État d’urgence : l’adhésion à un groupe Facebook peut justifier une perquisition administrative
« Like », a rolling stone.
Le 07 février 2017 à 15h50
4 min
Droit
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Un homme a vainement demandé l’annulation d’une perquisition administrative décidée par le préfet des Alpes-Maritimes et mise en œuvre à Nice le 31 août 2016. La juridiction s’est appuyée sur son passé, mais aussi sur ses activités sur Facebook.
En substance, le requérant contestait que les lieux visités (habitations, dépendances, garages, véhicules, etc.) aient été fréquentés par une personne « dont le comportement constitue une menace pour l’ordre et la sécurité publics », le critère phare exigé par la loi de 1955 pour justifier pareille mesure.
Le préfet avait soutenu au contraire qu’il « se serait endurci lors d’un bref passage en maison d’arrêt », avant de s’être « radicalisé au travers des réseaux sociaux ».
Explications. Le 23 décembre, le tribunal correctionnel de Nice avait condamné cet homme pour « apologie publique d’un acte de terrorisme », commis deux jours seulement après les attentats du Bataclan. Il l’avait également épinglé pour des faits « de menace de crime ou de délit à l’encontre d’un chargé de mission de service public » ainsi que « détention, d’acquisition et de transport non autorisés de stupéfiants ». Il écopait alors d’un mois de prison.
Une note blanche des services du renseignement
Devant le tribunal administratif, cette fois, une note blanche des services du renseignement a été produite, après donc la perquisition. D’après le jugement en possession de Next INpact, elle s’appuie sur plusieurs captures d’écran de la page Facebook de cet homme avec « des citations mis en exergue par ce dernier ». Toujours selon cette note, il « a consulté des sites favorables à l’État islamique et à d’autres organisations terroristes », en fait des groupes auxquels il a adhéré.
Les services spécialisés ont donc scruté ses liens sur les réseaux sociaux pour en tirer des conclusions sur la potentielle dangerosité de l'internaute. Une fois le doute installé, il a donc fallu donc le lever par des mesures plus intrusives, et donc une perquisition.
Comme nous l’a expliqué le 6 janvier dernier Me Sefen Guez Guez, son client aurait suivi de près des groupes visiblement fréquentés par des personnes peu fréquentables. Selon lui, cependant, « ce n’est pas parce qu’on a « liké » tel ou tel groupe que forcément on se reconnait à 100 % dans les publications dudit groupe ». Il s’appuyait d’ailleurs sur un récent arrêt de la Cour de cassation qui a justement considéré qu’un lien sur ce réseau social n’emporte pas le sens traditionnel de l’amitié. « Une telle analyse peut permettre de relativiser les liens d’attache » pensait le juriste.
Aucune erreur du préfet
Tel n’a pas été l’analyse du tribunal administratif : si le requérant « fait valoir qu’il a repris sur son site ‘Facebook’ des publications du site N* al I* dénuées d’idéologie religieuse radicale, il ne conteste, toutefois, pas utilement que les publications y figurant émanent d’individus appartenant à des organisations terroristes telles qu’Al Quaïda, Gamma Al Ismamiya, Daesh ou Jabbat Al Nosra ou dans lesquelles apparaissent des individus, comme M. D., considérés comme d’importants recruteurs des candidats au djihad en Syrie ».
De cette adhésion à ces pages communautaires, la juridiction en déduit que le préfet n’avait commis aucune erreur « en considérant que le requérant devait être regardé comme se réappropriant le contenu des sites qu’il consultait ». Voilà un individu condamné voilà peu pour apologie de terrorisme, et qui par son activité récente sur le réseau social, retracée par une note blanche, laisse « penser que son comportement était susceptible, à la date de la perquisition, de constituer une menace pour la sécurité et l’ordre publics ».
Il a donc conclu ce matin au rejet en rappelant que « les résultats infructueux de la perquisition ne démontrent pas, par eux-mêmes, le caractère non nécessaire de la mesure et sont, en tout état de cause, sans incidence sur la légalité de la décision attaquée ».
