Publicité : en réponse aux critiques, Meta propose de baisser ses abonnements
Il dit qu'il voit pas le rapport
En novembre, Meta lançait une formule d’abonnement pour se débarrasser des publicités sur Facebook et Instagram. C’était la réponse de l’entreprise à l’Europe. Les critiques sont rapidement apparues. Meta a une nouvelle idée pour mieux faire passer la pilule : baisser ses tarifs.
Le 19 mars à 17h30
5 min
Droit
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Il était reproché à Meta de ne pas laisser le choix aux utilisateurs, qui étaient forcés d’afficher des publicités comportementales. Une manière de faire peu en phase avec le RGPD. Début 2023, l’entreprise avait été condamnée à 390 millions d’euros par la Commission européenne pour cette même raison. Il lui était réclamé une solution.
Réponse du berger à la bergère ? Un abonnement pour enlever toutes les publicités. Au prix fort : 9,99 euros pour un compte quand la formule est souscrite depuis le web, ou 12,99 euros quand elle passe par une application mobile, pour répercuter la commission prise par Apple et Google. Ensuite, il faudra ajouter 6 euros (ou 8 euros depuis une application mobile) pour chaque compte supplémentaire renseigné dans l’Espace Comptes.
Comme on pouvait s’en douter, la méthode avait fortement déplu à la Commission et engendré une avalanche de critiques. L’association noyb, notamment, avait dénoncé la pratique, fustigeant Meta pour ne pas laisser vraiment le choix : le problème résidait dans le pistage publicitaire, pas dans l’affichage de publicités sur ces réseaux sociaux. Il n’est toujours pas possible de refuser ce pistage sur la version gratuite.
Meta propose de réduire nettement le prix de l’abonnement
Reuters rapporte ainsi que Meta, interrogée sur sa compatibilité avec le DMA, était disposée à baisser le prix de l’abonnement pour un compte de 9,99 euros à 5,99, soit presque un tarif divisé par 2. Chaque compte supplémentaire coûterait 4 euros au lieu de 6. Dans les deux cas, Meta ne dit rien sur le tarif envisagé pour les applications mobiles.
La proposition est entre les mains de la Commission européenne, mais l’entreprise ne semble pas encore tout à fait sûre de l’appliquer. Matthew Pollard, porte-parole de la multinationale, a en effet déclaré : « Nous attendons les réactions de la Commission irlandaise de protection des données, notre principal régulateur en matière de protection des données dans l'Union européenne ».
Ladite Commission – qui sert de guichet unique en Europe pour le RGPD – n’a pas souhaité s’exprimer, son commissaire Graham Doyle ayant simplement répondu que l’évaluation était en cours.
Une situation encore plus complexe pour Meta
Lorsque la polémique sur ces formules d’abonnement a éclaté, il ne s’agissait alors que de conformité avec le RGPD. Depuis, le DMA et le DSA sont entrés en application, et la situation de Meta n’en est que plus complexe.
En vertu du Digital Markets Act, Meta est l’un des six « contrôleurs d’accès » désignés. En cette qualité, le consentement explicite est réclamé pour l’exploitation des données à des fins publicitaires. Même chose avec le Digital Services Act, qui fait de Meta une VLOP (très grande plateforme en ligne), avec des obligations supplémentaires. Là encore, le consentement explicite est réclamé pour les fins publicitaires.
Le 1ᵉʳ mars, la Commission européenne a envoyé à Meta une série de questions en lien avec ses abonnements, en vertu du DSA. L’entreprise avait jusqu’au 15 mars pour répondre. Au vu du calendrier, il est probable que la proposition faite de baisser le coût des abonnements soit une forme de calumet de la paix tendu à la Commission. « Nous évaluons actuellement la conformité de Meta avec la DMA, y compris son modèle de consentement ou de paiement », s’est contentée de répondre la Commission.
Le fond du problème ne change pas
Il est peu probable qu’une baisse du tarif soit considérée comme une option viable par Bruxelles. Payer pour faire disparaître les publicités ne serait alors pas considéré comme un choix libre et éclairé en matière de consentement sur l’exploitation des données personnelles.
