La guerre de Fleur Pellerin contre le « piratage de masse » reportée à 2016 ?
Désherbant
Le 13 décembre 2014 à 08h09
5 min
Droit
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Le ministère de la Culture confirme sa volonté d’apporter un « soutien à la mutation numérique des industries culturelles ». Dans l’agenda des réformes exposé sur le site du gouvernement, la Rue de Valois esquisse les trois principales mesures dont le chantier devrait débuter au premier trimestre de l'année prochaine. Mais curieusement, le document prévoit une mise en œuvre début 2016.
Un chantier qui vise l'échéance du premier trimestre 2016
Il s’agira d’abord de « faire évoluer la régulation et le financement », de « créer de nouveaux outils pour développer l’offre légale » et enfin de « lutter contre le piratage et la contrefaçon de masse » explique cet agenda qui programme l'application de ces mesures au premier trimestre 2016.
Nous attendons validation de cette date par le ministère de la Culture, alors qu'en off, plusieurs informations contradictoires nous arrivent. Si elle est confirmée, elle révèlera un nouveau retard important dans cette partie du projet de loi Création, alors qu'on s'approchera dangereusement de l'échéance électorale de 2017.
Le 1er trimestre 2016 correspondra à une situation délicate rue de Texel. La Hadopi sera en situation d’asphyxie budgétaire puisqu’elle aura alors consommé l’ensemble de ses subventions et de son fonds de roulement. De même, fin 2015, Marie Françoise Marais (collège) et Mireille Imbert Quaretta (commission de protection des droits) rendront leur tablier puisque leur mandat arrivera à échéance. Une excellente occasion de préparer un grand ménage structurel voire un enterrement administratif ?
Les briques décisives de MIQ
À cet instant, aucun détail officiel n’a été donné sur le contenu de ce texte, seulement, au vu des récentes fuites obtenues des murs du CSPLA, ce sont bien les préconisations du rapport de Mireille Imbert Quaretta qui devraient nourrir le chapitre lié à la contrefaçon.
Son dernier rapport sur le sujet, publié le 12 mai 2014, préconise quatre pistes pour lutter contre le « piratage commercial » en ligne :
- Des chartes signées avec les acteurs de la publicité et du paiement en ligne,
- La publication d’une liste noire des sites massivement contrefaisants,
- Une injonction de retrait prolongé visant certains contenus contrefaisants, adressée aux intermédiaires du Net, y compris les moteurs
- Un dispositif de suivi dans le temps des décisions judiciaires concernant les sites Internet abritant massivement de la contrefaçon (afin de lutter contre les sites miroirs).
Dans le lot, c’est l’injonction de retrait prolongé (notice and stay down) et le suivi dans le temps qui seront à suivre de près.
Filtrage des contenus, lutte contre les sites miroirs, listes noires
Pour le premier outil, le rapport Imbert-Quaretta veut « confier à une autorité administrative la possibilité d’enjoindre à un site (…) de faire cesser et de prévenir, pendant une durée déterminée, la réapparition de contenus qui lui ont été signalés comme constituant une atteinte aux droits d’auteur ou aux droits voisins ». Cette mesure impliquera un filtrage des contenus puisque si aujourd’hui on notifie une URL pestilentielle aux FAI, une surveillance des contenus implique un système d’empreinte informatique généralisée chez les hébergeurs.
Cette mesure est en principe dans les clous du droit européen qui refuse que ceux-ci soient astreints à une surveillance généralisée et infinie, admettant a contrario un action « ciblée », « non générale » et limitée dans le temps (CJUE arrêt SABAM du 16 février 2012, voir notre actualité). Enfin, la directive « commerce électronique » autorise que les autorités administratives puissent « prendre des mesures pour faire cesser et prévenir une atteinte particulière à des droits sur des œuvres. »
Le projet est programmé pour début 2015 mais aurait 2016 pour échéance
Le second outil milite pour qu’une autorité administrative soit chargée de suivre l’exécution des décisions de justice, notamment afin de scruter la réapparition des sites bloqués judiciairement. L’idée serait d’aller plus vite que les procédures actuelles afin de taper également sur les sites miroirs, comme l'exemple de The Pirate Bay l'a récemment montré.
Enfin, la gestion d’une liste noire « officielle » pourrait impliquer plus facilement la responsabilité des intermédiaires techniques par ricochet. Ceux-ci ne sont responsables que s’ils ont connaissance d’un contenu illicite et qu’ils restent passifs. Puisque la liste sera estampillée par une autorité indépendante, ils ne devraient plus pouvoir s’abriter derrière leur ignorance. C’est du moins le petit plan de Mireille Imbert Quaretta comme elle nous l’a avoué lors d’une interview.
Déjà des propositions de textes signés MIQ
Précisons enfin que ces mesures ont été qualifiées de « briques décisives » de la future loi Pellerin, par Jean-Philippe Mochon, le chef du service des affaires juridiques de la ministre. Au CSPLA également, nous avions appris que Mireille Imbert Quaretta « a essayé de rédiger des propositions de textes qui ont été soumises aux juristes du ministère de la Culture ».
