« Ennemis d’Internet » : la France épinglée par Reporters sans frontières
Ennemi choco
Le 12 mars 2014 à 07h40
8 min
Internet
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Si la France fut placée « sous surveillance » par Reporters sans frontières en 2011 et 2012, l’Hexagone bénéficie d’un certain répit depuis que le rapport annuel de l’association concernant la cyber-censure ne s’intéresse plus qu’aux « Ennemis d’Internet ». Cette année, notre pays est néanmoins mentionné dans ce volumineux rapport, notamment en raison de l’adoption de la loi de programmation militaire.
Depuis quelques années déjà, le 12 mars est synonyme de « journée mondiale contre la cyber-censure ». Pour l’occasion, l’association Reporters sans frontières (RSF) publie un rapport annuel afin de distribuer les mauvais points. Si ce document épinglait auparavant les pays « Ennemis d’Internet » et ceux placés « Sous surveillance », l’organisation a dorénavant élargi son champ de vision, en mettant également à l’index les entreprises accusées de vendre du matériel de surveillance à des pays peu recommandables. L’année dernière, cinq pays et cinq sociétés étaient ainsi mis à l’index : la Syrie, la Chine, l’Iran, le Bahreïn et le Vietnam du côté des États, puis Amesys, Gamma, Trovicor, Blue Coat et Hacking Team pour les sociétés.
Le Royaume-Uni, « champion du monde de la surveillance » grâce au GHCQ
Pour l’édition 2014 de son rapport, RSF a encore innové en pointant cette fois du doigt 32 « institutions » considérées comme des Ennemies d’Internet. Plutôt que de viser d’une manière large un pays dans son ensemble, l’association a préféré épingler des structures bien précises telles que la NSA, la désormais célèbre agence de renseignement américaine. Car si les États jugés démocratiques étaient jusqu’ici plutôt épargnés, RSF inscrit cette année sur sa liste noire différentes agences, à l’instar du Government Communications Headquarters (GCHQ), l’homologue britannique de la NSA - dont certaines pratiques ont également été dévoilées grâce à Edward Snowden. L’Angleterre est par ailleurs présentée comme une « championne du monde de la surveillance ».
« Les pratiques de la NSA aux États-Unis, du GCHQ au Royaume-Uni et du Centre de développement des télématiques en Inde n’ont rien à envier à leurs homologues chinois, russes, iraniens ou bahreïnis », relève ensuite le rapport de RSF. Sans grande surprise, les cinq pays « Ennemis d’Internet » en 2013 sont à nouveau mis à l’index. En Chine, c’est le Bureau d’État de l’information sur Internet (SIIO) qui est dénoncé, en Syrie, c’est le FAI gouvernemental « Syrian Telecommunications Establishment » ainsi que la « Syrian Computer Society », etc. Aux yeux de l’association, toutes les institutions épinglées ont « largement outrepassé leur mission originelle pour se livrer à une censure et une surveillance sans bornes des acteurs de l’information ». En plus des agences ou entreprises déjà citées, l’on retrouve par exemple le FSB russe ou bien le Conseil suprême du cyberespace iranien.
La France mise à l'index pour avoir accueilli des « dealers de la surveillance »
Cette année, plus question non plus de mettre les lumières sur des sociétés en particulier, les « mercenaires numériques ». En effet, Reporters sans frontières a préféré dénoncer les salons d’armement, ces lieux privilégiés de rencontre pour les « dealers de la surveillance » selon les termes employés par RSF. Et c’est là que la France commence à être citée...
En juillet dernier, Lyon a en effet accueilli le forum TAC (Technology Against Crime), où était d’ailleurs intervenu le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls. PC INpact était également présent. Comme le relève aujourd’hui RSF dans son rapport, deux sociétés qualifiées d’ennemies d’Internet en 2013 avaient alors un stand afin de présenter leurs solutions et services : Hacking Team et Gamma. Ces dernières avaient d’ailleurs refusé de nous parler (voir notre article : « Dans les couloirs du TAC, des sociétés de cybersurveillance bien discrètes »). À quelques pas de là, se trouvaient des représentants d’États tels que l’Iran, la Chine ou le Zimbabwe.
Un second événement ayant eu lieu en France est épinglé : du 19 au 22 novembre 2013, s’est tenu à Paris la 18e édition du salon Milipol, « où l’armement conventionnel côtoyait les technologies numériques » explique RSF.
RSF tance le double langage du gouvernement sur les armes de surveillance
« La censure et la surveillance par les institutions ennemies d’Internet ne seraient pas possibles sans les outils développés par les sociétés privées fréquentant les allées et les stands de ces salons » note l’organisation. RSF voit d’ailleurs là un double discours de la part des pouvoirs publics : « Il convient de pointer le comportement ambivalent des démocraties occidentales : en 2013, TAC et Milipol étaient tous deux accueillis par la France. En décembre de la même année, cette dernière publiait pourtant un avis contraignant les sociétés françaises exportatrices de matériel de surveillance hors Union européenne à demander une autorisation auprès de la DGCIS (Direction générale de la compétitivité, de l’industrie et des services) ».
