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Où en est le web3 ?

Et puis d'abord, c'est quoi ?

Où en est le web3 ?

Le 19 juillet 2023 à 07h56

Qu'est-ce que le web3 ? Comment l'écosystème a-t-il encaissé la chute des cours et les différents scandales de l'an passé ? Résumons la situation.

Est-ce qu’à l’été 2023, ce concept qui faisait bruisser toutes les conversations il y a à peine 18 mois a encore une consistance ? Telles sont les questions que nous nous sommes posées – et vous aussi – à force de suivre la chute du cours des cryptomonnaies et les répliques de scandales comme ceux qui ont agité l’écosystème crypto à partir de novembre 2022 et de la faillite de la place de marché FTX.  

« Derrière l’appellation web3, il y a plein de cas d’usages différents, indique la présidente de l’Association de développement des actifs numériques (ADAN), Faustine Fleuret. Le socle commun pour les acteurs de cet écosystème, que ceux-ci soient natifs du web3 ou des entreprises plus établies, ce sont les fondamentaux technologiques : la blockchain et les cryptoactifs ». 

L’utopie d’une phase 3 d’internet

Une autre manière de comprendre l’expression web3 est de l’inscrire dans un contexte plus long, indique la consultante en technologies innovantes Morgane Soulier : le terme reprend en effet une catégorisation courante des « ères » d’internet. Dans cette approche, « le web 1 est celui des débuts, le web statique, où l’on se rend principalement pour lire et consommer des contenus et où les interactions restent relativement rares. Le web 2 est l’étape du web social : chacun peut créer et partager du texte, de l’image et des vidéos, les réseaux sociaux permettent de connecter tout le monde. C’est aussi l’ère de l’émergence des GAFAM, qui créent une forme de centralisation et tirent profit des créations et interactions de leurs utilisateurs. » 

Face à cela, le web3, dont le concept aurait été créé par le fondateur d’Ethereum Gavin Wood en 2014, consiste à utiliser la blockchain pour remplacer les intermédiaires et ainsi ne pas avoir à se reposer sur « la confiance en une poignée d'entreprises privées qui agissent dans l'intérêt du public », tel que l’explique le site ethereum.org. À l’heure actuelle, Gavin Wood dirige la fondation Web3 et Parity Technologies, qui développe des logiciels pour cet écosystème.

Promettant plus d’égalité, plus de transparence, moins de hiérarchie, le concept donne naissance à une galaxie d’autres, parmi lesquels celui de NFT, une application de la blockchain censée permettre aux internautes de certifier leur propriété sur leurs créations numériques ; celui de smart contracts, des « contrats intelligents » qui ne se déclenchent que quand des conditions pré-codées sont remplies ; ou encore les DAO, pour « organisation autonome décentralisée », qui permet à un groupe de s’organiser en se partageant les droits de propriétés de la plateforme sur laquelle il se réunit, et en utilisant ces droits pour voter en cas de prise de décision.

Pour Julien Prat, co-directeur de la chaire de recherche Blockchain@X à l’école polytechnique, « il s’agit d’un rêve, d’une utopie qui permettrait de rendre aux créateurs numériques la propriété de leurs créations ». En ligne, de manière succincte, l’évolution est parfois décrite ainsi : « web 1 = read ; web 2 = read/write ; web 3 = read/write/own ».

À noter aussi : si les constats sur une trop grande privatisation du monde numérique sont partagés, le web3 version blockchain est a priori différent du web 3.0 auquel rêve le créateur du web qu’est Tim Berners-Lee (pour lui, il n’y a pas nécessairement besoin de blockchain pour résoudre les problèmes de captations de données orchestrées par les géants de la tech).

Utiliser la blockchain renforcerait la confiance

L’un des principaux problèmes du web3 – et de l’écosystème crypto en général – tourne autour de l’idée de confiance. Si la blockchain paraît si intéressante, c’est qu’il s’agit d’une technologie permettant de stocker et transmettre des données de manière distribuée. Elle est donc utile pour qui « cherche à réduire la dépendance envers certaines entités centrales, indique Morgane Soulier, de stocker des données de manière transparente et décentralisée sans passer par un tiers de confiance ».

Dans son essai No Crypto, la journaliste Nastasia Hadjadji rappelle que le Bitcoin, la cryptomonnaie fondatrice, est née des cendres de la crise économique de 2008 : pour son créateur mystère Satoshi Nakamoto comme pour beaucoup de ses acolytes, se défaire de la dépendance à des institutions centrales comme les banques avait un attrait certain. 

