Au Sénat, nouvelle charge contre l’ouverture des codes sources des administrations
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Le 25 avril 2016 à 14h11
4 min
Droit
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Alors que les discussions relatives au projet de loi Numérique doivent débuter demain au Sénat, un parlementaire vient de déposer un amendement s’opposant à l’ouverture du code source des administrations – au travers d’une argumentation qui risque d'en laisser plus d'un pantois.
Les codes sources des logiciels produits par des fonctionnaires dans le cadre de leur mission de service public doivent-ils être considérés comme des documents administratifs, dès lors communicables par principe au citoyen qui en fait la demande ? Pour les députés, la réponse est clairement oui. Les élus du Palais Bourbon ont ainsi voulu graver dans le marbre de la loi Lemaire ce qui faisait jusqu’ici figure de simple « jurisprudence » de la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA), récemment confirmée par le tribunal administratif de Paris (voir notre article).
Au Sénat, cette évolution législative n’est toutefois pas vue d’un bon œil par l’ensemble des parlementaires. « Transmettre le code source d’un logiciel permet (...) d’accéder aux informations qui régissent ce logiciel, il n’y a plus besoin de le pirater ! » assène en ce sens Éric Doligé, à l’appui d’un amendement reprenant très fidèlement celui déposé il y a trois semaines par deux autres sénateurs – à l’occasion des débats en commission. « La communication des codes sources aura des effets dissuasifs sur l’innovation, soutient à son tour le parlementaire Les Républicains, tant pour les entreprises chargées d’une mission de service public que pour leurs partenaires, dès lors que la transmission des codes sources permettra à toute personne de s’approprier les nouvelles technologies sans avoir à effectuer le moindre investissement. »
L’open source facilite pourtant les audits de sécurité
Cet argumentaire avait été vivement contesté, notamment sur les réseaux sociaux. « Fermer un code ne rend en aucun cas les potentielles failles inopérantes, bien au contraire ! expliquait par exemple Frédéric Couchet, délégué général de l’Association de promotion du logiciel libre (April), dans nos colonnes. Une personne malveillante peut les exploiter sur de longues périodes avant qu'elles ne soient corrigées. Car seule l'identification des failles en permet la correction. Et la correction des failles nous semble être l'exigence minimale à avoir pour la sécurité des logiciels des administrations. » De nombreux systèmes critiques fonctionnent d’ailleurs aujourd’hui sur des logiciels libres, y compris au sein de l’administration.
Cet épisode a même conduit l’April à diffuser une infographie en faveur de l’ouverture du code source des administrations. « Cela nous semble d'autant plus important que le fonctionnement de l'État et des services publics est régi par des lois de plus en plus complexes, que les administrations interprètent au travers de logiciels, affirme Frédéric Couchet. Nous basculons dans une situation où ce sont des algorithmes, écrits par quelques initiés, qui définissent l'application du droit, la rendant univoque et figée. Au-delà d'une plus value en termes de sécurité, l'ouverture du code source permet donc à tous ceux qui le souhaitent de s'assurer que la loi a correctement été traduite en langage informatique. »
Craintes autour d’une nouvelle barrière à la diffusion des codes sources
L’association se montre également préoccupée dans la mesure où le projet de loi Lemaire permet aux administrations de refuser la diffusion de certains documents administratifs (dont les codes sources) dès lors que leur divulgation porterait atteinte « à la sécurité des systèmes d'information des administrations ». Selon le député Luc Belot, qui est à l’origine de ces dispositions, il s’agit de protéger la sécurité informatique des administrations. « Cette exception apparaît disproportionnée et porte le risque de vider l'avancée de cet article de sa substance », craint de son côté l’April.
Elle en appelle les sénateurs à soutenir l’amendement de l’écologiste Corinne Bouchoux, qui réclame la disparition de cette nouvelle exception à la communicabilité des documents administratifs. D’après l’élue, la communication des codes sources est d’ores et déjà soumise à de nombreuses restrictions, « au rang desquelles figure la protection du secret en matière commerciale et industrielle, la sûreté de l’État, ou encore la sécurité des personnes. Les administrations peuvent déjà refuser la communication du code source pour ces motifs(...). Il apparait donc superfétatoire de prévoir une réserve supplémentaire. »
Tous ces amendements devraient être débattus dès demain.
