Patrick Bloche : régulons Internet sans autorité de régulation
Comme pour la presse, et contrairement à l'audiovisuel
Le 31 août 2013 à 05h44
6 min
Droit
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Après Christian Paul, c’est Patrick Bloche qui réagit dans nos colonnes au possible transfert en douce des pouvoirs de la Hadopi au CSA. Le député de Paris, président de la Commission des affaires culturelles nous donne son sentiment sur cette initiative qui pourrait venir d’un amendement sénatorial lors du projet de loi sur l’indépendance de l’audiovisuel.
Patrick Bloche devant la mission Lescure en janvier 2013
« À l’Assemblée nationale, en première lecture, commente Bloche, nous n’avons pas été confrontés à cette question. Personne n’a inscrit dans ce projet de loi le transfert des responsabilités de la Hadopi vers le CSA. De plus, le CSA qui avait fait un certain nombre de demandes en termes de régulation de l’audiovisuel n’a pas montré un empressement particulier à reprendre ces compétences ».
Le député se souvient aussi des propos du président du CSA : « Olivier Shrameck avait lui-même déclaré qu’il ne voulait pas mettre un képi ou devenir gendarme, des propos qui m’avaient profondément réjoui ». On sait cependant que Shrameck s’est depuis montré très intéressé par un transfert pur et simple des pouvoirs de la rue de Texel où la sanction est en définitive infligée par le juge.
Risque de cavalier législatif et pas d'arbitrage gouvernemental
Patrick Bloche est en tout cas en pleine harmonie avec son collègue socialiste Christian Paul pour dénoncer la tentation d'un transfert en douce de ces pouvoirs lors des débats au Sénat. « C’est un projet de loi qui vise à rétablir l’indépendance de l’audiovisuel public. Je suis attaché à ce que l’on reste sur ce sujet, ne serait-ce que pour prendre le maximum de protection et éviter tout risque d’anticonstitutionnallité ».
Transférer les pouvoirs de Hadopi au CSA ne contribue en rien à l’indépendance de l’audiovisuel. Du coup, l’utilisation de ce véhicule législatif pourrait subir la censure du Conseil constitutionnel. « Une jurisprudence du Conseil constitutionnel censure les dispositions qui n’ont pas un rapport direct avec l’objet du projet de loi. »
Surtout, pour le président de la commission des affaires culturelles, rien n’est encore acquis pour l’avenir de la Hadopi. « J’ai organisé un débat avec Pierre Lescure pour qu’il puisse présenter son rapport et sauf si cela m’a échappé, le gouvernement n’a pas encore rendu formellement d’arbitrage. Il y a bien eu des expressions, mais à ma connaissance je n’ai pas connu d’arbitrage notamment sur le devenir de la Hadopi : doit-elle disparaître totalement ou partie ? Faut-il transférer ses pouvoirs au CSA ? ».
Réguler Internet comme la presse écrite ?