La blockchain permettrait en effet de réaliser des transactions « trustless », sans confiance en une entité intermédiaire, ou pour lesquelles la confiance serait située dans le réseau distribué et dont chaque bloc est validé par l’« intelligence collective » (ou, techniquement parlant, par un protocole de preuve de travail ou de preuve d’enjeu, par exemple). 

À l’hiver 2021, le succès des NFT (non-fongibles tokens, jetons non-fongibles) a participé à faire exploser le concept de web3. En permettant d’enregistrer sur une blockchain un titre de propriété correspondant à des créations numériques (images, vidéos, mèmes, morceaux, etc), une bonne partie des adeptes de crypto y ont vu une manière d’établir des titres de propriétés adaptés à l’économie du numérique. « Cette possibilité pour les personnes de contrôler la valeur de ce qu’ils produisent explique qu’un autre synonyme de web3 soit "internet de la valeur" », explique Faustine Fleuret, « par opposition au web 2, qu’on qualifie souvent d’ "internet de l’information". »

Mais cette histoire de confiance contient des failles

Pour certains spécialistes de la cryptographie, le succès des NFT n’a été qu’une goutte de plus dans un océan d’incohérences. Sur son blog dédié à la question, le spécialiste de la sécurité informatique Pablo Rauzy s’étonne du succès de la blockchain pour établir des titres de propriété, dans la mesure où celle-ci « n’a pas beaucoup plus d’intérêt que le papier, mais a par contre beaucoup d’inconvénients que le papier n’a pas (consommation énergétique, transactions acentrées impossibles, etc). »

Surtout, il souligne que rien n’empêche de créer plusieurs NFT « (et même autant qu’on veut) pour exactement le même objet (donc il peut y avoir plusieurs certificats de propriété pour une même œuvre) », ce qui paraît plus susceptible de créer des problèmes qu’en résoudre grâce à de la confiance et de la décentralisation.

Dans un autre billet, Pablo Rauzy démontre par ailleurs que l’hypothèse d’une plus grande confiance et d’une plus grande décentralisation permises par la blockchain sont fausses, dans la mesure où ce sont des intermédiaires (le notaire, l’université, la banque, etc) qui permettent de donner un sens et une valeur aux éléments dont on cherche à prouver l’authenticité (le titre de propriété, le diplôme, le billet etc.). 

Ce point-là permet de souligner deux autres problématiques dans la manière qu’ont les communautés crypto et web3 d’évoquer la confiance : si la blockchain permet d’éviter d’avoir à placer sa confiance en un intermédiaire, elle ne la fait pas disparaître non plus. Elle la déplace vers la technologie qui permet d’établir les transactions et vers son fonctionnement. Or l’histoire récente montre que le nombre d’acteurs capables de valider les blocs de l’une ou l’autre blockchain est foncièrement restreint, de même qu’un très petit nombre d’acteurs jouissait jusqu’à récemment d’un immense pouvoir sur l’écosystème du web3.

Par ailleurs, quid de la confiance du grand public ? Sans elle, pas d’adoption de grande échelle. Et sans adoption de grande échelle, le web3 deviendra-t-il vraiment une nouvelle itération du web 2 ? 

Quels usages pour le web3 ? 

Pour creuser ces questions, il faut d'abord avoir idée des usages du web3. Les premiers sont clairement financiers. Les cryptomonnaies sont utilisées à des fins d’échange ou, très souvent, de spéculation. « Au bout de quinze ans de développement, on a aussi pu mettre au point des cas plus complexe d’échange de valeurs, indique Faustine Fleuret, pour des actions, des titres financiers classiques, pour des objets d’art… Les smart contracts permettent aussi de faire du prêt, en fonction de conditions pré-remplies. »

Autre catégorie d’usage « évident », notamment courant 2021 : le jeu vidéo. Avec des NFT, il serait possible de se rendre officiellement propriétaire d’un objet acheté dans un monde virtuel puis de le déplacer et de s’en servir ailleurs. Mais cela n’est, encore une fois, que la théorie. 

En pratique, pour que le concept ait une réelle utilité, il faudrait atteindre une interopérabilité entre les différents univers (voire métavers, qui sont l’un des espaces où l’écosystème web 3 envisage beaucoup d’applications) pour le moment inexistante. Sans parler de réussir à les sécuriser, pour éviter des problèmes aussi importants que celui d’Axie Inifinity qui, après avoir attiré toute une population parfois précaire en faisant miroiter de possibles gains rapides, s’est vu pirater 620 millions de dollars en mars 2022.

