Recyclage des batteries des voitures électriques : une « lithiation révolutionnaire » au CNRS
Le CNRS a récemment mis en ligne un article sur un « nouveau procédé pour recycler les matériaux de batteries Li-ion ». La méthode semble prometteuse, mais n’est pas encore industrialisée. On en profite pour revenir rapidement sur la lithiation, les réactions parasites, la durée de vie et le recyclage des batteries.
Le 05 août à 11h06
5 min
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Le Centre national pour la recherche scientifique rappelle que la lithiation « est le processus chimique par lequel des ions lithium sont insérés dans la structure cristalline d'un matériau d'électrode lors de la décharge d'une batterie lithium-ion ». Si la lithiation correspond à la décharge, le phénomène inverse a aussi son nom : la délithiation, pendant la charge donc. Pour la petite histoire, la lithiation vient du mot métallation, adapté pour le lithium.
La décharge (lithiation, vous suivez ?) « se produit lorsque la batterie stocke de l'énergie et que les ions lithium se déplacent de l'anode [borne négative, ndlr] vers la cathode [borne positive, ndlr] à travers l'électrolyte ».
Ce processus, réversible, permet de recharger les batteries (les électrons migrent alors de la cathode vers l’anode), puis de les décharger, de les recharger et ainsi de suite.
Parlons sciences a publié un article avec deux schémas (basés sur des images de ser_igor sur iStockphoto) sur le fonctionnement d’une batterie lithium-ion :
Les « réactions parasites » viennent gâcher la fête
Mais il y a des pertes irréversibles plus ou moins importantes au fil du temps et des utilisations. Ce n’est pas un secret, les batteries perdent en capacité. Le lithium peut ainsi être consommé dans des « réactions parasites » durant les cycles de charge et de décharge.
Pour rappel, les cathodes (bornes positives) peuvent utiliser différents matériaux à base de lithium, tandis que les anodes (bornes négatives) sont généralement en graphite. Suivant les composés utilisés, les performances et les usages varient.
Bien évidemment, « les scientifiques cherchent les voies de lithiation les plus efficaces possibles pour régénérer la cathode d’une batterie usagée par compensation des ions lithium consommés par ces réactions parasites ».
Les fabricants de voitures électriques garantissent d’ailleurs les batteries de leurs véhicules à hauteur d’une capacité (autour de 70/80 %) au bout d’un certain temps ou d’une distance parcourue. Tesla annonce par exemple 8 ans ou 160 000 km à 240 000 km selon les modèles (premier terme échu), « avec une rétention minimale de 70 % de la capacité de la batterie ». Dacia annonce « 8 ans ou 120 000 km avec une capacité de charge garantie de 75 % minimum » sur sa Spring.
Les avantages du phosphate de fer lithié LiFePO₄
Le CNRS explique que des chercheurs de l’Institut Charles Gerhardt de Montpellier et du Laboratoire de réactivité et chimie des solides « ont focalisé leurs efforts sur le phosphate de fer lithié LiFePO₄, un des meilleurs matériaux pour les batteries des véhicules électriques ».
Il a en effet plusieurs avantages très intéressants pour les voitures électriques : une « excellente stabilité thermique et chimique », limitant ainsi les risques d'incendie ou d'explosion, « une durée de vie plus longue » et la capacité de stocker « une plus grande quantité d’énergie électrique ». Dernier point et pas des moindres : ce matériau « est plus respectueux de l'environnement, il ne fait pas intervenir de métaux critiques ou nobles et le fer est une ressource abondante ».
« Sans solvant et à température ambiante »
Les chercheurs du CNRS ont développé un procédé de « lithiation révolutionnaire, sans solvant et à température ambiante, en rupture avec les approches traditionnelles très gourmandes en solvants ou énergivores ».
C’est une réaction de type solide-solide, par simple contact entre le phosphate de fer et de l'iodure de lithium (Lil), qui « mène à une lithiation complète et rapide… et écologique ». Dans leur conclusion, les chercheurs parlent tout de même d’une « utilisation minimale de produits chimiques ».
Autre bon point, cette méthode est « particulièrement efficace dans la lithiation d'électrodes usagées, une étape clé pour leur recyclage ». D’ailleurs, « une application évidente de cette méthode réside dans le recyclage direct des matériaux de cathode récupérés à partir de batteries usagées », expliquent les chercheurs dans leur publication.
Sur l’image ci-dessous, on peut voir un résumé du procédé. Le matériau de la cathode est mélangé avec de l'iodure de lithium (Lil) pour donner le phosphate de fer lithié (LiFePO₄), dans des conditions « ambiantes ».
Maintenant, il y a toujours un gap important entre la recherche et l’industrialisation. Le CNRS ne donne d'ailleurs ni délai ni perspective pour ce procédé. Une chose est sûre, le recyclage des batteries est un enjeu crucial et de nombreux laboratoires de recherche travaillent sur le sujet.