L’idée retenue pourrait finalement être celle d’un projet de loi spécifique. Quid du contenu de ce futur texte? L’analyse du député laisse présager un joli bras de fer avec la Rue de Valois. « J’ai toujours été réservé à l’idée de créer une autorité de régulation, c’est l’une des raisons de mon opposition à Hadopi. Je considère qu’internet doit être régulé comme la presse écrite. Dans la presse écrite, il n’existe pas d’autorité de régulation en tant que telle. La presse, la liberté de la presse, les abus éventuellement de cette liberté sont dans un texte fondateur, la grande loi de 1881. La loi doit permettre la liberté de communication garantie par la Constitution et apporter les adaptations nécessaires au droit commun. Ce droit commun s’applique d’ailleurs déjà à internet. En l’occurrence il n’y a jamais eu d’espace de non-droit sur Internet. »
Réponse graduée vs légalisation des échanges non marchands
Patrick Bloche nous assure par la même occasion que ses propos tenus en janvier 2013 devant la mission Lescure « n’ont pas changé ». Il dénonçait alors « les dispositions pénales votées dans Hadopi 2 que ce soit la procédure des ordonnances pénales ou cette contravention - que j’ai toujours trouvé tellement délirante - de négligence caractérisée qui amène à ce que soit sanctionné non pas celui qui a procédé à un téléchargement illégal, mais l’abonné de la connexion sur lequel a eu lieu ce téléchargement illégal. » Il fustigeait les fondements mêmes de cette incrimination, considérant « qu’on doit être sanctionné pour les fautes qu’on a commises - si tant est qu’un téléchargement illégal soit une faute au sens où on l’entend habituellement - plutôt que pour les fautes que d’autres ont commises. »
Huit mois plus tard, il relance les sujets trop vite évacués en 2009 ou lors du débat DADVSI : « à partir du moment où on essaye d’élever intelligemment les débats, réfléchissons à la non-pénalisation voire à la légalisation du téléchargement en lui donnant un statut sécurisant, réfléchissons à trouver de nouveaux modes de rémunération de la création, d’une manière consensuelle sans qu’on se retrouve avec les débats d’affrontement qu’on a connu lors de la loi Hadopi. Que chacun puisse trouver son compte : des créateurs rémunérés et une sécurisation des échanges non marchands pour permettre aux internautes de communiquer librement. »
Bloche présidera l'éventuelle CMP
Aux sénateurs qui s’apprêtent à examiner dans quelques jours le projet de loi sur l’audiovisuel, il adresse ce message : « je serai intéressé et s’il le faut vigilant aux initiatives qui seraient prises en première lecture au Sénat et a fortiori quand on sera éventuellement au sein d’une commission mixte paritaire ». D’ailleurs, si cette CMP devait se réunir à l’issue du vote au Sénat, ce qui sera le cas si des dispositions nouvelles y sont amendées, « je souhaite la présider. C’est dans mes fonctions de président de la commission des affaires culturelles. »
Patrick Bloche : régulons Internet sans autorité de régulation
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Commentaires (52)
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Abonnez-vousLe 02/09/2013 à 08h51
En l’occurrence il n’y a jamais eu d’espace de non-droit sur Internet.
S’ils pouvaient être plus à le dire… parce que la propagande sakorzienne sur la question… avec en toile de fond qu’il faut civiliser internet…
Le 02/09/2013 à 08h54
Le 02/09/2013 à 10h03
Le 02/09/2013 à 11h13
D’autres systèmes seraient bien meilleurs.
Il faut donc laisser couler par peur des extrémistes ?
Le 02/09/2013 à 11h22
Le 02/09/2013 à 14h45
Le 02/09/2013 à 21h18
Le député Patrick Bloche a raison.
Le dispositif répressif Hadopi doit disparaitre totalement plutôt que d’être pris en charge par le CSA, notamment pour les raisons suivantes:
Le 02/09/2013 à 22h02
De plus, ce sont les nouveaux DVD qui se vendent moins, par contre on en vend toujours autant, quand il y en a à bas prix (d’ailleurs la vente de DVD à bas prix rapporte plus, mutation même dans les magasins, on trouve parfois des raretés et séries B de bonnes qualités)
(fin des années nonantes quatre-vingt dix et début 2000, je sautais sur les sorties officiels appréciées, mais vu le pigeonnage de la première édition, j’ai tout naturellement diminué mes dépenses, environ 25 € la nouveauté version cinéma 2.0 ou 5.1 )
Le 03/09/2013 à 08h30
Le 05/09/2013 à 11h24
Le 31/08/2013 à 10h01
salut
il faudrait écrire un texte spécial à Internet
car il n’entre !
c’est encore autre chose “à part” (à inventer) ! " />
Le 31/08/2013 à 10h14
Le 31/08/2013 à 10h49
“loi sur l’indépendance de l’audiovisuel”
Si ça c’est pas de la novlangue…
Le 31/08/2013 à 11h18
Le 31/08/2013 à 11h34
D’ailleurs, si cette CMP devait se réunir à l’issue du vote au Sénat, ce qui sera le cas si des dispositions nouvelles y sont amendées, je souhaite la présider.