Stands du forum TAC de Lyon - Juillet 2013.
Si RSF s’était vivement félicitée de ce premier pas que constituait la publication de cet avis contraignant (voir notre article), l’association continue de militer dans son rapport pour une transposition de ces dispositions au niveau des Vingt-Huit. Le gouvernement travaille d’ailleurs pour qu’un tel contrôle des exportations du matériel de surveillance soit traduit dans un règlement européen, comme il l’avait annoncé au travers de sa feuille de route dédiée au numérique. De source diplomatique, une telle traduction devrait cependant prendre encore « un ou deux ans ».
La LPM et le projet de loi sur l’égalité femme-homme épinglés
Nombreuses sont les agences de renseignement épinglées cette année par RSF : la NSA, le GCHQ, le FSB, l’Unité des services d’Internet en Arabie Saoudite, le Centre analytique des opérations du Belarus, etc. Mais pour l’association, « cette tendance à instrumentaliser la sécurité nationale pour justifier des atteintes aux libertés fondamentales se retrouve dans d’autres institutions que celles épinglées dans ce rapport ». En l’occurrence, la France est à nouveau citée en raison de sa contestée loi de programmation militaire, qui fut promulguée à la mi-décembre.
Reporters sans frontière note au passage que le Parlement a adopté ce texte « à la hussarde, malgré les protestations de nombreuses organisations de défense de droits de l’Homme ». Comme nous avons déjà eu l’occasion de l’évoquer, l’article 20 de cette loi permet la mise en place d’un véritable « Patriot Act à la française » d’ici au 1er janvier 2015. Mais les reproches demeurent. L'association continue ainsi de dénoncer dans son rapport les termes « larges et évasifs » employés par cet article.
Autre point d’inquiétude de RSF : le fait que les pouvoirs publics « demandent de plus en plus souvent aux intermédiaires techniques, fournisseurs d’accès et hébergeurs, de jouer les gendarmes du Net ». Ici non plus, la France n’est pas épargnée. Plusieurs textes récents viennent en effet appuyer cette tendance. L’association fait ainsi référence au projet de loi de Najat Vallaud-Belkacem pour l’égalité entre les femmes et les hommes, qui - même s’il n’est pas encore définitivement adopté- a attiré son attention. Et pour cause, son article 17 va accentuer la responsabilité des intermédiaires, FAI et hébergeurs, dans la lutte contre les contenus sexistes, homophobes et handiphobes (voir notre article).
L'association lance un appel à la mobilisation en cette journée anti-censure
« Au-delà de la dénonciation, c’est l’action qui permettra de mettre fin à ces pratiques indignes » conclut Reporters sans frontières. Si l’organisation a déjà mis en place des outils et proposé des instructions permettant de contourner certains dispositifs de censure (au travers notamment de la plateforme We Fight Censorship), elle en appelle aujourd’hui à la mobilisation des internautes. Une campagne de sensibilisation en ligne est ainsi lancée, afin d’inciter les gens à interpeller les responsables politiques sur les réseaux sociaux et/ou en adossant à leurs photos de profil le logo « contre la censure en ligne » de RSF.
« Ennemis d’Internet » : la France épinglée par Reporters sans frontières
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L'association lance un appel à la mobilisation en cette journée anti-censure
Commentaires (98)
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Abonnez-vousLe 12/03/2014 à 08h43
Le 12/03/2014 à 08h43
Le 12/03/2014 à 08h44
Le 12/03/2014 à 08h46
Aie aie, j’avais bien dit que c’était un débat difficile. " />
Le 12/03/2014 à 08h48
Grâce à cette news, j’ai compris les pinces dans le logo ??
Le 12/03/2014 à 08h50
c’est triste mais je prefere avoir 40 ans aujourd’hui que 20 ans ! moi je plainds les jeunes… et si personne ne bouge ses fesses (ca a pas l’air de bouger) .. je vois pas trop vers ou ils vont se diriger mais ca va etre plutot tres moche.. entre la surveillance, des faiseurs de lois qui ne pensent qu’a leur gueule puante et un monde rempli d’abrutis débilisés (idiocratie) … ca va etre trop bien !
Le 12/03/2014 à 08h50
Le 12/03/2014 à 08h53
Le 12/03/2014 à 08h54
Le 12/03/2014 à 08h55
Le 12/03/2014 à 08h56
Le 12/03/2014 à 09h00
Le 12/03/2014 à 09h00
Le 12/03/2014 à 09h02
Par contre le sous-titre ? " />
Le 12/03/2014 à 09h06
Le 12/03/2014 à 09h07
Le 12/03/2014 à 12h10
Le 12/03/2014 à 12h11
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Le 12/03/2014 à 12h24
Le 12/03/2014 à 12h27
Le 12/03/2014 à 12h37
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Le 12/03/2014 à 13h44
Le 12/03/2014 à 13h51
Le 12/03/2014 à 09h35
Ironie merveilleuse,https://www.wefightcensorship.org/ est filtré par le proxy de ma boîte " />
Le 12/03/2014 à 09h38
les reporters sans frontieres une vrai mafia qui joue contre le peuple pour la sauvegarde de leurs multiple priviléges et cadeaux fiscaux. " />
Le 12/03/2014 à 09h38
Le 12/03/2014 à 09h38
Le 12/03/2014 à 09h41
Le 12/03/2014 à 09h40
Le 12/03/2014 à 09h41
Le 12/03/2014 à 09h43
Le 12/03/2014 à 09h47
Le 12/03/2014 à 09h51
Le 12/03/2014 à 09h51
Le 12/03/2014 à 09h52
Le 12/03/2014 à 09h55
Le 12/03/2014 à 09h57
Personnellement, la surveillance ne me gène pas, tant que c’est sous le contrôle de personnes élues démocratiquement, et que des règles (peut-être confidentielles) soient édictées.
