La justice américaine ordonne à Google de fournir des emails hébergés à l’étranger
SCA cartonne
Le 06 février 2017 à 13h43
4 min
Droit
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Un tribunal de Pennsylvanie demande à Google de fournir au FBI des emails hébergés à l'étranger. Une décision que l'entreprise conteste, estimant qu'il s'agit d'une saisie dans un autre pays. Ce verdict relance le débat juridique sur le transfert d'informations depuis l'étranger, alors que Microsoft vient d'obtenir une analyse en sa faveur.
La justice américaine cherche une réponse aux saisies de données dans un centre de données à l'étranger. La réponse peine à venir. Fin janvier, un tribunal affirmait que si le département de la Justice obtenait des données de Microsoft hébergées en Irlande, il s'agissait bien d'une saisie à l'étranger (voir notre actualité). Le 3 février, un tribunal de Pennsylvanie a cependant contredit cette analyse dans une affaire qui oppose le département de la Justice à Google. Une bataille importante, quand les grandes entreprises numériques s'affichent ouvertement contre les requêtes abusives.
Le bon et le mauvais transfert de données
Dans cette affaire, le FBI réclame des emails à Google, via deux mandats s'appuyant sur le Stored Communication Act (SCA) de 1986. Si le groupe de Mountain View a bien fourni les messages hébergés aux États-Unis, il a refusé de livrer les autres. L'entreprise se dit incapable de savoir où sont hébergés exactement ces messages. Ils le sont potentiellement dans d'autres pays, ce qui constituerait une saisie en dehors des Etats-Unis. Un cas qui ne serait pas couvert par le SCA.
Une vision battue en brèche par le juge Thomas Rueter, pour qui la recherche dans les emails par le FBI, couverte par le SCA, aura bien lieu sur le sol américain, en Pennsylvanie. Pour lui, récupérer ces données de l'étranger ne constitue donc pas une « saisie » au sens du quatrième amendement de la Constitution.
« Même si le rapatriement de données par Google, à partir de ses centres de données à l'étranger, est une potentielle invasion de la vie privée, la violation concrète intervient à leur divulgation aux États-Unis » affirme le juge, dans sa décision publiée par le Washington Post. « Google transfère régulièrement des données d'un centre de données à un autre sans qu'il le sache. De tels transferts n'interfèrent pas avec l'accès ou l'intérêt possessoire du client sur ses données » ajoute-t-il. Autrement dit, Google déplace déjà sûrement des données aux États-Unis sans que l'internaute ne le sache, donc il n'y a pas de problème à le faire pour le FBI.
Google fera appel de la décision
Dans un communiqué, Google a répondu qu'il compte faire appel de la décision. Une politique que la société affirme mener face « aux mandats trop larges ». Ce combat est parallèle à celui de Microsoft, qui est monté à la Cour d'appel des États-Unis pour le deuxième circuit, un échelon au-dessus. Dans cette affaire, Microsoft a eu le dernier mot.
Dans ce cas, l'administration américaine réclame à Microsoft des emails hébergés en Irlande depuis la fin 2013. Cela dans le cadre d'une affaire de trafic de drogue. L'entreprise s'y oppose depuis plus de deux ans, perdant ses premiers procès avant d'obtenir gain de cause en appel, en étant soutenu par l'Irlande et des associations de défense des libertés. Le 24 janvier, un panel de huit juges a refusé une audition au département de la Justice, fermant le dossier à leur niveau, avec quatre voix pour, et quatre voix contre.
Prochaine étape : la Cour suprême, plus haute juridiction judiciaire, si l'administration américaine souhaite poursuivre l'offensive. Pour Microsoft, il s'agit surtout de faire évoluer deux lois. Le Stored Communication Act permet aux autorités d'accéder à des données hébergées à l'étranger, si elles le sont par des sociétés américaines. L'autre empêche Microsoft de prévenir l'internaute visé de cet accès.
Si le département de la Justice poursuit son offensive contre Microsoft, il pourrait donc s'appuyer sur la décision en sa faveur face à Google. L'analyse du juge Rueter de Pennsylvanie était d'ailleurs soutenue par l'un des quatre juges voulant écouter le département de la Justice face à Microsoft. Autant dire que le terrain est encore glissant, que ce soit pour les groupes numériques ou pour la justice.
