calcul et stockage) notamment pour leurs projets en matière de développement agile, d’open data et de big data » explique l'entreprise. L'infrastructure se basera sur celle de Cloudwatt.
Un cloud fondé sur une entreprise à l'historique houleux
Comme nous l'expliquions dans notre dossier sur le « Cloud souverain », il s'agit de l'un des deux projets financés par l'État, censés devenir des géants européens de l'hébergement. Ils devaient concurrencer les géants américains du secteur, Amazon, Microsoft et Google en tête. Lancée fin 2012, l'entreprise était détenue par Orange, Thales et la Caisse des dépôts. En face, Numergy était lui financé par SFR, Bull et la même Caisse des dépôts, qui devait injecter 75 millions d'euros dans chaque projet.
Si chaque entreprise devait donc être financée à hauteur de 225 millions d'euros, les gains sont maigres. En 2014, les deux projets n'auraient engrangé que 8 millions d'euros de revenus, loin de la moyenne des hébergeurs historiques français. C'est sur ce constat que la Caisse des dépôts aurait décidé de stopper les frais, affirmaient Les Échos en mars. Moins de la moitié des 150 millions d'euros prévus auraient été dépensés.
Le réseau interministériel aussi géré (en partie) par Orange
Quelques jours après la nouvelle des Échos, nous apprenions qu'Orange devenait l'unique actionnaire de Cloudwatt, qui utilisait déjà l'infrastructure d'Orange Business Services. Dans son communiqué, Orange insiste d'ailleurs sur l'expertise de Cloudwatt dans la technologie open source OpenStack, qui permet de gérer les ressources « en nuage ».
Ce nouveau cloud public sera connecté au réseau interministériel d'État (RIE), qui doit servir de « socle » aux services de l'État. Inaugurée en janvier, cette infrastructure unique doit rassembler l'ensemble des services publics, qui sont pour l'instant répartis sur une « quinzaine de réseaux ministériels existants sur tout le territoire, jusqu’ici distincts ». À l'époque, près de 4 000 sites avaient déjà fait la transition, selon le gouvernement. D'ici 2017, les 17 000 sites publics doivent être transférés sur le réseau basé sur Renater. Il est géré par un service public (le service à compétence nationale (SCN) Réseau interministériel de l’État).
« La connexion locale au RIE, en revanche, passe par des opérateurs tiers, à savoir Orange Business Services et SFR Business Team » rappelaient nos confrères de Silicon à l'époque. Avec la gestion du cloud public des administrations, Orange devient donc indispensable à son actionnaire public, qui rentabilise l'investissement important consenti par la Caisse des dépôts dans Cloudwatt.
Orange gèrera le cloud public de l’État
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Un cloud fondé sur une entreprise à l'historique houleux
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Le réseau interministériel aussi géré (en partie) par Orange
Commentaires (47)
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Abonnez-vousLe 27/07/2015 à 20h33
Ha le hobbit comment se faire enculer par les lobbyistes….." />
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Le 27/07/2015 à 21h10
Vue la boîte que Orange a racheté, y en a qui vont vite déchanter…
Le 27/07/2015 à 21h16
“Orange insiste d’ailleurs sur l’expertise de Cloudwatt dans la technologie open source OpenStack” " /> Un premier avril ça passerait encore.
Le 27/07/2015 à 21h36
[râleur]
Pour quelque chose d’aussi important, souverain, et normalement correctement financé qu’un service public ministériel, je trouve cette odeur d’externalisation SaaS à la SS2I économique bien trop désagréable.
C’est bien, c’est à la demande et tout, donc au lieu de mutualiser l’effort matériel et technologique, les ministères continueront de faire n’importe quoi un peu en roue libre, comme avant, à la différence que maintenant c’est open-bar (et la facture aussi, elle est open-bar) mais y a plus qu’un seul barman qui ramasse le gros lot ? Super.
Quand on voit à quel point l’innovation et les décisionnaires haut-fonctionnaires, ça fait 2, cette ambiance de méthode Agile, d’externalisation à la demande, etc…, ça sonne faux.