On a aussi vu des sociétés annoncer des formes de cloud 3.0. Beaucoup d’autres, du côté des entreprises plus classiques, ont proposé d’utiliser certaines applications de la blockchain – et plus ou moins du web3, si l’on considère que les NFT s’y réfèrent nécessairement – pour de la création, comme Nike avec sa filiale RTFKT ou Dolce&Gabbana avec sa Collezione Genesi, qui liait créations physiques et numériques. À l’été 2022, pas moins de 300 marques avaient par ailleurs acheté leurs propres parcelles de « terrain numérique » au sein de la plateforme the Sandbox. 

Des applications qui, fondamentalement, posent question : « Que Gucci achète un terrain dans le metavers, qu’est-ce que ça change pour le client, interroge Nastasia Hadjadji, qu’est-ce que ça apporte pour le business ? » Même question, pourrait-on dire, pour Vuitton, qui lançait début juin une malle NFT à 30 000 euros. Pour la journaliste, si les secteurs de la mode, du luxe ou de la grande distribution trouvent un tel intérêt au web3, c’est avant tout pour des raisons de communication et de marketing : « C’est une manière de montrer qu’elles sont tendance, de se placer en leader d’opinion. »

De même, là où certains voient dans les NFT une manière de « révolutionner » la billetterie, en ajoutant des services ou des biens au billet de concert ou de match vendu, Nastasia Hadjadji pointe vers l’informaticien et cryptocritique britannique David Gerard, « qui montre très bien que d’un point de vue technique, ce type de technologie ne procure rien de plus qu’une bonne base de données ».

« La question derrière, ce n’est pas tant l’enjeu technique que la manière de gérer les rapports de pouvoir, continue l’autrice, comment on décide ensemble, comment on sécurise les décisions, etc. » Sur un ton moins critique, Morgane Soulier estime de son côté que s’il y a un consensus autour du web3, c’est bien que le concept est « en constante évolution ». Pour réussir à vraiment le fixer, le principal enjeu à relever est (encore) celui de l’adoption.

Quels effets des scandales des années passées ?

Or, tous ceux que nous avons interrogés s’accordent à le dire, l’effondrement des cryptomonnaies et l’enchaînement de scandales entamés l’an dernier ne sont pas là pour aider. Outre les piratages massifs – début 2023, la plateforme de bug bounty Immunefi calculait que l’écosystème du web3 avait perdu 3,9 milliards de dollars en fraudes et hacks divers sur la seule année précédente –, la chute des cours (le Bitcoin a fondu de 66 % courant 2022) a constitué l’un des gros coups de semonces, à la fin du premier semestre.

Puis la chute de la place de marché FTX, les révélations successives sur son ex-patron Sam Bankman-Fried, les répercussions jusqu'à la Silicon Valley Bank ont encore détérioré l’image du milieu. Elles ont aussi révélé au grand jour l’interdépendance d’une grande partie de ses acteurs, note la Banque de France.

Ces événements n’ont fait que renforcer les diverses accusations faites à l’encontre du milieu crypto de n’être qu’une vaste pyramide de Ponzi, dans laquelle les anciens investisseurs tirent leurs profits de l’argent frais apporté par les nouvelles personnes brusquement séduites par la promesse de gains faciles. Dans un long article, The Baffler détaille de son côté en quoi le fonctionnement du monde des cryptomonnaies peut être comparé à celui d’un cartel (au sens économique du terme : un oligopole dont une poignée d’acteurs détiennent le contrôle du marché).

La critique rejoint celle formulée ailleurs, contre les acteurs financiers qui ont permis à toutes sortes de start-ups de se financer avant de trouver un modèle économique stable. C'est le cas du fonds Andreessen Horowitz (aussi connu sous l’acronyme a16z), vertement critiqué en mars par la crypto-sceptique Molly White (qui gère le site Web3 is going just great).

Quand on en parle à Faustine Fleuret, celle-ci confirme qu’Andreessen-Horowitz jouit de sa réputation d’acteur majeur de la tech : « leur nom est en soi un gage de crédibilité, donc s’ils ne font pas le travail d’audit et d’information qui leur incombe, ça entraîne mécaniquement un grand nombre d’acteurs dans leur sillage. »

Nastasia Hadjadji, elle, pointe un autre enjeu : « Ils ont un tel poids économique qu’ils ont quasiment la capacité de manipuler le marché. » Notons qu’en quelques mois, Andreessen Horowitz semble s’être un peu déporté du web3 (dans lequel il a tout de même investi plus de 7,5 milliards de dollars depuis 2018) vers l’IA.

Quelles idéologies ?

