TDF, Netalis, Soon THD : les réseaux fibre suscitent la convoitise
De quoi favoriser le transit

Le groupe TDF a confirmé lundi la vente de ses activités fibre, et des réseaux d'infrastructures associés, au fonds néerlandais CVC DIF. Une semaine plus tôt, le groupe InfraCorp, adossé à un fonds franco-suisse, a annoncé le rachat du réseau de Nasca Group, entre l'Est et le Sud de la France, et attend désormais de pouvoir boucler une autre transaction.
Le 03 janvier à 11h22
6 min
Économie
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Dix-huit mois après l'apparition des premières indiscrétions, l'affaire est désormais bouclée : TDF a annoncé le 30 décembre dernier la vente de son activité fibre au fonds néerlandais CVC DIF. La transaction, qui faisait l'objet de négociations exclusives depuis le mois d'avril, englobe l'ensemble des réseaux fibre exploités par TDF en France. Le montant n'a pas été dévoilé, mais selon le Monde, il avoisinerait le milliard d'euros.
Un réseau désormais néerlandais
Une valorisation significative, pour une activité qui, d'après le dernier rapport annuel de TDF, représentait un chiffre d'affaires de 71,3 millions d'euros en 2023, avec un niveau de rentabilité non précisé.
TDF Fibre revendiquait alors un réseau de 735 500 prises commercialisables, et un déploiement « quasiment achevé » sur les cinq réseaux opérés par l'entreprise (Yvelines Fibre en propre et les RIP Val d’Oise Fibre, Val de Loire Fibre, Anjou Fibre et Faucigny Glières Fibre via des concessions), dont le plein potentiel de génération de chiffre d'affaires est encore loin d'être atteint. « La commercialisation progresse sur tous les territoires, avec 380 300 prises connectées fin décembre 2023 (+ 40 % de commandes en un an). Au global, le taux de commercialisation atteint 52 % », expliquait alors TDF.
L'opération signe également le passage de TDF Fibre à un actionnariat 100 % privé. L'entreprise n'était en effet détenue qu'à hauteur de 79,5 % par sa maison mère TDF, les 20,5 % appartenant à la Banque des Territoires, l'entité dédiée à l'investissement de la Caisse des Dépôts. L'acquéreur, CVC DIF, représente quant à lui le fonds dédié aux infrastructures du groupe CVC, un géant mondial de l'investissement, avec 191 milliards d'euros sous gestion au 30 septembre dernier.
En cédant cette activité, TDF (ex-Télédiffusion de France, passée par le groupe France Télécom, aujourd'hui détenu majoritairement par des fonds étrangers) fait le choix de se recentrer sur ses deux autres grandes activités : les infrastructures télécoms mobiles, avec 21 400 sites commercialisables, dont 8 600 sites actifs (pylônes, tours, toits-terrasses, gares, etc.), et la diffusion audiovisuelle, notamment TNT et DAB+.
« L’investissement de CVC DIF permettra à l’entreprise de continuer à mettre ses compétences au service des collectivités locales, des usagers et des entreprises. TDF Fibre pourra également explorer de nouvelles opportunités de croissance dans ses territoires actuels et au-delà », promet de son côté l'acquéreur. CVC DIF, anciennement DIF Capital, n'est pas étranger au marché français. Jusqu'en 2022, le fonds néerlandais était ainsi actionnaire d'ADTIM, filiale d'Axione, qui exploite notamment le réseau Ardèche Drôme Numérique.
Infra-Corp s'étend vers l'est
Une semaine plus tôt, le groupe Infra-Corp, via son opérateur d'infrastructures Prizz Telecoms (dédié aux autres opérateurs ou aux collectivités), a pour sa part annoncé l'acquisition du réseau déployée par Infralis entre l'Est de la France et la région PACA. Issue de la réunion entre les opérateurs télécoms régionaux Netalis et ASC sous la bannière Nasca Group, Infralis revendique une trentaine de points de présence situés en Bourgogne-Franche-Comté, en région PACA et Alsace, pour près de 800 km de fibre.
Selon l'Informé, Infra-Corp serait par ailleurs en train de boucler l'acquisition d'un autre opérateur régional B2B, Soon THD, créé en 2001, qui dispose pour sa part d'un réseau d'environ 500 km de fibres sur neuf zones urbaines (Orléans, Bressuire, Thouars, Marmande, Aubagne, Carcassonne, Narbonne, Agen ou Sens). Soon THD était jusqu'ici détenu par Vinci Energies (70%) et la Banque des Territoires (30%).