Max Schrems, fondateur de l’association noyb (« none of your business »), a réagi auprès de TechCrunch. Selon lui, un paiement, aussi petit soit-il (« 1,99 euro ou moins »), poussera 99,9 % des utilisateurs à cliquer sur « Oui » pour accepter la publicité, alors qu'ils ne seraient que 3 à 10 % à la désirer vraiment.
« Le RGPD exige que le consentement soit donné "librement". En réalité, ce n'est pas la somme d'argent qui est en jeu, mais l'approche "payez ou OK" dans son ensemble. L'objectif de cette approche est d'inciter les utilisateurs à cliquer sur "OK", même si ce n'est pas leur choix libre et sincère. Nous ne pensons pas que la simple modification du montant rende cette approche légale », a-t-il ajouté.
Publicité : en réponse aux critiques, Meta propose de baisser ses abonnements
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Meta propose de réduire nettement le prix de l’abonnement
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Une situation encore plus complexe pour Meta
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Le fond du problème ne change pas
Commentaires (39)
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Abonnez-vousLe 19/03/2024 à 17h36
Mais Facebook/Meta a tellement joué au cons et se fiche tellement du monde qu'aujourd'hui, je n'ai plus du tout envie de leur filer le moindre euro.
Le 19/03/2024 à 17h48
Et sauf erreur de ma part l'ARPU (qui a un autre nom je crois) est toujours inférieur à ce montant "baissé" sur la formule avec pub, donc il y a toujours entourloupe.
Le 19/03/2024 à 17h56
Mais en facturant le service à l'utilisateur, on arrive dans la logique de "valeur perçue", justifié par la demande et le service apporté.
Par exemple, les utilisateurs gratuits qui acceptent de regarder la pub sur Netflix doivent rapporter 5-6€ à tout casser, tandis que la majorité accepte de payer 10-15€.
Le 19/03/2024 à 19h04
Pour Meta dans son ensemble, en Europe, c'est 15,51 $ pour le premier trimestre 2023, ce qui fait dans les 5 $ par mois. Je doute que l'on ait un chiffre pour un seul des Facebook, Whatsapp ou Instagram.
Modifié le 19/03/2024 à 17h57
Le 19/03/2024 à 21h00
Le 20/03/2024 à 10h39
Même la TV commence à galérer avec ce système malgré 12 minutes par heure autorisés en pic, ils essaient d'aller chercher du ciblage avec des partenariats opérateurs (Free a signé avec M6 le mois dernier par exemple). D'ailleurs, les nouveaux replays comme TF1+ fonctionnent de la même façon que Meta : Consentement ou Paiement.
Le 19/03/2024 à 18h11
Ça me semble le même problème que pour les sites d'info, pour lesquelles il y a eu une validation par la CNIL, du coup je ne comprends pas trop.
Juste comme ça, si FB devait s'écrouler, j'en serais le premier heureux, mais je veux rester pragmatique.
Passer au tout-payant serait-il une possibilité ?
Le 19/03/2024 à 19h02
Le 19/03/2024 à 20h34
Exemple : je poste un lien vers le prochain match de rugby, est-ce que Meta peut m'envoyer de la pub en rapport avec le rugby, mais sans autre forme de pistage ?
Sinon, s'ils arrêtent entièrement de pister mais qu'ils mettent de la pub partout, en mode "pay or OK", ça le ferait ?
Le 20/03/2024 à 10h20
En revanche, si la publicité était ciblée par rapport à ce que tu es en train de regarder, ce ne serait pas un soucis : tu regardes un post (même le tiens) avec un lien vers le prochain match de Rugby > On affiche de la pub pour le rugby. Ce serait de la publicité ciblée (on dit plutôt contextuelle) sans pistage. Sauf que faire ça ça ne leur rapporte pas assez de blé.
Aussi, il faut bien comprendre que le pistage publicitaire n'est pas "juste" "potn aime x et y z". Ce sont des carrément des profils psychologiques complets qui sont déduits de ton comportement complet : non seulement le contenu qui t'intéresse (en bien ou en mal) mais aussi comment tu interagis avec, positivement, négativement, avec quelle intensité, et de ça on déduit notamment ce que tu aimes, ce que tu n'aimes pas, mais aussi quelles sont tes valeurs, ton idéologie, où tu te situes politiquement, ton niveau intellectuel, ta situation financière, familiale, et bien sûr les caractéristiques de toutes tes relations sociales ...
