Amazon, Discord, Google, Meta : 2024 commence sur une nouvelle vague de licenciements
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Amazon, Discord, Google, Meta, Unity, Duolingo... En à peine deux semaines, nombreuses sont les entreprises de la tech qui annoncent des licenciements, parfois provoqués par une automatisation des tâches via intelligence artificielle.
Le 12 janvier à 08h17
4 min
Économie
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Pour les plus grands noms comme pour une flopée de start-ups, 2022 puis 2023 auront été des années complexes pour l’industrie de la tech. À voir le tour pris par les quelques jours écoulés, les licenciements risquent de se poursuivre en 2024.
Après le licenciement de 6 % de ses effectifs (12 000 personnes) l’an dernier, Google annonce ainsi se séparer de plus 1 000 employés. Les équipes qui travaillent sur Google Assistant, la réalité augmentée et les montres connectées Fitbit sont les plus concernées, co-fondateurs James Park et Eric Friedman de cette dernière inclus.
Google et Meta se concentrent sur l’IA
Ces ruptures sont toujours justifiées par le contre coup des multiples embauches réalisées pendant la crise sanitaire, selon le Wall Street Journal. Elles traduisent, aussi, une concentration des efforts sur l’intelligence artificielle. Cette nouvelle réduction d’effectifs ne devrait pas être la dernière dans la mesure où The Information rapportait mi-décembre que Google travaillait à une restructuration de ses services de régie publicitaire, qui emploient actuellement 30 000 personnes.
Meta vient par ailleurs d’annoncer à Instagram que soixante de ses employés verraient leurs postes supprimés, selon Business Insider. La déclaration fait suite à une année 2023 centrée sur « l’efficacité », selon les mots de Mark Zuckerberg, pendant laquelle 10 000 personnes ont été licenciées.
L’opération actuelle vise principalement des postes de responsables de programmes techniques, c’est-à-dire des personnes situées entre les rôles techniques et les responsables de produits plus haut dans la hiérarchie d'Instagram.
En octobre dernier, l’entreprise prévoyait tout de même un certain nombre de réembauches, notamment pour travailler… dans le domaine de l’IA.
Le double tranchant de l’intelligence artificielle
Si l’intelligence artificielle concentre une bonne partie des investissements, elle a aussi, déjà, des effets concrets sur les emplois du secteur. En 2023, un rapport de Resumebuilder indiquait ainsi que 37 % des 750 entreprises interrogées avaient déjà fermé des postes pour automatiser tout ou partie de leurs rôles via des outils d’IA.
Dès septembre 2023, l’entreprise française de relations publiques Onclusive annonçait remplacer 209 emplois par un usage plus développé de l’intelligence artificielle.
Et rebelote en 2024 : l’application Duolingo commence l’année par une réduction de 10 % du volume de ses effectifs, expliquant se reposer plus largement sur l’IA générative.
Plus petite, la start-up biomédicale BenchSci a de son côté expliqué le 8 janvier avoir licencié 70 personnes, soit 17 % de ses équipes, en raison « de l'évolution de l'environnement économique, de l'efficacité opérationnelle et de l'adaptation aux progrès technologiques, en particulier l'IA générative ».
Un mouvement qui reste d’ampleur
En dehors des considérations d’IA, nous soulignions hier qu’Amazon licenciait plusieurs centaines de personnes dans ses services Prime, Studio, et chez Twitch, un mouvement qui fait suite à la suppression de 27 000 postes en 2023.
Discord est venu s’ajouter à la liste cette nuit. Dans un mémo interne, le CEO Jason Citron justifie cette décision par une croissance trop rapide de l’entreprise : « nous avons multiplié les projets et sommes devenus moins efficaces dans notre façon de fonctionner ». 17 % des effectifs, soit 170 personnes environ sur le carreau. L’année dernière, 4 % des employés avaient déjà été licenciés.
Côté jeux vidéos, Unity s’apprête à réduire ses effectifs de 25 %, ce qui signifie mettre fin à 1 800 emplois dans tous les pays où le fournisseur de logiciel est installé. En novembre, son directeur exécutif Jim Whitehurst évoquait une « réinitialisation de l’entreprise » pour expliquer les évolutions à venir.
Layoffs.fyi, qui tient un décompte (relativement américano-centré) des licenciements dans la tech, relève déjà 27 opérations de licenciements dans l’industrie, touchant 4 541 employés.
En France, ManoMano, Ankorstore, Ynsect, Sunday, Jellysmack, Open Classrooms, PayFit ou Sigfox sont autant de noms qui ont réduit leurs effectifs courant 2023, après l’ouverture du bal par BackMarket (- 13% des effectifs, soit 67 postes en France et 26 à l’étranger, en début d’année).
Douze mois plus tard, l’association professionnelle du numérique Numeum indique que l’année s’est terminée de façon relativement stable, avec à peu près autant de création que de suppression de postes en décembre.
