Interdiction des portables à l’école et au collège : mode d’emploi
Sonne of anarchy
Le 11 septembre 2018 à 12h04
6 min
Droit
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Alors que la loi relative à l’interdiction du portable à l’école et au collège est désormais en vigueur, le ministère de l’Éducation nationale vient d’élaborer un « vademecum » destiné à accompagner la mise en œuvre de cette réforme sur le terrain.
La majorité met le paquet pour s’assurer que l’interdiction du portable à l’école, promesse de campagne d’Emmanuel Macron, devienne réalité.
Comme s’y était engagé Jean-Michel Blanquer durant les débats parlementaires, le ministère de l’Éducation nationale a publié ces derniers jours un vademecum (PDF) sur la loi du 3 août 2018, afin d’expliciter le nouveau cadre légal aux milliers d’écoles et de collèges qui doivent désormais l’appliquer.
Un véritable mode d’emploi à destination des écoles et collèges
« Désormais, l'interdiction de l’utilisation des téléphones mobiles est le principe », commence par rappeler la Rue de Grenelle. Une règle qui ne vaut cependant que pour les élèves.
En effet, les parents n’ont pas à s’y plier, de même que les professeurs. Le vademecum enjoint toutefois les personnels de l’Éducation nationale à « faire preuve d’une utilisation raisonnable de leurs appareils de communication, pour permettre aux élèves de bien s’approprier la mesure ».
Autre précision : il s’agit bien d’interdire l’utilisation des portables, non leur détention. Ainsi, rien n’empêche les élèves d’aller à l’école avec leurs téléphones, « s’ils sont éteints et rangés », explique le ministère.
La loi du 3 août s’applique aux « téléphones de toutes générations », poursuit le vademecum, mais aussi à « tous les objets connectés » – la loi fait plus exactement référence à tous les « équipements terminaux de communications électroniques ». Montres et tablettes sont par exemple concernés.
L’interdiction est de rigueur dans toutes les écoles maternelles et élémentaires, ainsi que dans les collèges – quel que soit le lieu : salle de classe, cour de récréation... Celle-ci prévaut aussi pour « les lieux servant à l'éducation physique et sportive (terrain de sport par exemple) », de même que dans « le cadre des sorties et voyages scolaires ».
Différentes exceptions à cette interdiction de principe
Cette interdiction est néanmoins assortie de différentes exceptions.
Tout d’abord, le législateur a introduit une dérogation de principe pour motifs médicaux. Les élèves « présentant un handicap ou un trouble de santé invalidant sont autorisés à avoir recours à des dispositifs médicaux associant un équipement de communication (par exemple des appareils permettant aux enfants diabétiques de gérer leur taux de glycémie) », explique le vademecum. Le recours à ces outils devra toutefois avoir été défini dans le cadre du projet personnalisé de scolarisation (PPS) ou du projet d’aide individualisé (PAI) de chaque élève concerné.
La loi prévoit ensuite que des exceptions (dites « conditionnelles » par le ministère) soient instaurées par les établissements souhaitant autoriser l’utilisation du portable dans certains cas de figure.
Les écoles et collèges ont ainsi la possibilité de mentionner dans leur règlement intérieur les « circonstances » et les « lieux » dans lesquels les élèves peuvent utiliser leur téléphone, par exemple pour un usage pédagogique. « Il s’agit bien de conditions cumulatives, souligne à cet égard le vademecum : le règlement intérieur devant préciser tout à la fois des circonstances et des lieux. »
On peut par exemple imaginer qu’un règlement intérieur autorise les élèves à sortir leurs tablettes et téléphones dans une salle donnée, durant une certaine plage horaire, sous la responsabilité de surveillants. Ou pendant un ou plusieurs cours en particulier.
Il est enfin précisé que ces exceptions doivent être limitées, « le règlement intérieur ne pouvant déroger entièrement au principe d’interdiction posé par la loi ».
Modification impérative de tous les règlements intérieurs
D’après le ministère de l’Éducation nationale, la loi du 3 août « impose à toutes les écoles et à tous les collèges une modification de leur règlement intérieur ». Ces établissements se voient ainsi priés de procéder à un toilettage « le plus rapidement possible ».
Pour faciliter ce processus en cette période (souvent faste) de rentrée, le vademecum propose quelques clauses types et autres pistes de mise en œuvre de la réforme : casiers individuels ou collectifs, obligation d’éteindre et de ranger le portable dans le cartable, « housse équipée d’un système de loquet automatique qui se verrouille lorsque l’élève pénètre dans la zone où les téléphones portables sont interdits », etc.
En pratique, les directeurs d’école et chefs d’établissement sont invités à « définir les modalités pratiques de l’interdiction en dialogue avec la communauté éducative et en fonction des spécificités (aspects matériels, organisation des locaux, etc.) de chaque école et de chaque établissement », détaille la Rue de Grenelle. Dans les collèges, la modification du règlement intérieur nécessitera en outre un vote du conseil d'administration.
