Une consultation pour préparer l’action de groupe en France
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Le 09 novembre 2012 à 10h31
4 min
Droit
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Voilà quelques jours, Benoît Hamon, ministre en charge de la Consommation, a lancé jusqu'au 1er décembre une concertation sur l’introduction de l’action de groupe en France. Le dispositif est programmé dans un projet de loi en faveur de la Consommation dès le premier semestre 2013.
L’action de groupe est celle qui permet à une myriade de petit David d’attaquer un Goliath du marché. Cette technique de régulation des différends de la consommation possède d’importants effets dissuasifs chez les professionnels. Outre-Atlantique, elle est souvent utilisée dans le domaine des nouvelles technologiques pour les préjudices de masse. Batterie de l’iPhone, le logo Vista Capable, le DRM/rootkit chez Sony, etc.
En France, la situation est plus délicate. La class action ou action de groupe est un véritable serpent de mer. Une action souvent proposée, systématiquement noyée.
Un serpent de mer
En mai 2006, une proposition de loi sénatoriale était déposée pour l’introduire en France. Raté. Arrivé aux responsabilités, Nicolas Sarkozy en fait l’une de ses promesses : « vous créerez une action de groupe à la française » avait-il dit à Christine Lagarde, alors ministre de l’Économie. En 2007, un projet de loi était alors présenté puis finalement retiré, officiellement par manque de temps. Une autre proposition de loi était discutée à l’Assemblée nationale en 2009. Comme on peut le voir sur le site de l'Assemblée, le texte était défendu par un certain Jean-Marc Ayrault et Arnaud Montebourg, alors députés. Mais la proposition n'ira pas plus loin. Plus près de nous, en janvier 2012, un amendement parlementaire PS sur l’action de groupe était adopté au Sénat. Il s'inscrit dans le projet de loi du gouvernement Fillon sur la protection des consommateurs. Mais le texte fait pshitt. D’ailleurs, le 13 janvier 2011, Frédéric Lefebvre, secrétaire d’État au Commerce indique dans une réponse parlementaire que « l'absence de dispositif d'action de groupe [en France] correspond à un choix du gouvernement », revenant ainsi sur la promesse de Nicolas Sarkozy.
En juin 2012, la nouvelle ministre de la Justice Christiane Taubira l’annonce dans la presse : « Nous avons l’intention de permettre les actions de groupe : cette procédure autorise les actions en justice à plusieurs pour que la réparation de petits litiges soit effective. »
Une grande consultation pour un texte en devenir
Et c’est dans ce contexte que la DGCCRF a lancé une consultation en ligne sur le sujet, ouverte à tous. Dans ce questionnaire, Bercy demande par exemple « si elle existait en droit français, auriez-vous recours à une procédure collective en justice qui vous permettrait de vous joindre à d’autres consommateurs, victimes du même préjudice ? ». Ou encore s’il faudrait ou non réserver aux associations de consommateurs le droit d'introduire l'action de groupe au nom des consommateurs et le soin de redistribuer les indemnisations aux victimes.
D’autres questions sont plus précises encore : « les consommateurs lésés devraient-ils expressément se manifester pour faire partie du groupe (opt-in) ou devraient-ils être implicitement membres de ce groupe, à charge pour eux d’exprimer leur souhait de ne pas en faire partie (opt-out) ? »
Les esquisses de la proposition PS de 2009
Dans la proposition Ayrault-Montebourg, rappelons que l’action de groupe était réservée aux seules associations qui agissent pour le compte d’un groupe de personnes ayant subi un préjudice « similaire » du fait d’un même professionnel. Toutes les associations ne pouvaient agir : seules celles âgées de plus de cinq ans et prouvant une « existence réelle et sérieuse » histoire d'éviter un embrasement ou des abus. Un fonds d’aide était également créé afin d’assurer la publicité de cette action. Tous les consommateurs devaient être indemnisés même ceux qui ne s’étaient pas déclarés en début de procédure. Cependant, le dédommagement en numéraire n’est pas la seule voie de résolution, puisque la procédure pouvait déboucher sur la fin d’un comportement par exemple. « Il ne s’agit pas de faire payer à tout prix ; il s’agit de mettre fin à l’illicite lorsqu’il est impuni » expliquaint les co-auteurs du texte aujourd’hui premier ministre et ministre du redressement productif.
