Machine arrière : Windows Recall devient opt-in et renforce sa sécurité
« Considère ça comme un divorce »
Alors que la polémique enflait sur Recall, jugée intrusive et dangereuse, Microsoft fait machine arrière. Le choix sera clairement donné pendant la configuration de l’ordinateur. La société ajoute en outre des mécanismes de sécurité qui auraient dû être présents dès le départ.
Le 10 juin à 10h32
5 min
IA et algorithmes
IA
C’est peu dire que la présentation de la fonction Recall (Retrouver) aura fait réagir. Spécifique aux PC Copilot+ et à ses « bonus » IA, elle consiste à prendre régulièrement des captures d’écran. Les images sont analysées, afin qu’une recherche permette de retrouver quand et comment une information a été utilisée. Flock y a même consacré une bande dessinée dont il a le secret.
L’idée partait d’un bon sentiment, avec l’objectif de pouvoir toujours remettre la main sur un site, un document, une discussion ou autre. Cependant, comme nous l’avions signalé, elle permettait un véritable pillage des données personnelles. Dès lors qu’une autre personne pouvait s’installer devant l’ordinateur, elle pouvait récupérer tout l’historique de l’utilisateur sur plusieurs mois.
Le problème est d’autant plus important que le mécanisme agit aussi bien sur les actions personnelles que celles reçues d’autres personnes. Vous discutez sur Signal, WhatsApp, Messenger, Telegram, par email ou sur un site de rencontre ? Recall en garde des traces. Les correspondants ne sont pas prévenus. D’autres ont signalé les ravages que peut entrainer la fonction avec des proches abusifs.
L’activation de Recall se fera par un choix
On s’en doutait devant l’ampleur des critiques : Microsoft a annoncé la bascule sur un modèle « opt in » pour Recall. L’assistant de configuration de Windows 11 pouvant être mis à jour dès la connexion internet établie, une nouvelle version sera disponible pour le lancement des PC Copilot+. On y trouvera un choix clair sur la fonction :
La capture, publiée par Microsoft, montre l’obligation de faire un choix. Nous nous étions justement interrogés sur ce point, car une bonne partie de l’assistant est consacrée à l’activation de fonctions, aucun choix n’étant sélectionné par défaut. Pourquoi Recall n’avait-il pas eu le même traitement ? L’éditeur a fini par aligner Recall sur le reste.
Le nouveau panneau a l’avantage de mieux présenter la fonction. Il explique son intérêt, mentionne que Microsoft n’accède pas aux captures et que l’on peut contrôler ce que Recall analyse.
Plusieurs mesures de sécurité supplémentaire
Outre le contrôle, Microsoft ajoute plusieurs mécanismes pour verrouiller davantage les informations enregistrées par Recall. La fonction ne brillait pas par la protection des informations très sensibles. Elle les stockait dans une simple base SQLite, enregistrée dans un sous-dossier d’AppData. L’expert en cybersécurité Kevin Beaumont avait même montré qu’on pouvait les récupérer assez facilement depuis un autre compte sur le même PC.
On trouve trois ajouts principaux. D’une part, l’activation de Windows Hello devient obligatoire pour utiliser Recall. Hello est pour rappel la fonction chapeautant tout ce qui touche à l’ouverture sécurisée de session, notamment avec la biométrie.
D’autre part, Windows Hello se manifestera lors de tout accès aux informations recueillies par Recall. Une preuve de présence donc, là où il suffisait à quelqu’un de s’assoir face à un PC Copilot+ pour plonger dans l’historique complet des activités de son utilisateur.
Enfin, plusieurs « couches supplémentaires de protection des données » ont été ajoutées. Un chiffrement à la volée d’abord, via Windows Hello ESS (Enhanced Sign-in Security). Les captures créées par Recall ne seront donc accessibles que si l’utilisateur est dument authentifié. En outre, la base de données de l’index de recherche sera, elle aussi, chiffrée.
De sérieux problèmes à la conception
Pourquoi ne pas avoir mis en place ces mécanismes dès le départ ? La question est évidente au vu des multiples scénarios problématiques apparus dans les quelques jours qui ont suivi la présentation. Elle est d’autant plus prégnante que Satya Nadella, PDG de l’entreprise, avait fait circuler un mémo auprès des employés pour réitérer l’importance de la sécurité, même si elle se faisait au détriment des fonctionnalités.
Recall ne sera techniquement proposé au départ que sous forme de préversion. Cela ne devrait cependant pas compter : obliger l’utilisateur à choisir aurait dû être un réflexe. Tout comme le chiffrement des données. Tout comme l’authentification obligatoire.