Prizz Télécom, fondé en 2021, repose pour sa part sur l'alliance entre Infra-Corp, présent depuis vingt ans dans le génie civil ou les travaux publics, et le fonds franco-suisse Quaero Capital, dont plusieurs véhicules se consacrent spécifiquement à l'investissement dans les infrastructures numériques. Prizz Télécom revendique sur son site 50 millions d'euros de chiffre d'affaires et 11 200 km de fourreaux en propriété, même si l'entreprise ne déclarait 13 millions d'euros de revenus en 2023. L'opérateur dispose d'une forte présence en région parisienne, où il a, dès sa création, racheté Leonix Infrastructure et obtenu deux délégations de service public.
Quaero Capital, qui détient 49 % d'Infra-Corp, compte déjà quelques allers et retours à son actif sur le marché français de la fibre. Le fonds figurait notamment au rang des premiers investisseurs de Rosace Fibre et Losange Fibre, les deux RIP du Grand-Est. Il en était sorti début 2023, au profit d’Altitude Infra.
Vauban Infra Fibre se renforce
Autre acteur de la consolidation sur un marché encore extrêmement diffus, Vauban Infra Fibre profite pour sa part des velléités de sortie de la Banque des Territoires pour renforcer ses positions.
Actionnaire historique d'Axione Infrastructures, ce fonds se prépare ainsi à se renforcer au capital de huit sociétés dont elle détient des parts, en rachetant les participations publiques détenues par la Caisse des Dépôts.
Vauban prendra ainsi le contrôle exclusif d'ADTIM et de sa holding de tête, ainsi que des réseaux Aisne THD, Axione Infrastructures, BERRY THD, Eure Normandie THD, Fibre 44 et THD 59 - 62, révèle une décision de l'autorité de la concurrence du 15 octobre dernier (PDF).
De la construction à l'exploitation
Ce jeu de chaises musicales pourrait s'accélérer au fur et à mesure que les RIP avancent vers la conclusion de leur déploiement, avec des modèles économiques qui basculent de la construction à l'exploitation, entraînant ainsi des logiques différentes en matière de fenêtres et de leviers de retour sur investissement, sur fond de tensions liées aux modalités tarifaires d'accès au génie civil d'Orange.
« Construire et exploiter une infrastructure est un choix très onéreux qui nécessite de savoir grandir au bon moment pour poursuivre la route initiée dans le but de financer l'accélération du développement... mais la montagne d'investissement requise dans les infras n'est pas toujours compatible avec le développement des services fondé sur un autre modèle économique, raison pour laquelle un choix stratégique s'impose à certaines étapes clés lors du développement d'un opérateur télécom d'envergure régionale », fait par exemple remarquer Nicolas Guillaume, président de Nasca Group.
TDF, Netalis, Soon THD : les réseaux fibre suscitent la convoitise
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Infra-Corp s'étend vers l'est
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Vauban Infra Fibre se renforce
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Commentaires (8)
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Abonnez-vousModifié le 03/01/2025 à 12h13
Vous voulez dire "Lumière" ...
Immatriculation RCS
Le changement de marque s'explique du fait de la vente des activités j'imagine.
Maintenant, prendre la marque "Lumière" est délicat (bonjour les jeux de mots sur les RS)
Le 03/01/2025 à 12h55
Le 03/01/2025 à 14h58
Pour info, Lumière est la marque que TDF Fibre va utiliser pour commercialiser ses services d'opérateur d'infrastructure aux opérateurs commerciaux (bascule DNS prévue le 11/01 pour leurs APIs).
Il est probable que la marque TDF soit ensuite abandonnée (par exemple dans les rapports de l'ARCEP), non ?
Le 03/01/2025 à 15h00
Le 03/01/2025 à 17h04
Pas de traces de TDF, qui n'a dû apporter que l'ingéniérie
Modifié le 03/01/2025 à 17h06
L'exploitation commerciale n'est pas la propriété, un genre de fonds de commerce, même pas sûr que les revenus depuis les OC reviennent à TDF, qui est juste payé pour son apport technique probablement.
Le 03/01/2025 à 17h05
Le 03/01/2025 à 17h17