Moi aussi. S’il faut présider une commission pour laquelle les lobbys vont sortir le chéquier, je suis intéressé par le poste…
Le 31/08/2013 à 11h39
On se pose la question du comment réguler, mais jamais la question du pourquoi réguler.
Surtout que pour rejoindre tes propos, on parle de régulation notamment pour le piratage et le manque à gagner des ayants droits, mais si on regarde objectivement les chiffres, que cela soit dans le domaine musical, cinématographique ou du jeu vidéos, les chiffres d’affaires sont toujours là.
Alors certes il ya eut une baisse des ventes dans ces 3 domaines à un moment, mais est ce vraiment le piratage ou simplement des stratégies commerciales inadaptées?
Le cinéma c’est génial mais à presque 10 euros, en plein tarif, est il si étrange que les gens n’aillent voir que les films qui les interesse vraiment et attendent que les autres passent à la télé/VOD/site de streaming ?
Pour les jeux vidéos, call of duty and co, font parti des jeux les plus vendus de l’histoire, donc c’est viable mais là encore je comprend les utilisateurs qui télécharge car ne veulent pas mettre 50 à 70 euros dans un jeu, fini en 4H.
Le 31/08/2013 à 11h49
Sachant que la presse écrite est régulée fiscalement. Son désir de réguler internet de la même façon me fait peur.
En France, oui, on a la liberté de la presse. Sauf que cette liberté est liée a agrément de la commission paritaire. C’est suivant sa décision que vous avez, ou pas des avantages fiscaux. (TVA de 2.1% au lieu de 19.6%) Wikipedia
Donc, oui, on a une liberté de la presse, mais on a pas du tout une égalité de traitement entre les journaux. Il faut pour cela entrer dans les clous.
En fait, c’est totalement en accord avec la façon de faire socialiste. La régulation fiscale, complexifier a mort le système pour l’entrepreneur. Le citoyen ne se sentant alors pas concerné, a l’impression que le système est libre. Seul survivent alors les grand groupe, contre lequel ils pourront réunir des citoyens afin d’acquerir leur votes…
Le 31/08/2013 à 12h10
Le 31/08/2013 à 12h12
Le 31/08/2013 à 13h07
Débarrassons-nous d’abord de ces poux que sont les ayant droits et ces pseudo artistes, poètes et philosophes qui ont institué une véritable industrie du vol et de l’extorsion, puis débattons " />
Le 31/08/2013 à 13h42
Le 31/08/2013 à 13h51
Le 31/08/2013 à 13h58
Le 31/08/2013 à 14h03
Le 31/08/2013 à 14h05
Le 31/08/2013 à 14h08
Le 31/08/2013 à 14h10
Le 31/08/2013 à 14h12
Le 31/08/2013 à 14h34
Le 31/08/2013 à 14h59
Le 31/08/2013 à 16h25
Le 31/08/2013 à 17h02
La comparaison veut simplement pointer du doigt qu’on n’a pas besoin d’une autorité qui régule le medium. La loi suffit, s’il y a problème, la justice est là pour trancher.
En gros c’est ce qui est dit ici depuis des années. Mais quand on le dit, au lieu de se réjouir, on préfère évoquer d’autres problèmes " />
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Le 31/08/2013 à 17h04
Le 31/08/2013 à 18h16
Le 31/08/2013 à 21h12
moi je m’en fou de tout ce qu’ils disent .. j’ai juste compris qu’ils voulaient notre peau et qu’il serait grand temps qu’on leur tonde les plumes.
Le 01/09/2013 à 06h49
Le 01/09/2013 à 08h33
(127..)
“J’étais sérieux dans ce commentaire. Les intérêts des industries sont imbriqués les uns dans les autres, et tout changement dans un processus connu et maitrisé est un “risque” pour ces industries… C’est la raison pour laquelle les lobbys industriels (et syndicaux) poussent pour la continuité du fonctionnement actuel plutôt que pour un bouleversement. “
salut
c’est sûr qu’il faudrait “repartir de 0 , et rebâtir une néo-Société”, mais SI on touche à une partie
“du Bouzin”(les Intérêts sont, tellement, imbriqués les uns dans les autres), QUE c’est TOUT “le Système” qu’il faut réformer ! :mad
Le 01/09/2013 à 10h39
Le 02/09/2013 à 08h18
Le 02/09/2013 à 08h45
Le 02/09/2013 à 08h48
Le 31/08/2013 à 06h14
Dans la presse écrite, il n’existe pas d’autorité de régulation en tant que telle.
