Oculus reconnu coupable de rupture de contrat et de violation de copyright contre ZeniMax
Oculus Fric
Le 03 février 2017 à 10h00
7 min
Droit
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Le procès opposant ZeniMax à Oculus VR a connu son dénouement hier. Le jury a estimé que la filiale de Facebook est coupable de rupture de contrat et violation de copyright. L'entreprise et ses deux dirigeants, Palmer Luckey et Brendan Iribe, sont également conjointement coupables de deux autres infractions.
Depuis le mois de mai 2014, Oculus VR et ZeniMax, la maison mère de l'éditeur Bethesda, se disputent la paternité du code intégré dans l'Oculus Rift.
ZeniMax assure avoir dévoilé ses travaux en cours sur la réalité virtuelle à Oculus, sous le couvert d'un accord de non-divulgation (NDA), et avoir « littéralement transformé le Rift en y ajoutant des composants matériels et développé des logiciels nécessaires à son fonctionnement », dont son kit de développement (SDK). De l'autre, Oculus VR, qui a notamment débauché John Carmack de chez ZeniMax, assure qu'aucune ligne de code de son produit n'est issue de ce partenariat.
Si vous n'aviez pas suivi en détail l'affaire ou que vous avez besoin de vous rafraichir la mémoire, les résumés des arguments des deux camps sont accessibles dans ces deux actualités :
- ZeniMax tente le tout pour le tout et poursuit Oculus VR en justice
- Oculus VR : « ZeniMax sait qu'elle n'a rien fait sur le Rift »
Trois millards et trois jours pour boucler un rachat
Ces dernières semaines, de nouveaux éléments ont été révélés dans l'affaire, notamment grâce à une audition au tribunal de Mark Zuckerberg, relayée par The New York Times. Le fondateur de Facebook a par exemple détaillé les conditions dans lesquelles la transaction avec Oculus s'est effectuée.
On apprend ainsi qu'à l'origine, Brendan Iribe réclamait 4 milliards de dollars pour son entreprise. Les deux parties ont fini par se mettre d'accord sur un prix de 2 milliards de dollars, celui qui a été annoncé publiquement, mais la note était en fait plus élevée que ça. Il faut y ajouter 300 millions de dollars promis en cas de réalisation de certains objectifs, mais aussi 700 millions, versés à des membres clés de l'entreprise afin de s'assurer de leurs services même après le rachat. La note totale s'élevait donc plutôt à 3 milliards de dollars.
Interrogé par l'avocat de ZeniMax, Mark Zuckerberg a aussi expliqué que la transaction n'a pas demandé beaucoup de temps pour être conclue. « Donc votre plan pour une transaction à 2 milliards et quelques, était d'entamer votre passage en revue juridique le vendredi et de signer le mardi ? », a demandé l'avocat, « Ouais », lui répondra Zuckerberg, résument nos confrères de Business Insider.
ZeniMax réclamait 2 milliards de dollars de dommages
ZeniMax venait alors de chiffrer ses demandes à la cour. L'éditeur de Fallout et de Skyrim attendait au total 2 milliards de dollars de dommages de la part d'Oculus VR et de trois de ses employés clés : John Carmack, Brendan Iribe et Palmer Luckey.
Les chefs d'accusation évoqués par l'éditeur étaient au nombre de sept :
- Appropriation illicite de secrets commerciaux (contre Oculus, Facebook, Luckey, Iribe et Carmack)
- Conversion de propriété intellectuelle (contre John Carmack)
- Violation de copyright et tromperie sur l'origine d'un produit (contre Oculus, Facebook, Luckey, Iribe et Carmack)
- Violation de marque déposée (contre Oculus, Iribe et Luckey)
- Rupture de contrat (contre Oculus et Luckey)
- Interférence délictueuse (contre Facebook)
- Concurrence déloyale (contre Oculus et Facebook)
L'ancien employeur de John Carmack n'a toutefois pas obtenu gain de cause pour l'ensemble de ces chefs d'accusation.
50 millions de dollars ont ainsi été prononcés au titre de la violation de copyright, et la note devra être réglée par Oculus. Une analyse commandée par ZeniMax et pilotée par le Dr David Dobkin, professeur à l'université de Princeton, avait été réalisée et ses conclusions étaient sans appel. « Je suis absolument certain qu'Oculus a copié des parties du code de ZeniMax », déclarera ainsi à la barre le professeur. De son côté, Oculus estime que le test dit « AFC » (Abstraction-Filtration-Comparison) réalisé n'est « pas valable et est inconstitutionnel », ce qui pourrait alimenter une procédure en appel.