Seul détail, la note blanche des services du renseignement « commente notamment des captures d’écran de la page Facebook » de cet homme, dixit le tribunal. Or, Me Guez Guez nous indique que ces captures, celles ayant inspiré les services, n’ont pas été versées au débat. Du coup, ce jugement du 7 janvier 2017 pourrait être attaqué à son tour.
État d’urgence : l’adhésion à un groupe Facebook peut justifier une perquisition administrative
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Une note blanche des services du renseignement
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Aucune erreur du préfet
Commentaires (56)
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Abonnez-vousLe 07/02/2017 à 16h08
Oui enfin ça va le mec n’a pas “que” liké la page facebook, il a aussi repris des publications de divers organisation terroristes.
Le 07/02/2017 à 16h08
Le 07/02/2017 à 16h12
Le 07/02/2017 à 16h12
Le 07/02/2017 à 16h13
Le 07/02/2017 à 16h17
Le 07/02/2017 à 16h33
Le 07/02/2017 à 16h35
Le 07/02/2017 à 16h35
Absolument, bientôt à écouter l’avocat le mec serait victime de discrimination numérique et d’atteintes à ses droits… Je me demande où on va là…
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Le 07/02/2017 à 16h36
Oui, enfin un qui ose le dire car il était déjà en plein dedans pour divers motifs inquiétants.
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Le 07/02/2017 à 16h43
oui heu pas forcément.
les flics ont bien profité de l’état d’urgence pour aller casser les couilles de tout un tas de mecs qui n’avaient rien à voir avec le terro, histoire de ramener du chiffre au MINT pour ses confs de presse (oui on a saisi 10000 armes à feu, on est super efficaces contre les méchants terros).
Le 07/02/2017 à 16h48
Le 07/02/2017 à 17h13
Le 07/02/2017 à 17h37
Tu rêves, la réalité a dépassé ce stade, tu es maintenant condamnable a de la prison ferme. " />" />
Le 07/02/2017 à 17h53
Ainsi que pour des opposants écologistes (ou autres) à certains projets du gouvernements, ou encore à des membres d’associations luttant contre la corruption ou la violence policière….
Le 07/02/2017 à 18h15
Le 08/02/2017 à 10h53
Il n’y a que moi, mais en lisant l’article, moi j’ai compris que l’on ne partait pas de rien … L’individu avait un historique déjà sérieux… non ?
Ou bien ai-je mal compris ?
Le 08/02/2017 à 11h32
[…]l’adhésion à Facebook peut justifier une perquisition administrative[…]
Le 08/02/2017 à 11h46
/me se désabonne immédiatement du groupe “Je suis un illuminati et je vous emmerde”.
Le 08/02/2017 à 15h28
Le 08/02/2017 à 15h30
Le 08/02/2017 à 15h58
Tu ne crois pas qu’il y a une différence entre manifester sa haine des terroristes (peu importe lesquels) et en faire l’apologie sur internet ?
Que je sache, personne ne t’oblige à manifester ta haine des terroristes et personne ne t’oblige à en faire l’apologie…
Il se trouve que le second cas est jugé plus grave que le premier et personnellement je trouve ça tout à fait normal. D’autant que comme dit plus haut ce mec n’est pas un ange visiblement…
Je ne dis pas que tu es un ennemi de la liberté, je dis simplement que ce n’est pas rendre service à la liberté d’expression que de la revendiquer pour tout et n’importe quoi, à toi de voir où tu te situes… " />
Que dirais-tu d’un pédophile violeur qui revendiquerait son droit et sa liberté à aimer les enfants ?
Certes, c’est un exemple volontairement excessif mais c’est du même ordre…
Quand on vit en société, aucune liberté ne peut être sans limite car cette absence de limite finira forcément par nuire plus ou moins gravement à d’autres.
La liberté d’expression n’échappe pas à cette règle et c’est d’ailleurs un bon moyen de la préserver que de ne pas en abuser et ne pas la mettre à toutes les sauces.