Les établissements devront à cette occasion préciser les éventuelles exceptions à l’interdiction de principe posée par le législateur, mais aussi les modalités de confiscation des téléphones utilisés illégalement.
La confiscation ne pourra durer plus d'une journée
« Le non-respect de l’interdiction de l’utilisation du téléphone doit faire l’objet d’une réponse graduelle, individuelle et proportionnée », nuance néanmoins le vademecum. La réponse peut ainsi aller « du simple rappel à l’ordre au passage devant la commission éducative » (avec possibilité de sanctions disciplinaires).
Si la loi prévoit désormais expressément que les élèves peuvent se faire confisquer leurs téléphones par n’importe quel « personnel de direction, d’enseignement, d’éducation ou de surveillance », le ministère invite les établissements à préciser les « modalités » de cette sanction, y compris s’agissant de la « restitution » des appareils confisqués.
« La confiscation du téléphone mobile d’un élève ne doit pas se poursuivre au-delà de la fin des activités d’enseignement de la journée. Tout téléphone confisqué doit être restitué soit à l’élève lui-même, soit à l’un de ses responsables légaux », explique la Rue de Grenelle.
Interdiction des portables à l’école et au collège : mode d’emploi
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Un véritable mode d’emploi à destination des écoles et collèges
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Différentes exceptions à cette interdiction de principe
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Modification impérative de tous les règlements intérieurs
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La confiscation ne pourra durer plus d'une journée
Commentaires (32)
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Abonnez-vousLe 11/09/2018 à 12h13
Bon, la mesure reste un peu bébête car l’Education Nationale à bien d’autres priorités plus importantes que cette histoire débile mais la mise en pratique est potable. Ça aurait pu être bien pire.
Le 11/09/2018 à 12h18
Ou alors on peut voir ça comme une première prise en considération d’un problème bien réel dans les écoles.
Rien n’est parfait mais la politique de l’autruche fait rarement avancer.
Le 11/09/2018 à 12h50
Le 11/09/2018 à 12h53
On est mal barrés :/
Le 11/09/2018 à 12h58
Ton message fait un peu genre: “rien n’est urgent tant que les bébés phoques meurent”
Certains problèmes sont plus simples et rapides a traiter que d’autres c’est tout.
Le 11/09/2018 à 13h06
Le 11/09/2018 à 13h12
Un joli cadeau fait aux directeurs d’EPLE, qui sont donc confirmés comme responsables des 50k€ (? à la louche, au prix de l’iPhone ou du Galaxy S[X]) de stock de confiscation quotidien. Ça va devenir très rentable de les braquer…
Une mention spéciale pour l’utilisation pédagogique (obligatoire) qui fait l’objet d’une jolie « esquive administrative », je cite : « Un guide élaboré par la direction du numérique pour l’éducation apporte toutes les précisions utiles sur les projets pédagogiques s’appuyant sur l’expérimentation Avec ».
Le 11/09/2018 à 13h20
Tu peux rajouter aussi les inspecteurs véreux qui ne veulent même pas entendre parler des écoles et qui ferment délibérément les yeux sur des problèmes concrets qui lui sont remontés pour se concentrer sur sa future retraite.
Le 11/09/2018 à 13h22
Le 11/09/2018 à 13h26
Le 11/09/2018 à 13h28
Le 11/09/2018 à 14h38
Un problème dans les écoles ? Y’a 10 ans dans mon collège les téléphones portables étaient déjà interdits et tout ce que je viens de lire était déjà dans le réglement intérieur.
Et je ne me souviens pas avoir rencontré d’autres élèves étant dans un collège où le téléphone était autorisé.
C’était donc sûrement déjà le cas pour beaucoup (il y avait peut-être certaines exceptions) cette loi n’a donc clairement pas apporté grand chose…
Le 11/09/2018 à 15h24
Interdits en cours, non ?
Là c’est même pendant la récré ou la pause du midi.
Le 11/09/2018 à 15h32
C’était interdit dans l’enceinte de l’établissement, en cours et dans la cours " />
Le 11/09/2018 à 15h33
Autant sur le fond, on est tous d’accord et ces mesures étaient déjà en place depuis des années (à l’école, pendant les heures de cours, l’usage d’un téléphone… bon !) ; autant sur la forme… Ils veulent trop en faire, façon « on veut surtout pas vous laisser le moindre choix, ni la moindre marge de manœuvre : on va vous forcer la main à mort, et vous finirez bien par faire exactement ce qu’on veut que vous fassiez et vous soumettre entièrement et définitivement à nos volontés ! ». Le coup de vouloir interdire l’accès au porno sur Internet (façon Royaume-(dés)uni ?) via une loi procède de la même méthode bien coercitive…
« Ta g××ule et obéis-nous ! », la devise de la Macronie.
