Musk annonce un premier implant humain et un premier produit commercial pour Neuralink
Sans détailler
Elon Musk a annoncé sur son réseau social X (ex-Twitter) la réalisation du premier test d'implantation d'une puce Neuralink sur un humain et évoqué un futur produit commercial. Cela dit, aucun article scientifique n'a été publié sur le sujet et de nombreuses étapes subsistent avant qu'une telle technologie puisse être commercialisée en tant que dispositif médical.
Le 31 janvier à 17h08
7 min
Économie
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Neuralink a procédé à son premier implant cérébral sur un patient humain, d’après son patron Elon Musk. Sans donner de précision sur la personne concernée, ce dernier s’est contenté d’indiquer qu’elle « se remet bien », et que les premiers résultats « montrent une détection de l’activité neurone prometteuse ».
L’annonce se veut la preuve d’un premier pas après l’ouverture, en septembre dernier, de l’étude clinique PRIME (Precise Robotically Implanted Brain-Computer Interface). Faute de publication scientifique, cela dit, il est impossible d'estimer sa valeur. Dans les mois qui précédaient, l’entreprise aux 300 salariés avait enchaîné l’obtention de l’approbation de la Food and Drug Administration (FDA) pour mener ses expérimentations cliniques avec une levée de fonds de 280 millions de dollars, menée par le Founders Fund de Peter Thiel.
L’étude est ouverte aux patients atteints de quadriplégie provoquée par une lésion de la moelle épinière cervicale ou à une sclérose latérale amyotrophique (SLA, ou maladie de Charcot). Outre les propos de son fondateur, Neuralink n’a pas encore communiqué officiellement sur le test en cours.
Musk, lui, a annoncé que le premier produit commercial de l’entreprise s’appelait « Telepathy », et avait pour but de permettre de contrôler un téléphone ou un ordinateur par la pensée. Des promesses futuristes comme l’entrepreneur en a l’habitude, même si Neuralink a encore de nombreux défis à relever pour rendre sa technologie viable.
Un test annoncé de longue date
En 2016, Neuralink est co-fondée par toute une équipe (Ben Rapoport, Dongjin Seo, Max Hodal, Paul Merolla, Philip Sabes, Tim Gardner, Timothy Hanson, Vanessa Tolosa et Elon Musk) dans le but de créer des interfaces entre cerveau et machine (ICM). Le projet s’insérait alors dans un champ d’étude à part entière, où des scientifiques tentent de créer des interfaces permettant d’assister des personnes handicapées ou de modifier les manières de communiquer depuis plusieurs dizaines d’années.
Comme souvent, au cours de son développement, Elon Musk a formulé des promesses complexes à respecter. Si divers tests ont attiré l’attention, notamment ceux réalisés sur un cochon puis un singe, l’entrepreneur a déclaré cinq années de suite que les premiers tests de l’implant en conditions réelles auraient lieu l’année suivante (il les avait à nouveau annoncés pour 2023 après le feu vert de la FDA).
Par le passé, Musk et Neuralink ont nommé une puce de ce type « The Link ». Le milliardaire n’a pas précisé si « Télépathie » était un produit différent de ce premier prototype, ou simplement un nouveau nom. Il a en revanche indiqué que les premiers usages du dispositif concerneraient les personnes « qui ont perdu l’usage de leurs membres ».
Accusations de maltraitance animale et de tromperies des investisseurs
En pratique, la puce de Neuralink est dessinée comme un élément de la taille d’une pièce de deux euros, à insérer dans le crâne du patient, d’où elle doit détecter et interpréter l’activité neuronale pour permettre à la personne de « communiquer » avec des appareils électroniques. Cela pose toutes sortes de défis, ne serait-ce qu’en matière d’implantation du dispositif, puisqu’une procédure invasive incluant une trépanation est nécessaire.
En 2022, les tests réalisés sur des singes avaient par ailleurs suscité des débats. Le Physicians Committee for Reponsible Medicine avait déposé plainte devant le ministère pour maltraitance animale, alors que la majorité des animaux sur lesquels les tests avaient ou devaient être réalisés avaient été euthanasiés. Fin 2023, la même entité a déposé une nouvelle plainte, auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC, le gendarme financier américain), cette fois-ci pour déclarations trompeuses auprès des investisseurs.
