Les intelligences artificielles pourraient créer plus d’emplois qu’elles n’en détruiront
Yalla
Le 24 août 2023 à 15h07
5 min
Économie
Économie
L'Organisation internationale du travail et le think tank d'IBM estiment que les intelligences artificielles pourraient créer plus d'emplois qu'elles n'en détruiront. Les personnes ayant appris à s'en servir seront, à ce titre, bien plus protégées que les autres. Les femmes, a fortiori dans les pays pauvres, seraient par contre particulièrement exposées.
« L'intelligence artificielle générative devrait augmenter plutôt que détruire des emplois », titre l'Organisation internationale du travail (OIT), l'agence « tripartite » réunissant des représentants des gouvernements, employeurs et travailleurs de 187 Etats membres des Nations Unies.
Dans une étude de 55 pages, l'OIT explique en effet que « la plupart des emplois et des industries ne sont que partiellement exposés à l'automatisation et sont plus susceptibles d'être complétés que remplacés par la dernière vague d'IA générative, telle que chatGPT » :
« Par conséquent, l'impact le plus important de cette technologie ne sera probablement pas la destruction d'emplois, mais plutôt les changements potentiels de la qualité des emplois, notamment l'intensité du travail et l'autonomie. »
- Le remplacement des travailleurs par l'IA, un récit peu nuancé
- 90 % des développeurs coderaient d'ores et déjà au moyen d'IA, dont 6 % en-dehors du travail
Tout dépend cela dit du type d'activités, et de responsabilités, exercées. L'OIT estime par exemple que « seule une petite partie des tâches » effectuées par les cadres, professionnels et techniciens « est considérée comme très exposée ».
A contrario, le travail de bureau s’avère être la catégorie « la plus exposée » aux technologies d’intelligence artificielles, avec près d'un quart des tâches considérées comme « très exposées » et plus de la moitié des tâches présentant un niveau d'exposition « moyen ».
La double peine des femmes, dans les pays peu développés
Tout dépend également du niveau de développement, tant économique que technologique, de son pays de résidence. L'OIT constate ainsi que 5,5 % de l'emploi total dans les pays à revenu élevé est « potentiellement exposé » aux effets d'automatisation de la technologie, alors que dans les pays à faible revenu, le risque d'automatisation ne concerne qu'environ 0,4 % de l'emploi.
L'étude révèle en outre que les effets potentiels de l'IA générative sont susceptibles de différer sensiblement pour les hommes et les femmes, la part de l'emploi féminin pouvant être affectée par l'automatisation étant plus de deux fois supérieure, du fait de la surreprésentation des femmes dans les emplois de bureau, en particulier dans les pays à revenu élevé et intermédiaire :
« Les emplois de bureau étant traditionnellement une source importante d'emplois féminins au fur et à mesure que les pays se développent économiquement, l'IA générative pourrait avoir pour conséquence que certains emplois de bureau ne voient jamais le jour dans les pays à faible revenu. »
Un taux de croissance du chiffre d'affaires supérieur de 15 à 36 %
Une étude de l'Institute for Business Value (IBV), le think tank et organisme de recherche d'IBM, avance de son côté que « l'IA ne remplacera pas les personnes, mais les personnes qui utilisent l'IA remplaceront celles qui ne le font pas ». L'étude estime que 40 % d'entre eux risquent a contrario d'être remplacés, dans les trois prochaines années, par des travailleurs ayant appris à utiliser les IA dans leurs métiers.
Pour parvenir à cette conclusion, l'IBV a interrogé 3 000 hauts responsables dans 28 pays, et 21 000 salariés dans 22 d'entre eux. 87 % des cadres interrogés pensent ainsi que les employés sont plus susceptibles d'être augmentés que remplacés par les IA génératives.
77 % des cadres interrogés déclarent que les postes de débutants subissent déjà les effets des IA génératives, et que cette tendance va s'intensifier au cours des prochaines années. Mais seuls 22 % des répondants déclarent la même chose pour les postes de direction ou de cadres supérieurs.
Elle estime en outre que les entreprises qui adoptent la technologie et qui parviennent à se recycler pour s'adapter aux changements d'emploi induits par la technologie « enregistrent un taux de croissance du chiffre d'affaires supérieur de 15 % en moyenne », et celles qui se concentrent sur l'IA « enregistrent un taux de croissance du chiffre d'affaires supérieur de 36 % à celui de leurs homologues ».