Dans son essai, Nastasia Hadjadji s’intéresse aussi (surtout) aux idées politiques de ces grands financiers et de la variété d’acteurs qui font l’écosystème crypto. « Quelques-unes de leurs réflexions valent le coup d’être creusées, estime-t-elle. Le système bancaire, par exemple, mériterait d’être mis à plat. D’autres prémisses comme la lutte contre la surveillance numérique ou la résistance à la coercition des États ou des entreprises, ça peut être intéressant. »

Elle diverge « fondamentalement », en revanche, sur les solutions à apporter à ces problèmes et sur le programme politique des cypherpunks passés fans de crypto. De cette pensée anti-surveillance et pro-chiffrement des années 90 a effectivement émergé une petite frange au discours ultra-libéral dont l’un des tenants est le fameux Marc Andreessen.

La journaliste cite aussi Peter Thiel, qui s’est longtemps fait le promoteur des cryptoactifs et même du web3, au moment même où il se délestait de tous ses investissements dans le Bitcoin. Dans son livre, elle détaille aussi le fonctionnement quasi-religieux de toute une frange du milieu, travail qui lui a valu une campagne de cyberharcèlement.

Elle explique comment ce milieu a pu jouer de la crédulité de certains, voire comment le concept même de « web3 » a pu servir à entretenir une « hype », à « attirer de nouveaux investisseurs publics et privés » et permettre ainsi aux « premiers détenteurs de ces actifs numériques » d’encaisser des plus-values « en vendant leurs actifs contre l’argent frais apporté par les derniers participants ».

« Au regard du manque de preuves que cette industrie fournit sur son utilité sociale, au regard de ses effets négatifs en termes écologiques et politiques, puisqu’il s’agit d’un cheval de Troie d’idées conservatrices, il faudrait vraiment remettre en question cet écosystème » estime Nastasia Hadjadji.

Du côté de l’ADAN, qui prend le rôle de syndicat des acteurs français du web3, si l’on ne nie pas les dérives de l’écosystème, le son de cloche est forcément différent. Faustine Fleuret pointe les emplois créés (plusieurs milliers en France), les succès (comme Sorare, licorne française) et la difficulté, pour les acteurs hexagonaux, de devoir supporter les effets secondaires du scandale FTX, « alors que ça n’était pas un acteur français, qui n’était donc pas soumis à nos régulations ».

La régulation, enjeu aussi politique qu’économique

Car la présidente de l’association professionnelle le rappelle, la France a été à la pointe en matière de régulation des acteurs du web3, y dédiant un volet dès 2019. Dans sa loi Pacte, elle cadrait les Initial Coin Offering (ICO) (levées de fonds en cryptoactifs) et créait le statut de Prestataire de services sur actifs numériques (PSAN).

À l’époque, ce volet réglementaire avait pu être perçu comme lourd, mais aujourd’hui, « c’est un outil qui peut servir à restaurer la confiance ». Pour l’experte, l’intérêt qu’ont porté très tôt les institutions au domaine est une aubaine, « un pari sur le long terme », qui a permis la construction d’un écosystème très structuré, « plus sûr et plus sérieux » qu'ailleurs.

L’enjeu est réel. Il devient, depuis quelques mois, beaucoup plus largement partagé. Si les États-Unis n’ont « jamais voulu clarifier les règles qui s’appliquaient aux acteurs de cet univers », les voilà qui agissent au moins par le prisme d’enquêtes de la Securities and Exchange Commission (SEC). Binance (et son fondateur Changpeng Zhao) et Coinbase, les deux plateformes les plus importantes du marché, sont en effet sous le coup de plaintes du gendarme financier.

« Nous estimons que Zhao et les entités de Binance se sont engagés dans un vaste réseau de tromperies, de conflits d'intérêts, d'absence de divulgation et d'évasion calculée de la loi » a déclaré son directeur Gary Gensler dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux. Parmi les chefs d’accusation : cibler les clients américains depuis une entitée de Binance située hors des États-Unis, violer les lois locales sur les titres financiers, et de détourner une partie de ses fonds.

La Chine aussi reste très active sur le sujet. Le 27 mai, par exemple, la ville de Pékin publiait un livre blanc intitulé « Innovation et développement de l’internet 3.0 », selon le média The Paper, document dans lequel le web3 est décrit comme une opportunité qui nécessite autant des investissements que de la régulation. Le jour même, Changpeng Zhao faisait remarquer que le timing de la publication était très proche de l’entrée en vigueur d’un nouveau régime de régulation à Hong Kong, qui a eu lieu le 1er juin.