On parle d'un profilage de masse très précis (Google fait de même) et très dangereux.
Le 20/03/2024 à 11h25
Modifié le 19/03/2024 à 19h45
Modifié le 19/03/2024 à 22h46
C'est comme si un propriétaire acceptait de te donner gratuitement son appartement mais qu'en échange tu acceptais de renoncer à ta liberté de mouvement, et devait rester en permanence dans le logement.
On ne doit pas autoriser les entreprises à monétiser des libertés, surtout quand elles sont fondamentales (le droit à la vie privée c'est dans la DDHC de 1789, dans la Charte Européenne des Droits de l'Homme et dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme).
"Renonce à une liberté ou paie" n'est pas quelque-chose d'acceptable.
Et ce n'est pas parce que le modèle de Meta ne fonctionne pas sans ça qu'il faut l'autoriser. Jamais une entreprise, Meta ou autre, n'aurait dû être autorisée à exploiter ce modèle dans un premier temps.
Et puis, comme dit, on peut toujours envoyer de la publicité non ciblée. Le problème étant non pas la pub mais la collecte de données personnelles sans consentement.
Le 19/03/2024 à 20h05
J'ai lu sur un site bien informé (non, pas celui-là) que la CJUE a laissé la possibilité suivante : Meta pense probablement que son nouveau montant est approprié. Elle se trompe peut-être, mais elle est avec 5,99 € au niveau de l'ARPU en Europe cité par le même article du site bien informé : (et ce n'est que Facebook)
À partir du moment où le consentement demandé par le DMA (article 5 2) fait référence à celui défini dans le RGPD, cette possibilité de rémunération appropriée doit être acceptée de la même manière pour le DMA que pour le RGPD.
Le DSA, lui, ne me semble pas restreindre le profilage à des fin publicitaires plus que le RGPD pour ce qui concerne le consentement. Le sujet est abordé dans le considérant (68). Je n'ai vu aucun des articles du DSA parlant de publicité parler de consentement.
Donc pour le DSA, je ne vois pas pourquoi il est écrit dans l'article :
Le 19/03/2024 à 20h55
Modifié le 19/03/2024 à 20h57
Je pars me faire fouter...
Le 19/03/2024 à 22h43
Ça ne présume absolument pas de ce que la CJUE vas décider, mais ça montre parfaitement que la volonté originale du texte était de soumettre le consentement à l'absence d'externalité négative (et ça se retrouve encore dans les considérants du RGPD). Autrement dit, refuser un consentement ne doit rien amener de négatif (excepté le non-traitement des données pour lequel le consentement est demandé).
Pour citer l'exemple 6 : « Une banque demande le consentement de ses clients afin de permettre à de tierces parties d’utiliser leurs informations de paiement à des fins de commercialisation directe. Ce traitement n’est pas nécessaire à l’exécution du contrat avec le client et à la fourniture de services de compte bancaire ordinaires. Si le refus du client de donner son consentement à cette finalité de traitement entraînerait le déni de services bancaires, la fermeture du compte bancaire, ou, selon le cas, une augmentation des frais, le consentement ne peut être donné librement. »
C'est assez parlant, de la volonté des concepteurs du RGPD découle une interdiction de facturer une augmentation de frais en cas de refus de consentement.
Ça n'a évidemment pas de valeur légale, de même que les considérants, mais ça montre très bien que le RGPD a été écrit de manière à interdire ça. Après, peut-être a-t-il été mal écrit ou a laissé une faille où les avocats de Meta ne vont pas hésiter à s'engager
Le 20/03/2024 à 13h53
Pour ça que je ne suis pas très serein.
Déjà que le consentement se fait largement piétiner au nom de l'intérêt légitime ou l'exécution d'un contrat, si le procès finit de légitimer le non-consentement payant, on aura tout perdu du RGPD...
Modifié le 19/03/2024 à 20h41
Apres, voir les gens étaler leur vie surtout quand ils postent leurs photos en "Public", moi ça me bien rire pour rester poli.