Donnez plus de sens au travail en plaçant les employés aux commandes
Des chiffres qui varient, cela dit, en fonction du type de métier exercé. 97 % des cadres estiment que les employés des chaines d'approvisionnement sont plus susceptibles d'être augmentés que remplacés, contre 93 % pour les employés des métiers du risque et de la conformité, 93 % de la finance, 77 % des services à la clientèle et 73 % du marketing.
Les salariés interrogés déclarent de leur côté que l'engagement dans un travail utile est le facteur le plus important pour eux, au-delà de la rémunération et de la sécurité de l'emploi - plus important que les conditions de travail flexibles, les opportunités de croissance et l'équité.
En outre, près de la moitié des salariés interrogés estiment que le travail qu'ils effectuent est bien plus important que la personne pour laquelle ils travaillent ou celle avec laquelle ils travaillent régulièrement.
« Donnez plus de sens au travail en plaçant les employés aux commandes », exhorte l'étude d'IBM, pour qui « il est important d'impliquer les employés dans ce processus » :
« L'IA a le potentiel de transformer l'expérience des employés. Elle peut automatiser les tâches répétitives, permettre aux gens de se concentrer sur ce qui les passionne, libérer leur temps pour le développement des compétences ou l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée, et potentiellement créer de nouveaux rôles professionnels et parcours de carrière passionnants. »
Les intelligences artificielles pourraient créer plus d’emplois qu’elles n’en détruiront
-
La double peine des femmes, dans les pays peu développés
-
Un taux de croissance du chiffre d'affaires supérieur de 15 à 36 %
-
Donnez plus de sens au travail en plaçant les employés aux commandes
Commentaires (22)
Vous devez être abonné pour pouvoir commenter.
Déjà abonné ? Se connecter
Abonnez-vousLe 24/08/2023 à 16h50
Cela va dans le sens d’autres articles et interventions que j’ai pu entendre dans les medias sur le sujet. Comme toute évolution technologique, l’IA aura un impact sur l’emploi et la société en transformant ceux-ci (par l’adaptation ou la destruction).
Au même titre que l’externalisation de certains métiers dans les entreprises est devenu une habitude, l’automatisation de certaines activités issues de prestations intellectuelles va se transformer au moyen de l’IA. L’outil étant capable de traiter une grande quantité de données, l’employé de bureau va plus être amené à contrôler / qualifier / finaliser le travail de celui-ci. Un peu comme les métiers de manutention ou techniques qui se retrouvent automatisés et supervisés par des humains. Pour le coup, l’exemple dans la série Westworld avec la personne qui dicte à l’ordinateur le scénario qu’elle écrit est une réalité qui se développe.
Avec l’externalisation, j’ai personnellement constaté que les employés dans les grandes entreprises avaient eux-même eu leur activité de transformée. D’ordre général, leur métier était supprimé et ceux-ci évoluaient sur l’encadrement de prestataires. Forcément ça ne plait pas à tous car tout le monde n’a pas envie de finir dans le management (moi le premier), et être 5000 employés dans une boîte dont 90% de managers n’a aucun sens.
Après comme toujours, il faut faire attention à l’emballement et l’effet “wahou” de la technologie et ne pas se jeter dessus à corps perdu sans un minimum de réflexion. Au même titre que la mode fut à un moment d’externaliser à outrance, le risque pour l’entreprise est de perdre sa compétence sur son propre métier.
Le 24/08/2023 à 22h00
Oui ou bien d’optimiser la productivité par employé à son maximum afin d’augmenter les profits ? Je veux dire, c’est une possibilité, pourquoi s’en priverait-on ?
Le 25/08/2023 à 06h30
C’est déjà une réalité.
Lors du débat de la réforme des retraites et notamment sur la pénibilité, il avait été évoqué le secteur du retail. Grâce / à cause de l’informatisation du métier, des études semblaient montrer que la pénibilité du secteur avait augmenté parce que les employés de magasins étaient plus multi-tâches qu’avant (caisse / remplissage de rayon / service au client / activités diverses).
Cela se remarque surtout dans les magasins de quartier où il n’y a que 3 ou 4 personnes pour faire tourner la boutique.
Donc oui, l’IA va très certainement amplifier ce modèle aux professions de bureau (je pense que c’est aussi déjà une réalité mais ça se voit moins).
Une autre intervention que j’avais entendue à la radio il y a quelques mois disait que concernant certaines craintes émises au sujet de l’IA et de l’emploi, c’est qu’elle “attaque” une catégorie traditionnellement épargnée par les évolutions technologiques : tout ce qui est cadre et prestation intellectuelle. Là où les ouvriers / techniciens étaient plus souvent ciblés par le remplacement technologique. Et la France est un pays de service, donc forcément ça peut inquiéter ces domaines.
