Free va (enfin) arriver sur les réseaux d'initiative publique (RIP), d'abord via un partenariat avec l'opérateur Axione, responsable d'une dizaine de ces réseaux sur 15 départements. La décision est nécessaire selon Free, qui réclamait jusqu'ici une plateforme nationale commune des réseaux publics pour y proposer sa Freebox.
Les voyants du plan France THD passent au vert un à un. L'arrivée de Free sur les réseaux publics en fibre se concrétise. Lors du colloque TRIP AVICCA, hier, le directeur général d'Iliad, Maxime Lombardini, a déclaré être sur le point de signer un accord avec l'opérateur Axione, pour proposer ses Freebox sur les réseaux qu'il gère. Une nouvelle confirmée juste après par la filiale du groupe Bouygues, qui parle d'un accord dans les tous prochains jours.
C'est la fin annoncée d'une arlésienne, les autres fournisseurs d'accès nationaux étant déjà présents sur les réseaux d'initiative publique (RIP), ou en voie de l'être. Pour mémoire, les réseaux publics doivent couvrir en très haut débit les zones peu denses, où les opérateurs n'investissent pas eux-mêmes, dans les prochaines années. Cela pour un coût d'environ 13 milliards d'euros, dont trois milliards viennent de l'État.
La venue des fournisseurs d'accès nationaux est un sujet important pour ces réseaux publics, qui disent peiner à attirer les clients sans ces offres connues. Après deux ans de négociations difficiles, voire très tendues, collectivités et grands opérateurs semblent désormais s'entendre, alors que les prises arrivent concrètement. Ces réseaux, possédés par des collectivités, sont construits et/ou opérés par des entreprises privées, connues du grand public (comme Orange et SFR) ou non (comme Altitude Infrastructures, Axione ou encore Covage).
Nous avons discuté de cette annonce de Free avec certains acteurs du secteur, publics et privés.
Signer des millions de lignes fibre pour attirer les FAI
Axione « est probablement aujourd'hui [l'opérateur de RIP] qui a le plus de prises contractualisées, près de deux millions. C'est un opérateur déjà industriel, avec lequel il est possible de travailler sur des processus intégrés de manière rapide et efficace » justifie Maxime Lombardini.
Ce chiffre de deux millions de prises est important. Les fournisseurs d'accès nationaux ont longtemps rechigné à venir sur chaque réseau public, qui comptent pour le moment au mieux quelques dizaines de milliers de lignes actives. La raison : l'interconnexion des systèmes d'information et les coûts d'ingénierie pour un retour sur investissement jugé minime.
Quand des acteurs comme Axione ou Altitude affichent respectivement deux millions et 1,2 million de prises fibre publiques contractualisées, ils deviennent des interlocuteurs intéressants pour un Free ou Orange. En se connectant à l'un de ces opérateurs, les FAI doivent pouvoir accéder simplement aux clients des réseaux publics qu'ils gèrent, un peu partout en France.
« Avec Axione, Free a trouvé une taille suffisante pour y aller. Je pense qu'il y a une question qui se pose pour tous les opérateurs de RIP : celle d'avoir une taille critique suffisante, pour disposer des systèmes d'information qui conviennent. Je n'imagine pas que les grands FAI nationaux vont pouvoir s'adapter à plusieurs SI de moins de deux millions de lignes » nous déclare d'ailleurs Antoine Darodes, le directeur de l'Agence du numérique, qui pilote le plan France THD.
Par la suite, Free promet de signer avec d'autres opérateurs. Contacté à ce sujet, David El Fassy, le président d'Altitude Infrastructures, répond simplement qu'il est encore trop tôt pour en parler.
Des rapprochements et des retournements
Axione, dont les dix réseaux publics contractualisés couvrent 15 départements, semble être l'un des grands gagnants de cette année 2016. Bouygues Telecom, autre filiale du groupe Bouygues, a d'ailleurs confirmé une nouvelle fois qu'elle comptait bien proposer ses offres sur les réseaux publics d'Axione... Après s'être évités pendant des années.
Pour lutter, d'autres acteurs doivent se rapprocher. C'est le cas de Covage et Tutor, l'un rachetant l'autre. À deux, ils dépassent allègrement le million de lignes fibre publiques signées, et peuvent mettre en commun leurs capacités de production et de vente (voir notre analyse). Sachant que, même du côté des autorités, la capacité de Tutor à tenir sur le long terme posait question.