Recyclage des batteries des voitures électriques : une « lithiation révolutionnaire » au CNRS
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Les « réactions parasites » viennent gâcher la fête
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Les avantages du phosphate de fer lithié LiFePO₄
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« Sans solvant et à température ambiante »
Commentaires (27)
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Abonnez-vousModifié le 05/08/2024 à 12h06
Le 05/08/2024 à 13h04
Le 05/08/2024 à 13h46
Le 05/08/2024 à 14h03
Aurais tu des sources ?
Le 05/08/2024 à 14h10
A minima, Tesla et MG indiquent de charger leur voiture à batterie LFP à 100%, alors qu'ils préconisent de ne pas dépasser 80% pour les batteries NMC.
Le 05/08/2024 à 14h38
Par ailleurs, et pour corroborer ce que je dit, j'ai moi même des batteries LFP raccordées à mon onduleur solaire, et ce dernier décide de temps en temps (surtout quand il y a pas assez de lumière pendant plusieurs jours) de charger les batteries à 100% (en réalité c'est le BMS des batteries qui demande une charge complète), sachant que l'onduleur connaît le modèle exacte des batteries. Je pars du principe donc que tout va dans ce sens et que les concepteurs de l'onduleur devaient bien savoir ce qu'ils faisaient.
Le 06/08/2024 à 09h42
Le 06/08/2024 à 09h46
Le 05/08/2024 à 14h40
Modifié le 06/08/2024 à 17h17
Auto Evolution
Tesla recommande 100% pour pouvoir calibrer, MG recommande 80%.
Il semble quand même que charger a 100% affecte la durée de vie des LFP, mais moins que les NMC.
Modifié le 06/08/2024 à 20h56
Par ailleurs, on peut voir que la charge à de 0 à 100% n'impacte pas beaucoup les batteries LFP (7200 vers 6200 cyles), et sachant que c'est surtout les décharges profondes qui dégradent les batteries LFP, on peut considérer (mais sans trop savoir), que les charges/décharges de 20 à 100% n'ont pas beaucoup d'impact sur les cycles des batteries LFP, et beaucoup moins en proportion par rapport au batterie NMC (peut être moins en valeur absolue).
Je peux ajouter que même si ce n'est pas dans le sujet de ce fil, et sachant que les batteries LFP sont moins chères, plus stables (moins de risque à l'emballement), plus écologiques à la fabrication et au recyclage, et durent beaucoup plus longtemps (donc elle sont encore plus écologiques), le fait qu'elles pèsent un peu plus lourd vaut quand même qu'on se pose des questions à l'achat, et si l'on part du principe qu'acheter une voiture électrique s'inscrit dans une démarche écologique (avec un batterie pas trop grosse quand même pour rester cohérent), il me semble que les batterie LFP ont plus d'intérêt sauf informations contraires non encore dévoilées. Il parait que la France à misé sur la fabrication de batterie NMC, ce serait vraiment dommage d'avoir fait un pari unique de ce type.
Le 07/08/2024 à 09h33
Modifié le 06/08/2024 à 21h02
Par contre, j'ai une vingtaine de batteries 18650 ainsi que 2 chargeurs Li-ion... Je fais comment pour l'arrêter de charger ma 18650 à 80% seulement ?
Ça doit exister mais encore pas vu dans les pages de vente de catalogue genre Amazon ou Aliexpress. Peut-être que ce genre de matériel existe mais dans le monde pro ou scientifique en labo mais alors à des prix où aucun consommateur ne va acheter...
Modifié le 06/08/2024 à 21h54
Donc je ne sais pas répondre à votre question, si ce n'est que je ne milite pas pour une écologie de spécialistes et/ou une écologie qui coûte trop chère si cela ne passe pas l'échelle. Sachant que dans le prix de la non écologie, il faut comptabiliser les dégâts, économiques et autres bien réels que cela produit.
Même si j'avais la réponse à votre question (que je n'ai pas), je n'estimerai pas avoir fait un pas important vers plus d'écologie si la majorité de la population ne peut y accéder (enfin qu'en sais-je ?), soit pour une question de manque de temps pour acquérir les compétences, soit pour une question de manque d'argent (ce qui inclut le point précédent). Mais si vous obtenez la réponse, et si les constructeurs finissent pas suivre des utilisateurs spécialistes et en faire profiter tout le monde, vous aurez gagné quelque chose, mais dans ce cas, autant avoir des batteries LFP dès le départ, quitte à avoir des téléphones légèrement plus lourds, comme pas ça, pas de prise de tête avec les problèmes de charges partielles.
