Les contributions issues du « grand débat » seront publiées en Open Data
Débat des eaux
Le 31 janvier 2019 à 14h13
5 min
Droit
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Le gouvernement s’est engagé à ce que les contributions déposées par les Français dans le cadre du « grand débat » soient diffusées en Open Data, afin de permettre à quiconque d’en faire ses propres analyses. L’exécutif continue cependant de faire la sourde oreille quant aux demandes de transparence relatives au code source de la plateforme.
« Tout doit être en transparence totale. Les garants y sont extraordinairement attachés, nous aussi » a assuré Sébastien Lecornu, le ministre chargé du pilotage du « grand débat national » né de la crise des « gilets jaunes ». Interrogé hier matin par France Inter, le représentant du gouvernement a annoncé que les contributions déposées sur la plateforme de consultation choisie par l’exécutif seraient accessibles à tous, en Open Data – conformément à ce qu’avaient demandé les cinq « garants » en début de semaine.
« On fait quelque chose de neuf. Et on essaie de le faire en toute transparence » a confirmé le Premier ministre dans la soirée, également sur France Inter. « Nous avons voulu faire en sorte que toutes les données, toutes les contributions, tout ce qui sera produit (les comptes rendus, etc.) soit accessible à tous ceux qui le souhaitent. Et ce sera un des éléments indispensables de la transparence, et je dirais même de l’utilité du débat », a déclaré Édouard Philippe.
Des contributions traitées grâce à de « l’intelligence artificielle »
« Nous n’avons pas voulu trancher un certain nombre de questions relatives à la remontée des contributions, à l’exploitation des contributions, avant que les garants ne soient nommés (...) pour pouvoir les discuter avec eux », a expliqué le locataire de Matignon pour justifier ce revirement tardif.
Édouard Philippe a par ailleurs souligné que le gouvernement s’était engagé « dans un exercice qui n’a pas d’équivalent ». « La Commission nationale du débat public n’avait jamais organisé quelque chose comme ça », a embrayé le Premier ministre. Une pique à peine voilée contre l’institution présidée par Chantal Jouanno, qui a récemment dénoncé les choix de l’exécutif sur ce dossier. L’autorité affirme notamment qu’une autre plateforme de consultation des citoyens « était prête », mais que le gouvernement a « décidé de tout changer » en dernière ligne droite (voir notre article).
« Rien ne se perd. Toutes les contributions (...) seront traitées », a martelé Sébastien Lecornu. Un « défi de taille », au regard du nombre de participations au « grand débat ». Plus de 140 000 propositions ont en effet été d’ores et déjà déposées sur Internet.
« L’intelligence artificielle va nous y aider beaucoup, heureusement nous sommes en 2019 » a expliqué le ministre. Selon nos informations, les pouvoirs publics pourraient recourir à des algorithmes notamment capables d’identifier automatiquement certains mots-clés.
De l'Open Data « courant février »
« Nous, le gouvernement, allons évidemment prendre des prestataires qui vont faire l'analyse de toutes ces remontées du terrain » a annoncé Sébastien Lecornu. « Mais vous aussi, France Inter, ou les assemblées parlementaires, ou des ONG, etc. pourront également bénéficier de toute cette matière et procéder à leurs propres analyses, là aussi en transparence totale. »
« Certains appellent ça l'Open Data, a poursuivi le ministre. L'idée, c'est qu'on veut pouvoir mettre sur la plateforme tout en transparence (sic). Tout doit pouvoir être consulté par tout le monde. Rien de caché, on ne garde rien pour nous. »
Selon le service presse en charge du « grand débat », il y aura « des extracts de données, avec une facilitation de l'accès à l'interface de programmation, par exemple pour restituer un certain nombre de réunion ou de compte rendus, etc. »
Cet engagement devrait être vu d'un bon oeil par le collectif Code for France, qui demandait à ce que toutes les contributions (propositions déposées sur le site, synthèses de réunions, etc.) soient « accessibles librement et téléchargeables dans un format permettant leur traitement », conformément aux principes de l’Open Data. L’objectif ? Permettre à chacun de « se saisir de ce matériau : citoyens, scientifiques, élus locaux... », par exemple pour esquisser différents enseignements à partir de toutes ces données.
Il faudra toutefois attendre encore un peu avant de voir arriver de premiers jeux de données. « C'est en cours de travail », nous ont expliqué les organisateurs du « grand débat ». Ceux-ci espèrent pouvoir se conformer aux engagements pris par le gouvernement « dans le courant du mois de février ».
Sans logiciel libre, une consultation en ligne ne peut être considéré comme structurellement démocratique.