Le réseau public du Nord Pas-de-Calais a également annoncé avoir reçu une lettre d'intention de la part de Free. Ce dernier doit proposer ses offres dès que les lignes seront commercialisables. Des annonces vagues qui agacent un peu certains concurrents. « Free n'est pas sur les RIP, il n'y a pas de sujet. Il y a ceux qui sont déjà arrivés, et ceux qui vont arriver » à une date indéterminée, martèle le responsable d'un autre FAI.
Cette signature globale avec Axione est aussi un retournement pour Free. Celui-ci a longtemps répété ne pas aller sur les réseaux publics en fibre tant que les données techniques et commerciales des dizaines de réseaux publics français ne seraient pas harmonisées ; pourquoi pas via une plateforme dédiée.
« L’établissement d’un guichet de commande unique et de SAV (GIE) est indispensable au succès des RIP » nous affirmait l'entreprise en début d'année. Un lointain souvenir désormais, Free accusant d'ailleurs « deux opérateurs intégrés » (comprendre Orange et SFR) d'avoir tué le projet dans l'œuf.
Une plateforme commune prise en main par les industriels
Du côté de Bercy, qui avait débuté les travaux sur cette Plateforme commune d'interopérabilité (PCI), on explique que la Fédération française des télécoms (FAI nationaux) et la Fédération des industriels des RIP (FIRIP) ont demandé à reprendre le dossier eux-mêmes en septembre dernier. Ce qu'a accepté le ministère de l'Économie.
« L'Agence fait confiance aux acteurs, et se repose sur eux quand c'est possible. Nous allons quand même surveiller. Si cela se passe mal, nous reprendrons, et plus probablement l'Arcep reprendra. Il s'agit d'un sujet hautement réglementaire, qui touche à des questions de non-discrimination [entre FAI sur les réseaux publics], au cœur de la régulation », précise Antoine Darodes.
Des projets d'harmonisation menés par les collectivités et opérateurs, comme GraceTHD et Interop'Fibre, portent leurs fruits. Le modèle de données GraceTHD, par exemple, serait déjà largement adopté par les projets de réseaux publics, pour faciliter leur gestion.
Interrogé sur son rapprochement avec Axione et son revirement sur la question des données, Maxime Lombardini s'est refusé à tout commentaire. « Nous n'allions pas bouder éternellement » lâche-t-il tout de même, avant de confirmer qu'ils travaillent toujours à l'harmonisation des données des réseaux publics.
Commentaires (30)
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#2
Merci pour les infos.
Sinon, question technico-juridique, c’est quoi les différences entre affermage et les autres types de RIP?
Pour le réseau ADN (Ardèche-Drôme Numérique) Axione était responsable du RIP v1, celui pour le “dégroupage”. Mais je n’ai pas vu passer d’info sur la partie v2 FTTH. Est-ce que le fait que ca soit un affermage fait qu’ils font la suite aussi?
#3
J’ai lu faille au lieu de taille, comprenez pas le sens du titre.😓😲
Bon, par contre, ils sont pas près d’arriver dans mon département désert.
#4
« L’établissement d’un guichet de commande unique et de SAV (GIE) est indispensable au succès des RIP » nous affirmait l’entreprise en début d’année. Un lointain souvenir désormais, Free accusant d’ailleurs « deux opérateurs intégrés » (comprendre Orange et SFR) d’avoir tué le projet dans l’œuf.
Ils y gagnent quoi?
Emmerder Free est suffisant je le conçois " /> mais sinon je comprends pas
Ou alors c’est Free qui dit que c’est de la faute des autres histoire de se dédouaner?
(réponse sérieuse non free-bashing préférée " />)
#5
https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9l%C3%A9gation_de_service_public
voir le passage “L’exploitation d’un service public”
Axione est concessionnaire du RIP v1, le RIP 2 est un nouveau marché public, nécessitant une procédure de mise en concurrence, puisque le législateur à imposer que les évolutions RIP v1 -> RIP v2 passent pas de nouveaux marchés, et non par avenant au contrat initial, ce qui, soit dit en passant, a pas mal retardé les choses.
