Mounir Mahjoubi : de la loi anti « fake news » à la responsabilité des intermédiaires
Dark side of the Mounir
Le 24 janvier 2018 à 16h30
4 min
Droit
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Que contiendra la future loi contre les fake news ? Questionné à l’occasion du Forum international sur la cybercriminalité (FIC) de Lille, Mounir Mahjoubi, secrétaire d’État au numérique est revenu sur ce sujet hasardeux, en évoquant au passage le thème de la responsabilité des intermédiaires.
À l’occasion de ses vœux à la presse, Emmanuel Macron a annoncé le dépôt d’un projet de loi qui autorisera « en cas de propagation d’une fausse nouvelle » durant la période électorale, de « saisir le juge à travers une nouvelle action en référé permettant le cas échéant de supprimer le contenu mis en cause, de déréférencer le site, de fermer le compte utilisateur concerné, voire de bloquer l’accès au site Internet ».
Certes, les textes en vigueur, dans le Code électoral, permettent déjà de condamner « ceux qui, à l'aide de fausses nouvelles, bruits calomnieux ou autres manœuvres frauduleuses, auront surpris ou détourné des suffrages, déterminé un ou plusieurs électeurs à s'abstenir de voter ».
De son côté, l’article 27 de la loi de 1881 sur la liberté de la presse sanctionne jusqu’à 45 000 euros d’amende « la publication, la diffusion ou la reproduction, par quelque moyen que ce soit, de nouvelles fausses |...] lorsque, faite de mauvaise foi, elle aura troublé la paix publique, ou aura été susceptible de la troubler ».
Autant le dire : si le contenu du futur projet de loi reste encore inconnu, les marges d’action semblent faibles.
Un projet de loi très spécifique, une réflexion plus globale
Interrogé au FIC à Lille à l’occasion d’un échange avec la presse, Mounir Mahjoubi a confirmé que ce projet de loi serait effectivement « très spécifique » : « Comme il y a eu une initiative globale par la négociation sur le sujet terroriste, à l’autre opposé du spectre, il y a ce sujet qui ne traite que de la période électorale ».
Néanmoins, l’épisode ouvre une nouvelle fenêtre pour de champs d’interrogation : entre ces deux extrêmes, « il y a une réflexion plus globale que l’on doit avoir », en particulier « sur le retrait des contenus en ligne » estime-t-il.
Vers une réforme de la loi sur la confiance dans l’économie numérique ?
Selon le représentant du gouvernement, « les contenus terroristes, de haines, les fake news, tout cela pose les mêmes questions : qui doit détecter, qui doit signaler, qui a la responsabilité d’enlever et in fine, dans ce dispositif, comment équilibre-t-on cela avec nos grandes valeurs telle la liberté d’expression ? »
Le secrétaire d’État s’est en particulier souvenu que, voilà quelques années, « des parlementaires ont posé la question d’un troisième statut ». « C’est intéressant » considère-t-il aujourd’hui.
« Troisième statut » ? Derrière l’expression, nous trouvons un serpent de mer, visant à accentuer la responsabilité des intermédiaires techniques. En 2011, par exemple, un rapport sénatorial préconisait l’instauration d’un statut baptisé « éditeur de service », à mi-chemin entre celui de l’éditeur et celui de l’hébergeur.
Parce qu’ils publient eux-mêmes des informations, vendent des espaces publicitaires, etc., ces acteurs auraient eu, dans les plans sénatoriaux, l’obligation « de mettre en place les moyens, conformes à l'état de l'art, de surveillance des informations qu'il transmet ou stocke, et de recherche des faits ou des circonstances révélant des activités illicites ».
« Pas de précipitation » temporise sept ans plus tard Mounir Mahjoubi, dans un bel exercice d’équilibrisme entre chaud et froid. Une certitude : « est-ce que la LCEN est efficace sur tous ces sujets ? Absolument pas ! », ajoute-t-il, l’index pointé sur le retrait des contenus dits « haineux ».
Le pied de retour sur l’accélérateur, il juge ces questions non traitables dans le cadre de la LCEN « à cause de ces nouveaux acteurs plateformes qui ne sont pas vraiment des hébergeurs, pas vraiment des éditeurs ».
Le CSA aux aguets
Beau hasard : alors qu’Emmanuel Macron a aussi plaidé pour une extension des pouvoirs du CSA sur le champ du numérique, son président, Olivier Schrameck, a saisi hier la balle au bond, partageant l’utilité d’ « appréhender les nouvelles techniques et les nouveaux acteurs numériques ».
