En grève, les doubleurs de jeux vidéo demandent à l’industrie de grandir un peu
Saga AFTRA, attention les secousses
Le 02 décembre 2016 à 09h30
6 min
Société numérique
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Dix-neuf mois de négociations infructueuses auront finalement eu raison de la patience du syndicat d’acteurs SAG-AFTRA, mettant en branle le mouvement de grève voté à l’unanimité l’an dernier. Un conflit sans précédent qui oppose les éditeurs aux comédiens de doublage.
Le désaccord oppose les doubleurs à une dizaine d’éditeurs du domaine des jeux vidéo. Parmi eux on retrouve Activision, Warner Bros, Electronic Arts ou encore Insomniac Games, ce dernier étant justement le point de rendez-vous d’une manifestation organisée le 17 novembre dernier.
L’origine du conflit remonte à l’expiration en 2014 d’un accord signé entre les deux parties vingt ans plus tôt. En plus de souhaiter revoir les conditions de travail et de sécurité des comédiens, le syndicat SAG-AFTRA considère que deux décennies ont profondément transformé l’industrie à tel point qu’il faut revoir le contrat type.
It’s high noon
Peu importe le budget, les jeux vidéo sans doublage se font de plus en plus rares et ont tout simplement disparu de la cour des triple A. Plus que les progrès réalisés sur les supports de stockage, c’est l’orientation cinématographique des productions à gros budget qui a rendu le recours aux comédiens de doublage indispensable.
C’est justement cette proximité avec l’industrie du cinéma qui pousse le syndicat à souhaiter des conditions tarifaires similaires à celles en vigueur à Hollywood. En plus d’une demande de bonus indexés sur la réussite des jeux, il souhaite également garantir le bien-être et la sécurité des acteurs tout en demandant plus de transparence à une industrie connue pour sa terreur des fuites.
Les exemples d’informations libérées trop tôt dans la nature se multiplient d’année en année, avec récemment la confirmation (choquante !) qu’un nouvel épisode de Tomb Raider était bel et bien en production. Pour les investisseurs le choix de la date de sortie ou du démarrage d’une campagne publicitaire engagent parfois des millions de dollars et justifient toutes ces précautions.
Pour garantir que les fuites ne viendront pas des comédiens de doublage, ceux-ci ne connaissent des projets qu’un nom de code, comme on peut le constater sur la liste des jeux concernés par la grève. Pourtant ils signent tous sans exception des Accords de Non-Divulgation (NDA) comportant des sanctions pénales et financières très lourdes en cas de manquement.
Casser la voix
Les éditeurs voudraient pourtant aller plus loin en créant un barème d’amendes et de sanctions en cas de retard ou d’absence des comédiens. Une aberration pour Crispin Freeman, (Winston d’Overwatch) membre du comité de négociation du syndicat. Invité d’un podcast enregistré par son confrère Christopher Niosi, l’acteur s’exprime longuement sur le mouvement et décrit une réalité peu connue des joueurs.
Il rappelle qu’un projet fait parfois appel à des dizaines de professionnels, dont le rôle ne sera pas celui des protagonistes mais d’un simple figurant qui meurt noyé dans son sang en arrière-plan. Sans pourtant la juger, la violence est selon lui omniprésente dans les grosses productions et l’enregistrement de l’agonie des personnages n’est pas sans risque.
Il multiplie les exemples de comédiens en train de vomir du sang, qui perdent connaissance en plein enregistrement et perdent fréquemment l’usage de leur voix pendant plusieurs jours, ce qui retarde le projet tout en les empêchant de travailler. Lucide, il souligne que l’immense majorité des professionnels ne disposent pas de sa notoriété ou de celle d’un Nolan North ou d’une Jennifer Hale.
Pour ces doubleurs plus modestes, il est difficile de refuser les conditions et les horaires imposés par les éditeurs, qui les font parfois enregistrer jusqu’à huit heures d’affilée. Le syndicat demande donc de réduire à deux heures maximum les sessions les plus contraignantes et à les réaliser en fin de contrat plutôt qu’en début, pour éviter qu’une extinction de voix ne vienne mettre à mal le planning.