C'est comme si l'accès au réglement intérieur des Assemblée était impossible. Qui décide l'ordre du jour, comment sont nommés les commissions, etc. #CodeisLaw https://t.co/79Vq6lUaJl— Etienne Gonnu (@etiennegonnu) 17 janvier 2019
Ni le Premier ministre, ni Sébastien Lecornu n’ont cependant laissé entrevoir d’effort de transparence quant au fonctionnement interne de la plateforme du « grand débat ». Le prestataire retenu par le gouvernement, Cap Collectif, s’est pourtant attiré les foudres de plusieurs associations en raison de son « logiciel opaque », dont le code source est fermé. Leurs craintes ? Qu’il y ait des manipulations, une mise à l’écart de certaines propositions, etc.
Bonjour @CyrilLage, @capcollectif parle de transparence, collaboration, et participation. Votre code source est-il ouvert ? Ne pensez-vous pas que seul un logiciel réellement ouvert peut aider la #démocratie ? @Le_VraiDebat @boogheta @CodeForFR @laquadrature @RegardsCitoyens
— Un Garage (@UnGarage) 29 janvier 2019
Les contributions issues du « grand débat » seront publiées en Open Data
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Des contributions traitées grâce à de « l’intelligence artificielle »
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De l'Open Data « courant février »
Commentaires (36)
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Abonnez-vousLe 31/01/2019 à 14h25
Et dire qu’en 1789 c’était plus de 60.000 cahiers de doléances qui pouvait contenir parfois des dizaines de doléances qui avait été gérés sans intelligence artificielle !
Le 31/01/2019 à 14h34
Le 31/01/2019 à 14h37
Ha ha ! Noïce !
Le 31/01/2019 à 15h44
Je ne suis pas allé voir la plateforme actuelle, mais les auteurs des 140000 propositions déjà effectuées étaient au courant que leur contribution serait publique ?
Sinon perso je suis pour un maximum de logiciel libre, mais en ce qui concerne la plateforme de doléances l’important est vraiment plus l’open-data que le fait que le code soit libre !
Même si ils avaient pris une solution libre, il n’y a aucun moyen de savoir comment elle est exploité. Avec les contributions en open-data, tout les citoyens (ou les journalistes) peuvent vérifier que leurs contributions sont bien diffusées sans altération.
Le 31/01/2019 à 15h55
ben quand c’est publié tu vois tout de suite que cela a été modifié ou pas? non ?
ou alors j’ai mal compris ton “aucun moyen de savoir”
Le 31/01/2019 à 16h13
« L’intelligence artificielle va nous y aider beaucoup, heureusement nous sommes en 2019 »
J’espère sincèrement me tromper mais je pense qu’on aura jamais la communication de l’algo, et comme l’outil ne donne aucune décision administrative, il ne peut pas faire l’objet d’une demande CADA, et donc on aura aucun moyen de les contraindre.
Ca montre aussi qu’ils ont absolument personne sur le terrain, tous les maires des grandes villes se défaussent ne voulant rien organiser si synthétiser, là où des débats publics auraient probablement été plus simple à organiser.
Dans tous les cas il va falloir remettre la date de fin du grand débat, personne ne peut raisonnablement croire que le mois de mars est tenable.
Le 31/01/2019 à 16h22
Ce qui permet la transparence, c’est le fait de choisir de tout mettre en open-data. Le fait d’utiliser du logiciel libre a d’autres avantages, mais pas vraiment d’ajouter de la transparence dans le cas de cette plateforme de doléances.
Même en étant personnellement pour plus de logiciels libres, je trouve que les deux tweets cités en bas de l’article sont à côté de la plaque. Que l’administration utilise ou non des logiciels libres, ça ne permet pas de savoir comment ils les exploitent ou ce qu’ils en font. Je ne suis pas d’accord avec leurs affirmations « seul un logiciel réellement ouvert peut aider la démocratie » (sous forme de question, mais bon on se doute de la réponse attendu) et « Sans logiciel libre, une consultation en ligne ne peut être considéré comme structurellement démocratique ».
Le 31/01/2019 à 17h33
J’allais leur proposer de l’inviter aux réunions du mercredi matin. " />
Le 31/01/2019 à 19h13
« L’intelligence artificielle va nous y aider beaucoup, heureusement nous sommes en 2019 » a expliqué le ministre. Selon nos informations, les pouvoirs publics pourraient recourir à des algorithmes notamment capables d’identifier automatiquement certains mots-clés.
Que doit-on comprendre ?
Vos informations confirment-elles ou infirment-elles ce que dit le ministre ? Ce n’est pas clair.
Déjà, un algorithme n’est normalement pas de l’IA. Réagir à des mots-clés ne sert à rien pour connaître la signification d’un message.
Bref, ce serait bien d’en savoir plus sur ce point puisque vous avez des informations, là, on n’apprend rien.
