Les principaux opérateurs télécoms français ont désormais dévoilé leur résultat financier et donc leurs chiffres de recrutements d'abonnés internet et mobiles au 30 juin 2013. L'occasion pour nous de faire un bilan général sur le secteur télécom.

Mobile : la surprise SFR

Comme chaque trimestre, les opérateurs dévoilent donc leurs derniers chiffres. Dans le cas présent, ces sociétés ont plutôt publié leurs données semestrielles, mais nous avons ramené ces chiffres pour le deuxième trimestre de l'année uniquement, ceux du premier étant connu depuis plusieurs mois.

Dans le secteur mobile, nous avons donc quatre entreprises disposant d'une licence, et autant de bilans peuvent être réalisés. D'un côté, Orange, qui comptait il y a peu encore plus de 27 millions de clients, continue sa régression cette année, après avoir pourtant enregistré un beau rebond fin 2012. Bouygues, grâce à B&You principalement, limite les dégâts et arrive à stabiliser son nombre de clients. SFR, après avoir souffert en 2012 avec 773 000 clients perdus, a réalisé un très beau trimestre cette année, son meilleur depuis 2011 et l'arrivée de Free Mobile. Reste à savoir s'il arrivera à confirmer ces excellents résultats.

Free Mobile domine, mais faiblit

Enfin, Free Mobile continue de dominer les débats comme il le fait depuis un an et demi maintenant, porté par son offre très agressive à 2 euros par mois. Néanmoins, notez qu'il s'agit du plus mauvais trimestre de l'opérateur depuis son arrivée sur le marché. En effet, Free Mobile a recruté 2,610 millions d'abonnés mobiles au premier trimestre 2012, puis 990 000 clients le trimestre suivant, 805 000 ensuite, 800 000 fin 2012, 870 000 début 2013 et donc 720 000 ce trimestre.

Il est logique et normal que l'opérateur voit son rythme décroitre. Si pour l'instant, malgré ce recul, Free reste le roi du marché mobile, cela pourrait ne pas durer bien longtemps, d'autant que tous ses clients sont libres d'engagement et que plus un opérateur compte d'abonnés, plus les départs augmentent. Il faudra donc surveiller de près l'évolution des recrutements de Free Mobile lors des prochains trimestres. 

Internet : le marché français proche de la pleine maturité ?

Concernant le tableau ci-dessus, deux sens de lecture peuvent être faits. Le premier, si l'on prend chaque opérateur de manière individuelle, montre que Free domine ici aussi les débats, avec près de 50 % de recrutement de plus qu'Orange, 100 % de plus que SFR et 500 % de plus que Bouygues ou encore Numericable. Mais c'est bien le sens de lecture général qui importe ici.

Les cinq opérateurs n'ont en effet recruté que 155 000 nouveaux clients haut et très haut débit lors de ce deuxième trimestre 2013. Si l'on regarde uniquement les précédents trimestres, nous pouvons remarquer que la chute est brutale. Lors du dernier trimestre 2012, ce n'est pas moins de 296 000 nouveaux clients internet qui ont été recrutés par ces cinq opérateurs, soit moins que lors des précédents trimestres. Et au début de l'année, seuls 255 000 recrutements ont été réalisés par ces mêmes opérateurs.

Depuis plusieurs trimestres, le nombre de nouveaux abonnés internet décroît sensiblement, néanmoins, ce deuxième trimestre 2013 a été particulièrement médiocre en la matière. D'un côté, l'ADSL s'effondre, et de l'autre, la fibre optique progresse à pas de tortue, malgré les efforts d'Orange. Ceci alors que des millions de foyers en France ne sont toujours pas connectés à Internet. Ces derniers sont néanmoins peut-être des irréductibles qui ne se connecteront jamais à la toile.

Les opérateurs devront donc désormais trouver leur croissance en recrutant des clients uniquement chez leurs concurrents, alors qu'auparavant, les nouveaux abonnés représentaient une partie majeure de ces recrutements. Cela signifie donc qu'à court ou moyen terme, nous risquons de voir régulièrement des opérateurs perdre des clients, comme c'est le cas dans le mobile. Une situation totalement nouvelle, dès lors que dans le passé, à quelques exceptions près, jamais les fournisseurs d'accès à internet n'ont perdu des abonnés.

Notez que toutes les données ci-dessus ne concernent qu'Orange, SFR, Bouygues, Free et Numericable pour le haut et très haut débit. Les autres opérateurs, OVH par exemple, n'ont pas été intégrés faute de chiffres précis à leur sujet. Il faut néanmoins se rappeler que ces opérateurs recrutent eux aussi des abonnés, bien qu'à des rythmes bien moindres des grands opérateurs. 

Nombre de clients total : le souffle de Free dans la nuque de Bouygues

Remarquez que si l'on cumule les clients mobiles et internet, Free est désormais dans le rétroviseur de Bouygues Telecom, puisque ce dernier compte 13,187 millions de clients, contre 12,313 millions pour Free. Orange reste largement devant en France avec 36,685 millions d'abonnés mobiles et internet, suivi par SFR avec 26,213 millions de clients. En un an et demi, Free a néanmoins plus de 7 millions de clients, tandis que ses concurrents ont globalement stagné voire régressé. Rappelons toutefois qu'il ne s'agit pas nécessairement de clients différents et que tous les opérateurs comptent des clients communs entre le mobile et le fixe, ceci via leurs offres quadriplay (ou équivalentes).

Enfin, d'un point de vue financier, les écarts restent importants sur la France. Orange a ainsi signé un chiffre d'affaires de 5,015 milliards d'euros (- 7,5 %), contre 2,514 milliards d'euros pour SFR (- 11,3 %), 1,139 milliard d'euros pour Bouygues et 922,2 millions d'euros pour Iliad. Nous avons donc un Orange deux fois plus puissant que SFR, lui-même étant plus imposant que Bouygues Télécom et Iliad réunis. Ce dernier se rapproche néanmoins à vitesse grand V de la filiale télécom du groupe Bouygues et un passage de témoin pourrait bien arriver lors des prochains trimestres.

Rappelons qu'en bourse, Orange est valorisée à 20,37 milliards d'euros, contre 20,60 milliards pour le groupe Vivendi (maison-mère de SFR), 7,55 milliards pour le groupe Bouygues, et 10,70 milliards pour Iliad. Le trublion du secteur télécom est d'ailleurs proche de son record historique en ce moment même. Notez qu'avant le lancement de Free Mobile, le groupe Iliad avait une valorisation quasi deux fois moindre qu'aujourd'hui, avec une action dans les 90 euros, contre plus de 185 euros désormais. Durant le même temps, l'action de Bouygues a plutôt stagné (grâce à une forte remontée ces derniers mois), tandis que Vivendi a perdu un quart de sa valeur, et Orange plus d'un tiers.