All in the game yo
Cette revendication, tout comme celle de disposer d’un coordinateur de cascades lors des séances de motion-capture ont été rejetées en bloc. Le cœur du conflit repose cependant sur la mise en place de bonus versés pour les jeux dépassant les deux millions d’unités vendues, peu importe le support. Une demande jugée « conservatrice » par Crispin Freeman, un constat partagé par Sean Miller, chargé de communication du syndicat contacté par nos soins.
Interrogé sur la nature exacte des bonus, il insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas d’un versement régulier comme pour les droits d’auteurs mais bien d’un bonus ponctuel qui ne concernerait qu’une poignée de jeux. Paradoxalement, cette revendication pourrait élargir le fossé entre les doubleurs connus et les autres, mais le syndicat insiste sur le fait qu’il s’agit là d’une première étape.
Comme l’indique leur slogan « Performance Matters », l’objectif pour le SAG-AFTRA va au-delà d’une révision des conditions de travail et vise à provoquer une prise de conscience de la part des éditeurs. Le jeu vidéo n’est plus une niche depuis bien longtemps et le succès d’un titre dépend tout autant du travail du producteur, des graphistes, des développeurs que des comédiens qui prêtent leur voix.
Cette réalité est bien connue des éditeurs qui semblent avoir du mal à l’assumer malgré la mise en avant de plus en plus fréquente des têtes d’affiches comme un Nolan North ou un Troy Baker. Une position paradoxale qui sera de plus en plus difficile à tenir, le mouvement étant rejoint depuis peu par l’Actors’ Equity Association et le syndicat canadien ACTRA.
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It’s high noon
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Casser la voix
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All in the game yo
Commentaires (51)
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Abonnez-vousLe 02/12/2016 à 14h14
Pour toutes les revendications je n’ai qu’un lien à donner :
YouTube
Le 02/12/2016 à 16h17
Le 02/12/2016 à 16h56
Déjà que les dev sont loin d’être forcément payés a coût de lance pierre, ensuite que les doubleurs ne sont pas le centre du développement des jeux vidéo…
Et que c’est en générale les développeur qui font des sacrifices pour que le jeux sortent, bien que je me doute que ce soit pas les studios indé qui soient visés.
Le 02/12/2016 à 17h13
Tu rigoles mais dans quelques année avec les synthétiseur vocaux et autre Project Voco d’Adobe, je ne serais pas étonnée que le métier de doubleur disparaisse peu à peu … Il n’y aura pas forcement besoin de payer un doubleur pour doubler un pauvre PNJ, bon après pour les 2 /3 personnages centraux de l’histoire il faudra peut être un humain pour faire passer plus d’émotion ..
Le 02/12/2016 à 20h21
Le 03/12/2016 à 13h32
Le problème semble localisé aux US, la situation est sûrement différente dans les pays disposant d’un droit du travail moins laxiste, mais il n’en reste pas moins scandaleux qu’une industrie générant autant d’argent ne prête pas l’oreille aux revendications des doubleurs peu connus, dont la voix ne porte pas autant que les célébrités.
Merci à NXI de donner la parole à ces luttes trop peu audibles dans le milieu du JV.
Le 04/12/2016 à 12h55
Oh un article d’Exserv. Surpris en voyant ça à la fin de l’article !
Ce serait bien d’avoir un suivi de toute cette histoire, à priori c’est une première dans le milieu du JV. En tout cas soutien aux doubleurs et à leur revendication. :p
Au délà des conditions de travail, aligner le Cinéma au JV pourrait permettre de faire évoluer les consciences et enfin considérer le JV comme art à part entière.
Le 04/12/2016 à 22h50
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Le 05/12/2016 à 08h48
Sans vouloir être trop sévère, il serait intéressant de préciser dans l’article dès le début où les faits déroulent, les US bien évidemment mais c’est en lisant l’article qu’on fini
par le comprendre.