Le 25/08/2023 à 07h01
Ces professions ont déjà été touchées par l’informatisation, qui si elle a eu son moment de gloire dans les années 2000 avec quelques menus services rendus (compta, RH, gestion de stock, suivi des devis/commandes, projections), elle est surreprésentée depuis 10 ans et introduite au forceps pour solutionner des problèmes qui ne sont pas les bons.
Je vois l’IA comme une opportunité de rationaliser l’informatique, et si ça pouvait tuer les interfaces web pour la saisie, ça serait bien.
Après, je m’inquiète du côté marketing et de la nature humaine qui va pousser à utiliser de l’IA comme outil ultime qui prend les décisions à la place.
Je vois déjà les utilisateurs se cacher derrière l’IA “c’est elle qui a écrit ça, pas moi”. Tout un programme d’accompagnement au changement…
Le 25/08/2023 à 07h36
Oui pareil. Perso j’y vois une nouvelle forme d’interaction humain-machine plus naturelle. Les interfaces Web sont des plaies : constamment mal foutues ou lentes, chacune conçues selon la lubie du designer même si un certain standard de fait existe on doit systématiquement s’y familiariser.
On a eu les balbutiements avec Siri/Cortana/Google Home, mais clairement ces outils sont aux fraises comparé à la capacité de compréhension et discussion naturelle de GPT (pas pour rien qu’ils veulent désormais l’intégrer !). Le problème qui se pose reste la vie privée. Les offres d’entreprise garantissent contractuellement de l’isolation et l’absence d’exploitation des prompts, pour du grand public ça sera les mêmes travers que les outils précédemment cités (et les outils basés GPT actuellement disponible l’ont déjà).
Le premier cas d’usage déjà appliqué est le chatbot (Carrefour l’a fait, d’autres aussi depuis il me semble). Beaucoup plus performant avec l’IA générative, comprend mieux la demande utilisateur, et possibilité de l’interfacer avec une synthèse / reconnaissance vocale pour une meilleure interaction. (et la synthèse vocale elle aussi a très bien progressé, j’ai eu récemment une démo de ce cas d’usage, c’était très naturel)
J’ai eu vent de diverses projets comme pour décharger les centres d’appels ou le chatbot en vocal, basé sur IA générative, permettrait de répondre aux questions triviales et renverrai vers un opérateur quand il atteint ses limites.
Exemple assurance : déclaration d’un sinistre. Il s’agit d’un questionnaire relativement standard : nature, localisation, coordonnées du client, apporter des détails, précisions, etc. L’IA générative saura faire la prise d’appel et ensuite transférer à l’opérateur humain qui traitera avec le client en fonction de son contrat.
Même chose pour les opérateurs téléphonique : les centres d’appels de support suivent un bête script. Le chatbot vocal pourra tout aussi bien le faire.
Intérêt commun du point de vue du client : temps d’attente réduit voire inexistant.
Oui, entièrement d’accord. Au cours d’une présentation des outils IA type GPT, l’intervenant avait fait la comparaison avec le stagiaire. L’IA est un stagiaire : elle apprend, elle peut faire des erreurs, on ne lui confie pas les clés de sa prod, on ne lui donne pas de responsabilité, on la supervise.
C’est la raison derrière le nom marketing de “Copilot” des outils basés IA chez Microsoft d’ailleurs. Pour bien marquer le fait que l’outil est un assistant, pas un décisionnaire ni un remplaçant. Et dans le cas de GitHub Copilot, au même titre que le pair-programming entre deux humains où chacun va faire une revue du code de l’autre, le développer doit faire la revue du code généré par Copîlot. Dans sa version actuelle Copilot n’est pas bon en review, dans la version X il pourra aider à le faire (j’ai aussi vu des démos sur son intégration dans la suite sécurité pour suggérer un fix de code vulnérable, plutôt intéressant comme use case).
In fine, il y a aussi un jeu de responsabilités à définir : si l’employé a bêtement copié un contenu généré par IA erroné ou ayant provoqué des problèmes, qui faut-il blâmer ? L’outil ou l’employé qui n’a pas contrôlé le taff avant de lancer ça ?
Pour moi, c’est comme en cuisine, le Chef contrôle les plats de ses commis avant que ça ne soit envoyé au client. Ici c’est pareil de mon point de vue. Et si le commis a fait de la merde, c’est l’image du Chef qui morfle.
