Droit d’auteur : les ebooks du projet Gutenberg inaccessibles en Allemagne
Mauvaise impression
Le 06 mars 2018 à 14h12
3 min
Droit
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Le projet Gutenberg a été contraint de bloquer l’ensemble de ses pages suite à une décision de la justice allemande. Une situation née d’un conflit de lois sur la durée de protection du droit d’auteur entre l’outre-Rhin et les États-Unis.
Le projet Gutenberg offre depuis des dizaines d'années des milliers de livres électroniques élevés dans le domaine public. Les oeuvres sont disponibles en plusieurs langues, notamment en français où on peut télécharger gratuitement des titres de Beaumarchais, Molière, Blaise Pascal… et d’autres plus récents comme ceux de Paul Claudel ou de Colette.
Le site s’appuie sur la législation américaine, qui considère que les œuvres intègrent le domaine public, suite à l’écoulement d’un certain nombre d’années suivant la date de publication (voir les calculs complexes). On devine rapidement le souci posé en Allemagne où cette durée est calibrée comme en France sur 70 ans après le décès de l'auteur.
L’éditeur S. Fischer Verlag, qui prétend agir au nom des trois auteurs (Heinrich Mann, Thomas Mann et Alfred Döblin, décédés respectivement en 1950, 1955 et 1957) a trainé le Projet Gutenberg devant la cour régionale de Frankfurt am Main afin d’obtenir le retrait de 18 ebooks, sous la menace de 250 000 euros et jusqu’à six mois de prison.
« Un acte illégal (…) est réputé avoir été perpétré à la fois où l’infraction a été commise et où elle a produit ses effets » expliquent les juges allemands, qui se sont donc estimés compétents pour prendre une telle décision à l’encontre d’un site américain.
Risque de contagion
Après leur jugement du 9 février 2018 en faveur du demandeur, plutôt que retirer ces 18 œuvres, , le site américain a préféré bloquer l’accès à l’ensemble de ses pages aux lecteurs allemands. « Il existe des milliers de livres électroniques dans la collection Project Gutenberg qui pourraient faire l'objet d'actions similaires et illégitimes » explique-t-il sur une page dédiée.
Le Projet Gutenberg se dit aujourd’hui incapable de déterminer le nombre de fois où les dix-huit œuvres ont été téléchargées depuis l’Allemagne, puisqu’il n’enregistre pas les logs des lecteurs. Il ne pourra donc répondre à la décision qui réclame ces informations pour jauger le montant des éventuels dommages et intérêts.
Ce n’est pas la première fois que ce choc de législations se produit. En 2003 par exemple, dans les colonnes de Pirates Mag, nous relations le cas de Classiques des Sciences Sociales. Les éditions des Presses Universitaires de France (PUF) avaient alors peu apprécié que des œuvres de son catalogue soient proposées gratuitement sur le site québécois. Celui-ci s’abritait alors derrière la législation locale qui consacre le monopole de l’auteur 50 ans après sa mort, soit 20 ans de moins qu’en France.
Droit d’auteur : les ebooks du projet Gutenberg inaccessibles en Allemagne
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Risque de contagion
Commentaires (30)
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Abonnez-vousLe 06/03/2018 à 14h19
D’ailleurs, c’est quand que Mickey tombe dans le domaine public ? " />
Je trouve déjà que 50ans après la mort, ça reste énorme, alors 70ans…les petits-fils voire arrière petits fils touchent encore les Royalties, c’est dingue.
Le 06/03/2018 à 14h23
Probablement jamais vu que Disney déposera sûrement des centaines de marques et logo reprenant tout les design connu de mickey pour le protéger perpétuellement
Le 06/03/2018 à 14h31
marrant que tu parles de ça : Mickey Mouse Protection Act : Wikipedia
Le 06/03/2018 à 14h33
Gutenberg censuré en Allemagne.
Si c’est pas de l’ironie ça…
Le 06/03/2018 à 14h33
Ça n’a rien à voir avec la libre diffusion des premiers dessins animés qui devraient être dans le domaine public s’il n’y avait pas eu une modification de la loi américaine..