Et surtout de donner une situation de leurs homologues Français en fermeture d’article (c’est ce que le lecteur attend), sont-ils soumis au même régime ? On-t-ils les mêmes revendications ? Est-ce structuré de la même façon etc…
Bienvenue et bon courage Benoît " />
Le 02/12/2016 à 09h39
Il multiplie les exemples de comédiens en train de vomir du sang, qui perdent connaissance en plein enregistrement
quand on vomit du sang ou perd connaissance, c’est plus qu’un soucis de rythme de travail
Le 02/12/2016 à 09h45
Developpeur devrait faire la même demander un bonus aussi ponctuel, car les doubleurs se plaignent mais les graphiste et dev font egalement des heures pas possible pour respecter les deadlines imposer par le cp et les cons de la dr….
Le 02/12/2016 à 09h46
Penser que le fouet en entreprise été passer de mode depuis les pyramides. 😲
Le 02/12/2016 à 09h47
ok, je sais pas qui est Benoît Reinier , mais il a pété une durite au niveau du sous-titre et des titres de paragraphes.
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Le 02/12/2016 à 09h48
> Il multiplie les exemples de comédiens en train de vomir du sang, qui perdent connaissance en plein enregistrement et perdent fréquemment l’usage de leur voix pendant plusieurs jours, ce qui retarde le projet tout en les empêchant de travailler.
Huh ?? sérieux ?? " />
Le 02/12/2016 à 09h49
Au pire on les vire tous, les jeux n’ont pas besoin de doublage " />
Le 02/12/2016 à 09h50
C’est un problème toujours et encore de fond et de forme comme pour beaucoup de conflits syndicaux.
Etant un joueur qui porte vraiment le doublage en haute estime dans les jeux, je considère qu’il est important que ces accords aboutissent et surtout que la situation s’améliore globalement pour les doubleurs, mais aussi pour les employeurs car il faut être lucide aussi 2 minutes.
On ne peut pas non plus vouleur être au même taux horaire qu’un doubleur de cinéma, du moins pas dans l’immédiat car il est plus qu’évident que malgré sa progresson le jeu vidéo ne touche clairement pas autant de monde que le cinéma et la TV.
Après pour moi tu peux pas arbitrairement décider d’un bonus à partir d’un nombre fixe de ventes.
Les 2 millions qu’ils proposent je suis certains que c’est suffisant pour les “petits jeux” mais pas forcément assez pour des supers grosses productions style GTA pour etre rentable.
Pour moi si bonus il doit y avoir il doit etre indéxé sur le seuil de rentabilité du jeu. A partir du moment où le jeu commence à rapporter plus qu’il n’a couté, la on peut parler d’un 1 time bonus, peu importe le nombre d’unités vendues et ça reste “fair” pour tout le monde.
Le 02/12/2016 à 09h52
je pense qu’il voulait dire que lors de l’enregistrement d’un personne qui vomit du sang en arrière-plan, le comédien peut perdre connaissance lors de sa performance (ce qui est déjà assez problématique en soi).
c’est le personnage qui vomit du sang, pas le comédien (enfin j’espère).
Le 02/12/2016 à 09h55
Tout à fait. Je ne regarde que des jeux vidéos en VO. " />
Le 02/12/2016 à 09h56
Je ne vois pas trop la pertinence d’opposer les éditeurs qui demande un truc légitime (NDA) et les doubleurs qui ont des conditions difficiles (sérieux vomir du sang et s’évanouir faut arrêter, il y a un problème plus gros et tu fais autre chose que juste te plaindre).
Sinon ouais, une présentation de Benoît Reinier ? C’est qui ce nouveau venu ? :o
Le 02/12/2016 à 09h57
le plus étrange dans le doublage c’est quand ils ne font pas les dialogues dans l’ordre: on a parfois des dialogue avec un ton, et tout d’un coup, même si c’est la même voix, y’a un changement de ton assez violent, pour revenir à la scène suivante sur le ton de départ. j’imagine que ce sont des scènes qui ont été ajouté en fin de dev et qu’il a fallu rappeler le comédien qui en avait un peu marre et ne se souvenait plus du personnage ni du contexte et qu’il a récité son texte sans savoir comment le jouer, mais c’est assez frustrant de se faire éjecter de l’immersion in-game comme ça.