Mais je pense que le drama en mode dédouanement pour dire “l’IA a insulté mes clients !” alors que l’outil a été mal configuré ou paramétré risque d’arriver (en fait c’est déjà arrivé avec Bing et ChatGPT). Après tout, si les opérateurs au téléphone le faisaient en mettant des insultes ou commentaires dégradants sur les fiches clients, ce genre de chose reste tout à fait probable. La différence étant que quand on donne un ordre au modèle, il le suit systématiquement contrairement à l’employé.
Le 25/08/2023 à 12h15
Pour moi, c’est comme en cuisine, le Chef contrôle les plats de ses commis
avant que ça ne soit envoyé au client. Ici c’est pareil de mon point de vue.
Et si le commis a fait de la merde, c’est l’image du Chef qui morfle.
très bonne image !
Le 25/08/2023 à 07h52
Si ça pouvait faire disparaître cette plaie que sont les serveurs vocaux, qui font perdre tellement de temps et desquels on a l’impression qu’ils ont été mis en place juste pour t’empêcher d’avoir un humain en ligne qui lui pourrait répondre bien plus rapidement/efficacement à la question que tu te poses…
Le 25/08/2023 à 12h53
Moi je me méfie des bienfaits supposés des IA à l’heure actuelle… Il y a quelques années je bossais pour des crétins qui disaient que leur IA allait guérir le cancer…
Le 25/08/2023 à 18h34
L’IA à la façon ChatGPT et similaires est encore trop jeune pour offrir une efficacité telle qu’elle pourrait remplacer tout le monde. Il faut passer derrière, donc je peux croire à l’idée que la destruction d’emploi ne se fera pas…
…pour le moment. Et quand à créer des emplois, euh… non. Je demande à voir mais je n’y crois pas pour l’instant.
Qui plus est, les IAs évolueront forcément et deviendront plus efficace. A terme je ne vois pas comment on n’entrera pas dans la phase de destruction (d’emploi, pas du monde… quoique ).
Le 25/08/2023 à 20h59
Un emploi créé par l’IA depuis quelques années : l’entraînement de celle-ci. Le paramétrage du modèle requiert beaucoup de temps et de main d’oeuvre pour l’affiner (c’est similaire à la modération des médias sociaux). Il y avait d’ailleurs eu un article ici qui relatait les conditions de travail du personnel au Kenya qui sous-traitait pour OpenAI.
Le prompt engineering aussi fait partie des disciplines associés à l’IA qui peuvent devenir un métier (notamment pour l’accompagnement d’implémentation de l’outil).
Le 25/08/2023 à 19h52
Oui, c´est la même chanson. Mais la différence c´est que toi tu n´es plus là. Oui, c´est la même chanson.
Le 26/08/2023 à 04h30
Le prompt engineering (où l’art de poser des questions intelligentes à une Intelligence Artificielle (IA)) semble effectivement un métier d’avenir quand on voit la différence de résultat (à la sortie de l’IA).
Tout est dans la question !
Le 27/08/2023 à 08h41
Et bientôt le rééducateur d’IA: détecter les données déclenchant un résultat non souhaité et les compenser. Voire détecter des backdoor intégrée lors de l’apprentissage pour les amoindrir
Le 28/08/2023 à 08h30
En même temps j’ai envie de dire, il y a tellement de métiers où l’informatique est mal utilisé pour justement éviter de faire des taches répétitives débiles (bien appuyé par des applications en carton-pâte). A un moment quand tu fais du copier/coller tous les jours dans des tableurs faut prendre du recul, tu as aucune plus value avec ton cerveau, et malheureusement beaucoup de gens s’enferment dans une façon très primaire d’approcher le travail avec ces outils …
L’informatique pour moi c’est pas itérer pour sortir de la “feature”, c’est résoudre des problèmes concrets pour que tes employés passent plus de temps à réaliser le cœur de leur métier. C’est devenu tellement accepté/admis la médiocrité/nullité informatique.
Exemple: si ton métier c’est de couper du bois et que tu passes ta journée à répondre à tes mails et effectuer des tâches répétitives dans des logiciels de bureautique, toi, ton manager et ta boîte vous avez rien compris. Je vois ça tout le temps, dans tous les secteurs.
Le 28/08/2023 à 08h40
Je suis d’accord, je pense qu’on a oublié la signification du mot “informatique”, soit “traitement automatique de l’information”.