Au Sénat, nouvelle charge contre l’ouverture des codes sources des administrations
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L’open source facilite pourtant les audits de sécurité
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Craintes autour d’une nouvelle barrière à la diffusion des codes sources
Commentaires (56)
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Abonnez-vousLe 25/04/2016 à 14h24
Que je hais les infographies !
Le 25/04/2016 à 14h27
des mec qui tapent encore des rapports sur des remingtons et qui parlent de code source " />
Le 25/04/2016 à 14h27
Le 25/04/2016 à 14h28
“Soutenez l’amendement 181…”
On se croirait aux Etats Unis :)
Le 25/04/2016 à 14h29
Désormais, à tout jamais, mon image mentale de quelqu’un de malveillant sera celle d’un spermatozoïde noir.
Le 26/04/2016 à 13h14
Le 26/04/2016 à 13h28
Le 26/04/2016 à 15h33
Le 25/04/2016 à 15h16
Le 25/04/2016 à 15h20
Pour moi ouvrir un code source, c’est accepter des loups dans la bergeries, et ils attaqueront le moment venu (pour foutre le bordel), n’en déplaisent vos avis contraire. Songez qu’il y a des administrations faillibles
Le 25/04/2016 à 15h32
donc cachons les failles sous le tapis?
la sécurité par l’obfuscation ça marche pas bien longtemps hein. ^^
Le 25/04/2016 à 15h35
Pourtant quand c’est JVachez qui dit qu’on voit mieux les failles quand le code est ouvert on lui explique que ça marche pas comme ça… Les failles se découvrent dans l’open-source uniquement quand on veut les colmater ? " />
Le 25/04/2016 à 15h37
C’est sur qu’une faille n’est jamais mieux que cachée et exploitée activement par une puissance exterieure " />
Quand c’est pas une backdoor créée spécifiquement " />
Ne montrons pas ces failles au public de peur qu’il les remonte " />
Le 25/04/2016 à 15h37
Le 25/04/2016 à 15h44
Que le code soit ouvert à tous ne veut pas dire que le gars qui a trouver une faille en vérifiant le code source va le reporter..
Le 25/04/2016 à 15h47
il y a des élections en vue au sénat en ce moment ?
parce que je trouve que les fossiles sont bien agités et nous pondent chacun leur tour une crotte bâclée, comme si ils avaient besoin d’exister médiatiquement dans l’instant.
Le 25/04/2016 à 15h53
Le 25/04/2016 à 15h54
Le 25/04/2016 à 16h05
Le 25/04/2016 à 16h10
Réponse @ tous
Votre confiance règne, moi j’en suis loin (c’est comme si je donnais mon numéro de compte bancaire et je vous demanderais s’il est bien sécurisé)" />
Le 25/04/2016 à 16h18
ce troll.
Microsoft et Apple ne sont pas à sources fermées pour des raisons de sécurité, mais pour des raisons de propriété intellectuelle.
je sais même pas pourquoi je prend la peine de répondre à une telle connerie. ^^
Le 25/04/2016 à 16h19
c’est pas le numéro de compte qu’on veut, c’est le code source du logiciel de la banque.
ça ne donne en rien accès à ton compte. " />
Le 25/04/2016 à 16h21
Le 25/04/2016 à 16h27
t’as quand même plus de probabilité qu’il ou quelqu’un d’autre le fasse que sur un code fermé.
enfin bref, la fermeture de code “s’entend” dans un contexte commercial, mais justifier ça pour des raisons de sécurité, c’est juste ne rien capter au schmilblick.
Le 25/04/2016 à 14h31
Le 25/04/2016 à 14h32
Le 25/04/2016 à 14h33
Le 25/04/2016 à 14h42
Le 25/04/2016 à 14h47
Les sénilateurs ne sont pas à mon sens les mieux placés pour jugés du bien fondés d’un tel amendement. Il faut avoir une vraie connaissance à la L. Tardy pour donner un avis éclairé, et pas un truc qu’on a entendu sur france info le matin même.