Le régulateur de l’audiovisuel, qui lorgne Internet depuis belle lurette, prêche pour sa paroisse : « l’expérience du CSA sera précieuse, lui qui d’ores et déjà a expérimenté au fil des années des formes nouvelles de régulation, renouvelant les méthodes traditionnelles pour mieux assurer, quel que soit le mode de diffusion, les finalités d’intérêt commun qui lui incombent ».
Mounir Mahjoubi : de la loi anti « fake news » à la responsabilité des intermédiaires
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Un projet de loi très spécifique, une réflexion plus globale
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Vers une réforme de la loi sur la confiance dans l’économie numérique ?
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Le CSA aux aguets
Commentaires (25)
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Abonnez-vousLe 24/01/2018 à 17h13
Le gland est le fruit du chêne.
Les jeunes chênes ne produisent pas de glands, et les productions annuelles dites « glandaies » sont chez le chêne particulièrement irrégulières, ce qui peut avoir des répercussions sur la santé des populations de sangliers ou d’autres animaux se nourrissant de glands.
Fruits de loin les plus abondants des forêts de basse altitude en Europe occidentale, ils produisent à intervalles irréguliers des glandées d’une abondance parfois prodigieuse, ce qui explique qu’autrefois, on menait les cochons manger les glands en forêt, mais cette activité était réglementée ou taxée, plus ou moins selon les régions.
La récolte des glands a lieu entre fin septembre et fin octobre1. La meilleure période étant entre le 10 octobre et le 1er novembre2. Un animal qui se nourrit essentiellement de glands est appelé balanophage3.
Le 24/01/2018 à 17h35
tiré de l’article Gland(fruit) sur le site Wikipédia en français , Wikipédia est une marque déposée de la Wikimedia Foundation, organisation à but non-lucratif selon le paragraphe 501©(3) du code fiscal des États-Unis, texte disponible sous la licence CC-BY-SA (autorisation de partager, copier, modifier et distribuer le contenu par toutes les façons autorisées par la loi, y compris à but commercial, à condition que les auteur soient crédités, et que les modifications apportées soient publiées sous la même licence), auteur Vatadoshu et alii (voir la liste détaillée)
Quoi, c’est pas un championnat de copier-collé ?" />
Le 24/01/2018 à 17h41
Mounir Mahjoubi, secrétaire d’État au numérique est revenu sur ce sujet hasardeux
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Mounir Mahjoubi, secrétaire d’État hasardeux au numérique est revenu sur ce sujet
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Le 24/01/2018 à 18h16
Mounir, get away
Get a good job with more pay and you’re O.K.
Mounir, it’s a gas
Grab that cash with both hands and make a stash
New car, caviar, four star daydream,
Think I’ll buy me a football team
Mounir, get back
I’m all right, Jack, keep your hands off of my stack.
Mounir, it’s a hit
Don’t give me that do goody good bullshit
I’m in the high-fidelity first-class traveling set
And I think I need a Learjet
Mounir, it’s a crime
Share it fairly but don’t take a slice of my pie
Mounir, so they say
Is the root of all evil today
But if you ask for a rise it’s no surprise that they’re giving none away
Pardon je sors tout de suite mais avec un tel sous-titre, c’était trop tentant " />
Pour en revenir sur l’article, je ne vois pas en quoi il y a nécessité d’une telle loi au vu de ce que propose déjà la loi actuellement. De plus, cette loi passe à côté du vrai débat : elle ne fait que traiter les symptômes et non la cause du mal qui pour moi est la course à qui générera le plus de vues et donc d’argent. Cf le billet de la quadrature du net sur la question :https://www.laquadrature.net/fr/macron_fake_news
Le 24/01/2018 à 18h24
Mounir d’amour en chênaie …. " />
Le 24/01/2018 à 19h08
il juge ces questions non traitables dans le cadre de la LCEN « à cause de ces nouveaux acteurs plateformes qui ne sont pas vraiment des hébergeurs, pas vraiment des éditeurs ».
C’est bon, on a trouvé un coupable. On va pouvoir déployer les moyens de surveillance protection et l’arsenal juridique.
Vive la flexisecurité pour le web. " />
Le 24/01/2018 à 19h29
Et la responsabilité individuelle dans tout cela ? Est-ce qu’une loi est nécessaire contre les fake news ?
Si les gens arrêtaient de lire les actualités officieuses provenant de site louches, ce serait un grand pas. Sauf que les gens, notamment les jeunes, ont une nette tendance à ne plus croire les actualités provenant des journaux officiels. Comme si tous les journalistes étaient à la solde du Gouvernement. De plus en plus de gens remettent en cause la liberté de la presse… Je le déplore.