Quant à l’Union Européenne, elle a adopté le mois dernier un règlement sur les marchés de crypto-actifs (Markets in Crypto-Assets, ou MiCA), qui doit commencer à harmoniser leur environnement. Elle ne s’applique pas à tous les éléments du web3, cela dit. Les NFT, par exemple, sont exclus du champ d’application du texte et doivent être le sujet d’une future législation – dans un rapport paru le 18 juillet, l'Inspection Générale des Finances française propose que les NFT soient directement intégrés au réglement MiCA lorsque celui-ci sera révisé.

Le futur dira si enquêtes et nouveaux cadres suffisent à faire du web3 le nouvel internet. S'ils sont loin des niveaux pharaoniques de la fin 2021, on peut se demander si la remontée des cours de plusieurs cryptomonnaies, Bitcoin en tête, n'est pas le signe d'un regain d'intérêt. Quelle que soit la réponse, les chances que le web3 et le monde des cryptos au sens large continuent d'attiser les débats restent relativement élevées.

Commentaires (42)

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Un bien bel article :chinois:



Sur le papier, le web3 a de belles promesses, mais dans la réalité, j’avoue avoir du mal à le voir se réaliser.
La centralisation des plateformes apporte beaucoup de facilités aux utilisateurs (au prix de leur vie privée) et c’est clairement leur force.



Les alternatives type fediverse n’attirent pas les foules, et se pose effectivement la question du financement, le web3 veux apporter des réponses sur cette partie, mais sans utilisateurs, ça n’ira pas bien loin.
Pour le moment en tout cas, tout ça est un bouillon de culture très volatil, est-ce qu’il en sortira quelque chose de concret un jour ? Aucune idée.

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Merci pour l’article de qualité.

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Le web3 n’a pas été créé en 2014. Le web3 (je parle bien du terme) existe depuis bien avant l’ère blockchain et est employé déjà dès 2006 pour désigner plus ou moins le web sémantique, par nul autre que Tim Berners Lee, considéré comme un des pères du web.



La “puissance marketing” autour de la blockchain a dévoyé non seulement le terme web 3, mais aussi le terme crytpo. Avant, la “crypto”, c’était la cryptographie. Aujourd’hui, la “crypto”, c’est la crypto-monnaie.



Je ne nie pas l’intérêt de la blockchain dans certains cas. Par contre, il faut bien différencier les blockchains publiques des blockchains privées.



Pour les publics, aucun régulateur, si ce n’est l’ensemble des “participants”. La blockchain publique a permis l’émergence d’un système sans tiers de confiance.



Pour les privées, c’est en fait un oxymore. La blockchain privée nécessite un tiers de confiance, et s’appuie donc sur un système qui est forcément plus ou moins centralisé. L’intérêt est alors simplement de placer un buzzword (blockchain), comme on a pu le connaitre par le passé avec plusieurs vagues (nosql, cloud, microarchitecture, …) dévoyant complètement l’intérêt réel de la technologie en l’utilisant “parce qu’elle est cool” plutôt que pour répondre à un besoin réel.



Pour ce qui est des crypto-monnaie en elle-même, je n’en dirai rien. Je vais troller sinon :non: (mais je n’en pense pas moins :francais: )

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Si je puis me permettre, il faut bien distinguer le Web sémantique (ou Web 3.0) de Tim Berners-Lee dont l’objectif était d’établir des normes standardisées W3C, et donc des biens communs, du Web3 lié à la blockchain, aux cryptoactifs, NFT, DAO & Cie, et donc bien plus spéculatif, et libertarien.

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Tout à fait. C’est justement ce que je reproche à l’écosystème blockchain : on prend un terme, tant pis s’il existait déjà, et on l’utilise à notre sauce : web3, crypto.



Une phrase comme “je travaille dans la crypto” ou “je travaille sur le web 3.0” n’a pas du tout la même signification en 2013 qu’en 2023




du Web3 lié à la blockchain, aux cryptoactifs, NFT, DAO & Cie, et donc bien plus spéculatif, et libertarien.


Attention quand même : la technologie de la blockchain en elle-même n’est pas spéculative. Et elle n’est libertarienne que si elle est publique. Sinon, c’est même plutôt l’effet contraire !

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J’irai même plus loin: D’après mes souvenirs la qualification de web 2.0 a été promu en parallèle des efforts de la W3C avec le CSS3 et l’HTML5 pour justement valoriser un web plus dynamique et interactif, et pour souligner sa différence du web “d’avant”, statique, qui a été qualifié de web 1.0. Il n’y a pas eu a ma connaissance de consensus sur l’utilisation de termes comme web1, web2. (Par exemple https://www.zsmicrotech.com/web2_development.htm )



Comme décrié par @fdorin, je me sens également agacé par la vague commerciale qui a bouffé le web 3.0 et mélangé les 2 sujets qui n’étaient pas liés. Mais c’est peut être parce que je partage les convictions d’un internet décentralisé (pas forcément fédéré)

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En 2004 le Web2 c’était le web sémantique, bien avant les réseaux sociaux, bien avant le web3. Cocasse car c’était tout l’inverse de la centralisation opérée par ces derniers.



