Comment la mécanique de la librairie d’Amazon influe sur les ventes… et le discours public
La lecture agrandit l'âme... ou pas
Les résultats de recherches menées sur la plateforme d’Amazon mènent rapidement vers des ouvrages promouvant de la mésinformation ou de la désinformation, démontre une étude d’AI Forensics et CheckFirst.
Le 12 décembre 2023 à 18h18
11 min
IA et algorithmes
IA
Les livres aussi ont un rôle à jouer dans le débat public et la fabrique de l’information. Or, sur Amazon, l’algorithme de recommandation qui oriente les internautes les enferme très vite dans une boucle de contenus restreints et similaires les uns aux autres. Surtout, sur des sujets comme l’immigration, la santé publique, le genre ou le climat, les ouvrages recommandés sont rapidement trompeurs, ou bien la sélection avancée manque de pluralisme.
Au cours de leur enquête sur les effets de l’algorithme de recommandation de la partie historique d’Amazon, sa librairie, les chercheurs de l’organisation à but non lucratif AI Forensics et de l’entreprise Check First ont découvert l’existence de groupes de co-recommandations d’ouvrages, appelés communautés par les chercheurs, complexes à échapper. Il faut des dizaines de clics pour que l’internaute en sorte, alors qu’il lui en a fallu très peu pour y entrer.
Or, certaines promeuvent des idées fausses, comme le déni du réchauffement climatique ou des théories du complot liées au Covid-19, ou trompeuses - les idées conservatrices sur des sujets comme l'avortement sont ainsi surreprésentées comparé à leur prévalence dans la population. Outre une amplification de la mésinformation et de la désinformation, les deux entités constatent qu’Amazon ne respecte pas ses propres politiques, dans la mesure où sa plateforme propose et vend du contenu explicitement sexuel, y compris parmi des sélections à destination des mineurs.
Publié trois semaines après que la Commission européenne a demandé officiellement à Amazon de fournir un supplément d’information sur les mesures prises pour protéger ses utilisateurs, le rapport vise à alimenter les discussions sur ce qui constitue un risque systémique dans le cadre du règlement sur les services numériques (Digital Services Act, DSA).
Ses autrices et auteurs argumentent que, dans le cadre du DSA, l'évaluation des risques « devrait aller au-delà de la protection des consommateurs pour englober les risques systémiques posés par les systèmes d'Amazon pour les droits fondamentaux, le discours public et le bien-être de la société ».
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Dans le e-commerce aussi, les algorithmes influent le débat public
La curation de contenu par algorithmes est devenue incontournable dans la manière dont les utilisateurs accèdent à l'information en ligne.
Par « information », on peut entendre production médiatiques, blogs, vidéos et autres prises de paroles de journalistes comme de citoyennes et citoyens. Mais le terme peut aussi recouvrir toutes sortes de productions culturelles auxquelles les internautes accèdent désormais très largement via des plateformes numériques. Parmi ses productions, les films, les séries, ou les livres, dont la vente était le cœur initial de métier de l’entreprise de Jeff Bezos.
Si elles sont utiles au quotidien, ces technologies algorithmiques posent aussi de nombreux risques que le DSA vise, en partie, à atténuer. Parmi ces risques, ceux d’enfermer les internautes dans une surexposition à un seul type de contenus, et celui d’amplifier la visibilité de contenus problématiques comme ceux de désinformation. « Ce phénomène est particulièrement évident dans le domaine des recommandations de livres où le choix des lectures suggérées peut influencer de manière significative l'opinion publique et la connaissance », écrivent les auteurs du rapport.
En s’appuyant sur des méthodologies proposées dans de précédents travaux réalisés pour la Commission européenne et d’autres groupes internationaux, les chercheurs ont imité les trajets d’utilisateurs et utilisatrices belges et français sur Amazon et ont créé une cartographie des recommandations (non personnalisées) de 60 000 livres. Ils ont aussi entrepris des recherches par mots-clés spécifiques, comme « vaccin » ou « Covid » pour des thématiques liées à la santé publique, « avortement » ou « feminin » pour les questions de violences de genre et de bien-être personnel, ou encore « immigration » et « changement climatique ».
