Dès 2021, toute création d’entreprise devrait passer par un « guichet numérique unique »
Lente reprise
Le 19 juillet 2018 à 08h00
6 min
Droit
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Afin de simplifier les créations d’entreprises, le gouvernement entend généraliser, d’ici 2021, le recours à un « guichet numérique unique ». Comme pour les cartes grises, il serait ainsi obligatoire de passer par une plateforme officielle.
Rares sont les entrepreneurs à ne pas se plaindre des nombreuses formalités administratives auxquelles ils sont régulièrement soumis.
Avec son projet de loi « Pacte », présenté fin juin en Conseil des ministres, Bruno Le Maire ambitionne toutefois de « lever les obstacles à la croissance des entreprises à toutes les étapes de leur développement, de leur création à leur transmission, en passant par leur financement ».
Si les promesses de simplification des démarches liées à la création d’entreprise ne datent pas d’hier, le ministère de l’Économie assure qu’il sera possible, à partir de 2021, de « créer son entreprise 100 % en ligne à moindre coût ».
Alors qu’il faut aujourd’hui un mois à un artisan pour créer sa société (en reprenant un fonds de commerce), une semaine pourrait bientôt suffire.
Vers un « guichet numérique unique » faisant office d'interface avec les CFE
« La plateforme en ligne sera l’unique interface pour créer son entreprise, quelles que soient son activité et sa forme juridique », explique l’exécutif en marge de son projet de loi Pacte.
Actuellement, il faut tout d’abord se tourner vers un centre de formalités des entreprises (CFE). Ce qui ne relève pas d’une mince affaire, aux dires du gouvernement :
« Chaque déclarant dispose d’un CFE de référence en fonction de l’activité exercée, de la forme juridique de l’établissement exploité et du lieu de l’activité. Il existe sept réseaux de CFE gérés respectivement par les chambres de commerce et d’industrie (CCI), les chambres de métiers et de l’artisanat (CMA), les chambres d’agriculture, les greffes des tribunaux de commerce ou des tribunaux de grande instance, les URSSAF, les services des impôts des entreprises et la Chambre nationale de la batellerie artisanale. »
Au total, il y aurait ainsi plus de 1 400 CFE. Une grande diversité de structures qui « se traduit en particulier par la coexistence de pratiques et de systèmes d’information hétérogènes, de nature à compromettre l’efficacité du traitement des dossiers et à entraîner une inégale qualité du service rendu aux entreprises », explique l’exécutif.
Afin de simplifier les démarches liées notamment à la création d’entreprise, le projet de loi Pacte prévoit donc de substituer aux différents réseaux de CFE un « guichet unique électronique », censé « constituer l’interface entre les organismes actuellement destinataires des informations collectées par les CFE et les entreprises, quels que soient l’activité, le lieu d’implantation et la forme juridique de ces dernières ».
Les entrepreneurs déposeront ainsi sur un même site Internet « l'ensemble des informations et des pièces nécessaires à la confection [de leur] dossier », avant que ce dernier soit automatiquement transmis au service compétent.
« Le périmètre des formalités prises en charge par le guichet unique électronique sera identique à celui des CFE actuels », détaille le gouvernement au travers de son étude d’impact. Seront dès lors concernées toutes les formalités et procédures relatives à « la création, aux modifications de la situation et à la cessation d'activité d'une entreprise, ainsi qu'à l'accès à une activité réglementée de service et à son exercice ».
Naturellement, les services destinataires resteront compétents pour apprécier la régularité des dossiers reçus.
Des formalités qui devront obligatoirement se faire en ligne
L’exécutif prévient néanmoins que cette réforme s’accompagnera « par voie de conséquence » d’une « généralisation de la voie dématérialisée comme modalité d’accomplissement des formalités ». Autrement dit, il sera obligatoire de passer par ce guichet numérique unique, à l’image de ce qui prévaut par exemple depuis l’année dernière pour les cartes grises.
L’exécutif affirme néanmoins qu’une « obligation de création d’entreprise en ligne existe déjà pour les micro-entrepreneurs » depuis une loi de 2014 relative à l'artisanat, au commerce et aux très petites entreprises.
Le « Guichet Entreprises », site qui permet d’ores et déjà d’effectuer différentes démarches liées à la création d’entreprise, devrait d’ailleurs servir de « fondement » à la plateforme promise au travers du projet de loi Pacte.
Extrait de l'étude d'impact précisant les futures fonctionnalités du guichet unique
D’après l’étude d’impact, cette réforme « entraînera l’arrêt des fonctionnalités concurrentes sur les autres sites consacrés aux formalités ». Les portails « www.cfenet.cci.fr », « www.cfe-urssaf.fr » ou « www.cfe-metiers.com » sont ainsi appelés à disparaître.
Pour les entreprises, ce nouveau mode de relation avec les CFE devrait générer une économie annuelle de trois millions d’euros rien qu’en frais postaux. Côté administration, l’exécutif espère dégager vingt-trois millions d’euros par an grâce aux effets « de mutualisation et d’échelle ».
