Le service de streaming musical vient de publier sa nouvelle politique contre les contenus haineux. Il compte désormais masquer dans ses sélections tout contenu jugé inapproprié, après remontées d'associations représentant les minorités ou via détection automatique (via l'outil Spotify AudioWatch).
Surtout, la vie privée des artistes entre maintenant en compte dans l'éditorialisation. « Même si nous ne croyons pas en la censure pour le comportement d'un artiste ou créateur, nous voulons que nos décisions éditoriales reflètent nos valeurs » écrit l'entreprise.
Selon le New York Times, cette nouvelle politique a mené au retrait des morceaux de R Kelly et de XXXTentacion des listes de lecture éditées par la société.
L'organisation Time's Up (née du mouvement #MeToo) a réclamé le retrait de l'œuvre de R. Kelly par les labels et distributeurs, après des années d'accusations d'abus sexuels par l'artiste. Il a toujours nié ces accusations et ne ferait aujourd'hui pas l'objet de condamnation. Pour sa part, XXXTentacion risque une condamnation, étant accusé d'avoir battu une femme enceinte.
Les décisions éditoriales de Spotify, ici sous pression du mouvement #MeToo, sont donc à son entière discrétion, sur la base de valeurs dont l'interprétation lui est aussi réservée. La publicité de ces suppressions sera ici un point important. Si elle a annoncé le retrait de R. Kelly des mises en avant, elle n'a pas répondu aux questions de l'AFP sur celui de XXXTentacion, révélé par le NYT.
Commentaires (27)
#1
Ils ont le droit de faire ca?
Deezer pourrait il faire de même en France?
#2
Ils sont sur une pente glissante…je suis abonné, mais si ça reproduit souvent ou touche un artiste que j’écoute régulièrement, alors je n’hésiterai pas à revenir aux “pratiques d’antan” - illégales mais libres.
#3
Même si nous ne croyons pas en la censure pour le comportement d’un artiste ou créateur, nous voulons que nos décisions éditoriales reflètent nos valeurs
Sans prendre la défense des artistes cités, cela reste bel et bien de la censure en bonne et due forme.
Et puis, quelles sont ces valeurs au juste ? En quoi celles-ci doivent-elles intervenir dans le domaine artistique ? Pour quelles raisons (autres que financières) ?
Dans le cas présent l’exclusion peut être justifiée. Mais dans le futur, qui dit qu’une chanson parodique ne risquerait pas d’être elle aussi censurée ? Où va se placer le curseur de la censure ?
Ça me désole de voir que de tels mouvements sont utilisés et manipulés pour assoir toujours plus la domination d’un politiquement-correct ignoble et liberticide.
A partir du moment où la loi est respectée et que les faits ne sont pas formellement avérés, ce type de décision est tout aussi critiquable que les actes qu’ils pointent du doigt.
On a déjà le censure dans le monde de l’humour, on va aussi y avoir droit dans le monde de la musique, sous couvert de défendre “des valeurs”… alors que tout ça est purement et simplement de la communication, avec un effet particulièrement pervers à long terme.
#4
Les morceaux sont retiré des playlists publié par Spotify, elles restent disponible à l’écoute.
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C’est ce genre de mélange douteux qui me donne envie de me désabonner immédiatement.
Quelle salade ! Ce sont des distributeurs, en quoi l’éthique les regarde. C’est comme si on mettait au pilon tous les livres d’écrivains condamnés.
C’est juste une très mauvaise chose. Je leur envoie un mail immédiatement tiens.
#8
Précision très importante et qui change tout !
#9
L’actu a été corrigée : les artistes ne sont pas retirés du catalogue mais des mises en avant/playlists.
#10
C’est la toute première fois que NxI est plus approximatif que lemonde.fr sur un sujet techno, d’ailleurs, ben alors NxI O_o
Bref, comme Janus l’a dit, et pour éviter tout malentendu
#11
Effectivement si c’est juste une playlist, ça change tout.