Tous ces outils leur ont permis d’analyser les logiques de recommandations et de dissémination de la (dés-)information. Le but : estimer les risques systémiques - tels que définis par les articles 34 et 35 du DSA - que ces algorithmes posent pour le public, sur différents sujets débattus dans la sphère publique.
Des communautés de sujet refermées… sur des théories complotistes
Premier constat, similaire à celui opéré sur d'autres plateformes : le paysage des recommandations se constitue de groupes très refermés sur un seul et même sujet. Dans une seule « communauté » de titre qui seront souvent recommandés les uns avec les autres par Amazon, 88,8 % des suggestions appartiendront au même groupe. Cela signifie que pour sortir de la « bulle » ainsi constituée, l’usage devra en moyenne cliquer pas moins de 25 fois sur de nouvelles recommandations. Et qu’il aura 49 fois plus de chances, sur son trajet, de tomber sur des livres du même auteur.
Si l’on aborde le problème sous le strict angle de la recommandation commerciale, cela peut paraître logique : si vous avez aimé un précédent ouvrage de l’auteur ou l’autrice X, un libraire aussi pourrait vous dire, hors ligne, « vous aimerez certainement son nouveau livre ».
Le problème, pointent AI Forensics et CheckFirst, est que sur plusieurs sujets de société, ce type de logique technique enferme dans des répétitions de recommandations de désinformation. En novembre 2023, constatent-ils ainsi, plus de 71 % des résultats de recherche liés au COVID contenaient des recommandations d’auteurs connus pour désinformer sur le sujet. Si l’internaute-chercheur classait les résultats par ordre décroissant de notes utilisateurs, ce chiffre grimpait à plus de 91 %.
Parmi ces suggestions, les ouvrages d’Henri Joyeux, interdit d’exercer la médecine, ou de Jean-Bernard Fourtillan, poursuivi pour avoir réalisé des essais thérapeutiques « sauvages », sont régulièrement poussés en bonne place, de même que ceux de Pierre Chaillot ou Alexandra Henrion-Claude, eux aussi régulièrement débunkés. « La prévalence de ce type de contenu dans les premiers résultats de recherche d’Amazon est inquiétante, écrivent les chercheurs, surtout si l’on considère l’absence d’ouvrages en faveur de la vaccination ou reflétant le consensus scientifique sur la Covid-19 ».
Les auteurs du rapport notent par ailleurs qu’un livre comme Covid-19: la grande réinitialisation (Covid-19: the great reset) du fondateur du Forum Économique Mondial Klaus Schwab et de l’économiste Thierry Malleret se retrouve lié à une série de recommandations diffusant de la désinformation. L’ouvrage en lui-même ne véhicule pourtant pas de thèse conspirationniste. En revanche, il a largement été utilisé dans les communautés anti-vaccins pour tenter de prouver une manipulation coordonnée de la part des élites. Pour les chercheurs, ce cas « illustre le fait que l'affectation d'un livre à une communauté donnée ne relève pas de la volonté de l'auteur, mais des algorithmes d’Amazon ».
Des recommandations politiquement marquées
Sur l’immigration, AI Forensics et CheckFirst notent que le terme « immigration » mène à des recommandations qui propagent, dans plus de 30 % des 10 premières recommandations, une vision négative du phénomène.
Plus spécifiquement, plusieurs livres recommandés par l’algorithme sont directement écrit par des personnalités d’extrême-droite, ou par d’autres, de droite plus classique, mais dont les propos véhiculent des idées proches de la thèse conspirationniste du grand remplacement. Or cette thèse a fait partie, avec la théorie du génocide blanc, des fondements idéologiques qui ont mené à des attentats comme celui de Christchurch, en 2019.
Sur les questions de genre, les chercheurs constatent que, du côté de l’Amazon belge, le mot « féminin » renvoie, dans un cas sur deux, vers des ouvrages qui critiquent ou dénigrent le mouvement féministe. Une grande partie des recommandations restantes tournent, de leur côté, vers des idées essentialisantes voir sectaires, comme celle du « féminin sacré ». En 2021, la MIVILUDES alertait sur les risques posés par les mouvements promouvant ce type de vision qui « essentialise les femmes en les réduisant à leurs organes génitaux ou à leurs facultés reproductives ».