Croire que des entreprises privées puissent agir dans l’intérêt du public est une utopie dangereuse.
Dans la description que le lis c’est de la spéculation et la recherche du profit personnel par quelques uns, au détriment des ressources de la planète et du reste de l’humanité (puisque tout ce virtuel est un gouffre à ressources bien réelles), et le moyen moderne de blanchir de l’argent sale.

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Rha j’ai lu DAO pour Data Acces Object

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Alors que tout le monde sait que DAO signifie Dessin Assisté par Ordinateur




sassa a dit:


(…) le moyen moderne de blanchir de l’argent sale.


Je crois bien au contraire que le FBI se félicitait de pouvoir tracer toutes les transactions grâce aux blockchains. Mais je ne sais plus où j’ai lu ceci.



Sinon bravo Mathilde pour cet article :chinois:

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Mon avis, et tout le monde y sera bien évidemment opposé…



L’idéal d’isolation/autonomie du web3.0 est un idéal d’ingénieur informaticien (oui, celui là même). Les entreprises du Net et les utilisateurs veulent l’inverse, pour des raisons différentes.



Le web d’aujourd’hui existe et fonctionne car, malgré une décentralisation “matérielle” (server, adresses ip), il est fédéré au travers des registrars, des certificate authorities, des index (google/bing), des régies pub et d’une poignée de gros sites qui permettent à tout le monde de se retrouver.



L’existence et le succès de GitHub montre qu’un service expressément conçu pour être isolé/autonome (git) finit par être fédéré puis fusionné par un acteur du web.

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Merci pour ce super article :incline:

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Merci pour cet article et tous les liens externes. J’ai beaucoup appris.



My 2cts:



Concernant les limitations que je vois, c’est qu’à la fin, tout repose sur LA clé privée du propriétaire.



La clé est perdu => les biens seront toujours présent mais plus à personne, à jamais.
La clé est volée => tout est volée, pas de retour arrière possible.



Déjà, en ce qui me concerne, informaticien, je m’estime assez logique dans mes choix technique. Je ne sais même pas comment protéger correctement ma clé privée.




  • Un ledger pour protéger la seed. S’il tombe en panne? Si le random n’est pas si random que ca? Comment je le lègue si je décède?

  • Alors un backup papier en clair pour protéger le ledger
    Mais je le met où ce backup papier? lui est reproductible. On peut le prendre en photo? Je le met chez un tier de confiance? Un coffre en banque? Je fais confiance dans une banque?

  • Alors un backup en 3 composants avec quorum 2 parmi 3, gravé sur plaque de titane? Mais où je les caches? En qui je peux avoir assez confiance? Je les planques, ok, je mets les lieux dans mon testaments? je fais confiance dans un notaire?



Bref, on voit que c’est bien complexe, déjà pour moi qui m’y connaît un peu, alors pour la population non technophile, ça me parait peu probable que le monde de demain soit web3.



L’avantage d’un notaire, d’une banque, c’est qu’il y a un minimum de contrôle, même si j’ai 1 million d’euro sur mon compte courant, ma banque bloquera et me préviendra si elle voit un virement sortant de ce million, au moins pour valider que c’est pas un vol. Un notaire vérifiera que celui qui vend un bien est bien physiquement la personne qui a le droit de vendre ce bien. La lourdeur administrative force aussi la réflexion.

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Avoir un modèle qui permet d’être assez sécurisé, mais accessible à tout le monde est un des enjeux actuels pour ceux qui développent des porte-monaies. Il y a un concept qui émerge depuis pas mal de temps et nommé récemment AA pour “account abstraction”. Ce n’est rien d’autre qu’un smart-contract qui gère le porte-monnaie de quelqu’un, sous forme de multi-signature intelligent. Cela existe depuis longtemps, mais AA c’est une standardisation de ce concept pour accélérer son adoption.



Tu as 3 ou 4 clés (par exemple). Tu peux en donner une à un frère, une à un ami (qui ne connaît pas ton frère) et tu en gardes une ou 2 aussi. Si tu perds tout, ton frère et ton amis peuvent se parler et avoir accès aux porte-monnaie (il y a des garde-fous là aussi). Tu peux créer des règles par exemple “n’autorise pas à dépenser plus de 100€ dans une transaction, sans utiliser au moins 2 signatures” etc. Et tout ceci se passe sur un appli de telephone.