Microsoft joue gros avec ce type de mécanisme. La société veut prouver que l’IA peut rendre mille services. Avec Recall, elle a surtout prouvé que le pouvoir de l’IA peut entrainer des catastrophes quand elle n’est pas pensée avec soin. Comme le cloud, ces fonctions ne peuvent être couronnées de succès que si le public a confiance. Mieux vaut éviter qu’une telle bourde se reproduise, d'autant qu'une deuxième vague de PC Copilot+ serait en préparation pour la fin de l'été.
L'affaire servira en tout cas de leçon à Google, qui réfléchit également à intégrer ce type de fonction dans ses Chromebook.
Machine arrière : Windows Recall devient opt-in et renforce sa sécurité
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L’activation de Recall se fera par un choix
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Plusieurs mesures de sécurité supplémentaire
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De sérieux problèmes à la conception
Commentaires (41)
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Abonnez-vousLe 10/06/2024 à 10h48
Le 10/06/2024 à 11h07
C'est pas la première fois que Microsoft fait ce genre de chose, ni la dernière. La seule différence avec les autres entreprises du numérique, c'est que pour eux ça se voit.
Le 10/06/2024 à 23h25
Tu t'en fou, tes clients resteront de toute façon chez toi.
Le 11/06/2024 à 07h38
Le 11/06/2024 à 23h51
si Microsoft a besoin d'entrainer son IA, Microsoft l'active par défaut en douce, et les utilisateurs disent amen
Si Adobe a besoin d'entrainer son IA en demandant à pouvoir explorer les documents de ses clients, ces derniers peuvent peut être aller voir ailleurs.
C'est surtout pour la position extraordinaire de MS sur le marché qui fait qu'ils peuvent faire un peu n'importe quoi sans forcément satisfaire les clients
Le 12/06/2024 à 08h17
Comme Google qui a intégré aussi Gemini partout dans ses produits (dans Workspace avec analyse des contenus) et a réduit un peu la voilure.
Les boîtes de l'IT FONT n'importe quoi au détriment des utilisateurs. Les quelques-uns qui gueulent sur les média sociaux ne sont qu'une goutte d'eau dans un océan de passivité.
Le 10/06/2024 à 11h04
Le 10/06/2024 à 18h31
Mais le plus grossier a été pointé du doigt, et l'autre est passé sans que personne ne dise rien.
Le 13/06/2024 à 08h52
Le 10/06/2024 à 11h08
Ce dark pattern commun est une horreur.
Le 10/06/2024 à 11h16
Le 10/06/2024 à 11h18
Le 10/06/2024 à 12h38
Là il est à droite puisque dans l'esprit collectif, si on continue on va vers la droite (principe de la chronologie), sinon le bouton est à gauche (on ne va pas plus loin, voire on revient en arrière si l'action est une annulation).
La phrase pourrait être "cliquer sur Suivant (*) pour configurer Recall", ce qui revient à cliquer sur "Yes" et à passer à l'écran suivant.
(*) on est sous Windows, ne l'oublions pas
Le 10/06/2024 à 11h08
C'est vraiment une idée pourrie...
Le 10/06/2024 à 13h37
Le 11/06/2024 à 07h58
Le 11/06/2024 à 09h45
Ce truc pourrait aider, surtout le côté OCR.
Même dans ce contexte, il faut des gardes-fous :
- pouvoir blacklister des sites (ex: un onglet de webmail perso),
- pouvoir blacklister des applis (ex: les conv' teams de conneries)
- ajouter un indicateur dans teams "ce correspondant utilise Windows Recall ! Autoriser le partage d'écran oui / non"
Le 10/06/2024 à 23h27
Le 10/06/2024 à 11h11
Le 10/06/2024 à 13h32
Le 10/06/2024 à 16h20
Les ravages de la méthode agile.
Le 11/06/2024 à 09h47
Le 10/06/2024 à 12h08
Le 10/06/2024 à 12h10
(J'avais pas fait gaffe.)
Modifié le 10/06/2024 à 14h03
soussur-titreP.S.: impossible de barrer sous, malgré les deux ~ avant et après, ça ne fait rien
P.S.2 : ah si, en publiant. Mais pas dans la prévisualisation
Modifié le 10/06/2024 à 12h46
Le problème est d’autant plus important que le mécanisme agit aussi bien sur les actions personnelles que celles reçues d’autres personnes. Vous discutez sur Signal, WhatsApp, Messenger, Telegram, par email ou sur un site de rencontre ? Recall en garde des traces.
Le 10/06/2024 à 14h12
- "Salut ;-)"
- "T'es sous Windows ?"
- "Ouais."
- T'as Copilot + ?
- "Oui, pourquoi ?"
- "[bip... bip ... bip ...]
Le 11/06/2024 à 09h49
Le 10/06/2024 à 14h17
Le 10/06/2024 à 14h37
N'oublions pas que dès le début, il a été mentionné la capacité de mettre en pause / ne pas activer Recall.