Quatre millions d’euros supplémentaires seront néanmoins alloués chaque année à Guichet Entreprise au titre de l’hébergement et la mise œuvre du portail unique. Ce dernier devra fournir une « assistance de premier niveau » à ses utilisateurs (par exemple pour des problèmes de téléchargement de pièces jointes). Pour une aide relative aux formalités en elles-mêmes, les organismes assurant actuellement les missions du CFE resteront compétents.
Même si elle était votée en l’état par le Parlement, cette mesure du projet de loi Pacte devrait être complétée par un décret en Conseil d’État. Le gouvernement promet au passage qu’un comité de pilotage interministériel et qu’un directeur de projet « seront mis en place pour préciser les modalités d’application de cette réforme (calendrier, budget, ressources humaines, textes juridiques...) et assurer le suivi de sa mise en œuvre (déploiement des systèmes d’information, accompagnement des structures concernées...) ».
Dès 2021, toute création d’entreprise devrait passer par un « guichet numérique unique »
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Vers un « guichet numérique unique » faisant office d'interface avec les CFE
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Des formalités qui devront obligatoirement se faire en ligne
Commentaires (16)
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Abonnez-vousLe 19/07/2018 à 13h58
Rien payé, c’est un site gouvernementale, très bien fait et pédagogique.
Je pense que c’est sur lui qu’ils vont basés leur prochaine simplification.
Pour le reste de ton message, si tu préfères frapper aux porte de X organismes et envoyez X lettre R avec AR, c’est ton droit bien entendu " />
Le 19/07/2018 à 13h59
Le 19/07/2018 à 19h54
Guichet entreprise : utilisé deux fois, deux fois ça n’a pas fonctionné (déménagement puis radiation d’une Autoentreprise).
Ça me fait peur si ça sert de base au prochain guichet unique.
Le 20/07/2018 à 07h22
Le 20/07/2018 à 13h58
J’ai pensé à l’ANTS aussi :)
C’est incompréhensible leur truc!!!
Le 20/07/2018 à 16h40
Merci pour ton site, j’étais en projet de creation, et les divers site officiel que j’avais trouver c’était des papier a envoyer a droite a gauche. et je peut dire que parmis les 9999999 sites que j’ai visité, je ne suis jamais tomber sur le site que tu donne.
Le 19/07/2018 à 08h11
Perso j’ai créé une société début 2017 en passant uniquement par le site guichet-entreprise.fr.
Je n’ai parlé à aucun CFE.
Le 19/07/2018 à 08h35
Presque idem pour moi, j’ai créer ma boite début 2018 en passant direct par les greffes. Pas besoin de passer par ces bandits de la chambre des métiers et de l’artisanat qui vous tamponnent 500 € en frais divers ! " />
Le 19/07/2018 à 08h38
Ce dernier devra fournir une « assistance de premier niveau » à ses utilisateurs (par exemple pour des problèmes de téléchargement de pièces jointes)
Espérons que ce soit pas les mêmes services d’assistance que pour les cartes grises alors, parce que les réponses automatiques basées sur le seul mot clé que le script a réussi à trouver dans sa base, merci bien " />
Le 19/07/2018 à 08h46
Et tu as payé combien en plus ce “service” rendu ?
Et surtout, ce qui me gène fortement, c’est qu’il n’y a aucune précision claire en cas de défaillance du service dans la transmission de ces données.
Si je me fie aux CGU du site, il est précisé que:
“Les données transmises aux services en ligne des organismes partenaires restent de la responsabilité de l’usager, même si celles-ci sont transmises par les moyens techniques mis à disposition dans le Service.”
Sous-entendu: “il ne peut y avoir aucune défaillance du site. En cas de problème, c’est tout pour votre gueule.”
Personnellement et professionnellement, ayant déjà eu affaire aux différents services pour la création d’entreprise, je sais qu’ils communiquent très mal entre eux et que tu as intérêt à garder des preuves du moindre envoi ou documents que tu leur transmets (lettre AR exigée)
Le 19/07/2018 à 09h12
On sait s’il sera toujours obligatoire de publier une petite annonce dans un journal comme quoi tu as créé une entreprise ? Parce que c’est encore un bel archaïsme, ce truc…
Le 19/07/2018 à 09h36
Le plus chiant ce n’est pas les formalités de création, c’est celle de dissolution.
Le 19/07/2018 à 10h20
Le merdier ANTS ne leur a pas suffi, ils passent au cran supérieur?
L’avantage actuel, c’est d’avoir encore un peu d’humains à qui parler, pour corriger leurs erreurs (dès qu’on sort des cases habituelles, faut bien les surveiller, mais ça finit par rentrer dans l’ordre). Si j’avais eu à tout faire en ligne, ça aurait été une cata pour trouver les bonnes cases et les bons interlocuteurs.
OK, je suis négatif et pessimiste d’entrée de jeu… mais… «chat échaudé craint l’eau froide» comme dirait l’autre… peut-être que ça va simplifier la vie de tout le monde, coutera moins cher, ira plus vite.
Peut-être.
Ou bien…
Le 19/07/2018 à 12h19
Le 19/07/2018 à 13h22
Le 19/07/2018 à 13h57