Le 02/12/2016 à 10h01
Ou on les doubles tous en japonais. " />
Le 02/12/2016 à 10h04
Vous êtes mauvais " /> (et non ce n’est pas son premier papier ;))
Le 02/12/2016 à 10h06
Il faut mettre sa photo comme pour les autres comme ça on retiendra mieux " />
Le 02/12/2016 à 10h06
Pas sûr qu’on y gagne sur les jeux EU/US " />
En y réflechissant, j’ai trollé un peu vite, puisque pour la VO il faut aussi des doubleurs, je me suis trop focalisé sur le doublage supplémentaire par dessus la VO, pardon ^^‘.
Le 02/12/2016 à 10h07
Son deuxième je crois (et placé le 2e jour du mois)." />" />
Le 02/12/2016 à 10h35
Le 02/12/2016 à 10h42
Le 02/12/2016 à 10h48
Mouais certaines demandes semblent légitimes voire même du bon sens, mais je comprend pas comme certains pourquoi les doubleurs devrait avoir un bonus, quand les développeurs multiplient les “crunch time” pour rentrer dans les délais de parution du jeu… De plus ils semblent oublier qu’ils ne sont pas seul au monde les doubleurs Américain, si leur planning de doublage s’allongent ça laissera encore moins de temps aux doubleurs des autres pays, qui sont pour la plupart dépendant de leurs sessions. Quand on sait à quel point c’est le bordel pour les doubleurs français…
Le 02/12/2016 à 10h51
Le 02/12/2016 à 10h54
Les travailleurs veulent avoir leur mot à dire sur le partage des bénéfices? Mais c’est contraire au capitalisme ça, envoyez vite les CRS leur taper dessus ! " />
Le 02/12/2016 à 10h58
Il multiplie les exemples de comédiens en train de vomir du sang, qui perdent connaissance en plein enregistrement et perdent fréquemment l’usage de leur voix pendant plusieurs jours, ce qui retarde le projet tout en les empêchant de travailler.
Wat " />
Le 02/12/2016 à 10h59
Cela ne s’annonce pas bon pour le prochain Zelda qui est a priori déjà bien en retard…. Ho Wait !
“Heyaaa !”
Le 02/12/2016 à 11h33
et même ce “Heyaaa !”, quelqu’un a dû l’enregistrer " />
Le 02/12/2016 à 12h05
Le 02/12/2016 à 12h07
edit : oops doublon :$
Le 02/12/2016 à 12h21
Le 02/12/2016 à 12h24
Le 02/12/2016 à 12h27
Le 02/12/2016 à 12h34
Un jour viendra où les vocaloid prendront le relais de toutes manières, dommage pour les doubleurs mais par contre on pourra avoir plus de dynamisme.
Le 02/12/2016 à 12h36
Le 02/12/2016 à 13h10
Le 02/12/2016 à 13h19
Le 02/12/2016 à 13h21
Le 02/12/2016 à 13h25
Attention, ce dont je parle est la partie de l’industrie du jeux vidéo qui nécessite une équipe de doublage et qui est forcément beaucoup plus faible que celle de l’industrie du cinéma où le doublage est nécessaire dans l’immense majorité des cas. :)
Le 02/12/2016 à 13h30
Le 02/12/2016 à 13h43
Le grand classique des empires bâtis sur le travail des gens en bas de l’échelle et sous-payés.
C’est pour ça que les grèves existent : pour montrer que le système ne tient plus quand le péon de base se rebelle.
Le 02/12/2016 à 13h49
Cardinal ;)
Le 02/12/2016 à 13h52
certains esprits chagrins tendent à penser que les grèves servent juste de soupapes de sécurité faisant baisser la pression et éviter une véritable explosion " />
Le 02/12/2016 à 13h55
hu hu hu
" />
Le 02/12/2016 à 14h04
Il y a aussi la version de Coluche, expliquant qu’on incite les gens à faire grève, au travers des syndicats, lorsque l’entreprise est au ralenti, afin d’éviter de les payer " />
Le 02/12/2016 à 14h06
une approche qui a également un certain mérite, en effet " />