Le 10/06/2024 à 14h47
Le 10/06/2024 à 14h53
Le 10/06/2024 à 17h27
Le 11/06/2024 à 10h07
Je sais que c'est facile de crier au loup avec le reste de la meute, mais outre ne rien apporter à l'édifice, ça n'aide pas à prendre de la hauteur et de pouvoir délivrer autre chose qu'un monologue digne de Phèdre.
Le 11/06/2024 à 08h03
Et que la police ou les employeurs vont adorer (quitte à l'activer dans le dos des gens): On pourrait en revoir le slogan Sony: "Vous en avez cauchemardé, Microsoft l'a fait".
Le 11/06/2024 à 09h59
En y réflechissant, pas tant que ça en fait : de tout manière l'OCR était +/- nécessaire histoire de pas rater 3/4 des infos: images, partage d'écran, appli gérant son propre rendu de texte (par ex rendu GPU), appli skinée même si c'est un peu passé de mode :)
Depuis le point de vue de l'OS ce n'est pas sûr que ce soit si simple de savoir si un texte est affiché ou masqué à l'écran (menu fermé, onglet non-actif, scrollbar...)
Du coup tout passe en OCR, ça ne fait qu'un seul outil d'analyse, même si ça semble un peu overkill pour une app de type word ou notepad.
Le 11/06/2024 à 10h16
Un lien vers ton GH pour nous montrer comment on peut faire mieux / plus proprement ?
La police peut déjà (tout ?) tracer ce que tu fais, rien de neuf à ce niveau-là, tout comme tes employeurs.
Lire ici : https://blogs.windows.com/windowsexperience/2024/06/07/update-on-the-recall-preview-feature-for-copilot-pcs/
"However, your IT administrator cannot enable saving snapshots on your behalf. The choice to enable saving snapshots is solely yours."
Ouais, c'est exactement ça. Ou alors au lieu de fantasmer sur sa compréhension d'un truc qui n'a pas été testé, sur des machines qui ne sont pas encore sorties, on peut aussi ne pas s'emballer dans une hystérie collective.
Le 11/06/2024 à 10h53
Pour ce qui est de faire mieux, traiter des captures pour les filer à une analyse d'image je dirais que cela pourrait s'expliquer dans un cadre applicatif quand on n'a pas accès à un OS boite noire comme Windows... Mais que ce soit Microsoft (pour qui c'est une boite blanche) qui procède ainsi, franchement il faut oser la défendre une conception pareille!
Le 11/06/2024 à 11h12
L'OS n'est pas capable de donner du sens à chaque action de chaque logiciel; la conception de MS a toujours été de fournir une plateforme, qui est enrichie/étendue/adaptée/whatever par tout l'écosystème autour.
Un clic dans Notepad++, Photoshop, Age of Empire ne veut pas dire la même chose
Un clic dans Notepad++ à des significations différentes entre un clic court, long; un clic sur un mot ou sur un menu ...
J'ai du mal à savoir comment l'OS pourrait comprendre tout ça, tout seul, juste en se basant sur les primitives.
L'approche par "analyse de l'image" est au final ce que fait l'utilisateur. Il voit une image, et y réagit.
Est-ce qu'on ne peut pas faire mieux comme comportement ? Potentiellement, j'en sais rien.
Est-ce que c'est aussi crade que ce que tu affirmes ? J'ai un gros doute.
Modifié le 11/06/2024 à 16h47
Je dirais que ce qui me viendrais en premier à l'idée pour mêler IA et interaction utilisateur/UI dans un tel cadre, ce serait de me rappeler la capacité d'adaptation de collègues non voyants que j'ai pu avoir dans ma vie professionnelle.
J'ai en particulier un exemple en tête (au CEA, aux dernières nouvelles qui datent un peu) qui ne déléguait même pas l'essentiel du codage de front-end graphiques... sans rien y voir! Vraiment un mec impressionnant.
Sa seule interaction, c’était son clavier et son lecteur braille et la capacité à se représenter ce que les appels aux API graphiques allaient donner à l'écran. Bref, que des choses que l'OS voit passer qqsoit l'applicatif!
Certes, des photos chargées brutes passent au travers, mais quel intérêt (dans l'immense majorité des cas) au niveau d'une fonctionnalité d'historique aux stéroïdes autre... que savoir éventuellement rappeler ou l'utilisateur l'a rangé s'il avait jugé utile de le faire? Il est possible d'énormément limiter l'analyse purement image à mon sens. Ici, bonjour le total gâchis...
Le 11/06/2024 à 17h50
Cependant, comme nous l’avions signalé, elle permettait un véritable pillage des données personnelles. »
Je ne pense pas que l'idée partait d'un bon sentiment. Vous le dites vous-même, l'intention était un pillage ultime.