Sur l’injonction prolongée, elle estime qu’ « il est possible de prévoir une rédaction qui puisse s’appliquer à l’ensemble des intermédiaires techniques, y compris les moteurs de recherche ». Seulement, « il faut avoir connaissance de l’état de la technique avant d’écrire les dispositions envisagées, mais ne surtout pas la figer en indiquant trop de précisions dans la loi ».
La guerre de Fleur Pellerin contre le « piratage de masse » reportée à 2016 ?
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Un chantier qui vise l'échéance du premier trimestre 2016
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Les briques décisives de MIQ
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Filtrage des contenus, lutte contre les sites miroirs, listes noires
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Déjà des propositions de textes signés MIQ
Commentaires (40)
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Abonnez-vousLe 13/12/2014 à 13h37
Ben c’est quand même plus facile de racketter toute une population que de se mettre à bosser sur une vraie offre légale, non ?
Le 13/12/2014 à 13h41
on aura accès a cette liste noire ? " /> " />
Le 13/12/2014 à 13h56
Le 13/12/2014 à 14h03
?
Le 13/12/2014 à 15h13
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Le 13/12/2014 à 15h32
Personne ne se plaint que les industriel ne soit pas de “vrais” scientifique quand ils fabrique un micro-onde. La différence entre art et art appliqué est la même.
Les jeunes des années 80, enfin, des années 1880, devait se faire gronder après avoir lu les nouvelles de Maupassant dans ces torchons de quotidien ou d’hebdomadaire. L’Histoire définis la culturelle. Entre temps, laissons les artisans essayer de se faire du blé…
Il ne faut pas non plus oublié que ce qu’on appelle la culture aujourd’hui est pas forcément là pour soulever un questionnement. La Joconde, ne posent pas plus de question qu’un selfie, Les nénuphars de Monet n’en pose pas plus qu’une carte postale, ou même plus récemment, les “dada” posaient plus de question de part le mouvement que par les oeuvres en elle mêmes.
Je te rejoins dans le fond, mais ne sur-estimons pas la culture non plus.
Le 13/12/2014 à 15h58
La culture doit effectivement être recontextualiser en permanence.
Je te rejoins sur la Joconde et Monet et compagnie. Mais s’ils sont restés ce n’est pas seulement par leurs icônes. Ils ont révolutionnés l’art et donc la vision et la réflexion des autres artistes qui les ont suivi.
Récemment depuis le Fluxus, Dechamps, John Cage ils nous posent la question sur ce qui est important dans l’art, le signifié ou le signifiant.
Ayant engendré les Merce Cunningham, Pina Bausch, Aí Wei Wei pour ceux qui me viennent en tête.
Et dans quelques siècles, ils auront peut-être le même avenir que L’oeuvre de la Joconde. Des images iconiques dont ont aurait oublié la raison ^^
Le 13/12/2014 à 16h49
Le 13/12/2014 à 16h50
Le 15/12/2014 à 05h31
Vivement le mois de Mars qu’on puisse exprimer notre satisfaction en renouvèlent ou pas leurs mandats … " />
Le 15/12/2014 à 10h43
Wow ce swordage galactique " />
Le 15/12/2014 à 12h07
Le 16/12/2014 à 10h50
normal..c’est des suppressions “en cascades”
(principe : “des Dominos” = le 1er…et vlan –> 10ème)
Le 16/12/2014 à 13h07
J’avais bien compris hein " />
Juste que je trouve un peu “hard” un swordage pareil ; il y avait des commentaires qui méritaient de rester je trouve " />
M’enfin bref.
Le 16/12/2014 à 13h10
c’est vrai ! " />
Le 13/12/2014 à 08h45
Industrie et culture… Les termes les plus antinomique au possible à l’heure actuelle où l’on préfère l’entertainment à la réflexion.
Si l’argent allait moins à l’entertainment qu’à la culture, celle qui cultive et enrichie, on en serait peut-être pas à un tel niveau de pertes financières, sans même parler d’une perte de culture pour beaucoup.
Je ne crache pas sur l’entertainment, juste que cela ne fait pas parti, de mon point de vu, à de la culture, puisque ne mettant souvent rien en question.
Mise à part quelques cinéastes d’un autre temps, idem pour la musique et le reste.
La critique et l’engagement n’étant plus le fort des dernières générations.
Ce n’est sont plus que des produits de consommation qui viennent sur les plates-bandes d’un Retour par exemple, qui a été beaucoup décrié de son temps.
Comme Piscator ou Brecht pour ne prendre que ces 2 exemples dans le théâtre.
Et ne me faites pas le coup du “c’était mieux avant”. Je connais mon sujet et vois parmi mes amis enseignants les dégâts de ce désengagement culturel des élèves dont les références font parti pour beaucoup de l’entertainment.
quand je vois que même dans un cours de théâtre la jeune génération ne sait pas qui est Marie Curie, c’est dérangeant.