Le 11/09/2018 à 16h39
Le 11/09/2018 à 17h43
Ce que change la loi, et c’est rappelé dans l’article, c’est qu’avant, c’était le règlement intérieur qui définissait l’interdiction d’utilisation. Maintenant, l’interdiction est par défaut, et le RI fixe les exceptions permettant l’utilisation.
Le 11/09/2018 à 22h59
oui, on se fout que les jeunes utilisent des appareils de leurs époques.
Les vrais soucis sont le manque de moyens, le débordement des enseignants, les classes trop chargées, etc.
Le 12/09/2018 à 06h41
Non mais le téléphone à l’école c’est franchement un non problème. Ca fait 20 ans qu’il y a des téléphones à l’école, ça fait 20 ans que c’est interdit en cours.
Les téléphones, le plus souvent, ne sont même pas interdit dans les écoles élémentaires car naturellement les enfants n’en ont pas, les parents ne leur confient pas à l’école et quand bien même ils en ont ça reste souvent dans le sac.
Pour ce qui est du collège, ça ressemble à pas grand chose d’interdire ça pendant la récréation car les marmots vont mettre en place tout un tas de stratégies d’évitement de la règle et in fine les problèmes liés à l’hyper communication (entre autre le harcèlement et la violence morale qui en découle) ne seront pas réglés par cette règle car l’interdiction du portable n’empêchera pas le harcèlement via les réseaux sociaux après la fin de cours.
Enfin, pour ce qui est de l’interdiction pendant les cours en eux même sorti des quelques profs qui se font bordeliser c’est un non problème également.
Le 12/09/2018 à 06h57
Heureusement que ce genre de loi ne rentre pas en contradiction avec la volonté politique du conseil général de l’Isère d’équiper tous les collégiens (63000 à la rentrée 2017) de tablettes (ipad2 pour l’instant) d’ici à 2020… (et je ne parle même pas de la RGPD…)
Le 12/09/2018 à 07h06
J’adore toujours autant les commentaires qui mélangent tout…
Evidemment que les portables étaient interdits en cours… mais dans les faits aucun adulte n’avait mandat pour confisquer les appareils.
Ensuite, l’interdiction des portables dans les cours d’école est aussi bénéfique, entre ceux qui filment les violences et autres problèmes pouvant survenir pour les publier plus tard sur les réseaux sociaux, ceux qui n’ont plus aucune interaction avec les autres élèves… Cela ne peut être que bénéfique.
Pour finir, il s’agit d’un problème de société qui s’est invité à l’école, l’Etat y répond point barre. Cela ne cache pas la m… sous le tapis, c’est juste un point qui a été résolu.
Le 12/09/2018 à 07h09
Le 12/09/2018 à 07h37
Il y a 10 ans les téléphones étaient déjà interdits dans la cours de mon collège et t’inquiètes pas qu’on s’arrangeait quand même pour les utiliser mais par contre dès qu’un surveillant nous voyait il nous le prenait et on lui donnait sans discuter, on savait très bien qu’on le récupérerait seulement le soir.
Ils étaient de vrais confidents et c’était les premiers à savoir si ça n’allait pas pour un/une élève, ils étaient de ce fait beaucoup plus respectés que le reste de la hiérarchie.
Le 12/09/2018 à 07h45
C’est bien d’avoir qq chose de clair et de relativement carré pour tous les établissements. Sincèrement dans mon collège l’utilisation de portable était déjà interdit et cela ne posait pas de pb, les enfants jouent plutôt le jeu. Puis s’ils sont accrocs ils peuvent toujours prendre une petite dose de portable en se réfugiant dans les WC…
Le 12/09/2018 à 07h48
Le 12/09/2018 à 08h07
Le 12/09/2018 à 09h02
Le 12/09/2018 à 09h08
Le 12/09/2018 à 09h47
en fait, il y a un principe qui s’applique dans certaines démocraties, qui dit que chaque problème doit être traité par l’échelon le plus à même de le traiter efficacement.
En l’occurrence, s’il y a effectivement un problème d’utilisation du téléphone mobile dans un établissement scolaire, le conseil d’administration de cet établissement doit avoir la possibilité d’inscrire dans le règlement intérieur une interdiction du mobile au sein de l’établissement, en définissant éventuellement les endroits où c’est autorisé.
Utiliser la loi pour ça, c’est en pratique enlever toute liberté d’appréciation au niveau local, et tirer un missile pour dégommer un moustique. En bref, une pure opération de comm gouvernementale pour donner l’illusion que “vous voyez, on agit”. Avec tous les coûts induits pour le contribuable, évidemment (les plaquettes et autres circulaires d’explications de la loi ne sont pas faites par des bénévoles non plus).
Je suis plutôt en ligne avec ce que dit KP2 sur ce fil.
Le 12/09/2018 à 10h24
Le 12/09/2018 à 11h59
Le 12/09/2018 à 12h32