Dans le même ordre d’idée, les recommandations relatives à l’avortement fournies sur Amazon Belgique sont dans 40 % des cas critiques des droits reproductifs. Un chiffre sans lien avec la moyenne européenne de 75 % des adultes européens qui considèrent que l’avortement devrait être légal. Les chercheurs repèrent notamment des recommandations pour des anti-avortement notoires, dont plusieurs aux liens revendiqués avec la religion catholique (qui, généralement, condamne l’avortement). « À l’inverse, les livres qui offrent une perspective mesurée sur l’avortement, et discutent des droits reproductifs, de la santé féminine et des complexités éthiques sont nettement moins présents dans les résultats de recherche », indiquent les auteurs du rapport.
En France, ces derniers notent surtout l’impossible passage (virtuellement, du moins) d’une communauté de recommandation (en violet ci-dessous) où les ouvrages se concentrent sur les combats féministes, la domination masculine et les violences sexuelles à l’autre (en rouge), où les sujets tournent principalement sur la « cancel culture », le « wokisme » et l’écriture inclusive.
Sur les sujets climatiques, enfin, les chercheurs rapportent qu’une recommandation sur deux parmi les 10 premiers résultats poussés par Amazon diffuse des informations trompeuses voire contraires au consensus scientifique. Ce chiffre grimpe au delà des 64 % quand les résultats sont classés en fonction des notes utilisateur.
Là encore, il existe des communautés opposées - l’une qui rejette le consensus scientifique, en rouge dans l’illustration ci-dessous, l’autre qui l’accepte, en vert. Et si un internaute s’intéresse à un livre de l’une ou de l’autre, il a toutes les chances de ne plus voir que des livres climatosceptiques (dans 92% des cas, pour cette « communauté » de recommandation) ou acceptant le consensus scientifique (dans 81 % des cas).
Lorsqu’ils s’écartent de ces thématiques précises, les équipes d’AI Forensics et CheckFirst constatent par ailleurs que les livres qui promeuvent des discours anti-vaccins, conspirationnistes, climatosceptiques et des idées conservatrices sur les questions de genre se retrouvent dans les mêmes communautés. À l’inverse, les recommandations liées au consensus climatique ou aux sujets féministes et queers sont plutôt cantonnées à chacun de ces sujets.
Protection défaillante des mineurs face à la pornographie
Autre vaste problématique qui apparaît dans les recommandations d’Amazon : celle de la protection des mineurs face à la pornographie. Au cours de leur analyse, les chercheurs ont constaté que malgré l’obligation formulée par l’article 28 du DSA de mettre en place des mesures spécifiques de protection des mineurs, malgré les propres règles d’Amazon, la plateforme propose et vend des contenus explicitement sexuels (tant du côté des livres que des objets).
Ainsi, même si elle indique « ne pas vendre de livre (…) qui contiennent de la pornographique (…) », la librairie de la plateforme contient des catégories intitulées « bibliothèque de pornographie », « erotic manga (hentai) » ou « erotic comics ». Les équipes d’AI Forensics et CheckFirst constatent qu’Amazon n’a même pas déployé « les mécanismes les plus simples pour identifier ce type de contenu ». Au contraire, la plateforme « facilite leur découverte », en les promouvant dans des catégories sans rapport.
Un manga érotique peut ainsi se retrouve suggérer alors que l’internaute se trouve dans la catégorie « livres > famille et bien-être > développement personnel », voire dans « livres > adolescents > bandes dessinées ».
AI Forensics et CheckFirst terminent leur travail en se positionnant en faveur d'une implication régulière de la société civile, dont ils sont représentants, pour faire en sorte que les très grandes plateformes (VLOPs et VLOSEs) respectent les engagements auxquels les soumet le DSA. Ils appellent, aussi, à un travail précis de suivi de l’application du texte européen, alors que celui-ci est en cours de traduction dans les législations nationales.