Commentaires (29)
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Abonnez-vousLe 09/11/2012 à 14h00
Le 09/11/2012 à 14h39
Le 09/11/2012 à 15h01
Heu… Ce serait bien de mettre “(class action)” dans le titre, perso j’ai mis un petit moment avant de comprendre avec certitude de quoi l’article parlait " />
Le 09/11/2012 à 15h08
Ah l’action de groupe…ce serait tellement bien.
Il y a tant à faire (et pas qu’en informatique).
Le 09/11/2012 à 15h10
Bon, encore un serpent de mer que l’on va vite enterrer avec une loi mal fichue et inapplicable sous prétexte que cela pourrait nuire à la santé économique des entreprises française et que cela va mettre des gens au chômage…
Le 09/11/2012 à 15h47
Le 09/11/2012 à 17h49
Le 09/11/2012 à 21h40
C’est bien mais attention à ce que ça ne se transforme pas en class action à l’américaine qui servent surtout à enrichir les avocats et où les individus reçoivent au final 10$ en bons d’achat …
Le 09/11/2012 à 22h33
Les actions de groupe ça laisse parfois plus de mauvais souvenirs que ça ne rapporte d’argent!(ça me fait penser à une voisine qui en a fait une, mais elle c’était dans une cave avec des mecs cagoulés " /> )
Le 09/11/2012 à 23h42
Pour le coup, je suis totalement contre. A part engraisser les juristes, il y a relativement peu d’intérêt. Si le but est d’apporter un contre-pouvoir aux lobbyistes, rien de mieux que la TRANSPARENCE : à partir du moment où on sait d’où proviennent les “émoluments” d’un élu, on sait pour qui il roule. Et je n’ai pas écrit le mot corruption, même si ça m’a frôlé l’esprit.
Sérieux, faut voir toutes les dérives de la class-action à l’américaine, j’espère qu’il y a suffisamment de bon sens chez mes concitoyens pour comprendre qu’un chat ne se met pas au micro-onde, même si ça n’est pas expressément dit dans la notice.
Le 09/11/2012 à 10h36
Purée la photo ! " />
Le 09/11/2012 à 10h37
Plutôt qu’action de groupe je propose d’appeler cela plainte en réunion.
Permettre aux petits de résister au grand ne me semble pas bien républicain. " />
Le 09/11/2012 à 10h44
Bin ouaip… tu vas voir… une action de groupe contre la vente liée de crosoft…
" />
Le 09/11/2012 à 10h47
une action de groupe contre Hadopi ça se peut ?
Le 09/11/2012 à 10h58
Le 09/11/2012 à 11h05
Possible (pour hadopi), en fait c’est surtout dans des histoires comme le mediator, les prothèses trucs, etc, que ça aurait été très utile, pour la compensation et les dommages et intérêts, ça aurait été plus facile rassembler et de fédérer des plaignants en “nombre”, puis de faire des demandes des compensations individuelles qui ne seraient pas au cas par cas comme actuellement (et qui sont un scandale cela dit en passant), car cela permet d’isoler et de faire pression sur les individus pourtant déclarées victimes sans autres recours qu’une nouvelle plainte individuelle…
Les actions de groupe permettraient aussi de se passer des associations pour mener certains combats juridiques, que je ne critique pas, mais qui restent des associations dont l’intérêt n’est pas toujours obligatoirement pile celui des plaignants, et qui ont de facto en france un pouvoir lobbyiste important.
Le 09/11/2012 à 11h27
hop, petite coquille signalée." />
Le 09/11/2012 à 11h27
Le 09/11/2012 à 11h30
sinon j’espère que cette consultation portera ses fruits.
ie: que le gouvernement déposera un texte correct à l’assemblée.
Le 09/11/2012 à 11h33
Le 09/11/2012 à 11h34
Le 09/11/2012 à 11h42
Le 09/11/2012 à 11h48
Le 09/11/2012 à 11h54
La class action ou le vaporware de la politique française." />
Le 09/11/2012 à 12h00
Le 09/11/2012 à 12h29
Impossible que le gouvernement fasse cela, les pigeons, les 92 patrons, le MEDEF, la CGPME, Attali et Gallois vont sortir une tribune rappelant l’état désastreux des entreprises françaises.
Comment libérer l’entreprise de toute ses contraintes (et d’alléger de 20 milliards d’€) et en même temps préparer la fin des arnaques pratiques commerciales si rentables ?
Tous en chœur pleurons contre ces méchants communistes… et faites bouh au flamby
Une légère ironie s’est glissée dans ce commentaire en es-tu conscient ?
Le 09/11/2012 à 12h33
Le 09/11/2012 à 12h42
Le 09/11/2012 à 13h13