Le 08/02/2017 à 16h01
Le 08/02/2017 à 16h08
J’ai déjà relu et je ne vois rien qui pourrait infirmer mes propos…
Tu penses que si on n’est pas manifestement contre eux on est jugé implicitement pour eux et ça c’est n’importe quoi.
Le jour où tu verras débarquer des flics chez toi sous prétexte que tu ne critiques jamais ouvertement les terroristes sur internet on en reparlera et c’est pourtant ce que tu voudrais faire croire, ou alors c ‘est que tu t’exprimes vraiment très mal… " />
Le 08/02/2017 à 16h16
Le 08/02/2017 à 16h20
Le 08/02/2017 à 16h23
Le 08/02/2017 à 16h26
Ça me rassure !! " />
Le 08/02/2017 à 19h16
Je rejoins joma74fr sur ses questionnement du comment et du qui?
Et en effet ce n’est pas objectif. Pas plus que l’assignation de militant ecologistes, que la mise en sous scellées de tous mouvement sociaux, que le maintien d’un état de non-droit (eh oui l’état d’urgence viole le droit) etc…
Effectivement je ne me permets pas de comparer mais de livrer une impression en plus d’une forme de témoignage reflétant les questions que j’ai quotidiennement dans mon métier de formateur informatique sur le droit ou non, de consulter autre chose que lefigaro.fr ou atlantico. Cet état d’ugence, cet Etat, ces groupes de terreurs en cravate, en turban (desolé du cliché), ou en képi, oeuvrent quotidiennement pour la destruction de la libre pensée, du sentiment de sécurité et du droit de s’informer librement.
Tant que nous ne sauront pas qui peut être surveillé, et ce qui déclenche des actions de coercition, nous nous recroquevillerons, adoptant des postures passives, en espérant que ça prendra fin un jour. De mon point de vu ça ressemble à une forme de terrorisme psychologique qui entre nous ne dérangera jamais, ceux qui œuvrent pour daesh (entre autre)
Le 08/02/2017 à 21h07
Le 07/02/2017 à 15h54
Mouais, la capture d’écran, comme preuve, on repassera.
Par contre, je suis toujours surpris que des “gens” continuent de liker des trucs comme ça sans se rendre compte des conséquences… Ca me dépasse…" />
Le 07/02/2017 à 15h55
le simple fait de discuter avec sa mère sur facebook aussi.
On ne peut même plus liker sa mère.
dans quel monde vivons nous …
Le 07/02/2017 à 15h57
Le 07/02/2017 à 15h58
Le 07/02/2017 à 15h58
Le 07/02/2017 à 16h00
Ouais enfin bon le fait de consulter des sites favorables à l’État Islamique passible d’assignation à résidence, on rêve !!! (Je ne suis absolument pas favorable à l’EI hein !) Bientôt le fait de critiquer la gonzesse d’un candidat à la présidentielle pour un emploi réel ou non grassement payé suffira probablement pour justifier une assignation à résidence…
Le 07/02/2017 à 16h02
Le 07/02/2017 à 16h05
Le 07/02/2017 à 16h06
Le 07/02/2017 à 16h07
Le 07/02/2017 à 18h16
Le 07/02/2017 à 18h23
La prochaine fois que les patrons français feront allégeances aux fachos, ne liker pas la résistance " />
Le 07/02/2017 à 18h25
Si ton père c’est Laurent Fabius ou François Hollande et qu’il fournit des armes à Al Nosra ça passe par contre " />
Le 07/02/2017 à 22h40
Il est certain qu’un centre d’intérêt que le gars a manifesté par son activité en ligne est plus que chelou. De quoi faire signal sur certains écrans et dans certaines têtes dédiés à la sécurité du bon peuple.
Maintenant, il est aussi clair qu’on a affaire à une brêle caractérielle (caractériel parce que le gars s’est tout de même pourvu en justice pour contester la perquisition administrative).
Pourquoi une brêle ?
Le 08/02/2017 à 01h11
Ça, c’est quand on te suspecte d’être djihadiste.