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#7
ha non, mais je suis proprio et j’ai fais la demande au nom du syndic. Free n’a même pas répondu un non. ils font la sourde oreille.
#8
Il faut le faire mettre à l’ordre du jour de l’AG.
Comme en général les ordres du jour sont décidés en Janvier, envoie vite une lettre RAR demandant l’ajout de ce point à l’ordre du jour.
Pour ma part, ça a pris presque 1 an pour avoir les premiers abonnements (SFR bien avant le rachat) et Free est le dernier à ne pas s’être raccordé.
#9
tout ça est déjà fait depuis 2 ans. on a fait une AG, avec la question de la fibre à l’ordre du jour, on a remplit les papiers et envoyé à Free. et rien.
#10
Je sais pas trop si c’est une bonne ou mauvaise nouvelle.
C’est bon la taille est suffisante pour que les gros opérateurs puissent se brancher et récolter le fric…
Par contre les dépenses, c’est bien l’état qui les supportent.
C’est rip, ils peuvent facturer comme ils veulent (dans une certaine mesure) pour pouvoir être rentable et rembourser l’état ou c’est aussi castré et ça deviens une arnaque comme pour les autoroutes ?
#11
Aucun intérêt d’être opérateur d’immeuble vu le coût. Les archi sont standardisées en zone très denses depuis plusieurs années, et compatible avec ce que Free désirait (multi-fibre), ils ne risquent pas de fibrer un seul immeuble désormais.
Tout ce qu’ils font c’est arriver dans des caves, connecter toutes les jarretières pour ne plus revenir, et payer le pécule de l’opérateur d’immeuble comme s’ils achetaient de la fibre noire.
Total contrôle de leur archi et des coûts : ça n’a plus aucun aucun intérêt d’aller plus loin.
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Moi je l’ai ! " />
Désolé, j’ai pas pu m’en empêcher. " />
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Pire, la Haute-Marne." />
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6Mo/s soit 48Mb/s en cuivre c’est pas dégueux, j’aimerais bien avoir ça.
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Merci.
C’est bien ce qu’il me semblait pour le nouvel appel d’offre. Du coup vu la carte je me demande si c’est qu’Axione a gagné l’appel d’offre v2 mais que ce n’est pas encore officiel ou c’est juste qu’il mélange tout histoire de gonfler les chiffres.
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#21
En fait le fait que leur fibre passe juste devant chez toi ne veut rien dire pour ton raccordement !
Si tu veux être fibré chez toi, il faut aller voir ceux qui déploient du vertical, càd en zone AMII ou ZTD, Orange dans 90% des cas, SFR dans les 10% restant.
Free pour le vertical tu peux oublier, même en attendant 10 ans. Si tu veux rester chez eux (ce que je déconseille pour la qualité déplorable des interconnexions), alors il faut demander à concurrence de faire le déploiement sur lequel Free se branchera.
#22
oups il y a un petit souci dans mon commentaire précédent et je ne peux plus éditer…
#23
C’est surtout que dans le cadre d’un contrat d’affermage, Axione n’est pas le constructeur du réseau, il ne fait que l’exploiter (comme un fermier qui ne possède pas les terrains qu’il cultive, d’où le nom).
En l’occurrence, l’intérêt pour le déléguant est de faire des appels d’offre différents pour la construction/déploiement ET pour l’exploitation du dit réseau.
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c’est vrai que le temps imparti pour rectifier (Editer) son Post est TROP court (5 mn.) !
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Je confirme ta réponse, en précisant que mieux vaut quand même lancer un deuxième marché différent pour le RIP 2e généation car c’est très différent (réseau de desserte vs réseau de collecte), ça coûte beaucoup plus cher, et ça donne l’occasion de changer de délégataire quand on n’est pas très content du délégataire du RIP 1. Je ne vise personne bien entendu…
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le pire c’est que je suis pas chez eux mais chez OVH pour le VDSL. mais s’ils mettent la fibre dans l’immeuble, j’irai chez eux.
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Vivement la même avec Altitude.
Dans la Manche, c’est Orange ou SFR, sachant que SFR me dit que je ne peux pas avoir la fibre dans ma maison (je suis en abo 200 Mb chez Orange, sûrement de l’ADSL pour SFr ? o.O) donc Orange seulement.
Donc bien tondu à 40 € / mois pour une box moisie.