Comment la mécanique de la librairie d’Amazon influe sur les ventes… et le discours public
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Dans le e-commerce aussi, les algorithmes influent le débat public
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Des communautés de sujet refermées… sur des théories complotistes
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Des recommandations politiquement marquées
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Protection défaillante des mineurs face à la pornographie
Commentaires (24)
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Abonnez-vousLe 12/12/2023 à 18h50
Quand aux vérifications des acheteurs, Amazon n'est pas la seule à être défaillante pour ce point. Kobo par exemple n'a aucune vérification d'âge pour un livre érotique pour adultes.
Modifié le 12/12/2023 à 19h09
"Or, certaines promeuvent des idées fausses, comme le déni du réchauffement climatique ou des théories du complot liées au Covid-19, ou trompeuses - les idées conservatrices sur des sujets comme l'avortement sont ainsi surreprésentées comparé à leur prévalence dans la population. Outre une amplification de la mésinformation et de la désinformation, les deux entités constatent qu’Amazon ne respecte pas ses propres politiques, dans la mesure où sa plateforme propose et vend du contenu explicitement sexuel, y compris parmi des sélections à destination des mineurs."
edit: quel est le code pour citer ? Je ne le retrouve plus !
Le 12/12/2023 à 22h47
Modifié le 12/12/2023 à 22h25
Je m'étais ouvert un compte Pocket Mozilla pour répertorier des articles et des vidéos. Malheureusement, je me suis rendu compte que Pocket faisait des recommandations sur ma page d'accueil Firefox.
Le 12/12/2023 à 22h41
Par contre, au sujet de l'avortement, je pense qu'il n'est pas pertinent de comparer les représentations des livres chez Amazon (ou n'importe quelle autre boutique) avec les opinions de diverses populations. Les 2 paramètres sont complètement décorrélés ...
Le 13/12/2023 à 12h39
Modifié le 14/12/2023 à 13h53
C'est possiblement un effet de bord d'un algo basé sur autre chose (mais quoi?) mais ça demanderait à être prouvé, de base ça resemble surtout à une orientation idéologique des suggestions.
Modifié le 14/12/2023 à 19h44
La prévalence de tel ou tel sujet dans la littérature dépend plus de l'état du sujet dans la sphère publique que de sa prévalence dans la population. Personne ne va écrire un livre sur un sujet dont (presque) tout le monde est d'accord en espérant que tout le monde l'achète. À titre d'exemple, je suis persuadé qu'il existe bien plus de bouquins qui traitent de la Terre plate (pour lesquels il y a une clientèle) que de bouquins sur la rotondité de la Terre (qui n'intéressera pas grand-monde malgré la prévalence de cette opinion dans la population).
Le 15/12/2023 à 16h24
J'ai pris l'exemple justement parce que c'est typiquement un sujet sur lequel il y a une infinie variété de points de vue, très au delà des clivages partisans habituels gauche/droite, religieux/laïques, étatistes/libéraux, humanistes/patriotes ...
Et c'est un sujet dont je suis certain qu'il produit une abondante littérature y compris chez les pro droit d'avortement car ça touche à l'intime.
Il est donc très étonnant que les suggestions se polarisent sur un point de vue "pro life" ultra minoritaire y compris chez les gens partisans de limiter les avortements et actifs sur le sujet (les chrétiens humanistes typiquement).
Le 12/12/2023 à 22h46
Mon référentiel n'est pas celui d'un marchand, et ne le sera jamais.
Le 12/12/2023 à 22h53
Et perso je préfère éviter ces recommandations car l'effet de bulle est vite arrivé.
Le 12/12/2023 à 23h57
Alors que ceux qui veulent juste rétablir la vérité, sans objectif de chiffre d'affaire mais uniquement de vérité, ils sont bien à la peine.
Modifié le 13/12/2023 à 02h34
De manière générale, les ouvrages scientifiques / idéologiques neutres ou mesurés sont difficiles à identifier je suppose. J'ai mes opinions personnelles et donc probablement une tendance à accepter plus facilement des livres consensuels avec mes avis (j'imagine). Comment être challengé sans tomber dans le déni ou le conspirationnisme ? Il faut des curateurs de contenu humains et ouverts à la critique.