Le 06/08/2024 à 22h03
Ce que je propose, c'est qu'au mieux, les pilotes des téléphones soit obligatoirement sous licence libre. Ainsi, on pourrait simplement avoir des communauté rémunérés par des fond publics pour adapter les pilotes vers les nouvelles version de chaque OS. Je sais pas dans quel mesure c'est possible concrètement et économiquement, mais ce qui est sûr, c'est que les actes individuels ne peuvent s'abstraire d'actes collectifs, donc d'actes politiques.
Modifié le 07/08/2024 à 03h49
Après ,tu peux paramétrer énormément de... paramètres justement.
Fortement conseillé si tu es fan du sujet "Batterie Li-ion & Optimisation de leur rechargement sur un smartphone" .
Acc@Github
La page GitHub de Acc peut faire assez peur (la plus longue que j'ai vue sur GitHub) mais avec AccA, on s'en fiche un peu
Acca@Github
AccA n'est en fait qu'une appli qui fournit une interface graphique pour Acc, sinon c'est tout à la ligne de commande et l'édition de fichier texte de configuration.
(et sinon sur next.ink, on est entre nous, on peut se tutoyer, quelque soit l'âge )
.
Modifié le 05/08/2024 à 14h02
Le 05/08/2024 à 14h07
Modifié le 05/08/2024 à 14h42
Dans l'eau salé pour que ce soit conducteur et essayer de vider au maximum les batteries pour les rendre inerte.
(l'objectif est de m'en débarrasser)
Le 06/08/2024 à 08h51
Retire-les tout de suite, le lithium réagit extrêmement violemment avec l'eau. Genre boom feux & co.
https://cmbatteries.com/fr/que-se-passera-t-il-si-la-batterie-lithium-ion-est-immerg%C3%A9e-dans-l%27eau/
Si tu veux t'en débarrasser tu cherche un point de collecte et tu le dépose la bas.
https://www.jerecyclemespiles.com/collecter-cest-facile/ou-deposer-mes-piles-et-batteries-usagees/
Quoique si tu les as laissés si longtemps dans l'eau, sors-les et laisse-les sécher pendant longtemps, il ne faudrait pas que tu ailles foutre le feu à un bac de batterie...
Le 06/08/2024 à 19h29
Certain avec une petite charge, mais cette solution est pas terrible avec un accus de 3 cellules ou plus : j'ai des accus avec 0V sur la prise principale (une des cellules complètement HS).
Il faudrait donc vider une à une les cellules avec la prise d'équilibrage, je me vois pas vider 30 cellules comme ça.
La technique de l'eau salé est celle recommandé sur une majorité de site ou forum lié au modélisme (et je l'ai même eu sur la notice de fabricant de batterie à une époque, j'ai fait un rapide tours aujourd'hui, les gros fabricant de Lipo pour modelisme n'abordent même plus le sujet).
On lit encore régulièrement de les larder de coup de cutter avant le bain d'eau salé.
(j'ai testé cette technique il y a quelques années avec une batterie de faible capacité non déchargée, effectivement la réaction est assez violente, donc je passe mon tours.)
J'ai aussi déjà suivi ton conseil de dépose à une déchetterie, il mon dis de mettre dans un fut qui était remplis à moitité de pile/batterie de toute sorte, sans aucune protection.
Donc je me retrouve avec ma bonne conscience à la case décharge de l'accus pour le rendre inerte avant.
D'ailleurs l'actualité récente de l'usine de recyclage en Aveyron et ses 900 tonnes de batterie lithium partie en fumée me pousse un peu plus a essayer de les rendre inerte avant la dépose en déchetterie...
Le 07/08/2024 à 12h37
Le 06/08/2024 à 08h58
Le 06/08/2024 à 19h33
Le 05/08/2024 à 14h18
Dans une première phrase, on indique que la lithiation est " le processus chimique par lequel des ions lithium sont insérés dans la structure cristalline d'un matériau d'électrode lors de la décharge d'une batterie lithium-ion " et juste après qu'elle se produit " lorsque la batterie stocke de l'énergie ". Or, a priori, lorsqu'une batterie stocke de l'énergie, elle se charge et non se décharge.
Bref, je suis confus.
Quelqu'un pour m'expliquer mon erreur de compréhension (car je ne pense pas mieux m'y connaître que celles et ceux qui ont écrit l'article du CNRS) ?
Le 05/08/2024 à 14h50
lors de la charge ou de la décharge les ions migrent d'une électrode vers la solution dans laquelle est l'électrode ou inversement.
à un moment il y a "lithiation" de l'électrode et "délitiation" de la solution, ou l'inverse, du coup charge et décharge produisent toutes les deux une "lithiation" quelque part, et ce terme ne permettrait de savoir s'il s'agit d'une charge ou d'une décharge que si on précise le milieu qui subit la "lithiation"
pure théorie de ma part, je suis également preneur de toute explication plus étayée :)
Le 05/08/2024 à 14h55