L’Allemagne refuse que WhatsApp partage ses données avec Facebook
L'entreprise n'a pas dit le mot magique
Le 28 septembre 2016 à 07h20
4 min
Droit
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Fin août, WhatsApp annonçait le partage de certaines informations avec Facebook, provoquant des réactions froides des régulateurs européens. La CNIL allemande vient pour sa part de se prononcer : cette opération ne repose sur aucune base juridique et doit cesser.
Le partage d’informations avait pour but, selon Facebook, d’aider le réseau social à lutter contre le spam, mieux connaître les utilisateurs, leur faire des suggestions plus aiguisées et, bien entendu, affiner la publicité. Il y a quelques données statistiques, mais également des informations identifiantes, comme les numéros de téléphone. Les utilisateurs avaient 30 jours après acceptation des conditions pour désactiver le réglage dans WhatsApp.
Dans une décision publiée hier, la Commission de Hambourg pour la protection des données et la liberté de l’information (équivalent allemand de la CNIL), ordre est donné à Facebook de couper « la synchronisation de masse » avec WhatsApp. Et non seulement la porte doit être verrouillée, mais les données déjà récupérées doivent être supprimées. Une mesure donnée par précaution, Facebook n’ayant a priori pas commencé la collecte.
Une absence de base juridique
L’autorité allemande n’y va pas par quatre chemins : « Facebook et WhatsApp sont deux entreprises indépendantes qui gèrent les données de leurs utilisateurs sur la base de leurs conditions et règles de vie privée. Après le rachat de WhatsApp par Facebook il y a deux ans, les deux parties avaient assuré que les données ne seraient pas partagées entre eux. Le fait que cela se produise maintenant est non seulement trompeur pour leurs utilisateurs et le public, mais constitue également une violation de la loi nationale sur la protection des données ».
En d’autres termes, Facebook et WhatsApp opèrent hors de tout cadre légal : « Un tel échange n’est admissible que si les deux entreprises – celle qui fournit les données (WhatsApp) et celle qui les reçoit (Facebook) – ont établi une base juridique pour le faire ». Or, il y a deux problèmes. D’une part, Facebook n’a pas obtenu d’accord formel des utilisateurs pour l’échange de données. D’autre part, il n’existe pas de telle base pour ce type de transfert de d’informations.
Les utilisateurs de WhatsApp et ceux qui n'ont rien demandé
Bien entendu, Facebook pourrait répondre ne pas dépendre de la CNIL allemande pour son cadre légal sur les questions de sécurité et de vie privée, mais bien de l’équivalent irlandais, puisque son siège européen s’y trouve. L’autorité allemande prend cependant les devants : « […] les lois nationales de protection des données sont applicables si une entreprise traite des données en lien avec une filiale nationale. Facebook le fait à travers sa filiale de Hambourg, responsable des opérations de marketing sur les régions allemandes ».
Le Commissaire Johannes Caspar indique que l’autorité « protège les données de 35 millions d’utilisateurs WhatsApp en Allemagne ». S’ils souhaitent connecter leur compte à Facebook, « cela doit être leur décision ». Il souligne un autre problème : même si la décision de Facebook concerne avant tout les utilisateurs WhatsApp, d’autres numéros de téléphone peuvent être envoyés, puisque l’application accède au carnet d’adresses. Des personnes n’ayant rien demandé, n’étant ni utilisatrices de WhatsApp, ni de Facebook.
Facebook veut faire appel
Facebook compte faire appel de la décision, mais doit sentir néanmoins la pression naissante en Europe. La CNIL anglaise a par exemple rappelé que WhatsApp pouvait changer ses conditions, mais que les lois de protection des données devaient être respectées, annonçant dans la foulée qu’une analyse serait faite. La CNIL française, qui préside actuellement le G29 (regroupement européen des régulateurs), a indiqué que l’institution se pencherait globalement sur la situation. Des suites sont donc à prévoir.
L’Allemagne refuse que WhatsApp partage ses données avec Facebook
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Une absence de base juridique
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Les utilisateurs de WhatsApp et ceux qui n'ont rien demandé
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Facebook veut faire appel
Commentaires (40)
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Abonnez-vousLe 28/09/2016 à 08h23
Le 28/09/2016 à 08h30
pas vu désolé
Le 28/09/2016 à 08h35
Quelle perte de temps à réguler tout et n’importe quoi… Demain WhatsApp modifie ses CGU, autorisant la vente de données (chose que les utilisateurs n’en auront que faire), puis un accord avec Facebook et le tour est joué.
Le seul moyen de lutter contre la récolte de donnée reste le même depuis des années: cliquer sur désinstaller.
Le 28/09/2016 à 08h51
Dans le cas présent, faut cliquer sur désinstaller et tabasser tout tes potes/familles qui ont ton numéro dans leur carnet d’adresse pour qu’ils cliquent sur désinstaller." />
Après, ils récoltent les numéros.
