Laurent Fabius nous explique la surveillance à base d’outils grand public
Le grand public, l'alibi
Le 02 juillet 2013 à 08h13
4 min
Droit
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Faut-il assimiler les outils de surveillance des télécommunications électroniques à des armes et donc soumettre leur exportation à autorisation ? Laurent Fabius avait d’abord promis une « réflexion », estimant que ces outils à base de produits « grand public » ne sont pas soumis à autorisation. Surprise, la députée Isabelle Attard avait demandé, et désormais obtenu, quelques précisions techniques du ministre des Affaires étrangères… qui affirme maintenant qu’ils seront bien contrôlés.
Extrait du site Amesys (Bull)
« Des entreprises françaises, notamment Amesys et Qosmos, ont fourni des logiciels qui ont permis la surveillance, au mépris des droits de l'homme, de citoyens de leur pays. En tant que pays à l'origine des droits de l'homme, il apparaît anormal que ce commerce soit autorisé » regrette Isabelle Attard dans une question parlementaire de janvier 2013. En mars 2013, dans sa première réponse à la députée écologiste du Calvados, Laurent Fabius ministre français des Affaires étrangères, répond que ces solutions de deep packet inspection (DPI) n’entrent « pas dans la catégorie des matériels de guerre » ni même « dans celle des biens à double usage ». Les dissidents doivent donc le savoir : « s'il y a exportation, l'exportateur n'a pas besoin d'une autorisation, ni d'en informer l'administration. »
Des outils de surveillance à base de produits grand public
Pour étayer son analyse, Fabius pompe un argument déjà porté par Alain Juppé, l’ex-locataire du Quai d’Orsay sous Nicolas Sarkozy. « Ces matériels de communication, qui sont développés sur la base de produits du marché grand public et qui n'ont pas d'usage militaire, n'ont a priori pas vocation à faire partie de l'une des catégories d'équipements soumis à autorisation d'exportation. »
Du DPI, des outils de surveillance basés sur des solutions grand public ? En avril 2013, Isabelle Attard réclame d’utiles précisions au ministre. Et pour cause, constate-t-elle, un vieux catalogue Surcouf sur les genoux : « Il n'existe pas de produits du marché grand public capables d'intercepter, censurer, modifier, stocker et analyser les télécommunications à l'échelle d'un pays entier, ni même à l'échelle de l'équivalent d'une région ou d'un département. »
Dans sa nouvelle réponse, tout juste publiée, Fabius ne cite aucune référence, ni Amesys ni Qosmos, mais esquisse ce tableau : « Les logiciels dont il est question permettent seulement l'interception de données Internet envoyées par les utilisateurs, et stockées dans un espace privé dont l'utilisateur a seul la maîtrise ». Mais encore ? « Le contrôle de ces échanges sur Internet peut toutefois être réalisé en détournant des moyens grand public, à l'aide d'un ordinateur personnel connecté à un réseau, via des moteurs de recherche ou des logiciels par exemple. »
Donc d’un côté des outils qui permettent « seulement » l’interception, de l’autre des ordinateurs « connectés à un réseau », via « des moteurs de recherche ou des logiciels », afin de « contrôler » ces mêmes échanges. On a connu des réponses parlementaires mieux charpentées.
Leur exportation sera soumise à autorisation
On remarque toutefois une certaine mise à jour au Quai d'Orsay. En mars 2013, Fabius répondait mollement qu’« en raison de la sensibilité éventuelle de leur usage, le Premier ministre a demandé qu'une réflexion puisse être menée afin de proposer un classement adéquat des différentes catégories d'intercepteurs de communications et, le cas échéant, définir les modalités d'un contrôle national. ». En juillet 2013, la réflexion est abandonnée pour une démarche un peu plus musclée : Fabius répond que ces outils, tout grand public qu’ils soient, doivent finalement être contrôlés. Mais pas tout de suite : La France a « déjà proposé à ses partenaires d'inclure ces matériels dans la liste de l'arrangement de Wassenaar », laquelle coordonne les politiques d’exportation entre plusieurs pays. « En cas de consensus, et une fois la liste mise à jour, elle sera traduite dans un règlement européen ».
Le ministre promet que dans l’intervalle, une fois la liste établie, « le gouvernement demandera aux industriels et distributeurs français fournissant ce type de solution de soumettre leurs exportations à autorisation afin de prévenir la dissémination de ces technologies vers des régimes susceptibles de les utiliser pour porter atteinte aux droits et libertés fondamentales des individus. » Il se souvient ici des positions prises par Jean-Marc Ayrault dévoilées lors du séminaire gouvernemental sur le numérique en février 2013.
Aucun agenda n’a encore été fixé ni même esquissé par la ministre déléguée à l'Économie numérique. Les opposants aux régimes totalitaires devront donc patienter un peu.
Laurent Fabius nous explique la surveillance à base d’outils grand public
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Des outils de surveillance à base de produits grand public
Commentaires (36)
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Abonnez-vousLe 02/07/2013 à 08h21
Il a entièrement rayson, çay des produits grand public et çay super facile de créer son #PRISM soi même avec Google " />
Tiens, pour fêter ça, je vais aller m’installer la version 30 jours d’essai de BlueCoat " />
Le 02/07/2013 à 08h24
Retour de bâton de pasteur (je n’ai pas osé employer un autre mot " />)
Le 02/07/2013 à 08h25
Il aurait voulu apporter un argument béton, il aurait montré les pièces achetés chez auchan et indiqué, vous voyez, c’est simple à mettre en oeuvre…
Sauf que ça ne se trouve pas des outils autonomes de DPI accessibles au grand public…
Dans tous les cas de figure, la réponse se résume à “vous n’avez ni raison ni tort et pour cela nous allons nous empresser de ne rien faire”
Le 02/07/2013 à 08h27
Non, mais vous êtes méchants aussi.
