Une nouvelle étude souligne (encore) la relative inefficacité de la vidéosurveillance

Une nouvelle étude souligne (encore) la relative inefficacité de la vidéosurveillance

Une nouvelle étude souligne (encore) la relative inefficacité de la vidéosurveillance

Une nouvelle étude conclut que « les caméras ne sont pas forcément d’une grande utilité pour l’élucidation d’enquêtes du quotidien », relève la Gazette des Communes. Commandée par le Centre de recherche de l’école des officiers de la gendarmerie nationale (CREOGN), elle a été menée par Guillaume Gormand, chercheur associé au Centre d’études et de recherche sur la diplomatie, l’administration publique et le politique.

« Les enregistrements de vidéoprotection contribuent à la résolution d’enquêtes judiciaires, en apportant des indices ou des preuves, mais dans des proportions particulièrement ténues, explique le chercheur. Cela représente une part de 1,13 % sur l’ensemble du corpus d’enquêtes judiciaires observées ou, en ne retenant que les affaires élucidées, une proportion de 5,87 %. »

Si la vidéosurveillance semble plus utile pour les atteintes aux véhicules, « les niveaux restent très faibles » : 

« Nous avons, en effet, trouvé que les enregistrements vidéos avaient fourni des preuves dans 6,7 % des enquêtes élucidées. Cela semble logique puisque ce sont des infractions qui ont lieu dans l’espace public et qui sont donc facilement identifiables. A l’opposé, on note que les caméras servent très peu pour les faits de violences aux personnes. Elles ont apporté des preuves pour seulement 2,8 % des enquêtes élucidées sur cette thématique. Globalement, les enquêteurs élucident 74 % des enquêtes, dont 94,8 % absolument sans vidéo. »

Entre fin 2013 et début 2020, le nombre de caméras de vidéosurveillance dans les cinquante villes les plus peuplées de ­France a été multiplié par 2,4, passant de près de 4 800 à plus de 11 400. L’État incitant les mairies à s’équiper, au travers du Fonds interministériel de prévention de la délinquance (FIPD), de plus en plus de petites communes se dotent elles aussi de caméras.

Pour autant, le niveau d’élucidation n’est pas forcément plus élevé sur les territoires équipés que dans les zones non équipées. De plus, lorsqu’une commune s’équipe, Guillaume Gormand ne note pas de hausse significative du niveau d’élucidation dans le temps :  « Ainsi, le déploiement toujours plus massif d’équipements de vidéosurveillance semble moins répondre à une vision rationnelle de l’outil qu’à des priorités politiques. L’État en fait une importante promotion d’un point de vue idéologique, économique et juridique depuis les années 2000. »

« Au final, c’est un coup de chance d’avoir un indice ou une preuve dans une vidéo. Nous sommes loin des fantasmes nourris par les fictions sur la vidéosurveillance ou par les discours de ses promoteurs, que nous retrouvons chez certains responsables publics », concluait déjà Guillaume Gormand dans une précédente note de recherche elle aussi commandée par le CREOGN.

Commentaires (21)


La gendarmerie n’avait pas déjà commandé une étude sur ce sujet dont les résultats avait été publié il y a moins de 6 mois? Ou bien c’est la même étude.


Dernière ligne de l’actu ?


Je ne cherche pas spécialement à défendre la vidéosurveillance, mais leur métrique ici semble foireuse. Il ne faut pas regarder l’apport de la vidéosurveillance dans l’élucidation de toutes les enquêtes ; il faut regarder sa part dans l’élucidation des enquêtes concernant des affaires qui ont lieu dans des zones couvertes.



Parce que sinon, dans un pays où tu as zéro caméra, la vidéosurveillance concourt à l’élucidation dans 0% des cas, donc ça prouve que la vidéosurveillance ne sert à rien ! CQFD.


Effectivement il faut connaitre les données utilisées pour arriver à de tels chiffres.



