Mobiles subventionnés : victoire de Free, mais prudence de l’UFC-Que Choisir
#couscous-boulette (suite)
Le 09 mars 2018 à 16h38
4 min
Droit
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Saisie par Free, la Cour de cassation a épinglé les offres subventionnées de SFR parce qu'elles peuvent cacher un crédit déguisé. L’UFC-Que Choisir estime que la décision vaut pour l’ensemble des acteurs, mais relativise ses conséquences pour le consommateur. Impossible selon elle d'obtenir résiliation du contrat.
Le 7 mars 2018, la Cour de cassation a considéré que les contrats de téléphonie regroupant abonnement et smartphone pouvaient être requalifiés en contrat de crédit, du moins pour la vente du matériel. La question, défendue par Free depuis près de huit ans, a été renvoyée devant la cour d’appel de Paris qui devra rejuger ce dossier qui oppose le trublion à SFR.
Contacté, Antoine Autier, du service des études de l’UFC Que Choisir, nous partage sa grille de lecture : « lorsqu’un opérateur propose un forfait mobile couplé à l’acquisition d’un terminal et que ce forfait est plus élevé que le même abonnement sans acquisition d’un terminal, cela qualifie une opération de crédit. C’est l’analyse que pose la Cour de cassation. C’est une opération de crédit en la forme d’une facilité de paiement ».
Les conséquences économiques et juridiques d'un crédit déguisé
Conséquences ? « Dès lors qu’on entre dans une telle opération, toute une réglementation entre en application, notamment en terme d’informations des consommateurs en particulier quant au taux du crédit ou la prévention des situations de surendettement. C’est un formalisme à respecter. Et à partir du moment où celui-ci fait défaut, du point de vue de l’UFC-Que Choisir, c’est particulièrement problématique ».
Déjà économiquement, une personne prise dans un contrat de 24 mois, cimenté par un crédit déguisé, se retrouve vissée à l’opérateur. « Il ne peut profiter des propositions des uns et des autres, notamment si la qualité de service n’est pas au rendez-vous. On voit ainsi les vertus attachées aux offres sans engagement » relate Antoine Autier, qui reconnait que des offres à crédit peuvent satisfaire ceux incapables de payer un smartphone en une seule fois.
Seulement, « ces personnes peuvent aussi recourir à des crédits classiques. Or, comment comparer un crédit caché avec les offres concurrentes des établissements financiers si on ne dispose même pas de l’indicateur central qu’est le taux ? »
L’UFC-Que Choisir n’aime d’ailleurs pas l’expression de « subvention » attachée à ces opérations. « L'expression a un versant vertueux, une belle image, or à partir du moment où elle a un coût, on est plutôt ici dans une modalité de paiement ».
Pas de résiliation massive, mais restitution des intérêts payés
Pour l’association, néanmoins, cet arrêt ne va pas entraîner la résiliation des millions de contrats embarquant un crédit déguisé. « Notre analyse est que le défaut de formalisme n’est pas un motif de caducité de contrat. Nous n’invitons donc pas les consommateurs à dénoncer leur abonnement en prenant appui sur cette décision, car elle n’exonère pas des paiements, mais devrait entraîner la restitution des seuls intérêts versés ». L'analyse n'est cependant pas partagée par certains juristes.
Comment déterminer précisément le taux et les montants versés ? « Il y a une difficulté objective à pouvoir déterminer le montant du préjudice, qui dépend de chaque contrat ». En somme, derrière l’apparente simplicité de l’arrêt, les conséquences peuvent être diaboliquement plus ardues.
Plutôt que saisir les tribunaux, l’association va pour l’heure se tourner vers l’ensemble des opérateurs puisqu’il faudra bien résorber les situations actuelles, prévenir les cas futurs et surtout trouver des solutions pour les contrats passés dans les limites de la prescription.
