De la start-up à la multinationale, vers une réforme européenne de l’impôt sur les sociétés
L'ACCIS debout
Le 26 octobre 2016 à 14h53
4 min
Droit
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La Commission européenne a dévoilé un nouveau paquet de réformes de l'impôt sur les sociétés destiné à lutter contre certaines pratiques fiscales agressives des multinationales, tout en proposant des coups de pouce pour les jeunes entreprises innovantes.
Trois chapitres se cachent sous ce paquet en formation dans le ciel bruxellois : l'assiette commune consolidée pour l'impôt sur les sociétés (ACCIS), de nouveaux mécanismes de règlement des différends en matière de double imposition et enfin des mesures tendant à éliminer les failles fiscales avec des pays tiers.
L’ACCIS obligatoire ou optionnelle
L'ACCIS est présentée comme le futur « système harmonisé pour calculer les bénéfices imposables des entreprises dans l'Union ». Derrière l’acronyme, on trouve un guichet unique qui deviendra obligatoire déjà pour les multinationales dépassant 750 millions de chiffre d’affaires consolidé.
Les autres structures, notamment les jeunes entreprises innovantes, profiteront d’une super-déduction des coûts de recherche et développement si elles optent pour une telle démarche. Et pas qu’un peu puisque les start-ups pourront par exemple déduire jusqu'à 200 % de leurs coûts de R&D. Pour lustrer la beauté de son paquet, la Commission donne cet exemple :
« Une entreprise dépense 30 millions d'euros en R&D au cours d'un exercice donné. Elle sera autorisée à déduire :
- L'intégralité des coûts de ses revenus imposables = 30 millions d'euros
- 50 % supplémentaires de la première tranche de 20 millions d'euros = 10 millions d'euros
- 25 % supplémentaires du montant restant de 10 millions d'euros = 2,5 millions d'euros
Au total, l'entreprise peut déduire 42,5 millions d'euros de son assiette imposable, au titre de ses dépenses en matière de R&D. »
Avec l’ACCIS, les règles de détermination de l’assiette seront uniformisées, et non plus empilées en autant de systèmes fiscaux. La mesure devrait ainsi faciliter le quotidien puisqu’il n’y aura plus qu’une seule déclaration pour toutes les activités exercées dans l'UE. Mieux, « dans le cadre du régime de l'ACCIS, poursuit l’institution, les entreprises pourront également compenser les pertes subies dans un État membre par les bénéfices réalisés dans un autre État, bénéficiant ainsi du même traitement que celles dont l'activité est exclusivement nationale » (voir pour les détails).
Derrière cette formalité, Bruxelles espère enfanter un nouvel outil de lutte contre certaines pratiques fiscales. « Des règles communes pour l'imposition des sociétés dans l'Union permettront d'éliminer les failles et les asymétries que comportent actuellement les cadres régissant l'impôt sur les sociétés et qui sont autant de portes ouvertes pour la planification fiscale agressive ».
Double imposition ou non-imposition
Ce nouveau paquet va aussi prévoir de nouvelles règles pour gérer les problématiques de double imposition (il y aurait 900 différends en cours en la matière sur le Vieux continent) notamment à l’aide de nouveaux délais (deux ans), imposés aux États membres.
De même, un dernier chapitre veut régler le problème des dispositifs dits hybrides entre un pays de l’UE et un État tiers. Cela consiste ici pour un pays étranger à l’Union de traiter tels ou tels revenus différemment, ouvrant autant de brèches pour l’optimisation fiscale voire à des cas de non-imposition. « Les entreprises peuvent tirer parti de ces dispositifs pour déduire leurs revenus dans les deux pays ou pour bénéficier, dans l'un d'eux, d'une déduction fiscale sur un revenu qui est exonéré dans le pays de destination, résume la Commission. Les dispositifs hybrides sont souvent exploités par ceux qui pratiquent la planification fiscale agressive afin de réduire au minimum leur contribution fiscale ».
Si le plan bruxellois arrive à son terme, « l'entreprise pourrait désormais être tenue d'acquitter un impôt sur certains paiements effectués dans l'Union qu'elle n'aurait normalement pas dû acquitter ou n'aurait plus la possibilité de déduire certains paiements ».
Nous avons contacté la Commission pour avoir des détails sur l’utilité exacte de ces outils pour lutter contre certaines pratiques d’optimisation des géants du Net. Un détail d'importance : l’Europe ne pourra harmoniser par le haut le taux de l’impôt sur les sociétés, et pour cause, il s’agit d’un domaine de compétence réservé aux États. L’ACCIS est néanmoins considéré comme un levier précieux puisque l’avènement d’une assiette commune pourrait à terme dévoiler à tout le moins le taux d'imposition effectif.
De la start-up à la multinationale, vers une réforme européenne de l’impôt sur les sociétés
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L’ACCIS obligatoire ou optionnelle
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Double imposition ou non-imposition
Commentaires (31)
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Abonnez-vousLe 26/10/2016 à 15h42
Voilà qui est tout à fait intéressant, et qui va dans le bon sens à mon avis. Maintenant il faut voir la mise en branle de l’affaire.