Est-ce que les numéros de téléphone sont vraiment une information privée (Par privée, j’entends inconnu de tout le monde).
Votre numéro est déjà en synchro cloud dans les appareils de tout vos contacts, il est présent dans des informations de site de vente en ligne déjà revendues partout (même l’état le fait). Puis dans mon cas c’est un numéro d’entreprise qui est écrit en bas de chaque email que j’envoie…
Le 28/09/2016 à 09h04
Le 28/09/2016 à 09h22
Les Allemands… Ces empêcheurs d’espionner en rond." />
Le 28/09/2016 à 09h30
Ohhhh, alors , ils ne vont pas le faire…. c’est sur et certain !
Cette bonne blague !
Le 28/09/2016 à 09h39
Je ne reviens pas sur ce choix.
Je reviens juste sur le fait qu’il n’est pas totalement le votre. A moins d’avoir un numéro de téléphone renseigné nul part et donné à absolument aucune personne (ce qui limite l’usage d’un numéro de téléphone grandement), vous n’êtes pas maître à 100% de la privatisation de votre numéro.
Exemple : Dans le cas de WhatsApp, il suffit qu’un de vos amis qui a votre numéro dans son carnet d’adresse utilise l’application pour que votre numéro soit communiqué à Facebook.
Quelque soit votre position sur la privatisation de votre numéro de téléphone, elle n’a aucune valeur dans l’exemple en question.
Ma question rhétorique est donc : Est-ce qu’une information dont on ne peut contrôler la diffusion est réellement privée ? (Indice, la réponse est non).
Après, l’information n’est pas réellement privée mais elle n’est pas non plus largement diffusée. Mais rien n’empêche un de vos “amis” de publier votre numéro sur l’ensemble des plateformes existantes ou d’acheter une affiche en 12m*4m sur le périphérique avec votre numéro dessus . Encore une fois, votre position sur la privatisation de votre numéro n’a que peu d’impact.
Le 28/09/2016 à 09h40
Le problème n’est pas tant de revendre les données des utilisateurs de WhatsApp car c’est autorisé. Le problèmes est qu’il existe des règles, des lois et des procédures pour utiliser les données personnelles et intimes des individus - règles que Facebook inc. ne respecte visiblement pas en Allemagne.
Le 28/09/2016 à 09h53
Utiliser le mot “privé” fausse déjà le débat.
Le bon terme est “personnel”. Il s’agit d’une donnée personnelle et les lois des différents pays (au moins en Europe) mettent des restrictions sur le traitement de telles données.
Ce n’est pas parce qu’une donnée personnelle est publique (donc pas privée) que l’on a le droit d’en faire n’importe quoi.
Le 28/09/2016 à 09h54
Hello,
Ce n’est pas cache, c’est dans les options de l’applicaiton.
Je ne retrouve plus l’option, mais si je ne me trompe pas cela etait dans settings -> about
Je l’ai fait sur un 640 en W10M et un 630 sous windows phone 8 des que NextInpact en a parle.
PS: Pas d’accent sur mon clavier anglais " />
Le 28/09/2016 à 09h56
L’Allemagne colonie des états-unis d’amérique depuis l’arrivée d’hitler jusqu’à aujourd’hui, se soumettra. " />
Le 28/09/2016 à 10h21
Le 28/09/2016 à 10h24
#Jaipasbienintégrémescoursdhistoireducollège.
Le 28/09/2016 à 10h34
Effectivement, “personnel” est le mot qui faisait défaut (privée ne me plaisait pas mais je trouvais pas mieux …)
Et tu as raison
Le 28/09/2016 à 11h05
Mais, mais tu ne fais pas signer tes propres cgu aux personnes à qui tu donnes ton numéro de téléphone ?? " />
Edit : on ne serait pas sur le même problème que l’adresse ip ? Publique/privée.
Edit2: Whatsapp n’est pas obligé de vérifier sur pacitel avant de collecter un numéro ? " />
Le 28/09/2016 à 11h11
Je me disais exactement la même chose…
Ca ne tient qu’à un seul bout de texte faite par la société elle-même. Demain, ça change, ben hop c’est en règle.
Il est grand temps que les États se penchent sur toutes ces données envoyées dans la nature.
Certaines boîtes ont au moins le mérite de le faire dans un environnement tout sécurisé, mais d’autres doivent s’en contrefoutent comme du respect de leur client. Le jour où ça va lâcher (si ça lâche un jour " />), certains vont tomber sur le cul…
Le 28/09/2016 à 11h14
bandeau NXI en haut d’article avec bouton “Signaler une erreur”
" />
Le 28/09/2016 à 11h16
Le 28/09/2016 à 11h19
HS concernant la partie Facebook
Mais j’ai récemment dû tester une application de messagerie Android , donc avec les droits contacts agenda email normal jusque là
Sauf que lorsque j’ai ajouté mon compte en imap … 2 min après je recevais un e-mail du support de l’application sur mon adresse mail de compte imap et non sur mon compte Android .