Les réseaux sociaux sont aussi très pourvoyeurs de fake news. Les Internautes ne prennent pas le temps d’aller se renseigner ailleurs pour avoir la confirmation que ce qu’ils ont lu est véridique.
Au pire, si les gens ne sont pas satisfait du traitement de l’information fait par les journaux officiels, il y a des médias indépendants très sérieux. Je pense à Mediapart, Agoravox, Les moutons enragés, Alternatives économiques, ect…
Mais ce n’est pas en allant sur Egalité & Réconciliation, Sputnik ou encore RT qu’ils s’informeront correctement… Hélas, ces sites connaissent une affluence indigne de la qualité rédactionnelle de leurs articles, qui sont souvent des contre-vérités.
Enfin, les fakes news sont alimentés et alimentent les théories du complot. Les complotistes usent souvent de fakes news pour démontrer qu’ils ont raison. Des fakes news qui proviennent de sites louches, tel que ceux que j’ai cité dans mon précédent commentaire. Malheureusement, contrer des complotistes est une tâche très compliquée. En plus, généralement, les complotistes cassent systématiquement les débats. Les complotistes n’apportent rien à la société. Ils sont un fléau, même si je respecte la liberté d’expression.
Le 24/01/2018 à 20h03
C’est quoi des journaux officiels dignes de confiance?? Perso j’ai une théorie qui fait mouche à tous les coups: “c’est toujours celui qui paye qui décide”, ce qui amène à: “ne mords pas la main qui te nourrit”
Le 24/01/2018 à 20h06
J’ai cru lire Moundir dans le sous-titre.
Le 24/01/2018 à 21h13
Charger les intermédiaire (réseaux sociaux, moteurs de recherche, …) c’est juste plonger dans la sur-censure préventive par peur du ministère de la vérité…
Le 24/01/2018 à 21h23
Le 24/01/2018 à 22h28
Le 24/01/2018 à 23h56
Le 25/01/2018 à 07h04
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Il est souvent recommandé de recouper ses sources pour :
(le prisme, le point de vue, comme en optique)
Or, le problème actuel des médias “main stream” est de répéter les infos que la concurrence a lancé ou va lancer ou risque de lancer dans la journée. Et, faut-il encore le répéter, l’objectivité n’existe jamais dans un discours, sauf peut-être dans un texte de plusieurs centaines de lignes avec les avertissements, les mises en contexte, les mises en garde,… nécessaires. Or un article, un reportage vidéo ou sonore correspond plutôt à quelques dizaines de lignes.
Le paradoxe de l’info - Pourquoi on n’a jamais été aussi mal informé - mercialfred.com - 16/01/2018
Frédéric Taddeï, des conseils pour s’informer- Thinkerview sur youtube.fr - 06/12/2017
Le 25/01/2018 à 07h05
Le 25/01/2018 à 08h01
Le 25/01/2018 à 08h23
Malheureusement, contrer des complotistes est une tâche très compliquée. …
surtout que bien souvent c’est “des beaux-parleurs”* !
* ils ont réponse-à-tout
dernièrement j’ai “débattu” avec l’un-d’eux, purée………pour “le bloquer” !!!!!! " />
Le 25/01/2018 à 08h34
Médiapart, Alternatives Economiques en exemple de média sérieux. Je lève un peu les yeux au ciel disons le clairement.
Mais, je te rejoins sur la défiance des gens à l’égard des médias. Il faudrait peut-être que les journalistes fassent du fond, plutôt que de la reprise de communiqués de presse. On attend davantage.
Le 25/01/2018 à 08h47
Un jour, la charte de Munich sera au programme des écoles de journalisme.
Ça aidera sans doute à leur faire comprendre l’essence du métier qu’ils visent.
Je ne blague pas, le nombre de journalistes ignorant jusqu’à l’existence de cette charte est énorme, affligeant, effrayant.
Le 25/01/2018 à 09h01
Va falloir en embauche des cadre B fact-checkeur dans le nouveau ministère de l’information.
Prochaîne étape, interdire le droit de vote à ceux qui ne pensent pas bien, comme le demandent Quatremer et Julliard depuis 2005.
Le 25/01/2018 à 09h10
merci !
Le 25/01/2018 à 09h54
Le 25/01/2018 à 10h20
Le 25/01/2018 à 12h09
Le plus simple ça aurait été de rien faire et de faire confiance aux gens, mais bon si tout le monde est d’accord à ce que l’état peut décidé de ce qui est vrai ou pas…
Le 25/01/2018 à 13h18
+1 hélas :/