Ça ressemble à un moyen de baisser la facture comme par magie en reportant le coup sur les futures migrations qui seront un équivalent d’arracher un bras à chaque contribuable. Mais pas grave, les migrations futures, elles seront à la charge des hauts-fonctionnaires du mandat suivant, on s’en fiche " />
[/râleur]
Le 27/07/2015 à 21h44
Hello,
OVH et Orange étaient tous deux légitimes. Néanmoins, l’appel d’offre comportait une partie relative à l’interconnexion du cloud d’Etat au RIE. Le RIE est un réseau déployé sur l’ensemble du territoire comme expliqué dans l’article. Si on prend l’exemple de la préfecture de la Creuse, les capacités d’Orange pour interconnecter cette préfecture à un réseau national sont bien plus importantes que ne le sont celles d’OVH. Celui ci étant avant tout un hébergeur et un opérateur télécom depuis peu.
D’un point de vue purement technique, Cloudwatt a effectivement une expertise technique sur OpenStack puisque ils contribuent, modestement, au projet. Seulement beaucoup des gens à la base de Cloudwatt sont partis, l’expertise avec eux. IMO, OVH a une bonne longueur d’avance sur ce point, mais la partie technique n’était pas le seul point à rentrer en compte.
Il ne me semble pas qu’Iliad était dans l’appel d’offre, sûrement à cause du fait qu’une des premières conditions du futur cloud d’Etat était le choix de la techno devant impérativement être compatible avec OpenStack. Certains ont proposé des solutions basées sur CloudStack par exemple, ce qui ne correspondait pas à l’appel d’offres. Bah ouais les mecs, faut lire avant de répondre…
Quant aux termes “bullshit” dont certains parlent, bigdata, opendata, dev agile, c’est loin d’être du bullshit, s’agirait de se mettre au goût du jour.
Le 27/07/2015 à 21h50
quel est le sujet ?
Si OVH Télécom demandait un jour à l’ARCEP d’étudier un manque d’équité ou de loyauté de la part d’Orange Business Services sur une offre aux entreprises ou de la part d’Orange France à propos de l’offre de gros dont bénéficie OVH Télécom, ça concernerait l’ARCEP même si OVH est essentiellement un hébergeur et fournisseur de solutions informatiques.
Le Cloud sans fourniture de services télécom, c’est l’idéal pour la concurrence. Malheureusement, il se trouve que Orange Business Services, SFR Business Team, Completel offrent des solutions intégrées (télécom + informatique) et vampirisent le marché télécom entreprises et le marché solutions informatiques grâce à la convergence de moyens et d’activités complémentaires. C’est ce que j’ai voulu dire.
Mais, tu as raison dans un sens : L’ARCEP n’a pas de compétence dans le cloud, c’est hors-sujet .
Le 27/07/2015 à 22h02
Partenariat public-privé :
http://www.lesechos.fr/finance-marches/vernimmen/definition_partenariat-public-p…
Arte" /> " />
Le 27/07/2015 à 22h27
Merci pour tes détails concernant ovh, auquel je pensais. Tu pourrais expliquer plus pourquoi selon toi ils n’ont pas été retenus ? Merci
Le 27/07/2015 à 22h47
C’est pas faux.
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Le 27/07/2015 à 23h43
Le 28/07/2015 à 05h40
Absolument d’accord (d’où encore une fois la référence au bullshit-bingo) : il est évident que les méthodes dites agiles sont intéressantes mais elles sont un peu une occasion de noyer l’incapacité de gérer des projets de manière efficace en utilisant des concepts non maîtrisés en réunion parce que ces concepts sont à la mode (je vois passer du “méthode agile” partout depuis deux ans, même sur des processus RH). Je ne remets pas en cause la notion de méthode agile, plutôt le fait que bien souvent elle est utilisée comme synonyme de “projet sans cahier des charges” …
Le 28/07/2015 à 07h29
semi HS : au passage Orange a activé le filtrage DNS de T411 hier " />
Le 28/07/2015 à 07h59
J’ai quand même du mal à croire que le fait que le fait que l’état soit actionnaire à 27% d’Orange (en cumulant la participation directe & celle de BPI France) et 0% d’OVH n’a rien à voir avec cette réussite d’un tel marché public…
Du coup, c’est pas tellement le fait qu’Orange l’ait remporté qui me choque , mais plutôt le fait qu’il y ait eu un marché public bidon. L’état aurait pu dire “C’est un marché stratégique pour l’état Français, Orange est “privée” mais on sais tous ce qu’il en est , ce sera orange point à la ligne.
Pas très politico-bullshit , mais à mon sens plus respectable.