Si vous avez des grands noms, je suis preneurs (climat et solutions notamment). Merci 😇
PS : Les réactions aux commentaires et l'App pour le site sont là. Top et merci aux dev !!
Le 13/12/2023 à 10h27
Je me rappelle qu'il avait été demandé par plusieurs lecteurs plus de pluralisme dans le traitement des sujets politiques, ce qui -étonnamment- n'a jamais été accepté.
La fameuse """thèse""" """conspirationniste""", qui n'existe tellement pas qu'au moins 3/4 des Français ne veulent plus d'immigration, mais que "en même temps" l'état/l'ue continue de leur imposer. M'enfin, c'est sans doute une sensation d'immigration explosante, pas la réalité.
Alala, tous des fachos à rééduquer !
Le 13/12/2023 à 10h51
Ça relativise tes stats non sourcées
Modifié le 14/12/2023 à 13h58
Le 13/12/2023 à 10h45
Que ce soit pour la musique (deezer, spotify, même si de temps en temps ils te proposent autre chose), les videos (youtube, tiktok le pire) ou ici les sites commerçants.
L'utilisateur pas forcément conscient se voit rabâché des thèmes qui le conforte dans ses idées, ce qui bien entendu est le but de ces plateformes car celui-ci consommera plus de contenu.
C'est je pense un des plus gros vecteur du manque d'esprit critique et d'ouverture d'esprit de la société actuelle. Et je le vois de plus en plus dans mon entourage, ça fait peur.
Modifié le 13/12/2023 à 14h51
Pas besoin non plus d'employer le vocabulaire orwellien de "désinformation"/"mésinformation"/"idées fausses" uniquement en désignant des contenus d'opposition politique et idéologique, comme si la pensée au pouvoir (ou dominante chez leurs producteurs, communauté scientifique ou autre) était de l'information fiable et du vrai.
C'est également logique que les gens s'embêtent à se jeter dans la bataille des idées en écrivant des livres justement parce que leurs idées sont d'opposition, minoritaires et dominées. Donc après des années de politiques "progressistes", l'opposition est... ? Voilà. Et vous, avez-vous la curiosité de lire autre chose que ce qui confirme ce que vous croyez ? Sûrement plus que ceux dont ce n'est pas le métier, mais pourtant on ne dirait pas, ça doit être fait avec la haine ou le mépris dans les yeux.
"Or cette thèse a fait partie, avec la théorie du génocide blanc, des fondements idéologiques qui ont mené à des attentats comme celui de Christchurch, en 2019."
Non mais là on touche le fond, c'est de la propagande dégueulasse à l'état pur ou de la niaiserie. On fait le bilan des massacres humains et des idées qui ont servi de moteur, et ensuite on jette ces idées ? Vous êtes sûre de vouloir jouer à ça ? Moi non, je ne confonds pas les bonnes idées et intentions avec les criminels amoraux qui s'en emparent pour commettre des crimes directs en leur nom (même si par hasard, ils voulaient lutter contre des crimes indirects bien plus importants).
En fait ce passage, à l'image de l'article, est au niveau de ce que les complotistes de base font, à savoir des liens, des caricatures, et une vision générale où tout est mauvais et à jeter, par association.
Ceci dit si on en arrive là, c'est à cause des noms que vous jetez en pâture aux conformistes et de leurs groupies. Ces types ont pris la grosse tête à cause du succès moutonnier et des commentaires dithyrambiques qu'ils reçoivent pour leur courage de s'opposer, et qu'ils prennent pour validation de fond, alors qu'ils n'ont pas commencé à convaincre un nombre significatif de leurs confrères. Or, avoir raison avec de mauvais arguments, ça sert à rien, c'est contre-productif, face à l'armée médiatique qui a le temps de lire et démonter chacun d'entre eux pour donner l'impression générale (pour les esprits faibles et influençables du conformisme dominant) que vous avez tort, à un point tel que vous devez le faire exprès et donc être très dangereux.