Amazon, Discord, Google, Meta : 2024 commence sur une nouvelle vague de licenciements
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Google et Meta se concentrent sur l’IA
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Le double tranchant de l’intelligence artificielle
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Un mouvement qui reste d’ampleur
Commentaires (21)
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Abonnez-vousLe 12/01/2024 à 09h50
IElle n'a pas annoncé de plan, mais le ton de + 40mn de discours laisse présager d'un "dégraissage de mammouth" pour reprendre une expression.
Malheureusement je pense que se sera dans ceux qui "font" et non pas dans ceux "qui décide" pour eux.
Mais "Orange est là"
Le 12/01/2024 à 09h54
Ce sont des décisions usuelles de management à court terme, au même titre que d'avoir un ratio de 20% internes pour 80% de presta dans son service IT. Ca permet de rapidement dégraisser en cas de coup dur, mais on se rend compte ensuite qu'il n'y a plus aucune compétence dans l'entreprise car les internes ont été assignés à des postes de management.
Le 12/01/2024 à 10h18
Le 15/01/2024 à 15h15
Les premiers ayant un niveau de qualité que non pas les seconds dont l'outil principal est Microsoft 365 (sans VS bien sûr).
Pertes des compétences et pertes financières pour un résultat très discutable sur la mission et son résultat. D'ailleurs aucun RETEX n'est fait..
Le 12/01/2024 à 10h33
Le 12/01/2024 à 10h36
C'est aussi la fin d'une période spéculative sur l'IoT, la 5G, la réalité augmentée, les véhicules autonomes. On revient à du concret et du réalisable à court terme. Moi, ça me fait penser (toute proportion gardée) à l'éclatement de la bulle internet et la fin des discours sur le haut débit mobile, UMTS, tout se fera en ligne, etc.
Modifié le 12/01/2024 à 11h52
ben y’aurait pas un peu de sous pour les employer sur d’autres projets « avant-gardistes » et « futuristes » mais pas encore rentables plutôt que de simplement les lourder suite à une météo défavorable et quelques trous d’air passagers ?
Déprimant.
Le terme « ressources humaines » porte bien son nom, tout comme une ressource énergétique, ressource en eau courante, ressource en PQ… Une version Kleenex moderne quoi.
Le 12/01/2024 à 13h59
Modifié le 12/01/2024 à 20h38
Et là on peut se faire lourder en 30min chrono, avec son p'tit carton et sa plante verte, comme dans les films, sauf que je l'ai vécu 2 fois personnellement. Oh, pas que moi, aussi une vingtaine de managers derrière avec eux aussi leur plante verte. Forcément quand un petit jeune SVP (Senior Vice Président et même pas la quarantaine) a fait son tableau Excel et qu'en éliminant tout un niveau hiérarchique, on économise xx millions de US$ et bien, c'est parti. Super quand on revient de Lune de Miel au passage.
30min pour se faire gicler (pour rien), 3 mois pour décrocher le poste.
Je confirme aussi les chiffres lus dans la presse: 1 chance / 20 pour décrocher un entretien, ensuite 1 chance / 10 pour décrocher le poste soit 0,5 chance sur 100 ou 1 chance sur 200.
Bon moi j'ai eu de la chance, je n'avais envoyé qu'une petite centaine de CV pour au final avoir la chance de ne pas faire de choix car une seule proposition d'embauche...
Déprimant. Super déprimant. Ça tue la confiance.
Note: Les 2 boîtes étaient US et ce n'était pas en France non plus, plutôt là où on mange pas mal de riz...
Après en salaire, presque x3 mon ancien salaire en France (dans une boîte du CAC40 qui fait du matériel électrique...)
Mais celà confirme une règle universelle dans la vie qui s'applique quasiment partout :
"risk versus reward"
Ou pareil :
"risk versus return (financial)"
Le 12/01/2024 à 21h49
Modifié le 13/01/2024 à 08h36
Le 13/01/2024 à 14h24
C'était il y a un moment mais on sais tous que l'histoire est amenée à se répéter car les nouvelles générations préfèrent souvent experimenter eux même les échecs cuisants plutôt que de faire appel à l'intelligence collective.
Le 12/01/2024 à 11h53
Le 12/01/2024 à 12h02
Modifié le 12/01/2024 à 16h54
Le marché de la Tech arrivait à saturation. Il y a eu des embauches à tour de bras, qui se sont accentuées durant la période COVID, pensant que la croissance du secteur allait fortement augmenter. Ce n'est pas sans raison que l'on a vu éclore x licornes qui aujourd'hui n'existent plus. Le secteur reposait de plus en plus sur du vent et là on assiste à un réajustement.
Comme je l'ai déjà dit dans un autre commentaire : c'est douloureux, pour les salariés concernés et in fine l'économie, mais malheureusement nécessaire pour assainir le secteur.
Par contre je pense que l'on va rentrer dans une nouvelle bulle pour, peut-être, la décennie à venir, avec l'IA générative et l'IA plus largement. En tout cas c'est la réflexion que je me fais sur l'évolution actuelle du secteur.