Le 31/07/2015 à 19h25
Le 27/07/2015 à 13h34
Le 27/07/2015 à 13h37
Le 27/07/2015 à 13h55
Et OVH ? Non ?
Le 27/07/2015 à 14h34
C’est cool, cela va nous faire du taf au datacenter d’orange.
Le 27/07/2015 à 14h41
La référence au bullshit-bingo était surtout relative à l’association “méthode agile” et Cloud … la méthode agile, toute respectable (et avec les limites qu’elle comporte) qu’elle soit, est un peu le prétexte à dire à peu près tout et n’importe quoi. En quoi la méthode agile serait-elle plus tributaire d’un fonctionnement “en cloud” que n’importe quelle autre méthode de gestion de projet ? C’est ça que je trouve rigolo …
Le 27/07/2015 à 14h45
Le 27/07/2015 à 14h58
Bah la méthode agile est une méthode très dynamique.
Dans l’esprit, avec une gestion “classique” de projet, tu peux prévoir les besoins (en stockage, en puissance de calcul, …) à l’avance. Avec une gestion agile ( je sais pas moi, la méthode scrum que je connais vaguement) tu peux donner plus de liberté aux “petites mains” et tu ne limites pas leur choix des tâches qu’ils veulent accomplir le premier à cause de limites dues à une infrastructure fixe.
Par exemple, tu loues les serveurs par US (Unité de Serveur), 1 US = 1 instance. Tu sais à peu près qu’en gros tu vas avoir besoin de 6 US sur le mois que va durer le projet. Avec une gestion classique, tu vas louer les 6 instances et tu vas ordonner les tâches pour que ça colle.
En méthode agile, tu ne sais pas à quel moment qui va faire quoi. Louer les serveurs à l’avance sera une contrainte pour les développeurs. Il est bien mieux de leur permettre de louer leurs serveurs comme ils en ont besoin en fonction des tâches qu’ils considèrent les plus importantes, quitte à louer 24 US sur une seule semaine la dernière semaine, par exemple.
Enfin c’est un peu comme ça que je le vois.
Le 27/07/2015 à 15h22
Le retour du minitel, “mais que pour les Datas”. Super l’économie " />
Pourtant d’autres pistes (en) existaient, mais comme d’habitude, le centralisme prend le dessus, malgré que c’est une conceptualisation à contre-courant de la nature même des réseaux des réseaux.
La prochaine ®évolution sera numérique, ou ne sera pas.
Le 27/07/2015 à 15h23
Le 27/07/2015 à 15h53
Le 27/07/2015 à 16h21
Quelle farce ces appels d’offres :)
Le 27/07/2015 à 16h33
Merci pour la précision " />
Je faisais seulement référence au fait que l’ARCEP s’intéresse à quelques difficultés du marché entreprise des Télécom (voir la partie 6 “Les entreprises, un marché à défricher” de l’article Next inpact “Après une année 2014 chargée, quelle suite pour l’ARCEP ?”). Et il se trouve que Orange et Numericable-SFR, prestataires de “cloud souverain” (hors compétences de l’ARCEP comme tu le dis) sont les 2 plus importants fournisseurs de services télécom aux clients entreprises.
Et qui dit services télécoms entreprises, dit services d’hébergement entreprises : si Orange Business Services propose des solutions intégrées à l’Etat ou à d’autres entreprises, ce n’est pas les solutions de OVH ou de 1&1 qui seront fournies, mais bien les solutions de CloudWatt (dont Orange est actionnaire) :
« Quelques jours après la nouvelle des Échos, nous apprenions qu’Orange devenait l’unique actionnaire de Cloudwatt, qui utilisait déjà l’infrastructure d’Orange Business Services. »
article Next inpact ci-dessus
Donc, oui, “Il faut vraiment que l’Autorité de la Concurrence et l’ARCEP se penchent rapidement sur le marché télécom aux entreprises, sinon Orange et Numericable-SFR se partageront le gâteau”.
Le 27/07/2015 à 17h15
Le 27/07/2015 à 17h26
Et bien, on est mal barrés.
Le 27/07/2015 à 19h32
Le 27/07/2015 à 10h45
Il faut vraiment que l’Autorité de la Concurrence et l’ARCEP se penchent rapidement sur le marché télécom aux entreprises, sinon Orange et Numericable-SFR se partageront le gâteau en laissant les miettes à Telefonica-Bouygues tout en décidant de favoriser leur propre solution d’hébergement “souverain”.