L’autre problème est que les projets IT cherchent à résoudre des problématiques métier par des outils, sans jamais remettre en cause le geste métier. De ce fait, tu reçois un choix au lieu d’une expression de besoin. Même si avec le ralentissement économique la mode du “on prend le plus cher comme ça on sait que ça sera mieux” s’est calmée, l’idée reste la même : prend le truc à la mode sans réfléchir à qu’est-ce que ça nous apporte et à quel besoin cela répond-t-il.
Au final, peu importe l’époque, la dichotomie du métier versus la technique est toujours présente. Et peu importe les organisations, les deux domaines ne se causent toujours pas alors qu’ils sont censés travailler ensemble. Un geste métier foireux by design ne pourra pas être compensé par l’outil.
Mais ça, ça rentre pas dans les têtes.
Le 28/08/2023 à 08h41
Pour moi si un job peux être réalisé aussi bien par une IA (ou un robot) que par un humain, alors c’est que ce job n’est pas fait pour un humain et devrait être fait par une machine.
Le problème pour moi c’est le partage de la valeur qui en découle , et l’acceptation du principe selon lequel le salaire ne dépends pas uniquement de la quantité d’heures de travail effectué.
J’entends encore les cris d’orfraie quand Sandrine rousseau défendait le ‘droit à la paresse’ … c’est exactement le sujet ici.
Coluche disait “Y a trois millions de personnes qui veulent du travail. C’est pas vrai : de l’argent leur suffirait.”
Le 28/08/2023 à 16h28
Le salaire à vie de Bernard Friot.
Le 28/08/2023 à 20h33
Il peut y avoir de la destruction d’emploi au sens où on engagera un gars pour passer derrière l’IA au lieu d’avoir trois gars qui faisaient le boulot de zéro. On en est pas encore là, mais ça bouge vite.
À mon avis, il est de toute façon impossible de faire marche arrière, on remettra pas le dentifrice dans le tube, tout est déjà dehors et c’est irréversible. Maintenant, pour continuer à avoir du boulot, il va falloir savoir s’en servir. Je pense que dans 10 ou 15 ans, ne pas savoir se servir de l’IA placera dans la même situation professionnelle que l’illectronisme il y a 10 ou 20 ans.
Il y a 10-20 ans, dans les services, dans les bureaux, il y avait ceux qui étaient à l’aise avec l’ordinateur, et ceux qui l’étaient pas. Et ceux qui l’étaient avaient un avantage certain. Ne pas savoir se servir d’un ordi était handicapant - et ça concernait pas mal de monde, notamment chez les moins jeunes.
Je pense qu’on s’oriente vers la même logique avec les IA.
Le 28/08/2023 à 21h16
Je suis partagé là-dessus. Le droit à la paresse, oui, mais faut pas que ça devienne un devoir de paresse, au sens où tu as pas d’autre choix que d’être inactif parce qu’il y a juste pas de boulot pour toi - ou un boulot qui n’apporte pas la motivation et l’intérêt du “je bosse pour moi, pour m’apporter quelque chose de plus” (typiquement de la rémunération).
Il y a des gens qui s’épanouissent très bien sans activité professionnelle, mais d’autres qui ne le vivent pas très bien, pour des tas de raisons.
Pour donner un exemple, franchement, à l’époque où je suis tombé en dépression, heureusement qu’il y avait le boulot pour m’occuper l’esprit et m’éviter de trop cogiter et de sombrer totalement. Et tu vas me dire “non mais ce dont tu avais besoin c’est d’une activité, pas forcément d’un boulot au sens où on l’entend”, mais c’est plus compliqué que ça : les activités de loisir sont pas comparables à un boulot. Tout un tas de gens ont besoin d’une motivation pour se lever du lit le matin.
Le boulot est aussi souvent un lieu de socialisation (statistiquement c’est même l’endroit où se forment la majorité des couples), et un moyen de garder une hygiène de vie (basiquement : ça oblige à se doucher, s’habiller, avoir des horaires de sommeil semi-régulières)
Du reste, je suis un peu inquiet du concept de gens qui possèderaient un appareil productif surpuissant, mais à qui on prélèverait 90 ou 95% de la richesse créée par leurs machines pour les redistribuer à la population. Il va falloir le faire accepter auxdits possédants, et s’ils refusent de jouer le jeu, je vois un tas de moyens par lesquels ils pourraient essayer de s’y soustraire en tout ou partie, avec plus ou moins de succès (faire jouer la concurrence entre pays, notamment).