Le 26/10/2016 à 15h45
Vous aviez remarqué que la Surdéduction ne s’applique qu’aux Start-up, n’est-ce pas ?
A priori, tout ce qui est labo, Monsantos, Apple ne devraient normalement pas tomber dans la case start-up.
Après, il faudrait voir l’impact de ces lissages au niveau européens (est ce bien, mal, combien de failles ?)
Mais normalement si on enlève les empilages de déductions, on devrait quand même arriver à réduire les moyens d’abuser…
Le 26/10/2016 à 15h50
Le 26/10/2016 à 16h06
Bah non, y a écrit Europe, c’est plus simple de cracher sans lire
Le 26/10/2016 à 16h25
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Le 26/10/2016 à 16h29
Le 26/10/2016 à 17h03
Monsanto crée une nouvelle entité dans le groupe :
_Monsanto R&D, 10 employés => startup
_Monsanto R&D génome, 10 employés => startup
etc….
Les résultats étant applicable au groupe, la déduction pour startup s’appliquera sur l’intégralité du CA consolidé
Très dur à trouver la faille " />
Le 26/10/2016 à 17h05
20 ans trop tard, la majorité de l’argent est déjà parti dans les nombreux paradis fiscaux européens, et ne reviendra pas dans l’économie réelle " />
Le 26/10/2016 à 17h10
L’article laisse entendre que ça ne s’appliquera qu’aux “jeunes entreprises”. Ça m’étonnerait que les filiales nouvellement créées puissent en bénéficier, je suppose que la Commission européenne à dû y penser. A voir dans le texte final…
Le 26/10/2016 à 18h02
J’aime l’idée sur le papier. Après dans les faits, on va attendre de voir.
Le 26/10/2016 à 18h12
Un début de fiscalité européenne unifiée, je ne peux qu’applaudir. Qu’on arrête enfin de se tirer dans les pattes entre européens, parce que là on est la risée / les pigeons du monde, et qu’on avance ensemble.
Le 26/10/2016 à 18h48
Ils sentent que l’édifice est en train de s’écrouler !
Alors ils vont tout tenter … tout. " />
Le 26/10/2016 à 19h52
Le 26/10/2016 à 20h57
Le 26/10/2016 à 21h26
Le 26/10/2016 à 21h59
C’est déjà mieux que rien, même 20 ans trop tard, même si cela bénéficie à Monsanto, même si, … C’est une base qui pourra évoluer.
Give peace a chance!
Le fait de payer à un organisme qui reverse aux différents états, rien que ça, c’est déjà une bonne avancée.
Le 26/10/2016 à 15h00
Joli cadeau pour Monsanto et les labos pharmaceutiques. GG l’UE." />
Le 26/10/2016 à 15h26
”(il y aurait 900 différends en cours en la matière sur le Vieux continent)”
Celui des Gaulois faut-il comprendre ? " />
Le 26/10/2016 à 15h30
Le 26/10/2016 à 15h33
Déjà qu’on arrive à faire passer le moindre développement dans le Crédit Impôt Recherche, maintenant tout le monde va avoir le terme “R&D” dans son contrat de travail, même les secrétaire.
Le 26/10/2016 à 15h34
+1, sous couvert d’aller de l’avant, encore un repoussoir en plus de cette horreur qu’est l’europe …
Le 27/10/2016 à 06h20
J’ai quand même un doute sur le fait que ça évite le sandwich hollandais, puis c’est des reformes qui ne seront peut être jamais appliquées.
Le 27/10/2016 à 06h37
Je propose le démantèlement de la BPI. Mafia de copinage qui se versent des salaires scandaleux…
ils choisissent au bon vouloir ce qui est de l’innovation ou non… bien entendu en passant par un consultant ami ça va beaucoup mieux…
La nouvelle c’est que la BPI n’a plus d’argent pour la fin de l’année mais à augmenté ses salaires de 40%…
Le moyen le plus simple de résoudre la situation c’est d’arrêter les aide et simplifier bordel!
Le 27/10/2016 à 06h44
Au final on créait un nouvel organisme en plus, mais on peut pas supprimer les anciens car toujours d’actualités, donc on en rajoute une couche.
Le 27/10/2016 à 08h17
Le 27/10/2016 à 08h48
C’est fait aussi pour contrer la menace de Londres de couper l’apport financier des Banques de la City si aucun accord favorable à la Grande Bretagne n’est signé après leur Brexit …
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Le 27/10/2016 à 09h29
ou simplement au niveau du CA de la filiale et pas du groupe, donc ils gagneront seulement sur le CA de la filiale et des royalties ne rentrent pas dans la R&D donc ça devrait tenir la route.
Le 27/10/2016 à 15h48
comme disait le mec “les salaires sont dodus”
https://www.contrepoints.org/2016/10/25/269889-bpi-investit-lourdement-frais-de-…
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Le 31/10/2016 à 17h38
Le 31/10/2016 à 17h41
Le 01/11/2016 à 15h39