Je n’envoie donc pas mon mail ^^
#12
L’article contient toujours
“Il compte désormais masquer tout contenu jugé inapproprié”
“cette nouvelle politique a mené au retrait des morceaux de R Kelly et de XXXTentacion des listes de lecture.”
Ce qui est incorrect. La décision concerne seulement le retrait des playlists crées à la main par les employés de Spotify, ainsi que le filtrage hors des propositions sur base algorithmique.
Là, on peut encore croire que l’on va se faire supprimer I Believe I Can Fly de sa playlist, ou ne pas le trouver si l’on fait une recherche sur Spotify, avec la formulation actuelle.
(Ou alors vous avez un cache persistant qui demeure après control-F5 et l’article le plus récent ne s’affiche pas chez moi, désolé si c’est le cas)
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C’est désormais clarifié.
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Haa, ca fait plaisir de voir que les MEDIAs c’est la JUSTICE now, elle est belle la vie :) par contre quand t’es de confession J la t’es proteger, c’est louche tout ca non ? :)
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Non, il n’est pas mis au ban, il n’est juste plus mis en avant. Avant, il avait de la pub gratuite, plus maintenant.
Ce n’est ni de la censure, ni illégal.
C’est juste un choix éthique.
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« « Même si nous ne croyons pas en la censure pour le comportement d’un artiste ou créateur, nous voulons que nos décisions éditoriales reflètent nos valeurs » écrit l’entreprise. »
Je suis content d’apprendre que Spotify prend des “décisions éditoriales”. Moi qui pensait qu’il s’agissait de sélection personnalisée par algorithme dans un catalogue restreint par les Majors de la musique uniquement… Comme quoi, la tactique des bulles de filtre et les recommandations pour nourrir un algorithme-glouton, ça a ses limites.
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Arrêter de donner de la pub gratuitement, ce n’est pas de la censure. Sinon, ça voudrait dire qu’ils censure 99% de leur catalogue, en ne donnant pas de pubs gratuites.
Ils ont juste dit que dans les playlists qu’ils gèrent à la main, ils ne mettraient plus cet artiste. Et c’est un choix logique.
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«Concrètement, R. Kelly ne disparaît pas de Spotify. Ses morceaux seront toujours écoutables, mais ils n’apparaîtront plus dans les playlists générées par la plateforme, ni dans les propositions faites aux utilisateurs sur la base d’algorithmes.» Ensuite, oui, on ne peut pas reprocher un choix éditorial. Cependant, on peut reprocher l’intention qui motive ce choix. Facebook interdit les poitrines féminines à cause de la morale (protestante Nord-américaine). Spotify interdit un artiste violent avec les femmes à cause de la morale (protestante féministe de la Suède). Chacun ses tabous, chacun ses valeurs, chacun ses choix artistiques. Et qu’un distributeur de contenus (plus généralement, un commerçant) impose sa morale, on appelle ça de la censure (quand un État s’arroge le droit de faire ce genre de chose, on trouve ça insupportable, ici ça devrait être pareil ÀMHA).
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Cela-dit, oui je suis très critique à propos de la Société suédoise actuelle et vis-à-vis de l’hégémonie culturelle des États-unis. C’est mon droit, ça ne fait pas de moi un anti-quelque-chose ou un réactionnaire pour autant. Merci d’en tenir compte si vous souhaitez que je continue à garder un intérêt pour votre opinion (je m’adresse à toute personne qui souhaiterait réagir à mes propos).
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#27
Tant qu’il n’y a aucune condamnation, on est censé être présumé innocent… C’est le point qui me gêne avec le mouvement #MeToo, des dizaines de personnes mises au ban sur des rumeurs.
Alors oui dans certains cas il y a des preuves solides, voir des aveux publics des mis en causes, mais dans pas mal de cas il n’y a même pas assez de substances pour que des actions en justice soient ouvertes.
Bref, tout ça pour dire que c’est à la justice de juger et punir les personnes qui commettent des délits/crimes, et non aux plateformes de jouer aux juges et bourreaux.