Combien l’État rembourse aux opérateurs au titre des interceptions judiciaires
Satisfait ou remboursé
Le 10 octobre 2013 à 06h30
7 min
Droit
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Devenus de véritables auxiliaires de la justice et de l’État lorsque des enquêtes nécessitent par exemple de géolocaliser un mobile, les opérateurs de téléphonie et les fournisseurs d’accès à Internet bénéficient d’une indemnisation pour les services qu’ils rendent à la collectivité. Les remboursements alloués au titre de ces prestations viennent d’ailleurs d’être actualisés.
Ces nouvelles dispositions ont été validées durant l’été, mais elles viennent de paraître ce matin au Journal Officiel. Au travers de trois arrêtés datés respectivement du 21 août, du 23 août et du 24 septembre dernier, le gouvernement a mis à jour les montants remboursés par l’État lorsqu’il adresse des réquisitions aux opérateurs de téléphonie (fixe comme mobile) ou aux fournisseurs d’accès à Internet. En clair, il s’agit de l’indemnisation à laquelle peuvent prétendre ces différents intermédiaires techniques dès lors que les autorités exigent leur collaboration.
Par exemple, à partir de demain, l’État allouera 18 centimes d’euros (hors taxes) par IP aux FAI lorsqu’ils identifieront plus de 20 abonnés « à partir d'une demande dématérialisée conforme sur des adresses IP horodatées », et à condition que le fournisseur d’accès n’ait à effectuer qu’une recherche sommaire dans son système d’information. Il en coûtera en revanche 18 euros au Trésor Public si les autorités veulent obtenir d’un FAI les éléments d'identification relatifs à une personne physique (ainsi qu’à son installation, sa connexion, son contrat...), s’ils ne fournissent qu’une simple adresse IP horodatée et des « informations complémentaires ». Pour intercepter le trafic DATA/IP émis et reçu par un accès internet, l’État devra débourser 24 euros.
Tarifs pour la téléphonie mobile
En matière d’interceptions de sécurité, il en coûtera désormais 3,06 euros aux finances publiques pour l’identification d'un abonné mobile à partir de son numéro d'appel, des caractéristiques techniques de sa ligne ou du numéro de sa carte SIM. C’est d’ailleurs le même prix pour obtenir l’historique d'attribution d'un numéro d'appel. L’État pourra également connaître - pour 4,08 euros - le point de vente à partir duquel un client s’est abonné, et ce si les autorités fournissent soit un numéro d'appel, un numéro de carte SIM, un identifiant d'abonné (IMSI) ou un identifiant de téléphone (IMEI).
Pour obtenir la localisation en temps réel d'un mobile, et donc suivre l’appareil à la trace, les autorités payeront 20 euros pour la mise en suivi, plus 8 euros par jour de fonctionnement.
Extrait des tarifs applicables aux opérateurs de téléphonie mobile (montants hors taxes).
Tarifs pour la téléphonie fixe
S’agissant des réquisitions concernant des lignes de téléphonie fixe, le tarif de l’identification d’un abonné peut aller de 53 centimes s’il y a plus de 20 numéros à rechercher et si la demande est transmise par voix électronique, à 4,08 euros s’il n’y en a qu’un seul numéro à identifier. Pour obtenir la date, l'horaire et la durée de chaque communication effectuée depuis une ligne, l’État devra payer 10,20 euros pour obtenir le détail des appels entrants et sortants d'un abonné sur une période indivisible de 31 jours. Il lui en coûtera ensuite 1 euro supplémentaire par mois.
L’ARCEP salue avec « satisfaction » une clarification vis-à-vis des FAI
Si les tarifs n’évoluent finalement assez peu à comparer du précédent arrêté précisant ces tarifs (arrêté du 26 mars 2012), le principal apport de ces textes réside dans la fixation officielle des remboursements associés aux services rendus par les FAI. « Bien que les articles L. 34-1-1 et R. 10 - 13 du Code des postes et des communications électroniques imposent aux opérateurs la conservation [des données liées à l'utilisation d'internet], les tarifs des prestations dédiées à l'internet n'avaient encore jamais été fixés » relève ainsi l’ARCEP dans son avis rendu vis-à-vis de ces arrêtés, publié lui aussi au JO de ce matin. « La détermination et la tarification de ces prestations permettent ainsi aux opérateurs de connaître de manière précise et transparente les données qu'ils sont susceptibles de devoir fournir ainsi que les tarifs associés » retient le régulateur des télécommunications. Ce dernier salue d’ailleurs avec « satisfaction » cette évolution, qui apportera selon lui « plus de transparence et de lisibilité aux opérateurs de communications électroniques ».