Le 31/01/2019 à 19h33
Le 31/01/2019 à 19h35
Le 31/01/2019 à 19h58
Il faudrait que les “défenseurs” du logiciel libre relise un peu la définition de démocratique…
Leur acharnement à raconter n’importe quoi à ce sujet frise l’extrémisme et est complètement contre productif
Le 31/01/2019 à 20h02
Le 31/01/2019 à 20h21
Le 31/01/2019 à 21h52
exactement
Le 01/02/2019 à 07h19
Le 01/02/2019 à 08h45
Et est-ce qu’ils vont prendre en compte les doléances publiées sur Le Vrai Débat ?
Parce que cette plate-forme au moins elle ressemble à quelque chose. A noter qu’elle correspond à la vision de base qu’avait Chantal Jouanno pour la plate-forme de débat participatif (tous les sujets de société abordés, possibilité de voter pour des propositions et de commenter…)
Le 01/02/2019 à 09h55
Le 01/02/2019 à 12h28
Moi ce qui m’ennuie si je réponds c’est que le gouvernement prenne ça en positif et en faveur de sa politique et de son simili-débat. Et ça, il en est hors de question. Déjà que le président n’a pas compris qu’on a pu voter pour lui au deuxième tour pour éviter la politique du FN…
Le 01/02/2019 à 14h05
Le 01/02/2019 à 14h56
Oui ben il ne le montre pas dans sa politique, ni dans ses petites phrases, ce qui revient au même et, pat ailleurs, il faut voir la réalité en face, plus ça va, plus sa politique vire FN.
Le 01/02/2019 à 15h06
Ben si, il a eu un mot : “MERCI” et puis il est passé à autre chose.
Ensuite il a vu que pour les Européennes il allait avoir des problème et il s’est dit que s’il était face au FN ce serait pas si mal finalement.
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Désolé c’est vendredi, c’est permis
Le 01/02/2019 à 15h33
Le 01/02/2019 à 15h40
Tu voulais quoi ?
Qu’il applique un bout du programme de Mélenchon, un bout de celui de Fillon, un bout du sien et un peu de celui de Hamon ?
Il n’aurait pas eu la majorité aux législatives, il aurait dû faire des alliances et prendre une partie du programme de ses alliés, mais là, pourquoi le ferait-il ?
Le 01/02/2019 à 16h20
L’intelligence artificielle va nous y aider beaucoup, heureusement nous sommes en 2019 » a expliqué le ministre. Selon nos informations, les pouvoirs publics pourraient recourir à des algorithmes notamment capables d’identifier automatiquement certains mots-clés.
On voit bien le côté humain de la démarche: ils vont “entendre” certain mots-clés, choisis par eux, mais ne pas “écouter” et “comprendre” le fond des messages… " />
Le 01/02/2019 à 19h02
Le 01/02/2019 à 20h17
Le 01/02/2019 à 20h30
Le 03/02/2019 à 10h51
Par honnêteté et souhait de mener une politique qui convienne aux Français ?
Le 03/02/2019 à 10h55
Wah, c’est rafraichissant, mais aussi préoccupant qu’on y revienne aujourd’hui.
Le 03/02/2019 à 11h10
À quelle partie des français et donc quelle partie de programme ?
Ceux les plus nombreux qui ont voté pour lui au premier tour ? Ou ceux moins nombreux qui ont voté Le Pen ou ceux qui ont voté Fillon, ceux qui ont voté Mélenchon, ceux qui ont voté Hamon ? (j’arrête là, on est descendu à 6,x % des suffrages exprimés)
Comme la plupart des programmes étaient incompatibles avec le sien, il fait comment pour mélanger ?
Là où il pourrait le plus piocher parce qu’en partie compatible, c’est chez Fillon, mais je ne suis pas sûr que ce c’est ce que voudrait la majorité des français.
Il faut être un peu réaliste et objectif. En plus, ne pas oublier qu’il a rassemblé autour de lui des gens venant de l’aile droite du PS et d’autres partis “de gauche”, du centre (entre autre le MODEM, mais pas seulement), et de la droite modérée (LR est maintenant une droite bien à droite).
Il a donc pris dans son programme, dans son gouvernement et chez les députés à gauche et à droite.
Par exemple, mon député, Aurélien Taché, vient de la gauche (PS), est un proche de Macron (d’après ce qui se dit) et ne votera pas en l’état la loi anti casseur.
Le 03/02/2019 à 15h52
Je pense que si, des mesures de différents bords peuvent cohabiter, et surtout une mesure peut être appliquée de nombreuses façons différentes.
Le 03/02/2019 à 15h58
Merci de m’avoir convaincu par tes arguments pertinents !
Le 04/02/2019 à 10h05
moi, j’attends le jour où il osera nous sortir “une-de-ses-p’tites-phrases”
sur les riches gens aisés……tiens, ça nous changerait ! " />
(p.c.q. : nous, on a eu “droit-à-tout” (en veux-tu ? …en voilà)
Le 04/02/2019 à 11h01
Le 04/02/2019 à 13h19
Un mix des idées de Macron, Fillion et lepen ça doit bien couvrir la majorité des votants, du coup il est bon.
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