Nous avons un gros down sur les emplois, qui continu et s'amplifie, le tout va ensuite trouver une stabilité puis ça va repartir à nouveau à la hausse car il faudra répondre à de nouveaux besoins créés par les investissements dans l'IA.
Reste que pour le moment les entreprises (pas toutes mais beaucoup) se recentrent sur du concret et c'était vraiment nécessaire. Malheureusement tout cela a des effets collatéraux...
Modifié le 12/01/2024 à 21h54
pourquoi c'est nécessaire de "assainir le secteur" ? ça vous apporte quoi, à VOUS l'humain spécifique, que le secteur soit assaini ?
Et si on venait vous assainir, vous me diriez, dans un beau français, "oui bien sur, il est nécessaire de m'assainir" ?
honnêtement: qu'en avez vous à foutre qu'un secteur soit assaini ?
Seriez vous de ces gens qui pensent que c'est une bonne chose qu'il soit nécessaire de charcler les budgets de la santé publique parce qu'il faut présenter un beau bilan sur les marchés financiers ?
Qu'en avez vous à foutre des secteurs assainis, des dettes sous contrôle et des auto-satisfaits de la vie qui ont le réfrigérateur plein ?
"c'est bien malheureux mais il fallait le faire, ma pov dame..." poum poum
Modifié le 13/01/2024 à 01h34
Accessoirement je bosse dans le milieu de la Tech et mon entreprise a également souffert de la crise. J'ai en effet la chance de conserver mon emploi, ce qui n'est pas le cas dans beaucoup d'autres petites entreprises.
Cela ne m'empêche pas de porter un œil critique et de constater que oui, cette dernière décennie on aura vu de tout et n'importe quoi dans le secteur, et qu'il était temps que cette bulle éclate. Même si je regrette les dommages collatéraux sur l'emploi, qui peuvent tout à fait me concerner demain (qui sait).
Mais ce n'est qu'une phase de réajustement du marché. Et on peut regretter cela, ne pas être à l'abris, critiquer les abus en terme de licenciements, tout en admettant que, quelque part, il y a un mal nécessaire. Cela s'appelle simplement porter un œil objectif ;)
Modifié le 13/01/2024 à 06h03
France est super rigide, aussi super protectrice. Quand une boîte embauche un employé, elle sait qu'il sera quasi impossible de le licencier plus tard sauf si faute grave / lourde commise (et encore l'employeur devra bien le prouver devant les Prud'hommes).
Après pour tout ce qui est licenciements collectifs, ça doit être validé par un tribunal et si la boîte n'a pas fait de pertes, en général, le tribunal refuse le PSE (Plan de Sauvegarde de l'Emploi).
Revers de la médaille de cette protection, ben ça prend des mois et des mois et en général entre 3 et 5 entretiens (je parle par expérience) pour un poste de cadre dans une multinationale, parce qu'ils veulent être bien sûr que c'est le bon candidat à embaucher.
La Suisse est plutôt au milieu entre la France et les US par les retours que j'ai eu d'amis qui y bossent. On peut se faire lourder en 4 semaines (déjà mieux que 1/2h ), mais on peut retrouver du taff aussi en 4 semaines (mission impossible en France).
Donc la flexibilité du marché de l'emploi fonctionne dans les 2 sens, c'est juste le sens de la descente qui n'est pas vraiment agréable à vivre.
Ni tout blanc, ni tout noir, la réalité est complexe.
Modifié le 13/01/2024 à 09h20
En Suisse, il n'y a pas cette culture de l'écrit mais le recruteur va scruter le moindre détail chez le candidat, le CV est une quasi biographie, les références des anciens employeurs sont obligatoires et vérifiées. Le droit du travail est très léger et beaucoup de choses se règlent par le contrat de travail.
Aux US, l'embauche passe aussi par le contrat de travail. Il n'y a pas de distinction écrite entre un employé occasionnel et un permanent. Mais ce n'est pas pour autant que les entreprises embauchent et débauchent sur un coup de tête. Il y a des réalités logistiques, humaines, financières, organisationnelles qui s'imposent. On ne change pas une équipe qui fonctionne, licencier des salariés est un risque énorme qui s'impose par la force des choses quand il n'y a plus de choix.
Le 13/01/2024 à 21h11
Et franchement, même si aux US, il y évidemment des lois du travail, ça ne vaut absolument rien en terme de protection (je parle en connaissance de cause). Là bas, c'est du 30min chrono. En France, c'est envoi par lettre recommandée avec accusé de réception pour une convocation à un entretien préalable au licenciement. Et puis un p'tit préavis qui courre en général.
Après, aux US, les fourchettes de salaire sont largement plus étalées qu'en France. Ça peut monter très vite. Un cadre "lambda" chez Google, genre la trentaine, c'est de base aux alentours de US$ 200K / an.
Modifié le 13/01/2024 à 08h47