Par contre, si l’on est sûr que tu es néonazi, là, on te préviens des perquisitions histoire que tu puisses ranger ta chambre pour bien présenter.
Le 08/02/2017 à 06h01
Le 08/02/2017 à 06h04
Le 08/02/2017 à 06h06
Le 08/02/2017 à 06h48
Le 08/02/2017 à 08h23
Le 08/02/2017 à 08h34
Ça m’aurait bien étonné que certains ne viennent pas encore revendiquer la liberté d’expression…
Cette liberté d’expression tellement invoquée pour tout et n’importe quoi qu’elle en devient quasiment ridicule et ne veut plus rien dire du tout.
En fait certains qui la revendiquent en permanence pour n’importe quoi sont probablement les pires ennemis de cette liberté, le pire c’est qu’ils ne s’en rendent même pas compte… " />
Consulter régulièrement des sites qui font l’apologie du terrorisme sanglant et en faire la promotion ça justifie largement une perquisition, n’en déplaise à certains.
Et si on lui donne l’excuse de ne pas avoir été conscient de la chose, c’est pas une perquisition qu’il lui faut mais une chambre dans un asile psychiatrique…
Alors oui, dénoncer les abus incontestables dont ont été victimes certains militants écologistes c’est normal et souhaitable mais défendre un connard de ce genre en le mettant au même niveau ça rend toute contestation totalement incrédible…
Le 08/02/2017 à 08h44
De mon point de vue, finalement l’État joue le jeu de Daesh dans sa guerre psychologique en participant activement à une forme de terrorisme public et social. Les exemple sont devenus trop nombreux ces dernières années dans lequel il a créé du doute de la peur et de l’incertitude.
Chacun sait que la moitié de nos actes sur les réseaux sociaux, sont incontrôlés :
Exemple hier j’ai liké une image caricaturale de fillon et son épouse, et en voulant en regarder d’autres sur la même page, je me suis rendu compte qu’il s’agissait d’une page de tarés extrémistes plutot frange droitière. En ce qui me concerne cette catégorie politique me fait vomir. Mais si on développe cet exemple combien de personnes ont déjà liké des contenus sur des pages extremistes sans le savoir d’autant que fb a tendance à reproposer des contenus similaire…
Pour celui qui va être perquisitionné et l’on connait la délicatesse des forces de l’ordre depuis qu’elles sont dopé à l’état d’urgence, ainsi que sa famille, ses amis etc, la perception de l’état de droit va changer radicalement. Il va s’en méfier, et même souhaiter qu’il ne puisse plus avoir ce genre de pouvoir sur les gens. Les médias de masse en parleront (un peu, laissant la place à l’interprétation). L’incertitude gagnera du terrain.
La boucle est bouclée, sans le savoir l’état a oeuvré auprès d’un quidam moyen pour le compte de la guerre psychologique de daesh.
Messieurs les politiques, il est plus que temps de renverser la vapeur.
Le 08/02/2017 à 08h57
On ne peut pas objectivement comparer des consultations accidentelles de certains sites ce qui peut effectivement arriver à tout le monde tant ils s’infiltrent de partout avec un gus qui consulte régulièrement des sites douteux et dont il fait l’apologie.
C’est bien là tout le problème, cette tendance à tout mélanger et à tout mettre au même niveau…
Le 08/02/2017 à 09h51
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D’ailleurs, la Securitateen Roumanie communiste a rendu les Roumains très méfiants et très passifs dans leur vie personnelle et intime.
(ceci n’est pas un point Godwin, ceci est une illustration des effets de la police politique secrète)
Le 08/02/2017 à 09h55
La question est surtout :
Tout le reste n’est que littérature.
Le 08/02/2017 à 10h05
Effectivement c’est un des problèmes mais je faisais surtout allusion à cette fameuse “liberté d’expression” revendiquée pour tout et n’importe quoi et souvent pour le pire…
J’ai notamment remarqué qu’elle était souvent revendiquée par des gens qui adhèrent à des idées qui adoreraient la supprimer comme elles l’ont prouvé dans les pays où elles sévissent…