Le 13/12/2014 à 08h46
Il y a deux ou trois jours, je l’ai entendu à la radio déclarer qu’un ministre de la culture n’était pas là pour lire des livres (en référence à son incapacité à citer un bouquin du prix Nobel 2014 de Modiano), mais pour défendre “l’exception culturelle française” (comme si les autres pays européens n’avaient pas de culture ou de production de films, il suffit de songer à l’Italie, l’Allemagne, les pays nordiques) et “les ayants-droits”…
Aah… ça, c’est sûr. En France, le rôle d’un minsitre, c’est surtout de protéger leurs copains plein aux as. Pognon, pognon, c’est la seule chose qu’ils connaissent, nos incompétents au sommet.
Le 13/12/2014 à 08h54
Le 13/12/2014 à 09h11
Donc pour illustrer son soutien aux industries culturelles, le gouvernement utilise un film de gangsta.
Le 13/12/2014 à 09h46
* très peu, en fait –> dans la vie actuelle
Le 13/12/2014 à 10h33
Le 13/12/2014 à 10h39
Je ne vois pas comment l’injonction de retrait prolongée pourrait être constitutionnelle car elle imposerait une charge impossible à évaluer a priori pour les opérateurs, en violation du principe de sécurité juridique.
Le 13/12/2014 à 11h20
Le 13/12/2014 à 12h00
Il s’agira d’abord de « faire évoluer la régulation et le financement », de « créer de nouveaux outils pour développer l’offre légale »
Ça fait 16 ans qu’on ne demande que ça.
Et qu’est-ce qu’on a eu depuis cette date?
Le label “Pur” " />" />
Des fois, je me dis que l’industrie culturelle fait tout pour s’enfoncer elle-même.
16 ans que ça dure, et toujours pas fichus de proposer une offre légale un peu correcte sur des sites fonctionnels avec un minimum de support.
C’est même plus de l’incompétence à ce niveau, ni même de la mauvaise foi, mais tout simplement de la débilité profonde, et encore… (y a des débiles qui sont plus intelligents que ça)
Le 13/12/2014 à 12h14
Bien vu Marc !
Le 13/12/2014 à 12h23
Elle commence à nous briser les étamines celle-là !
Le 13/12/2014 à 12h35
Le 13/12/2014 à 12h38
Le 13/12/2014 à 12h40
Merci, parfois je me sens très seul dans ce monde qui s’enfonce dans le prêt à penser.
Je ne sais pas ce que j’y fais. ^^
Le 13/12/2014 à 12h46
Je comprends, nous vivons une période de recul et du coup de recul des idéaux et du coup la montée des extrêmes.
Le 13/12/2014 à 13h27
pour l’instant “leur digue Hadopi” tient le coup, mais jusqu’à QUAND ?
avant que les “A.D.” ne soient, finalement, noyés, lorsqu’elle lâchera !
pour le moment “ils jouent les cigales” et engrangent les millions d’Euros
en prévision “des vaches maigres” !!!
(patience : arrivera un moment , où ….) " />
Le 13/12/2014 à 20h47
Utiliser le système du copyright pour brider internet voir faire en sorte que les FAI fassent dans la délation l’auto-censure est en marche …
Dire que internet à été bâtie sur la liberté et voir ce que les multinationales et leur lobbies en on fait " />
Le 13/12/2014 à 21h19
Ce fil de commentaires part complètement en sucette. Je suis bien naïf parce que ça me prend au dépourvu.
Le 13/12/2014 à 22h27
Pour relever le débat….
Voilà le danger qui se profil et dont j’ai fait une brève alarme sur la première page.
http://www.dailymotion.com/video/x2cetvo_maguy-marin-appel-du-10-decembre-2014_n…
Le 13/12/2014 à 23h16
Le minister de la culture sera bientôt financé à cent pour cent par les majors !
Ce que le ministère de la “culture” veut faire…
La vrai question c’est: Qui va payer cette mise en place de flicage du net ?
Les majors sont les responsables de la perte de liberté, la culture numérique c’est du pipo.
Qui peut dire que : 0 1 : (Zéro et un) ont une valeur ?
La redevance sur le papier est-elle déjà ponctionnée ?
Parce que taxer les cartouches d’ encre y a pas à dire (même si rétro rétropédalage ) c’est très fort.
Il sera offert un poste bien rémunéré pour les petits soldats exécutant les ordres des majors! (+ une bonne retraite). Mais vous la saviez déjà " />
Le 14/12/2014 à 09h17
”..Ce n’est que mon avis ; mais ce quota en est une hérésie (point).
(et vice versa bien sur).”
" />
Le 14/12/2014 à 10h18
Le 14/12/2014 à 13h41
Marine va nous arranger tout cela… Dommage !
Le 15/12/2014 à 00h56
Le 15/12/2014 à 01h08