D'ailleurs cet article dénonce un vrai problème, avec de mauvais arguments qui m'ont donc fait réagir.
Modifié le 13/12/2023 à 16h01
Mais quand on y pense, ça a toujours été le cas, un libraire choisi ses livres et leur présentation.
Un algo de sélection de contenu n'est pas neutre, il aura un impact sur les revenus du marchand mais aussi sur la société dans son ensemble.
C'est donc une forme de choix éditorial qui implique la responsabilité du marchand.
C'est clair que si on t'explique qu'un complot existe pour effacer ou dominer le groupe ethnique auquel tu appartiens ça créé une réaction d'intolérance et de replis identitaire.
On peut justement regarder le passé et constater que c'est exactement le type d'idée que les extrémistes ont toujours utilisé pour monter des groupes les uns contre les autres. Si ce type de théorie du complot (il faut bien appeler un chat un chat) revient souvent dans l'Histoire c'est que c'est une arme puissante pour manipuler les foules. C'est pour ça que la société civile est très vigilante sur ce genre d'idées, c'est normal et sain.
Il y bien une armée d'idiots qui se font sincèrement avoir et produisent du contenu "naif" qui sera facilement démonté. Mais derrière il y a aussi des gens qui savent très bien ce qu'ils essayent de faire. Qui savent très bien qu'ils se créent une armée d'"esprits faibles" dont certains pourront passer à l'action. Le fait qu'ils utilisent cette possibilité pour leur profit et entretiennent leur "armée" montre qu'ils ne sont pas naifs.
La chose importante est que ce ne sont pas des phénomènes qu'on découvre aujourd'hui. Tous ces trucs sont vieux comme le monde. Les gens éduqués connaissent ces choses car elles se sont répétées tellement de fois dans l'Histoire.
La volonté - parfois exagérée - de vouloir censurer l'extrême droite et leurs idées vient de là : on sait où ça mène. C'est généralement sain, mais ça va parfois trop loin, et surtout on oublie parfois que les intolérants, les fascistes et les manipulateurs existent partout, pas juste dans un groupe.
Modifié le 15/12/2023 à 14h17
Pour le coup, sans connaître trop ce sujet et ces milieux, je ne crois pas qu'il soit majoritairement complotiste, au contraire. La preuve, les criminels dont on parle s'en prennent à des gens "d'en bas", plutôt que de chercher à viser une tête qu'ils auraient identifié. Non, ça part à la fois d'une observation factuelle, et d'une volonté de contrer un courant politique extrémiste anti-blancs qui assumerait ouvertement (même si souvent c'est compris de travers) vouloir en finir avec cette couleur de peau.
Si on voulait cacher cela, on crierait au complotisme, mais pour défendre le statu quo il est autorisé, voire encouragé (et à juste titre puisque effectivement, c'est vrai... mais c'est vrai pour tous les courants en fait, les dominés et les dominants). Je ne vais pas polémiquer en citant des noms ou des événements récents mais toute mise en mouvement politique consiste à traiter les gens comme des moutons en leur racontant des salades et les envoyant ensuite contaminer leur entourage. Il ne peut en être autrement. Ce que je ne veux pas lire, c'est un jugement de valeur envers ceux qui font ça dans des courants minoritaires, alors que ce ne sont pas eux qui le font, par définition, à la majorité.
Ça c'est le vainqueur qui écrit sa propagande, mais aujourd'hui on sait où elle mène aussi, peut-être qu'un jour ce qui se dit naturellement maintenant sera vue comme gravissime et à censurer par rapport aux millions de victimes (directes et indirectes) des dominants d'aujourd'hui. Le plus tôt sera le mieux, tant qu'il reste de la vie sur cette planète...
Le 13/12/2023 à 16h24
J'ai fait le test avec "livre vaccin" et on m'a proposé un livre de Marc Ménant qui sévit sur Cnews ! Très peu pour moi.
Le 13/12/2023 à 21h25
Le 14/12/2023 à 07h19
Modifié le 14/12/2023 à 08h24
Il s'agit de choisir ses amis afin que la lecture soit bénéfique.