D’ailleurs ça vire des fois à du n’importe quoi : une amie que je connaissais bien pendant plusieurs années mais avec qui je n’avais plus de trop de contact - on ne s’était pas jamais ajouté sur Facebook – et bien quand on s’est finalement revu pour un café, elle a fait une « crise de panique » quand je lui ai demandé si ses dernières photos de vacances postées sous “Public“ (donc je pouvais les voir mais aucun commentaire sur l'endroit photographié) avaient bien été prises au Portugal. Pourquoi ? Parce que les photos ressemblaient énormément aux falaises d’Etretat mais en fait non, Bing en quelques secondes a trouve le bon endroit, au Portugal en fait.
Elle m’a accusé que je l'espionnais, plus de nouvelles après ça et ensuite elle a effacé toutes ses photos « Public », soit une bonne cinquantaine qu’elle avait postées depuis une dizaine d’années ainsi que sa photo de profil.
Vraiment du n’importe quoi. On poste des photos en « Public » et après on pique une crise si quelqu’un s’y intéresse juste par curiosité.
Totalement dégouté par ce genre d'attitude.
Le 19/03/2024 à 20h32
Le 19/03/2024 à 20h56
Le 19/03/2024 à 22h18
Modifié le 20/03/2024 à 08h39
La news est sur le fait qu'un GAFAM veuille faire payer pour ne plus avoir de pubs, que ce GAFAM soit prêt à baisser le prix de l'abonnement, mais aussi que le fait de payer pour ne plus avoir de pub semble tendre vers un dark pattern, le consentement implicite à la pub par le fait de ne pas payer octroyant au GAFAM le droit d'exploiter des données personnelles...
Bref, rien à voir avec des retrouvailles avec une copine.
Le 20/03/2024 à 15h33
2 réponses sèches pour critiquer crûment sur mes 2 posts sur Facebook... t'as des actions chez eux ?
Le 20/03/2024 à 22h59
Il a apporté une facilité d'utilisation et une unification des outils quand tous étaient dispersés.
Maintenant on peut facilement critiquer facebook car il n'est plus seul, et reste assez attaché à son ancienne image sans rien révolutionner pour ne pas brusquer ses utilisateurs ... comme Windows
Le 21/03/2024 à 08h19
Le 20/03/2024 à 15h39
Bref, le genre de choses dont tout le monde s'en tape largement, surtout quand on ne connaît même pas la personne.
Et rappelle toi de la célèbre maxime du Dr. Jean-Marie Bigard: "les mômes, c'est comme les prouts, y'a que les siens qu'on arrive à supporter... et encore..."
Le 20/03/2024 à 15h53
Modifié le 20/03/2024 à 15h54
Au final Mark Z. a gardé tout pour lui sans réellement reconnaître la paternité du projet et au final voler l'idée ainsi que tous les bénéfices qui en ont découlé.
Bonne initiative néanmoins, actuellement il possède une richesse estimée à US$ 171 milliards. Ça vaut bien une petite trahison entre camarades de classe, non ?
Et je rejoins tout à fait le propos de ilink ci-dessous.
Le 21/03/2024 à 08h06
Modifié le 20/03/2024 à 11h55
Bref du quasi vide
Modifié le 20/03/2024 à 15h59
Bon après, ça peut ramasser un max de thunes...
Genre du US$ 171 milliards dans le portefeuille alors que même pas encore passé la quarantaine...
Vendre du vent ! Ça palpe !
Modifié le 19/03/2024 à 22h19
Fascinant !
Bon en France, on a eu le droit à une tentative un peu similaire mais complètement ratée avec "Copains d'Avant" mais ils sont morts déjà depuis longtemps, non ?
Après quand on voit Viméo et YouTube... (dificile de ne pas éclater de rire et de garder son sérieux, encore un coup de l'agrume là ?)
Le 20/03/2024 à 08h34
Le 20/03/2024 à 15h55
Le 20/03/2024 à 15h59
Le 21/03/2024 à 08h15
Le 21/03/2024 à 08h12
Je reconnais que mes 2 posts étaient un petit peu excentrés par rapport au sujet precis ici sur l'abonnement FB.
C'était plus dans l'idée d'illustrer "l'utilité" de Facebook (surtout s'il faut payer en plus maintenant pour ne pas se faire pister...)
Voilà Voilà,