Pour la rupture de contrat, Oculus devra verser 200 millions de dommages à ZeniMax. Le contrat concerné n'est autre que le NDA signé en 2012 entre les deux entreprises, et dans le cadre duquel l'éditeur a confié certains de ses secrets au fabricant de casques de réalité virtuelle.
250 millions de dollars viennent s'ajouter à la note, au titre de la violation de marque déposée et pour tromperie sur l'origine d'un produit. Une somme répartie comme suit : 150 millions de dollars sont dus par Brendan Iribe, 50 millions par Palmer Luckey et 50 millions par Oculus.
La cause de cette condamnation trouve ici sa source du côté de la campagne Kickstarter pour le casque. Oculus avait alors présenté ZeniMax comme un partenaire et fait la démonstration du jeu Doom 3 en réalité virtuelle, sous-entendant que son éditeur participait activement au développement du produit. Or ZeniMax n'avait pas donné un tel accord à Oculus et l'avait même clairement défendu de présenter publiquement ses travaux.
Au total, l'éditeur de Fallout et de Skyrim s'est donc vu attribuer 500 millions de dommages au titre de ces chefs d'accusation. Pour les autres, soit ZeniMax n'est pas parvenue à faire la preuve des torts qui lui ont été causés, soit le préjudice n'a pas été établi. Ainsi, John Carmack a été reconnu coupable de conversion de propriété intellectuelle, pour sa réécriture du code déjà réalisé chez son ex-employeur, mais il ne doit verser aucune somme à ce titre.
Des réactions amères chez Oculus
John Carmack est apparu particulièrement remonté contre le jury à l'issue du procès. Dans un long message publié sur Facebook, le directeur technique d'Oculus VR évoque des « oublis sélectifs » de la part de ZeniMax, mais il s'en prend surtout à l'expert chargé d'analyser les différences entre le code des deux entreprises. « J'étais vraiment intigué de voir comment l'expert payé allait pouvoir trouver une toile d'ADN commun entre deux bases de code ne partageant aucun lien », ironise le développeur.
« Quand il a dit qu'il était "absolument certain d'avoir affaire à une copie non littérale" dans plusieurs cas, je voulais juste pouvoir hurler "vous mentez ! " À la fin, après sept cas "d'absolue certitude", je me suis demandé si des gangsters n'avaient pas kidnappé ses petits enfants en lui réclamant une rançon », poursuit Carmack. « C'était ridicule. Même sans être capable de lire le code sur les diapositives, vous pouviez dire que les étapes étaient très différentes, étaient parfois divisées en plusieurs parties et dans un ordre différent, ou même qu'elles ne se ressemblaient pas » se lamente-t-il.
Carmack assure enfin qu'il ne lui a pas été permis de consulter le rapport de l'expert avant l'audience, qu'il n'a pu en entendre qu'un résumé à cette occasion là et qu'il est depuis inaccessible et sous scellé. « C'est sûrement intentionnel. Si les exemples de code avaient été diffusés publiquement, tout Internet se serait méchamment moqué de cette analyse » conclut-il.
L'entreprise, elle, fait savoir à nos confrères de Games Industry que « le cœur de ce procès était de savoir si Oculus avait volé les secrets commerciaux de Zenimax et que le jury a tranché en notre faveur. Mais nous sommes évidemment déçus par d'autres aspects du verdict ». Oculus précise également qu'elle entend faire appel de la décision du tribunal.
Du côté de chez ZeniMax, son PDG Robert Altman explique que « la technologie est la fondation de notre activité, et nous considérons le vol de notre propriété intellectuelle comme une affaire sérieuse. Nous apprécions les conclusions du jury et l'attribution d'un demi-milliard de dollars de dommages pour ces graves infractions ». Le contraire aurait été surprenant.
Oculus reconnu coupable de rupture de contrat et de violation de copyright contre ZeniMax
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Trois millards et trois jours pour boucler un rachat
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ZeniMax réclamait 2 milliards de dollars de dommages
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Des réactions amères chez Oculus
Commentaires (44)
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Abonnez-vousLe 03/02/2017 à 15h25
A peine de quoi corriger les bugs des jeux Bethesda
Le 03/02/2017 à 15h44
Le 03/02/2017 à 15h55
sisi il a avoue etre parti avec un disque dur contenant tout le code de rage.
Non son status de fondateur de id ne l’autorise pas a partir avec le code de la boite qu’il a vendu il y a des annees.
