C'est en quelque sorte historique. Après avoir remarqué le plus faible recul de son chiffre d'affaires depuis dix ans en 2011 (- 3 %), le secteur musical affiche enfin une hausse de ses résultats en 2012 :+ 0,3 %. Certes, l'augmentation est limitée, mais elle existe, elle est là, tel un mirage pour l'industrie, après des années et des années de recul.

Le numérique a réellement compensé le recul du CD en 2012.

Le numérique plus important que le CD dans plusieurs pays

En 2002, alors que le téléchargement illégal était déjà pointé du doigt, l'industrie du disque affichait un chiffre d'affaires mondial de 32 milliards de dollars, en baisse de 7 %. Dix ans plus tard, ce secteur a été divisé par deux puisqu'il n'a généré que 16,5 milliards de dollars. Bien entendu, il ne s'agit ici que du chiffre d'affaires des maisons de disques. La question des bénéfices ou même des rémunérations des artistes est différente. Néanmoins, le recul du secteur est net.

Selon l'IFPI, l'année 2012 est donc la toute première année de croissance depuis 1999. Sans surprise, les ventes numériques ont tiré le marché avec le haut, avec 5,6 milliards de dollars générés, en hausse de 9 % sur un an et de 36 % en quatre ans. 34 % du chiffre d'affaires du secteur est désormais réalisé par le numérique. Et ce dernier dépasse même les 50 % du chiffre d'affaires aux USA, en Suède, en Norvège ou encore en Inde.

207 millions d'albums numériques ont été vendus l'an passé, en hausse de 17 % par rapport à 2011. Quant aux simples (singles), 2,3 milliards ont été écoulés, en augmentation de 8 %. Au total, avec en moyenne près de dix titres par album, le nombre de morceaux téléchargés a atteint les 4,3 millions d'unités, en augmentation de 12 % en un an.

Globalement, au moins huit des vingt principaux marchés mondiaux ont affiché une croissance en 2012, à savoir le Canada, l’Australie, le Brésil, le Mexique, l’Inde, le Japon, la Norvège, la Suède. La France, l'Allemagne ou encore la Corée du Sud et les États-Unis pourraient donc annoncer à nouveau une légère baisse de leur marché à en croire l'IFPI.

Le streaming explose

Autre signe de satisfaction pour le secteur, grâce à l'internationalisation de services de streaming audio comme Deezer, plus de 100 pays ont désormais accès à des offres légales de musique sur internet. Début 2011, seuls 23 pays pouvaient en dire autant. De nombreux pays d'Afrique, d'Asie ou encore d'Amérique Latine ont ainsi pu accéder ces derniers mois à des offres légales. « Il existe aujourd’hui à travers le monde plus de 500 entreprises distribuant la musique sous forme numérique, mettant ainsi à la disposition du public plus de 30 millions de titres » explique l'IFPI.

Résultat, si les téléchargements de musique ont crû de 12 % en 2012 comme nous l'avons annoncé ci-dessus, les abonnements ont pour leur part augmenté de 44 % en une petite année. Une performance qui permet au marché musical d'atteindre les 20 millions d'abonnés payants, dont 8 millions pour le duo Deezer/Spotify. Le chiffre d'affaires généré par les abonnements représente d'ailleurs plus de 10 % du marché numérique mondial, et plus de 20 % dans de nombreux pays européens.

Autres données intéressantes, les artistes américains n'ont pas du tout écrasé le marché l'an passé. En effet, l'Anglaise Adèle a dominé le top album avec 21, et les Anglo-Irlandais One Direction n'ont pas été en reste. Du côté des simples (singles), le top 3 mondial en numérique est composé de la Canadienne Carly Rae Jepsen, de l'Australo-Belge Gotye et du Sud-Coréen PSY. Et le Brésilien Michel Teló n'est pas bien loin.

Universal Music roi du monde

Enfin, le Français Vivendi a publié aujourd'hui ses résultats financiers, et par conséquent ceux d'Universal Music. Nous apprenons ainsi que la maison de disques numéro un au monde a réalisé une énorme performance en 2012, avec un chiffre d'affaires de 4,544 milliards d'euros, en hausse de 8,3 %. En 2011, ce chiffre d'affaires reculait de 5,7 %. Universal Music a donc surpassé les résultats de 2011, mais aussi ceux de 2010.

Les résultats d'EMI Music ont toutefois été intégrés à ceux d'Universal pour la fin de l'année. Si l'on exclut EMI, le chiffre d'affaires d'Universal n'a augmenté que de 1,6 %. Et il a même régressé de 3,3 % à taux de change constant. Universal a donc profité des variations du dollar et de l'euro pour progresser.

Dans les détails, le communiqué de Vivendi nous apprend que ses ventes numériques ont progressé de 10 %, représentant ainsi 44 % de ses ventes, contre 38 % en 2011. Son chiffre d'affaires s'est divisé comme suit (variations à taux de change constant) :

• Ventes physiques : 1,756 milliard d'euros (- 6,1 %)
• Ventes numériques : 1,365 milliard d'euros (+ 16,8 %)
• Redevances et autres : 548 millions d'euros (+ 9,9 %)
• Édition musicale : 661 millions d'euros (- 1 %)
• Merchandising : 247 millions d'euros (+ 4,5 %)

Universal représente désormais 40 % du secteur musical en Europe, 37 % en Amérique du Nord et seulement 16 % en Asie et 7 % dans les autres territoires. Son importance en Europe explique ainsi la complexité de son rachat d'EMI et l'obligation d'en revendre une grande partie à la concurrence.

Notez que le dernier trimestre 2012 a été exceptionnel pour Universal Music Group, avec une augmentation de son chiffre d'affaires de 21,1 % par rapport au dernier trimestre 2011. C'est tout simplement la meilleure performance des filiales de Vivendi derrière Blizzard (+ 30,9 %).