Autant dire que la note de cette appli était pas fameuse .
ça fait quand même réfléchir jusqu’au vont les applications avec leurs “droits” , finalement ils ont accès à beaucoup de chose . ( en plus de Google et Facebook )
Le 28/09/2016 à 12h38
Amazon a racheté Whatsapp et ils n’auraient pas le droit de partager les donnés dans la même société?
Cela me parait étrange sur le fondement. " />
Après que ce soit bien ou mal pour les utilisateurs, c’est un autre problème.
Le 28/09/2016 à 12h44
Le 28/09/2016 à 12h54
Moi je n’ai toujours pas la case à cocher pour refuser la partage, j’avais déjà regardé il y a une semaine, rien du tout. J’utilise la version Android. Du coup j’suis baisé c’est ça ?
Le 28/09/2016 à 13h12
Le 28/09/2016 à 13h37
Je vais regarder ça, merci.
Le 28/09/2016 à 15h58
Je te conseille le visionnage de l’entrevue entre Jean-Marc Manach et Louis Joinet, l’un des fondateurs de la CNIL en France qui a inspiré les autres États membres du G29 (l’ensemble des “cnil” européennes) :
#14h42 : entretien avec Louis Joinet, l’un des pères de la CNIL
Next INpact - 18/02/2015
« (…) Et pourtant, dévoilé en 1974 par le quotidien Le Monde, à travers l’article SAFARI ou la chasse aux Français de Philippe Boucher, ce Système Automatisé pour les Fichiers Administratifs et le Répertoire des Individus était bien en train de se mettre en place. Devant les nombreuses critiques, le projet fût abandonné, et une Commission fût mise en place à travers le vote d’une loi quatre ans plus tard. Il s’agit de la CNIL.
(…)
nous avons donc décidé de nous entretenir avec Louis Joinet, et de revenir avec lui sur son parcours, la création de la CNIL, mais aussi les questions concernant les fichiers qui concernent les citoyens et la gestion de nos données personnelles, des problématiques toujours ausssi importantes, si ce n’est plus, 40 ans plus tard. »
Le 28/09/2016 à 16h07
Perso je n’ai de compte ni chez l’un (Whatsapp), ni chez l’autre (Facebook), pourtant si un jour je me faisais spammer au tél à cause d’une “fuite” du répertoire d’un de mes amis ayant une de ces deux applis, ça me réveillerait grave mes hémorroïdes …
Je trouve le procédé abject, mais bon, quoi de plus “naturel” de la part de boites américaines dont le fond de commerce est basé sur le pillage par tous les moyens de nos données perso, afin de les monétiser un max …? " />
Le 28/09/2016 à 16h55
Le 28/09/2016 à 19h16
Ben non, parce que là ce sont bien 2 sociétés dans l’informatique, et pas dans des domaines différents. Je ne vois pas sous quel prétexte on leur interdirait de partager des données entre services.
Le 28/09/2016 à 21h11
Le 28/09/2016 à 21h31
Le problème c’est que ce ne sont pas nos infos qu’ils récupèrent mais ceux de nos contacts sans leurs accords.
Tous les noms, numéros, adresse, date de naissance, photos qui sont dans nos contacts du téléphones, si ce n’étaient que mes infos perso ça irait, je suis conscient qu’ils doivent les connaitre…
Le 28/09/2016 à 07h29
“Facebook annonçait le partage de certaines informations avec Facebook” ?
Le 28/09/2016 à 07h31
De son côté, la CNIL française est passée en mode “froncement d’un sourcil”, première étape de sa riposte graduée. " />
Le 28/09/2016 à 07h31
Mais qu’ils les bloquent, et définitivement. Ça leur fera les pieds.
Le 28/09/2016 à 07h34
Oui, facebook qui discute avec lui-même, ça commence à foutre les boules
Le 28/09/2016 à 07h37
Merci de l’info, je viens de désactiver le partage d’info avec Facebook, même si je ne suis pas client chez eux, je préfère qu’ils aient le moins d’info possible.
Au lieu de vous plaindre d’une coquille dans les commentaires, signaler l’erreur :)
Le 28/09/2016 à 07h41
Sur Windows Phone on ne peut que refuser les CGU mais on ne peut pas empêcher le partage :( (ou alors c’est bien caché)
Le 28/09/2016 à 07h52
Normalement c’est possible, de la même manière que pour Android. En gros, il faut soit lire les nouvelles CGU " />, soit décocher après coup dans les options de compte. " />
Edit: Enfin quoique ça a l’air de ne pas marcher avec tous les téléphones vu les commentaires…
Edit2: il faut peut-être la Beta ?
Le 28/09/2016 à 08h01
Il y a un bouton Signaler une erreur " />
" />
Le 28/09/2016 à 08h09
il leur suffit pas de le mettre dans leurs nouvelles CGUs ?