D’ailleurs cet homme tres intelligent ne semble pas savoir effacer un disque dur :]
http://www.pcgamer.com/zenimax-statement-reveals-john-carmack-googled-how-to-wip…
Le 03/02/2017 à 22h46
Mais non, ça c’est gratuit grâce à la communauté des moddeurs
Le 05/02/2017 à 09h26
En même temps, tu sais toi ? Parce qu’un simple formatage ne permet pas d’effacer les données, qui sont toujours physiquement présentes sur le disque dur. A ma connaissance il faut réécrire l’intégralité des octets d’un disque dur de manière complètement aléatoire pour être à peu près sur que rien ne soit récupérable.
Le 05/02/2017 à 09h58
Le 05/02/2017 à 11h33
Pas suffisant dans l’absolu, il peut rester des traces de l’ancien état que certaines boites avec du matos spécialisé peuvent récupérer. Seul la réécriture intégrale avec bytes aléatoires est totalement efficace.
Le 05/02/2017 à 14h49
Encore heureux oui, mais beaucoup n’ont pas l’air à courant (je parle en général) et se font avoir.
Le 06/02/2017 à 11h17
Pas de «room-scale» avec un GearVR puisqu’il n’y a pas de tracking positionnel, on ne peut que tourner la tête.
On peut faire du «room-scale» avec Oculus en mettant deux caméras mais elles doivent être placées de façon quasi parallèle. Donc, si l’utilisateur tourne le dos aux caméras, les Oculus Touch ne sont plus vus par les caméras et leur position dérive rapidement. A contrario, le système plus basique du Vive – où l’on place les 2 émetteurs infrarouge en face-en-face grosso-modo – couvre mieux un espace et diminue ainsi les risques de pertes de tracking ; et il est tellement plus pratique à installer…
Concernant la qualité d’affichage et la faible latence, le Vive et le Rift se tiennent.
Le 06/02/2017 à 18h00
Ah oui mais je ne parlais pas du Gears qui est un autre produit pour moi.
Oculus préconise 3 caméra il me semble pour le room scale. (2 en USB 3.0 et une dernière en 2.0) Le Vive en plus plug en play que l’Oculus, la actuellement c’est galère j’ai l’impression ^^
https://www.oculus.com/blog/oculus-roomscale-balancing-bandwidth-on-usb/
https://www.oculus.com/blog/oculus-roomscale-identifying-host-controllers/
https://www.oculus.com/blog/oculus-roomscale-extra-equipment/
https://www.oculus.com/blog/oculus-roomscale-tips-for-setting-up-a-killer-vr-roo…
Le 09/02/2017 à 09h34
Le 03/02/2017 à 11h23
Je me suis trompé, Carmack n’a pas avoué mais a été reconnu coupable de ca.
Dans le communiqué de Zenimax :
“In addition, the jury upheld our complaint regarding the theft by John Carmack of RAGE source code and thousands of electronic files on a USB storage device which contained ZeniMax VR technology.”
C’est aussi dans l’article de Games Industry linké à la fin de la news.
Bien qu’il soit cofondateur, je ne suis pas sûr qu’il ait le droit… vu que ID est la propriété de Zenimax (et ce avant la sortie de Rage).
Mais j’en suis pas sûr du tout j’y connais rien à tout ca ^^
Le 03/02/2017 à 12h12
Le 03/02/2017 à 12h14
Le 03/02/2017 à 12h19
Ca parle de clause de non-concurrence, je rappelle qu’en France pour que cette clause soi valide, l’employeur doit indemniser l’employer. Sinon la clause est nulle :)
Le 03/02/2017 à 12h42
Le 03/02/2017 à 12h48
Ca va faire mal à Oculus 500millions. Le groupe est certes adossé à Fb, mais ils sont déjà bien dépassés par le concurrence (le Vive) et rejoints sur leur segment par pas mal de monde, j’ai l’impression d’entendre parler d’un nouveau casque VR quasi tous les jours. Ils ont une grosse notoriété parce qu’ils ont été les premiers à démocratiser le concept (mais pas le matos), depuis à mon avis c’est pas la grande joie.
Pas sûr que Fb décide pas de bazarder tout ça, jusqu’à présent leurs incursions dans le domaine du hardware n’ont jamais été couronnées de succès.
Le 03/02/2017 à 12h50
Le 03/02/2017 à 12h54
Non, Oculus ne fournit que le SDK et la librairie.
Le 03/02/2017 à 13h40
Dans incorporated ils effacent carrément la mémoire du mec " />
Je me demande quand même comment ont peut retrouver un taff après avoir passé 20 ans dans une boite précédente avec un gros nda des familles. A la fin même la manière de pensée brise la non concurrence non ?
Ou alors le mec il ce farfouille le fion pour trouver un truc identique mais légèrement différent du genre au lieu d’un rond c’est un polygone à 500 faces ?