Le 27/07/2015 à 10h52
« Orange fournira aux ministères et à certains établissements publics, des services d’informatique à la demande (puissance de calcul et stockage) notamment pour leurs projets en matière de développement agile, d’open data et de big data » -> Quelqu’un a préparé un bullshit-bingo ? Une ligne remplie en une seule citation
Le 27/07/2015 à 10h58
+1
Le 27/07/2015 à 11h20
Au moins les données seront conservés sur le territoire.
Le 27/07/2015 à 11h22
“développement agile”? je ne connaissais pas.
Le 27/07/2015 à 11h30
Ca sera plus facile pour les hackers de récupérer nos données issues des boites noires…
Le 27/07/2015 à 11h36
Ho ben ça alors on s’en serait pas douté!
Le 27/07/2015 à 11h42
Pourtant, parmi toutes les phrases imprégnées de corporate bullshit qu’ils auraient pu sortir, celle-ci a du sens et les expressions utilisées sont justifiées et ne sont pas là pour cacher quoi que ce soit.
En gros Orange fournira un service de location de serveurs virtuels (un peu comme Amazon Web Service) extrêmement souples aux ministères. Ces ministères en auront l’utilité car cette souplesse est nécessaire pour pouvoir mener à bien des projets utilisant la méthode agile (une méthode de gestion de projet très différente de la méthode classique et qui demande une grande souplesse des outils et des gens). Cette souplesse est également utile pour permettre une gestion fine des besoins en stockage et en bande passante relatifs à la mise en place de l’open data (qu’on trouve leur version de l’open data claire ou pas…) et pour le traitement massif de données (qu’on soit d’accord avec leur utilisation de ces données ou pas)
Le corporate bullshit existe et orange n’est certainement pas le dernier à y recourir, mais là, c’est un cas typique de jargon utile et bien employé. Il n’y a rien de blâmable dans cette phrase.
Le 27/07/2015 à 11h42
Quelle nouvelle, les bras m’en tombe !! " />
Le 27/07/2015 à 11h49
Le 27/07/2015 à 11h54
Le développement agile, qui est parfois difficile à différencier du corporate bullshit de base, est à l’origine une vraie méthode de développement et de gestion de projet. C’est une méthode assez spéciale mais ellesemble adaptée à certains types de projets. C’est pas du bullshit pour se faire mousser, c’est un mode de travail codifié et suffisamment différent d’une gestion classique pour justifier un nouveau nom.
Le 27/07/2015 à 11h55
Non.
Le 27/07/2015 à 12h25
The NSA approves this message !
" />
En même temps, ça fait des lustres que c’est le cas! " />
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Le 27/07/2015 à 12h40
Merci, quelqu’un de censé.
L’agilité c’est le fer de lance des grosses DSI françaises. C’est l’avenir.
Le 27/07/2015 à 12h41
La sécurité avant tout ! " />
Le 27/07/2015 à 12h43
Le 27/07/2015 à 12h52
orange qui travaille main dans la main avec dcri et nsa
Le 27/07/2015 à 12h54
Bah c’est une méthode de gestion de projet différente de la méthode classique, après, si tu veux rentrer dans les détails, tu ne peux pas le faire en quelques lignes sur un commentaire NXi. Pour savoir ce qui en fait la spécificité, il faut déjà savoir comment un projet est géré de manière classique, pour ensuite se rendre compte des différences avec la méthode classique.
Ça n’a rien à voir avec les écoles de commerce, au contraire, ça concerne plus les ingénieurs et développeurs techniques.
Après si tu n’as aucune idée de ce que c’est, ce n’est pas l’idéal pour le dénoncer. Il vaudrait mieux ne pas juger ce que tu ne connais pas.
Bien sûr si tu commences à rechercher des informations dessus, tu tomberas sur des articles et des textes entachés de bullshit de partout, parce que c’est la mode, malheureusement. Mais au fond il y a bien quelque chose de tangible et de nouveau, après, on est libre d’apprécier ou pas.
Wikipedia
Pour la précision, je n’ai jamais réellement travaillé en “mode agile”. Cela ne se prête pas à mon travail. Mais j’ai été au contact de certaines divisions de ma boîte qui ont adopté ce mode de fonctionnement car il est adapté à leurs produits. Et c’est vrai que ça change énormément.