Je suis aussi d’accord sur le fait que ça ne permette pas d’élucider une enquête, mais je reste persuadé que cela permette d’orienter l’enquête dans “la moins mauvaise direction”
Les forces de l’ordre (nationale ou municipale) en sont pourtant très friand de ces images …



(quote:2062340:alex.d.)
Je ne cherche pas spécialement à défendre la vidéosurveillance, mais leur métrique ici semble foireuse. Il ne faut pas regarder l’apport de la vidéosurveillance dans l’élucidation de toutes les enquêtes ; il faut regarder sa part dans l’élucidation des enquêtes concernant des affaires qui ont lieu dans des zones couvertes.




Pour autant, le niveau d’élucidation n’est pas forcément plus élevé sur les territoires équipés que dans les zones non équipées.



Reste à voir si cela a un effet dissuasif ou si elles sont utiles pour autre chose que
l’élucidation d’enquêtes du quotidien


@alex.d :



C’est vrai, mais l’article dit que 94,8 % des enquêtes résolues le sont sans vidéo, donc avec les méthodes habituelles. Ces méthodes sont donc plutôt déjà efficaces.



Sachant que ça, c’est juste les enquêtes élucidées : pour chaque enquête élucidée avec une caméra, il y en a 5 que ni les méthodes traditionnelles, ni la caméra n’arrivent à résoudre.



Vu comme ça, est-ce que ces 5 % d’utilisation de la caméra justifie des installations de surveillance et intrusives et chères ?



Une victime d’une agression dira sûrement que oui, mais dans l’absolu ?


Un marqueur intéressant c’est surtout si il y a une baisse des délits et autres dans les zones qui sont équipées ? A moins d’être idiots tu vas pas le faire sous les cameras. Au même titre, quand un radar est annoncé ça en calme beaucoup.


Combien d’infractions évitées car la zone était sous vidéosurveillance ?
Combien de suspects innocentés car la vidéosurveillance a confirmé leur alibi ?
Combien de nouveaux indices découverts grâce à la vidéosurveillance ?



Ah… on ne sait pas ? Bon bah, c’est surement inefficace…


Ben oui combien ? On aimerait savoir, plutôt que croire aveuglement qu’il y en a.


(Supprimé)


Cettz news n’est qu’un résumé et peut-être faut-il lire l’étude dans son entièreté pour avoir les réponses à vos questions….



Reste à voir si cela a un effet dissuasif ou si elles sont utiles pour autre chose que l’élucidation d’enquêtes du quotidien




J’avais lu que les caméras peuvent surtout déplacer la criminalité vers d’autres lieux sans caméras, et que le niveau de criminalité reste le même sur un territoire.
Après je crois, que sur certains lieux, il est parfois très utile de déplacer la criminalité, mais il ne faut pas trop en espérer plus à l’échelle d’un territoire.



(quote:2062364:le hollandais volant)
@alex.d :



C’est vrai, mais l’article dit que 94,8 % des enquêtes résolues le sont sans vidéo, donc avec les méthodes habituelles. Ces méthodes sont donc plutôt déjà efficaces.




Attention à cette façon d’utiliser les chiffres. 100% des enquêtes résolues le sont avec des méthodes actuelles, donc elles sont plutôt efficaces, ça ne sert à rien de chercher de nouvelles méthodes.
Tu vois l’arnaque dans ton raisonnement ?




Vu comme ça, est-ce que ces 5 % d’utilisation de la caméra justifie des installations de surveillance et intrusives et chères ?




Les caméras auraient-elles pu résoudre plus d’affaires, mais ça n’a pas marché, ou 95% des affaires ont-elles lieux dans des endroits sans caméra ?
Il nous manque plein de données pour interpréter correctement ces chiffres.


Il faut aussi vérifier le type de camera :
Les camera de merde où on ne voit rien même en plein jour ou alors des super camera Ultra-HD avec vision nuit complète couplé à reconnaissance faciale par IA (type Chine…), c’est pas la même chose…



Il y a des cameras même quand tu as la personne bien en face la qualité est tellement mauvaise que tu ne reconnais rien, dans ce cas oui c’est pas utile sauf à valider qu’il y a eu vandalisme :D
-> Par contre il faut avouer que sans camera on ne pourrait jamais avoir de preuve de violence policère (car ils sont juge et parti) et rien que pour ça on pourrait dire que “ça vaut le coup”…



Arkeen a dit:


Ben oui combien ? On aimerait savoir, plutôt que croire aveuglement qu’il y en a.