Haaaa je comprend mieux le procès d’apple contre samsung avec les bord arrondis. " />
Le 03/02/2017 à 14h00
Je pense que le Gear VR est un peu à part au niveau matos, mais que ce soit dans leur matos actuel ou dans les futures itérations annoncées (résolution des écrans, absence de contrôleurs spécifiques à la VR, confort du casque, etc.) ils se trouvent dès maintenant un cran en-dessous, notamment par rapport au Vive. Je suis pas spécialiste hein mais j’ai lu plusieurs comparatifs dont un sur canard pc qui m’avait intéressé.
Le 03/02/2017 à 14h17
L’histoire de ce millionaire grace au lancement par Kickstarter, ça refroidit d’aller sur ce genre de financement.
Le 03/02/2017 à 14h18
Le Gear VR est il utilisable sur PC en plus des Samsung ?
Le 03/02/2017 à 14h20
Le 03/02/2017 à 14h22
Le 03/02/2017 à 14h59
Nein
Le 03/02/2017 à 15h19
J’aime bien la réaction de Carmack qui met tout sur le dos de la justice et de Zenimax, mais par sur Occulus et sa défense " />
Le 03/02/2017 à 10h13
Carmack, l’homme Oculus Greed.
Le 03/02/2017 à 10h16
:popcorn:
N’empêche, je suis curieux de voir le rapport.
Le 03/02/2017 à 10h16
Appelé le traître aussi.
Le 03/02/2017 à 10h21
Ça ne doit pas être évident de détecter un “vol” de code (on dirait plutôt contrefaçon) : parle-t-on d’un point de vue fonctionnel? Sémantique?
Il doit être possible pour deux entreprise indépendantes planchant sur les mêmes sujet de fournir du code plus ou moins similaire, alors si en plus y’a un employé (qui “pèse loud”) en commun…
Le 03/02/2017 à 10h25
<—— cf my avatar " />
Et moi j’aimerai bien voir le-dit rapport de l’expert.
Ce qui est bizarre d’ailleurs c’est qu’il n’y ai eu qu’un seul expert de mandaté. " />
Le 03/02/2017 à 10h26
Le 03/02/2017 à 10h27
500 million?! De quoi financer un elder scrolls 6 et 7 en passant par 2 Fallout, donner sa part aux avocats ainsi qu’aux actionnaires (et accessoirement au patron) et peut être maintenir en vie TESO quelques années de plus.
Le 03/02/2017 à 10h28
C’est la grande difficulté de ces entreprises employant des personnes brillantes.
Le savant X bosse pour l’entreprise A et invente quelquechose.
C’est l’entreprise qui a donné les moyens (équipes, matériels, salaires,…) et les droits appartiennent à l’entreprise.
Mais c’est donc compliqué de l’empêcher de recréer ailleurs en s’assurant qu’il ne vole pas la propriété.
Le 03/02/2017 à 10h35
Bah en fait, la clause de non-concurrence sert à ça normalement il me semble, si le savant X doit partir pour une société concurrente B, cette dernière doit débourser une somme d’argent conséquente à l’entreprise original A pour pouvoir l’embaucher.
Le 03/02/2017 à 10h36
“Mais c’est donc compliqué de l’empêcher de recréer ailleurs en s’assurant qu’il ne vole pas la propriété.”
Il y as les brevets pour ça, et les contrats de non concurrence ( mais sa coute cher, alors si tu veux pas payer, tu te plain pas … )
de tt façon, les process globaux sont forcément similaire …
tout ce qui est traitement des données des capteurs,
le “principe de faire de la prediction sur ces donnée” ( oh regardez, il font de la prédiction eux aussi, ils nous ont copié !!! )
Légalement, la partie défensive n’as pas le droit d’avoir une copie de l’expertise ? ( normal qu’elle ne l’ai pas eut avant le procès )
Le 03/02/2017 à 10h37
Le 03/02/2017 à 10h45
Carmack a quand même avoué être parti de chez ID avec des dizaines de milliers de fichiers, dont le code source du moteur IDTech.
Même si c’est pas ce qui était jugé, ca a beau être un génie au final il est pas bien malin le gars…
Bref je trouve le jugement pas trop méchant. Pour nous pauvre peuple 500 millions c’est énorme, pour ces boites c’est pas grand chose… et on sait que toutes ces entreprises ont des portefeuilles (bien fournis) dédiés à ce type de procès et de condamnations.
Copyright madness !
Le 03/02/2017 à 10h49
Le 03/02/2017 à 10h58
Le 03/02/2017 à 11h01
Le 03/02/2017 à 11h05
Tu as des sources ?
Si c’était ID, il en avait tout a fait le droit puisqu’il est cofondateur. De toute façon le code d’ID était régulièrement rendu publique.
Le 03/02/2017 à 11h08