Comparer Internet à la presse écrite est incroyablement réducteur. D’ailleurs le problème actuel d’internet n’est pas la liberté de la presse, mais le droit d’auteur. Avant de vouloir réguler quoi que ce soit, commencez par réformer les institutions archaïques.
Le 31/08/2013 à 06h16
Je doute qu’il y aie concrètement une remise en question de toute l’industrie du divertissement…" />
Ce qui serait déjà LE point le plus important de réduction du piratage et partage des fichiers piratés.
Le 31/08/2013 à 06h36
Vu le volume de texte sur internet, la comparaison avec la presse écrite n’est pas adaptée. Les sites sont multiples, pas tous hébergés de la même façon.
Faire des procédures de demandes d’identification, pour un commentaire sur une plateforme, ça risque de coùter cher en temps. L’utilisateur n’est identifiable que par une boite mail, qui ne permet pas forcément de remonter facilement …
Je suppose que c’est la motivation de la responsabilisation de l’hébergeur : on crée un niveau de responsabilité, sur une cible facile à taper.
Bientôt, certains inonderont des sites avec leurs commentaires, juste pour nuire à l’hébergeur.
Le 31/08/2013 à 07h00
. Avant de vouloir réguler quoi que ce soit, commencez par réformer les institutions archaïques.
Tout a fait. De toutes façons, Même si une tentative de régulation était mise en place, que ça soit pour la presse ou quoi que ce soit d’autre (Mis a part les sites a caractères tendancieux[..]) je serais le premier a tenter de contrer ça.
Certaines plateformes ont déjà mises en place le système de vérification via Carte d’identité (Voir Second life par exemple) ce qui n’es pas une mauvaise idée, mais qui en même temps n’es pas vraiment une solution valable.
M’enfin, Affaire a suivre
Le 31/08/2013 à 07h05
C’est surtout le piratage qui les inquiète…
Parce que les insultes ne rapportent pas d’argent… C’est un moyen détourné cette affaire. Selon moi.
Le 31/08/2013 à 08h18
Le 31/08/2013 à 08h47
Bloche présidera l’éventuelle CMP
« je souhaite la présider. C’est dans mes fonctions de président de la commission des affaires culturelles. »
Antinomique un peu, non ?
Ce que j’en comprends, c’est que bien que ce soit dans ces attributions de présider cette CMP, c’est pas gagné d’office et ca ne va pas forcement de soi…
Le 31/08/2013 à 08h50
Faire des textes spécifiques à Internet ?… Il en existe déjà, et à chaque fois qu’on en adopte un ce sont toujours les mêmes qui râlent ! C’est le cas de la LCEN qui a transposé une directive européenne et son fameux critère du “manifestement illicite” avec la distinction hébergeur/éditeur.
Quoi qu’on fasse il y en aura toujours pour râler car ceux qui râlent veulent au final qu’une seule chose : qu’Internet soit totalement dérégulé et qu’on les laisse faire ce qu’ils veulent. L’Etat de droit est là pour garantir que chacun puisse exercer ses libertés, on en a besoin sur Internet comme ailleurs.
Le 31/08/2013 à 09h26
Le 31/08/2013 à 09h52
La loi doit permettre la liberté de communication garantie par la Constitution et apporter les adaptations nécessaires au droit commun.
Nan mais c’est quoi ce type? La loi, elle s’adapte à Internet, et pas le contraire. Le minitel, c’est fini!
Et puis, la loi s’applique très bien au Net, je vois pas l’utilité pour l’intérêt commun (mais pour les politiques, oui c’est clair).
Le 31/08/2013 à 09h54