Le but étant de donner le droit à l’erreur et de minimiser l’importance de chaque clé séparée.

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fdorin a dit:


Le web3 n’a pas été créé en 2014. Le web3 (je parle bien du terme) existe depuis bien avant l’ère blockchain et est employé déjà dès 2006 pour désigner plus ou moins le web sémantique,


Ça, c’est le Web 3.0, pas le Web 3 (oui, je suis sérieux).

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(quote:2143547:Stéphane Bortzmeyer)
Ça, c’est le Web 3.0, pas le Web 3 (oui, je suis sérieux).


Tu es donc en train de mettre les points sur les i sur le web :francais:



Plus sérieusement, je suis preneur d’une source. Autant je suis d’accord qu’en 2006 on ne voyait que Web 3.0 (en tant qu’évolution du Web 2.0). Autant aujourd’hui, on lit les deux (web 3 et web 3.0) pour désigner les crypto actifs.

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La source n’est quand-même pas très compliquée à trouver :
fr.wikipedia.org Wikipediafr.wikipedia.org Wikipedia

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Merci pour le super article !
C’est pas si fréquent que ça les articles sur le sujet qui ne sont ni une pub pour un scam ni une critique aveugle qui met tout dans le même sac.

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Pour moi, web1 ou web2 ou web3 tel que discuté dans l’article, c’est du pur bulshit marketing pour vendre du vent.



Les premiers sites web étaient statiques par opposition aux pages dont le contenu est dynamique mais cela n’empêchait en rien de partager du texte, des images ou de la vidéo. En revanche, cela nécessitait d’être développeur web.



‘Pour moi, ce que l’on pourrait appeler web2 correspond à l’arrivée des pages dynamiques via perl puis php et d’autres (dont java :vomi1: ), et des CMS qui permettent à plus de gens de partager des choses. C’est aussi l’arrivée de JavaScript.



Pour moi, Facebook et les réseaux sociaux ne sont qu’un type de CMS parasite centralisé avec recherche incorporée et volonté d’enfermement des utilisateurs.



S’il devait y avoir un web3, ce serait la montée en puissance du frontend avec les web app et la généralisation des api restfull, un vrai saut technologique.

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L’article ne répond pas à la question… mais parle beaucoup de crypto et de régulation.

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(reply:2143546:Stéphane Bortzmeyer)


Web4? :non: Tu as un train de retard, l’avenir est dans le web5 https://coinacademy.fr/actu/crypto-jack-dorsey-projet-web5/

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Bon, je vais aller déposer la marque “Web 69”, vu que de toute façon ça va finir en tête à queue toute cette histoire.

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Il faudrait décerner une médaille à la frange crypto-libertarienne pour l’ensemble de son œuvre, championne pour faire parler d’elle et attirer des capitaux en brassant du vent.



Puis on mettrait une éolienne derrière chaque libertarien, pour qu’ils servent quand même à quelque chose.

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La blockchain n’aura d’intérêt qu’avec la validation des données qui sera nécessaire pour alimenter nos modèles d’IA générative. On sait bien que la qualité de nos modèles d’IA se reposent sur la qualité des données en entrée, mais l’ownership et la contamination de ces données va faire de plus en plus débat. Pour moi c’est là un intérêt majeur de la blockchain couplé à un service de KYC: savoir d’où viennent les données, d’où viennent les informations. On pourrait faire cela avec des bases de données gérées au niveau d’une région ou d’un état, mais je doute que cela soit accepté par les utilisateurs. Je pense que la blockchain est une solution technique plus acceptable qu’une base de données centralisée pour ce cas d’usage.

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?! faut dormir ;-)




David Gerard, « qui montre très bien que d’un point de vue technique, ce type de technologie ne procure rien de plus qu’une bonne base de données ».


pour avoir farfouillé et fais 2 ou 3 PoC sur ce sujet, je partage entièrement cet avis ! In fine 99% des usages d’une blockchain sont une base de données publiques et payantes à l’écriture. Ça n’a aucun intérêt pratique, et que des inconvénients.
Petit aparté : depuis le RGPD une blockchain est quasi systématiquement illégale : l’écriture étant unique et définitive, il est impossible de stocker la moindre donnée en lien avec un humain. Le droit de rectification des données ne pouvant pas s’appliquer sur une blockchain.

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Merci pour cet article bien écrit ! Serait-il possible d’en avoir un prochain sur le web 4.0 ! Voir : https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/ip_23_3718.

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Merci Mathilde, voilà un article que je vais partager offrir et surtout relire avant mes prochaines discussions sur ce sujet !



