Face au coût et à la lenteur du déploiement de la fibre, Google envisagerait sérieusement de la compléter avec des réseaux sans fil. La filiale d'Alphabet a d'ores et déjà multiplié les initiatives en ce sens.

La fibre ne suffirait pas à Google Fiber. Selon le Wall Street Journal, l'opérateur estampillé Google compterait déployer des réseaux sans fil pour contourner les difficultés liées au déploiement de la fibre. Les villes de Los Angeles, Chicago et Dallas feraient partie des premières zones d'expérimentation, selon des sources proches du groupe. En parallèle, les travaux sur la fibre à Portland et San Jose auraient été interrompus tandis qu'à Palo Alto (au cœur de la Silicon Valley) ils seraient interrompus pour au moins six mois, complète le journal.

Des plans longs et coûteux sur la fibre

Globalement, Alphabet considèrerait les coûts en temps et en argent de Google Fiber bien trop élevés, alors que la société a investi des centaines de millions de dollars dans l'activité. Cette dernière est d'ailleurs censée devenir une vraie source de revenus, qui peine encore à faire ses preuves quatre ans après son lancement.

Face à des coûts plus élevés que prévus et la réticence de certaines villes, l'entrée du géant du Net dans les télécoms n'est pas une balade de santé. Alors qu'elle a commencé à fournir Internet à Kansas City fin 2012, elle dispose de clients à peine dans six agglomérations actuellement. De grandes villes, comme celle de Washington, refusent ainsi l'entrée à la fibre « Google ». Au WSJ, Alphabet assure « déployer les dernières technologies en suivant notre feuille de route, tout en comprenant les considérations et défis locaux, ce qui prend du temps ».

Les dépenses de Google Fiber sont incluses dans les « autres paris » de Google, qui incluent notamment les projets à long terme de l'entreprise. Les 185 millions de dollars de revenus au trimestre dernier viennent ainsi de Google Fiber, mais aussi des autres entreprises comprises dans la branche, comme Nest. Pas de quoi couvrir les investissements, qui s'élevaient eux à 859 millions de dollars sur la même période.

Le sans-fil en voie d'expérimentation par Google Fiber

Pour Alphabet, l'intérêt des réseaux sans fil est fondamentalement le même que pour tout opérateur. Il s'agit avant tout d'un déploiement plus rapide, pour un coût moindre. Pour référence, en France, alors que 80 % de la population doit être couverte en fibre d'ici 2022, les parties les plus reculées du territoire devront être couvertes en 4G fixe, le coût d'y déployer la fibre étant bien trop élevé, même pour des projets publics ne cherchant pas une rentabilité immédiate.

Pour affirmer que Google prépare des réseaux sans fil là où la fibre bloque, les indices sont nombreux. Le groupe a récemment demandé à la FCC (l'ARCEP américaine) l'autorisation d'essayer des « transmetteurs expérimentaux » dans 24 zones, dont 12 villes américaines. Au Financial Times, Google Fiber affirme que le travail en est pour le moment à ses débuts, « même si nous espérons que cette technologie pourra un jour aider à fournir un accès Internet plus large aux consommateurs ». 

Surtout, l'entreprise a racheté en juin Webpass, un opérateur qui fournit de l'Internet sans fil pour 820 bâtiments dans 5 agglomérations. « En joignant nos forces, nous pouvons accélérer le déploiement de connexions Internet super rapides pour les consommateurs à travers les États-Unis » déclarait l'entreprise dans son communiqué.

Le chemin risque encore d'être long pour Google, face à la domination des câblo-opérateurs sur le marché. Avec ses offres Gigabit et ses prix plus bas, l'offre « Google » est censée convaincre les consommateurs, mais peine encore à passer auprès des opérateurs tiers et des municipalités. Dans plusieurs villes, ses concurrents refuseraient notamment à Google l'autorisation de déployer de la fibre sur leurs poteaux électriques, alors qu'il commence à louer des infrastructures télécoms dans d'autres, pour accélérer son rythme de déploiement. La société a d'ailleurs demandé à la FCC d'assouplir ses règles pour l'accès à ces poteaux.