Le 06/03/2018 à 14h34
À mon avis, ce n’est pas par hasard qu’il en parlait.
Le 06/03/2018 à 14h43
De ce point de vue là, je trouve qu’au plus les droits d’auteurs directs devraient s’épuiser à sa mort, ou jusqu’à la majorité de ceux étant sous sa tutelle.
Au-delà, des droits réduits et restreints pourraient être alloués à l’État (selon sa nationalité), les éditeurs ne pouvant alors qu’user de droits d’exploitation (mais ne plus pouvoir faire chier le monde entier avec des copyrights).
Domaine public, me semble-t-il, ne veut pas dire “pas protégé”.
Le 06/03/2018 à 14h43
Qué bazar !
Ça me fait penser à l’affaire du petit prince de St-Exupéry, au boléro de Ravel, ou au achterhuis d’Anne Frank…
Le 06/03/2018 à 14h46
Le 06/03/2018 à 14h48
Le 06/03/2018 à 14h52
70 ans après la mort de l’auteur en France et en Allemagne " /> Est-ce su’il y a des pays qui font plus (ou moins) ? Histoire de jeuger le degré de corruption de nos élus par les ayants droits.
Le 06/03/2018 à 14h55
Cette limite vas disparaitre de toute façon.
Le 06/03/2018 à 15h04
Le 06/03/2018 à 15h06
EDIT : en réponse à Jarodd
WikipediaIl y a majoritairement du “vie + 50 ans” et du “vie + 70 ans” (apparemment, le “vie + 70 ans” est un truc commun à toute l’UE donc bon …)
Le 06/03/2018 à 15h09
Le 06/03/2018 à 15h11
Z’avaient qu’à faire le projet Jean Brito, comme ça ils auraient appliqué la jurisprudence de la loi bretonne : peu importe l’époque, si tu payes ta tournée tu as le droit de télécharger. " />
Le 06/03/2018 à 15h11
Yep, de mémoire c’est bien ce qui a été retenu.
Le 06/03/2018 à 15h58
Le 06/03/2018 à 16h06
70 ans après la mort de l’auteur c’est d’une crétinerie sans nom.
la recherche des ayants droits,
descendants des ayants droits,
descendants des descendants des ayants droits,
descendants des descendants des descendants des ayants droits
doit coûter plus cher que les droits auxquels chacun pourrait prétendre dans 99% des cas.
et même dans le cas ou le solde est positif quelle légitimité a-t-il ?
Est-ce que les arrières-arrières petits enfants du maçon continue à percevoir quelque chose une fois qu’il a achevé une maison ?
Si les “auteurs” veulent léguer qqchose à leurs héritiers ils n’ont qu’à faire comme tout le monde et épargner tout au long de leur vie.
Le 06/03/2018 à 16h46
Le 06/03/2018 à 16h47
Le 06/03/2018 à 16h49
Le 06/03/2018 à 16h57
Le 06/03/2018 à 17h05
Le droit européen a été uniformisé sur ce sujet dans les années 1980.
Le 06/03/2018 à 17h22
Le 06/03/2018 à 21h40
Je crois bien qu’au tout début des droits d’auteur musicaux, ils ne duraient que 1 an ou quelques années, le but était de laisser le temps au compositeur d’avoir suffisamment d’argent pendant ce temps pour écrire quelque chose d’autre.
De toute manière 70 ans c’est beaucoup trop : c’est même du foutage de gueule, n’est-ce pas là un privilège à abolir? Quelques années suffiraient largement.
Le 06/03/2018 à 22h26
Le 07/03/2018 à 10h47
C’est bien pour ça que ce sont les maisons d’édition qui montent au créneau. C’est aussi ce qui explique l’aberrante limite de 70ans : le lobbying des éditeurs et la corruption des élus.
Bref, le fonctionnement classique de notre société :V
Le 07/03/2018 à 11h35
Le 08/03/2018 à 09h57
oh ça, je pense que c’est pas la peine de chercher les enfants des ayants droits, ils se manifestent tout seul " />…
ah par contre identifier ceux qui essayent d’usurper c’est probablement plus chiant … " />