Déjà aujourd’hui, on a un peu de mal à forcer la main aux très très riches, alors qu’on a encore un peu de levier de négociation : ça reste nous, les “pouilleux”, qui bossons pour eux et permettons à leur richesse de se créer. Si on se retire cet élément dans le rapport de force, j’ai un gros doute sur le fait que les choses s’arrangent pour nous en la matière.
Le 29/08/2023 à 08h30
+1.
On est d’accord. L’important est de trouver un boulot (ou une activité) qui nous correspond, même si c’est répétitif. Je connais des gens qui adorent couper du bois :-/
Après il y a des limites aussi, environnementales par exemple.
Ces horaires peuvent être un mal comme un bien, notamment si ces horaires imposés correspondent pas à nos besoins physiologiques.
Pour autant, je suis d’accord que ceux qui veulent travailler puissent le faire…
(Je remarque que tu n’a pas cité l’argument financier , pour le travail).
Il y a longtemps, j’ai lu un livre , “Ravage” de Barjavel.
Je vais pas spoiler mais il y a un endroit dans le livre où il est indiqué que nul homme ne peux posséder plus de terre qu’il ne peux en faire le tour à pieds du lever du soleil au coucher du soleil au solstice d’été.
Pour moi le problème c’est la proportion.
Quelqu’un qui possède un outil de production surpuissant, il ne le possède pas : Il a juste des tas d’esclaves (employés) qui eux aussi participent à cette possésion. Quelque part, les ouvriers possèdent aussi l’outil productif par le simple fait que leur absence empêche le fonctionnement.
C’est les concepteurs, mais aussi ceux qui amènent les matières premières, l’énergie…
On ne construit rien depuis zéro , on s’appuie juste sur les épaules des géants qui nous ont précédés.
Pour moi c’est cette logique même qui est défaillante.
D’autre part , à qui les riches vendront-ils leurs produits & services si ils sont de moins en moins nombreux ?
Aujourd’hui ce sont les retraités qui concentrent, en France, la plus grosse masse d’argent disponible si l’on exclue les ultra-riches , peu nombreux.
Le 29/08/2023 à 17h19
C’est justement le sens de ma remarque : si tout est automatisé (entre robots et IA), alors ce tas d’esclaves n’existe plus. Il en restera sûrement toujours un peu, parce qu’il y aura toujours des tâches qu’on n’arrivera pas à automatiser, mais s’ils ne représentent plus que 10% des adultes, ça va quand même poser un problème.
J’ai un peu peur qu’on se retrouve dans un système moyen-âgeux, ou t’as 1% de la population qui appartient à la Noblesse (les possédeurs de machines et d’IA), p’tèt 10% qui appartient à la bourgeoisie (ceux qui ont encore un emploi - et qui en tant que privilégié spécialisé dans un emploi non-automatisable seront sûrement très bien payés), et le reste qui se retrouve dans la pauvreté, dépendant de la charité des deux premières catégories.
C’est un peu la dernière chose qui nous restera. Mais note qu’historiquement, les ultra-riches ont rarement été séduit par l’argument du “partagez la richesse, ça vous fera des clients”.
Le 30/08/2023 à 15h07
Je suis assez perplexe vis à vis de l’IA et de ces modèles de de création / perte d’emploi associé. A chaque fois, on part du principe que l’IA est utilisée quasi partout, ou tend à l’être.
Sauf que aujourd’hui quand je regarde le marché et l’état de l’art, je vois que ca coute extremement cher en matériel pour entrainer une IA, que ca coute aussi énormément cher en énergie pour faire tourner ce materiel haut de gamme. Avec des coûts de l’énergie qui sont croissants (et ça va pas s’arreter), ca va couter de plus en plus cher de les entrainer ces IA.
En plus, je vois très peu de ré-utilisabilité d’un modèle existant : on les utilise à chaque fois pour en faire des outils ultra-spécialisés, donc ces coûts de développement et d’éducation sont constants, pas des investissements initiaux.
Pour que l’IA soit un modèle et une technologie qui puisse avoir un changement aussi important sur notre société, il faut qu’il soit rentable. Et c’est pas le cas aujourd’hui, la plupart des services sont gratuits. Et quand il va falloir le faire payer, et cher en plus vu ce que ça coûte a créer, on va se poser la question de la plus value et si on en a vraiment besoin ou si c’est un gadget sympa à la mode …
L’IA ca va pas trop de paire avec la décroissance et la sobriété énergétique selon moi…