:inpactitude:

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SebGF a dit:


Bon, je vais aller déposer la marque “Web 69”, vu que de toute façon ça va finir en tête à queue toute cette histoire.


Trop tard https://www.okx.com/fr/markets/prices/web69-web69 c’est dans le sujet en plus :)

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(╯°□°)╯︵ ┻━┻

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SebGF a dit:


Bon, je vais aller déposer la marque “Web 69”, vu que de toute façon ça va finir en tête à queue toute cette histoire.


Dommage qu’il n’y ait pas de bouton Like sur NextInpact.

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Merci pour ce très bon article, bien fouillé, bien écrit et bien fourni en références !

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ForceRouge a dit:




  • Un ledger pour protéger la seed. S’il tombe en panne? Si le random n’est pas si random que ca? Comment je le lègue si je décède?


Et en français, ça donne quoi ?
Je comprends “random”, je pense voir ce qu’est la “seed” mais alors le “ledger”, je n’ai aucune idée de ce que c’est. Vu la phrase, ça doit protéger la “seed” mais comment ?

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Faut juste aller lire la définition d’un ponzi. Le reste c’est un truc tech de nerdz.



Ce csc de compétition.

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Hugues1337 a dit:


Faut juste aller lire la définition d’un ponzi. Le reste c’est un truc tech de nerdz.


Ma remarque ne portait pas sur le système de Ponzi …

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Sans blague.

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Thorgalix_21 a dit:


Et en français, ça donne quoi ? Je comprends “random”, je pense voir ce qu’est la “seed” mais alors le “ledger”, je n’ai aucune idée de ce que c’est. Vu la phrase, ça doit protéger la “seed” mais comment ?


Ledger, c’est un porte monnaie électronique pour stocker des crypto monnaie. Concrètement, ca permet de générer et stocker une clé privée de façon sécurisé.



La seed, c’est le nombre aléatoire qui permet de générer la clé privée. En théorie, et j’espère que c’est le cas en pratique, le nombre généré doit être aléatoire. La génération de nombre aléatoire étant assez complexe, en plus de l’implémentation de ce qu’on en fait, il est possible que ce nombre aléatoire soit en partie prédictible, et donc qu’il puisse y avoir un vol massif de clé privée.



Dernier exemple important en date: ssh-keygen de debian qui générait une clé privée parmi un échantillon très restreint à cause d’une variable de dev qui n’avait pas été enlevé. Je crois que la seed était le PID du process…



Coté protection, il n’est en théorie pas possible de lire la clé privée directement, mais uniquement de lui faire calculer des signatures, protégé via un code PIN. 3 codes faux et la clé privée est supprimé du matériel.



J’espère que c’est plus clair.

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titimoi a dit:


Merci beaucoup pour cette information. Ça répond plutôt bien à mes inquiétudes sur le sujet. Avec un packaging conviviale (GUI, API, …) autour de ça, pourrait rendre la solution accessible au plus grand nombre en masquant pas mal la complexité.

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Argent wallet est certainement l’un des wallet les plus aboutit avec deja tout ce qu’il faut niveau UI et fonctionnalité https://www.argent.xyz à noter que je ne suis pas affilié, et je ne l’utilise pas moi même. Le seul souci c’est qu’il ont commencé sur Ethereum et que le prix du gas à mis un gros frein à leur développement. Ils sont maintenant sur les L2 avec la fragmentation que l’on connaît.

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yannickta a dit:


La source n’est quand-même pas très compliquée à trouver : fr.wikipedia.org Wikipediafr.wikipedia.org Wikipedia


As-tu lu tes sources ? Elles disent exactement ce que je dis. Et pour information, sans recoupement, Wikipédia n’est pas une source fiable.

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On ne s’est pas compris alors. Tu semblais chercher des sources qui confirmaient ce que tu dit. Si Wikipédia dit la même chose, ça me semblais bien parti. Il faut dit que la demande de source ne porté que sur une simple phrase de Stéphane…
Après si Wikipédia n’est pas assez fiable, tu as en bas des pages la liste des sources, voire dans ces dernières d’autres sources.

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Ou en est le Web3 ?


ICI.



(Avec mon stock de poisson… :frown: )

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Excellent article. Merci beaucoup.

Où en est le web3 ?

  • L’utopie d’une phase 3 d’internet

  • Utiliser la blockchain renforcerait la confiance

  • Mais cette histoire de confiance contient des failles

  • Quels usages pour le web3 ? 

  • Quels effets des scandales des années passées ?

  • Quelles idéologies ?

  • La régulation, enjeu aussi politique qu’économique

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