Le 12/03/2014 à 10h01
Les autorités françaises ne comprennent qu’un seul message, c’est celui de la violence (fort avec les faibles, faible avec les forts).
Le 12/03/2014 à 10h03
Le 12/03/2014 à 14h21
Le 12/03/2014 à 14h59
Le 12/03/2014 à 15h50
Le 13/03/2014 à 06h32
La France et sa pensée unique est l’ennemie des libertés on le voit avec Dieudonné, internet etc…., Le gouvernement Fauxcialiste prône la pensée unique et tous ce qui est opposition a ses idées est condamné, c’est comme cela que démarre une dictature…..
Le 13/03/2014 à 06h57
Hacking Team et Gamma. Ces dernières avaient d’ailleurs refusé de nous parler
c’est ce qu’on appelle la transparence obscure, sois belle et tais-toi !
drôle de façon d’agir dans une démocratie
combien sont-ils payé ?
avec quel argent ?
Le 12/03/2014 à 07h43
C’est triste d’entrevoir vers où le monde ce dirige… " />
Le 12/03/2014 à 08h14
Journée anti-censure… C’est génial ce concept, ça montre bien que le restant de l’année, ce sont des journées ferme-ta-gueule.
Le 12/03/2014 à 08h14
Le 12/03/2014 à 08h21
Le 12/03/2014 à 08h25
Le 12/03/2014 à 08h28
Le 12/03/2014 à 08h29
Le 12/03/2014 à 08h28
Le 12/03/2014 à 08h33
Le 12/03/2014 à 08h35
Le 12/03/2014 à 08h38
Le 12/03/2014 à 08h41
Pire, laisse moi inspecter tes cookies " />
Le 12/03/2014 à 08h41
Le 12/03/2014 à 09h07
Le 12/03/2014 à 09h07
Le 12/03/2014 à 09h08
Quand on écoute les discours du président (et de son prédesseur), internet est un vaste machin compliqué, qu’il faut réguler et réglementer spécifiquement.
Ce n’est pas spécifique à Internet ! Toute la société est comme ça ! Vous voulez le fonctionnement de l’oligarchie française en 3 étapes ?
N°1 : De façon globale, nos politiciens agitent des chiffons rouges, pour faire accepter des lois/taxes …
N°2 : Ces lois, sont acceptées par l’opinion, car le chiffon rouge agité fait vraiment peur. Le processus législatif suit son cours, et pouf la nouvelle loi et ses décrets d’applications.
N°3 : Des structures ruineuses sont créées pour gérer toutes ces lois, mais ce n’est pas grave, car ça fait bosser les copains.
Conséquences (non exhaustives) :
On entretient des agences non gouvernementales qui coùtent des milliards, et qui se réunissent une fois l’an, et pour ne rien produire ! (cf articles de 2012)
Ensuite, on “”“découvre”“” que des taxes coùtent plus cher à gérer, que ce qu’elle rapportent… (cf articles de 2014)
Le 12/03/2014 à 09h10
Le 12/03/2014 à 09h12
Le 12/03/2014 à 09h13
Plus ça va, plus on en sait, plus l’avenir fait penser à l’Armageddon de tous les côtés. " />
Le 12/03/2014 à 09h15
Le 12/03/2014 à 09h16
Le 12/03/2014 à 09h16
Le 12/03/2014 à 09h18
Le 12/03/2014 à 09h21
Le 12/03/2014 à 09h23
Le 12/03/2014 à 09h25
Le 12/03/2014 à 09h28
Le 12/03/2014 à 09h31
Le 12/03/2014 à 09h34
Le 12/03/2014 à 10h07
Le 12/03/2014 à 10h08
Le 12/03/2014 à 10h11
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Le 12/03/2014 à 10h11
Le 12/03/2014 à 10h21
Le 12/03/2014 à 10h26
Le 12/03/2014 à 10h28
Le 12/03/2014 à 10h29
Le 12/03/2014 à 10h31
Le 12/03/2014 à 10h32
Le 12/03/2014 à 10h42
Le 12/03/2014 à 10h50
Le 12/03/2014 à 11h00
Si on arrêtait les subventions à la presse ça serait peut être un bon départ pour leur liberté non ? " />
Le 12/03/2014 à 11h02
Dans ta face " />
Espérons que ça les fera bouger, ces dinosaures !
Le 12/03/2014 à 12h08
Le 12/03/2014 à 12h09