Vous tournez en dérision ce que cette bande de vioque dit sur des sujets dont ils ne comprennent rien.
Il n’y comprennent tellement rien, qu’ils ne sont même pas capable de redire ce que les lobbyistes leurs ont soufflé à l’oreille sans que ça deviennent absurde.
D’ailleurs, c’est une parfaite démonstration du téléphone arabe.
Lobbyiste -> Sonotone -> Député/Ministre
Sachant que les deux premiers doivent sûrement transmettre une information structuré, logique et compréhensible.
Le 02/07/2013 à 08h29
Faut qu’il me file une adresse lolo , j’ai pas trouvé le Glint d’amesys dans le catalogue Carrouf " />
Le 02/07/2013 à 08h29
Hypocrisie, dans les deux camps….
En quoi une “autorisation” ou un contrôle de ces matériels les rendrait moins problématiques.
Soit on s’appuie sur les droits de l’homme et on ne les exporte pas DU TOUT, soit on les exporte mais alors avec autorisation ou pas ca ne change rien dans les faits..
Un peu comme les armes à feu : le mec qui se fait flinguer par un famas qui a eu l’autorisation d’exportation n’en a RAF de cette autorisation, il est victime de cette exportation, point barre.
Le 02/07/2013 à 08h32
Il a entièrement rayson, çay des produits grand public et çay super facile de créer son #PRISM soi même avec Google troll.gif
D’ailleurs, PRISM est devenu grand public. " />
Le 02/07/2013 à 08h35
Le 02/07/2013 à 08h35
Le 02/07/2013 à 08h36
Nan rien grillé
Le 02/07/2013 à 08h37
Tout le monde peut s’offrir un prism…" />
——————————————–>[_]" />
Le 02/07/2013 à 08h44
Le 02/07/2013 à 08h47
Le 02/07/2013 à 08h47
Le 02/07/2013 à 09h00
« le gouvernement demandera aux industriels et distributeurs français fournissant ce type de solution de soumettre leurs exportations à autorisation afin de prévenir la dissémination de ces technologies vers des régimes susceptibles de les utiliser pour porter atteinte aux droits et libertés fondamentales des individus. »
Ce qui couvre peu ou prou la totalité des pays du monde (attendu que 1/PRISM n’est que ce qu’on a réussi à “voir”… il peut y avoir plus ; et 2/ les USA seraient les seuls à jouer ce petit jeu ? vraiment ?)
Sacré Lolo, toujours tellement intransigeant, immuable et sûr de lui " />
Le 02/07/2013 à 09h01
Le 02/07/2013 à 09h03
Alors, qu’est ce qui a comme matos grand public dans les “outils de surveillance” :
C’est bien grand public " />
Le 02/07/2013 à 09h09
Le 02/07/2013 à 09h11
Qu’il commence par surveiller un peu son fils !
Le 02/07/2013 à 09h11
Le 02/07/2013 à 09h12
Le 02/07/2013 à 09h22
" /> belle effet d’annonce mais en pratique ils ont un train de retard.
La loi dit qu’il est interdit d’écouter, de cassé une connections chiffré et la technologie d’entreprise de guerre Electronique française est soumis a autorisation d’export de la Dga.
" /> Notre Ministre n’a pas saisie toutes les subtilités du dossier, tous comme d’autres dossiers du XX siècles..
Le 02/07/2013 à 09h27
Le serpent se mord la queue, vendre pour mieux se faire espionner
:magnifique: et " />
" />
Le 02/07/2013 à 09h38
Le 02/07/2013 à 09h41
le gouvernement demandera aux industriels et distributeurs français fournissant ce type de solution de soumettre leurs exportations à autorisation afin de prévenir la dissémination de ces technologies vers des régimes susceptibles de les utiliser pour porter atteinte aux droits et libertés fondamentales des individus.
A l’heure ou un état s’est fait gauler à “porter atteinte”, en plus des sus-cités citoyens, aux politiques de france d’europe et de navarre… faire montre d’une telle incompréhension même la plus basique du sujet avec une réponse de débile (que PCI qualifie élégamment de “peu charpentée”), c’est navrant!
" />
Le 02/07/2013 à 09h45
Le 02/07/2013 à 09h46
Le 02/07/2013 à 09h53
Le 02/07/2013 à 09h56
Le 02/07/2013 à 10h10
Comment ça les américains nous achètent pas nos produits?
ils peuvent pas, ils ont besoin du traité transatlantique, après promis ils le feront!
Le 02/07/2013 à 10h49
Le 02/07/2013 à 11h11
Le 02/07/2013 à 11h19
Le 02/07/2013 à 11h21
Le 02/07/2013 à 17h31
Il va faire comment avec tous les MO5 et TO7 qui prennent la poussière dans les écoles depuis le plan informatique pour tous, parce qu’on peut totalement capter et modifier les communications sur l’intranet (32 postes max certes) ? " />
(D’accord c’est méchant, mais voir ce Monsieur à nouveau venir parler d’informatique après un tel plantage ça reste énorme pour moi)
Le 02/07/2013 à 21h40