La justice américaine ordonne à Google de fournir des emails hébergés à l’étranger
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Le bon et le mauvais transfert de données
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Google fera appel de la décision
Commentaires (42)
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Abonnez-vousLe 06/02/2017 à 14h10
La déconnexion législative entre usage et localisation est vraiment une plaie… C’est grâce à ça qu’on se retrouve avec des milliards d’euros planqués dans les paradis fiscaux, milliards d’euros produits grâce à des marchés existants dans un pays X et légalement et silencieusement hébergés dans un pays Y. Il est vraiment urgent de légiférer pour réunifier les emplacements réels et virtuels, plus rien n’a de sens sans ça ! Mais bon ça doit bien arranger ceux qui légifèrent, justement.
Voilà, c’était mon coup de gueule. Here is a potato for the long post.
Le 06/02/2017 à 14h12
Le 06/02/2017 à 14h14
Le 06/02/2017 à 14h20
Je dirais même plus, ça aurait fait un carton.
Le 06/02/2017 à 14h22
Le 06/02/2017 à 14h24
Un mail hébergé à l’étranger peut-il demander le droit d’asile pour éviter d’être extradé ?
Le 06/02/2017 à 14h25
Pas compris le rapport entre blague et carton. " />
Tandis queblague et tabac" />
Le 06/02/2017 à 14h26
Perso, je me disais qu’avec Trump, il n’y a aucune chance qu’il rentre aux USA. Il n’aime pas ce qui vient de l’étranger.
Le 06/02/2017 à 14h29
Si ça passe, faudra que ça fasse jurisprudence pour toutes les affaires de téléchargement illégal :p
Le 06/02/2017 à 14h30
Le 06/02/2017 à 14h33
L’intérêt du suppôt de l’auditoire te le met profond " />
Le 06/02/2017 à 14h33
“All your data are belong to us” " />
Le 06/02/2017 à 14h35
cf. Le sous -titre et ma 1e réponse ^^
Le 06/02/2017 à 14h41
Le 06/02/2017 à 14h43
Ou
Le 06/02/2017 à 14h55
Le 07/02/2017 à 10h29
Le 07/02/2017 à 10h34
Le 07/02/2017 à 10h40
Le 07/02/2017 à 10h44
Le 07/02/2017 à 10h51
Le 07/02/2017 à 11h04
Le 06/02/2017 à 13h45
SCA cartonne
“SCA cartoon” plutôt " />
Le 06/02/2017 à 13h59
Ça aurait fait trop de blague dans la blague. " />
Le 06/02/2017 à 14h02
Bien au contraire, ça aurait fait un tabac.
Le 06/02/2017 à 14h08
“De tels transferts n’interfèrent pas avec l’accès ou l’intérêt possessoire du client sur ses données”
Ah… Depuis le temps qu’on dit que transférer des mp3/mp4 ca n’interfère pas avec l’intérêt possessoire.
Heureux de voir que la justice américaine est d’accord.
" />
Le 06/02/2017 à 15h15
Le 06/02/2017 à 15h39
Le 06/02/2017 à 15h39
pop corn toussa…
mais ca risque de porter au final un coup d’arret au cloud américain…
Le 06/02/2017 à 15h40
Le 06/02/2017 à 15h43
Le 06/02/2017 à 15h50
Effectivement, je devrais plutôt dire qu’on en n’a pas l’accès exclusif " />
Et c’est surtout valable pour la solution de monsieur tout le monde où son contenu est stoqué sur un support ne lui appartenant pas. Celui qui monte sa propre solution prend déjà de bonnes mesures on est d’accord " />
Le 06/02/2017 à 16h02
Wikipedia" />
Le 06/02/2017 à 16h28
D’où les solutions autohébergées qui représenteraient le sens original d’Internet.
Ou encore des solutions où il faut payer.
Le 06/02/2017 à 16h31
Le 06/02/2017 à 17h32
Et du café pour le transite." />
Le 06/02/2017 à 17h52
Penses-tu que Google blanchisse des profits dans le Delavoire ?
Le 06/02/2017 à 18h00
Le 06/02/2017 à 18h18
Le 06/02/2017 à 19h53
Le 07/02/2017 à 07h09
Le 07/02/2017 à 10h16