Merci de ne pas intervenir si vous n’y comprenez rien, le peuple vous en remercie.
Le 25/04/2016 à 14h51
Le 25/04/2016 à 14h55
Je pensais que beaucoup de nos zélus ne comprenaient rien au numérique. Maintenant j’en suis sûr ! MORT AUX CONS !
Le 25/04/2016 à 14h58
« Transmettre le code source d’un logiciel permet (…) d’accéder aux informations qui régissent ce logiciel, il n’y a plus besoin de le pirater ! »
Plus besoin de le pirater ! Vous vous rendez compte ?
Apparemment il y a un besoin de piratage de logiciel administratif maintenant ? On ne sait plus séparer les algo des data ?
Le 25/04/2016 à 15h00
« La communication des codes sources aura des effets dissuasifs sur l’innovation, soutient à son tour le parlementaire Les Républicains, tant pour les entreprises chargées d’une mission de service public que pour leurs partenaires, dès lors que la transmission des codes sources permettra à toute personne de s’approprier les nouvelles technologies sans avoir à effectuer le moindre investissement. »
Ah oui c’est sûr, alors que si le code source reste fermé, les entreprises seront obligées de dépenser plein de temps et d’argent pour ré-inventer la roue, de l’argent qui apparaîtra dans leur colonne « R&D » mais qui n’innovera rien du tout.
D’ailleurs c’est bien connu : les entreprises qui utilisent du Logiciel Libre ne font que piller le code, elles n’innovent pas, comme Apple, Google, Microsoft, Oracle, Intel, AMD, ou même chez nous, Thalès par exemple…
Il a tout compris ce monsieur " />
Le 25/04/2016 à 15h02
Le 25/04/2016 à 15h09
Il serait peut-être temps pour ce monsieur de faire son travail de sénateur en requérant différents avis auprès de gens compétents avant de déposer l’enregistrement de sa conversation à la buvette du Sénat en amendement " />
Le 25/04/2016 à 15h10
Thalès : célèbre mathématicien
Thales : entreprise de défense et d’aérospatiale.
Le 25/04/2016 à 15h10
Le 25/04/2016 à 15h11
Et si j’ai les plans d’un moteur de chez Volkswagen, je peux y mettre un virus qui trompe le logiciel de controle de pollution ?
Ah vous me dites que non au Senat ? Ben pourquoi ? c’est exactement la meme chose que l’enormite qui a ete sortie par Eric Doligé…
Le 25/04/2016 à 15h12
Le 25/04/2016 à 15h14
Ca peut s’appliquer au sénilateurs comme au bon peuple de France cette petite phrase :)
Le 25/04/2016 à 16h31
Le 25/04/2016 à 16h45
Le 25/04/2016 à 16h47
Si je disais : “Sénateurs, vieux cons”, ce serait une insulte ou un simple constat ?
je ne le dirai pas bien sûr, trop respectueux de nos politiques qui œuvrent pour le bien de notre pays. :p
Le 25/04/2016 à 17h15
Le 25/04/2016 à 18h00
Le 25/04/2016 à 18h24
pourrais-tu me dire pourquoi ? ça m’intéresse.
Le 25/04/2016 à 18h37
Édit : en plus, la plupart du temps, quand elles sont dans un article, l’article reprend le texte de l’infographie ce qui fait doublon.
Le 25/04/2016 à 19h36
ok, merci " />
Le 26/04/2016 à 07h30
Le 26/04/2016 à 07h45
Le 26/04/2016 à 07h57
Le 26/04/2016 à 07h59
Non, mais par contre, ça permettra au plus grand nombre de profiter des 12000 niches fiscales inconnues car elles seront forcéments prises en comptes dans l’algo ^^
Du coup c’est : “Quoi il veulent comprendre ce qu’on a mis dedans ?! Certainement pas, ils paieront ce qu’on leur dis….”
Le 26/04/2016 à 09h42
Le 26/04/2016 à 09h58
Le 26/04/2016 à 10h06
Le 26/04/2016 à 13h08
D’un autre côté, avec le pare-feu d’OpenOffice, y’a rien à craindre :-)