En effet, Musk a déclaré que les primates euthanasiés étaient de toutes manières atteints de maladies trop graves avant même les tests de Neuralink pour qu’il soit possible de les garder en vie, ce que des documents obtenus par le média Wired permettraient, dans certains cas, de contester. Un mois plus tôt, quatre députés américains ont aussi demandé à la SEC d’ouvrir une enquête sur les pratiques de l’entreprise, pour des raisons similaires.
La concurrence sur les rangs
Avant qu’une puce nommée Télépathie ne soit accessible au grand public, il faut donc que Neuralink termine son essai clinique, qu’il parvienne à obtenir une autorisation à usage médical, et potentiellement que l’entreprise convainque les observateurs extérieurs de sa bonne foi.
Sans parler des multiples débats éthiques qu’une potentielle généralisation de ce type de technologies pourrait provoquer. Auprès d’Abc news, la professeure en neuroéthique Laura Carera admet par exemple qu’un tel outil pourrait changer la vie d’une personne privée de mouvement ou de moyens de communication, mais s’inquiète aussi bien de la restriction de son accès à une petite poignée de privilégiés que des implications d’un tel implant en termes de vie privée.
Et pour alimenter les discussions, il faut aussi observer la concurrence de la start-up. Rien qu’en termes purement chirurgicaux, plusieurs s’activent à trouver des logiques moins invasives que celles choisies par Neuralink. Ainsi de l’américaine Synchron, qui opte pour une endoprothèse insérée dans un vaisseau sanguin proche du cortex, via la veine jugulaire, une opération désormais commune dans les opérations du cœur. Fondée en 2021, celle-ci a convaincu Jeff Bezos et Bill Gates de la soutenir à hauteur de 75 millions de dollars fin 2022.
Fondée en 2021 par un Benjamin Rapoport (qui a donc aidé, plus tôt, à fonder Neuralink) Precision Neuroscience a aussi réalisé son premier test d’implant sur trois patients humains courant 2023. Appelé Layer 7 Cortical Interface, son ICM ressemble pour le moment à un « morceau de scotch », selon CNBC, de l’épaisseur d’un cheveu humain. Là encore, l’entreprise vise l’opération la moins invasive possible.
En Europe, citons enfin la néerlandaise Onward, qui a annoncé en septembre 2023 la réussite de la première implantation humaine de son stimulateur ARC-IM. Couplé au BCI Wimagine du centre français de recherche biomédical CEA-Clinatec, celui-ci doit permettre à un patient de 46 ans de récupérer les mouvements de ses bras, de ses mains et de ses doigts.
Musk annonce un premier implant humain et un premier produit commercial pour Neuralink
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Un test annoncé de longue date
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Accusations de maltraitance animale et de tromperies des investisseurs
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La concurrence sur les rangs
Commentaires (16)
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Abonnez-vousModifié le 31/01/2024 à 17h35
Le 31/01/2024 à 18h20
Le 31/01/2024 à 18h37
On connait et maîtrise ce sujet.
Le 31/01/2024 à 18h12
Le 31/01/2024 à 18h48
Le 31/01/2024 à 18h58
Le 31/01/2024 à 19h58
Le 31/01/2024 à 21h40
Le 01/02/2024 à 08h55
Le 01/02/2024 à 19h35
Le 31/01/2024 à 18h43
En général, c'est plutôt limité cependant, permettant de contrôler un curseur (haut bas gauche droite), et potentiellement de cliquer. Oh et la communication va que dans un seul sens (on peut pas envoyer des "données" au cerveau).
Du coup, Musk arrive et annonce son produit "télépathie". Et je vois pas trop comment il pourrait dépasser l'état de l'art, alors qualifier ça de télépathie, c'est un coup de com'.
Bref, ça ressemble à l'hyperloop.
Le 01/02/2024 à 12h57
Modifié le 31/01/2024 à 20h42
Pas de trépanation requise, en plus.
Le 31/01/2024 à 20h36
Le 31/01/2024 à 21h31
Le 31/01/2024 à 21h43