Ainsi, le déploiement toujours plus massif d’équipements de de commentaires sur la vidéosurveillance semble moins répondre à une vision rationnelle de l’outil qu’à des priorités politiques.



:D



(quote:2062340:alex.d.)
Je ne cherche pas spécialement à défendre la vidéosurveillance, mais leur métrique ici semble foireuse. Il ne faut pas regarder l’apport de la vidéosurveillance dans l’élucidation de toutes les enquêtes ; il faut regarder sa part dans l’élucidation des enquêtes concernant des affaires qui ont lieu dans des zones couvertes.



Parce que sinon, dans un pays où tu as zéro caméra, la vidéosurveillance concourt à l’élucidation dans 0% des cas, donc ça prouve que la vidéosurveillance ne sert à rien ! CQFD.




C’est ce que j’étais aussi en train de me dire… si les caméras jouent un rôle “préventif” qui repousse la délinquence ailleurs, nécessairement, elles permettent d’élucider peu d’enquêtes.



Par contre, la métrique qui permet de distinguer la persuasion de leur utilité, c’est effectivement de regarder “dans les zones avec caméras, combien de fois elles ont été utiles ? “



(quote:2062373:127.0.0.1)
Combien d’infractions évitées car la zone était sous vidéosurveillance ?




Aucune. Il suffit de suivre le premier lien de l’article.



« Pour quelles infractions la vidéo­surveillance est-elle la plus utile ?
D’une manière générale, de nombreuses études scientifiques ont déjà démontré que les effets sont nuls en termes de dissuasion dans l’espace public. »



https://www.lagazettedescommunes.com/792033/quelle-est-lutilite-reelle-de-la-videoprotection-dans-lelucidation-des-enquetes/




(quote:2062364:le hollandais volant)
Vu comme ça, est-ce que ces 5 % d’utilisation de la caméra justifie des installations de surveillance et intrusives et chères ?
Une victime d’une agression dira sûrement que oui, mais dans l’absolu ?




Comme dit dans l’article original cité au-dessus, la plupart des victimes d’aggression ou même des témoins connaissent l’aggresseur.



« Comment expliquer le faible « réflexe vidéo » des enquêteurs ?
Souvent, d’autres moyens d’enquête semblent privilégiés. Par exemple, pour des violences, les témoignages suffisent souvent et il est fréquent que la victime connaisse l’auteur. Pour des cambriolages, les preuves techniques et scientifiques sont potentiellement plus utiles que la vidéo. Ainsi, le faible niveau de « réflexe vidéo » n’est pas révélateur d’un dysfonctionnement. La raison principale est que les enquêteurs, consciemment ou non, vont réaliser un ratio entre les efforts et le temps nécessaires pour utiliser la vidéo et le bénéfice probable. Or, mobiliser les images peut être laborieux. Il faut identifier le propriétaire de la caméra, les requérir judiciairement, exploiter leurs heures d’enregistrement… En fonction du type de faits, l’enquêteur mobilise les moyens qui lui semblent les plus pertinents et efficients. »


Le réflexe vidéo est très lourd à mettre en œuvre avec toutes les protections du droit à l’image, vie privée etc…
Par exmple, auditionner une personne ne nécessite que la compétence judiciaire d’Agent de Police Judiciaire, alors qu’extraire une vidéo, l’exploiter, issue du domaine public, nécessite d’être Officier de Police Judiciaire.
L’instinct ou sens policier est souvent bien plus rapide dans les enquêtes de flagrant délit.


Allez, on démonte tout alors, merciii


Conclure à l’efficacité de la vidéosurveillance par leur emploi dans les procédures de police et judiciaires n’est pas pertinent, car les caméras sont surtout réputées pour leur effet dissuasif.



Quid de l’évolution de la délinquance dans les quartiers vidéosurveillés ?


C’est comme le lien entre les radars et les morts sur la route :
S’il y a une baisse des morts : tant mieux ca marche, rajoutons en.
S’il y a une hausse des morts : voyez bien qu’on en a pas mis assez, rajoutons en.


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