Mobiles subventionnés : victoire de Free, mais prudence de l’UFC-Que Choisir
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Les conséquences économiques et juridiques d'un crédit déguisé
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Pas de résiliation massive, mais restitution des intérêts payés
Commentaires (30)
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Abonnez-vousLe 09/03/2018 à 17h23
Donc on applique la jurisprudence relative aux crédits consos: perte des intérêts, éventuellement plus s’il est démontré un défaut d’information et de renseignement notamment s’agissant du taux d’endettement de la personne au moment de la souscription, qui peut éventuellement dans ce cas solliciter des dommages et intérêts.
Le 09/03/2018 à 18h40
En faisant comme Free donc, depuis 8 ans, qui propose un crédit d’un organisme financier pour l’achat d’un téléphone chez eux.
Le 09/03/2018 à 19h27
Le 09/03/2018 à 22h06
Le 10/03/2018 à 06h36
Le 10/03/2018 à 09h35
Le 10/03/2018 à 10h31
Au début j’ai cru à une description du djihad
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Le 10/03/2018 à 13h24
well, it escalated quickly ^^
Le 10/03/2018 à 18h21
Carbier s’est mal exprimé, mais il a raison, le crédit est bien sans surcoût.
Si on remet dans le bon ordre, ce qu’il aurait du dire, c’est que Sosh propose “un crédit sur une partie de la somme sans surcoût”. Car le crédit est bien gratuit, mais il faut un apport initial pour couvrir une partie de la somme.
Par exemple, si je regarde le Honor 9, c’est 369€ en une fois, 4x92.25€ en 4 fois, 171€ + 11x18€ en 12 fois ou 185€ + 23x8€ en 24 mois.
Dans tous les cas, on paye donc exactement 369€, et il n’y a donc aucun surcoût. Par contre, sur les paiements en 12 et 24 fois, le crédit n’est proposé grosso modo que sur la moitié de la somme, avec un apport initial pour l’autre moitié.
Free faisait aussi ça avant de passer à la location il me semble. Et B&You également à l’époque ou la marque était un peu plus séparée de la maison mère.
Le 10/03/2018 à 18h55
Le 10/03/2018 à 22h25
Le 10/03/2018 à 22h29
Le 11/03/2018 à 11h56
Le 11/03/2018 à 16h51
Le 11/03/2018 à 18h27
Le 11/03/2018 à 19h08
Le 11/03/2018 à 20h05
Le 11/03/2018 à 20h06
Le 11/03/2018 à 20h24
Le 11/03/2018 à 20h43
Le 11/03/2018 à 21h10
Le 11/03/2018 à 21h15
Le 11/03/2018 à 22h35
Le 11/03/2018 à 22h50
Avec des taux d’intérêt très bas comme en ce moment, ça ne coûte pas cher de faire proposer un crédit gratuit. Le vendeur peut se le permettre, ça diminue juste un tout petit peu sa marge, mais il fait des ventes en plus. En fait, c’est lui qui paie les intérêts au préteur.
Il ne s’agit pas de “travailler pour rien”.
Le 12/03/2018 à 06h04
Le 12/03/2018 à 06h14
Le 12/03/2018 à 07h44
Le 12/03/2018 à 08h48
Tu aimes bien avoir raison à tout prix, hein !
Les pratiques de crédit gratuit datent du 1er juillet 2016 autorisées par l’ordonnance n°2016-301 du 14 mars 2016. Avant, seul le paiement en 3 fois sans frais étaient autorisé.
Et ici, il s’agit bien d’autre chose que le 3 fois sans frais puisque l’on parle de 4 fois minimum. Donc, non, ces pratiques sont assez récentes.
Et je peux t’affirmer que si les taux augmentent, l’opération ne serait pas supportable pour les vendeurs sauf coup marketing ponctuel.
Le 12/03/2018 à 11h39
Tu es opposé à toute forme de gratuité " />
C’est gratuit mais il faut bien que quelqu’un paye ?
Le 12/03/2018 à 12h50