Dans son avis, l’ARCEP note également que ces arrêtés « indiquent désormais que, pour les prestations ne figurant pas dans les tableaux annexés, le montant du remboursement ne sera plus uniquement déterminé sur devis mais pourra être déterminé en accord avec les opérateurs ». Autrement dit, l’État pourra s’engager bien plus facilement dans des marchandages avec les intermédiaires techniques, avec à la clé- on le devine - l’espoir de réaliser des économies. Car la facture s'est révélée salée pour le Trésor Public ces dernières années, comme le regrettait un rapport parlementaire paru l'année dernière (voir notre article). En cause, notamment, l'augmentation du nombre de réquisitions judiciaires au cours des dernières années.
Le rapport saluait cependant la mise en place, prévue pour le courant de l’année 2013, d’une plateforme nationale aux interceptions judiciaires (PNIJ) afin de permettre « aux officiers de police judiciaire d’envoyer aux opérateurs de téléphonie mobile leurs réquisitions de façon dématérialisée et de valider, également par voie dématérialisée après réception de la prestation, le service fait ». L’objectif ? Des gains de temps mais aussi - et surtout - d’argent, le tout étant permis par l’automatisation de la nouvelle plateforme : « Les opérateurs, qui n’auront plus besoin d’établir de mémoires de frais, adresseront mensuellement et de façon dématérialisée leur facture pour paiement. Les frais seront payés au plan central, et non plus par les juridictions » indiquait ainsi le rapport Eckert.
Et pour les FAI réquisitionnés dans le cadre de la riposte graduée ?
Alors que les FAI n’ont toujours pas perçu un centime au nom des identifications d’abonnés réalisées pour le compte de la Hadopi, la publication de ces arrêtés permet de se faire une petite idée de l’addition que pourrait avoir à régler l’État. Avec près de 2,35 millions d’abonnés avertis à la fin septembre, et en prenant le tarif le plus bas (18 centimes par IP), l’on en arriverait à un total de 423 000 euros minimum. Mais la facture est encore plus salée que ça, de l'ordre de plusieurs millions d'euros. Et pour cause : le ministère de la Culture n'ayant pas publié le texte permettant d'encadrer ces remboursements, les FAI ont appliqué un tarif libre.
Quoi qu'il en soit, peu importe pour l'instant le montant de la douloureuse, la balle saute continuellement du ministère de la Culture à la Rue du Texel, chaque institution estimant que ce n’est pas à elle d'indemniser les opérateurs.
Combien l’État rembourse aux opérateurs au titre des interceptions judiciaires
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Tarifs pour la téléphonie mobile
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Tarifs pour la téléphonie fixe
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L’ARCEP salue avec « satisfaction » une clarification vis-à-vis des FAI
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Et pour les FAI réquisitionnés dans le cadre de la riposte graduée ?
Commentaires (49)
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Abonnez-vousLe 10/10/2013 à 08h03
On comprends mieux pourquoi ils ne veulent pas rembourser." />
Le 10/10/2013 à 08h05
L’ARCEP salue avec « satisfaction » une clarification vis-à-vis des FAI
J’ose pas imaginer comment c’était avant, ce tableau ressemblant pour moi à une usine à gaz.
Et pour les FAI réquisitionnés dans le cadre de la riposte graduée ?
…
Quoi qu’il en soit, peu importe pour l’instant le montant de la douloureuse, la balle saute continuellement du ministère de la Culture à la Rue du Texel, chaque institution estimant que ce n’est pas à elle d’indemniser les opérateurs.
Et parfois on me demande pourquoi je crois pas en la politique.
Quand je vois la France capable de générer pareils monstres, faut pas s’étonner.
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Le 10/10/2013 à 08h15
Le 10/10/2013 à 08h55
Le 10/10/2013 à 08h55
Quoi qu’il en soit, peu importe pour l’instant le montant de la douloureuse, la balle saute continuellement du ministère de la Culture à la Rue du Texel, chaque institution estimant que ce n’est pas à elle d’indemniser les opérateurs.
On voit comment la Hadopi a été monté, tout ça pour éviter d’en savoir le moins possible sur le prix exacte de cette usine à gaz. A part que quand c’est pour payer, ils jouent au ping-pong, “Ce n’est pas moi ! C’est à toi” " />
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Le 10/10/2013 à 09h07
Le 10/10/2013 à 09h16
Soyons d’honnêtes citoyens …. nous avons l’exemple de tous nos politiques. " />
Le 10/10/2013 à 09h43
Le 10/10/2013 à 09h56
et si la demande est transmise par voix électronique
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Le 10/10/2013 à 10h12
Le 10/10/2013 à 10h46
Le 10/10/2013 à 10h55
Le 10/10/2013 à 10h56
Le 10/10/2013 à 11h00
Le 10/10/2013 à 11h07
Le 10/10/2013 à 11h23
Le 10/10/2013 à 07h00
Juste comme ça, ça se passe comment pour les autres types de réquisitions de la Police ?
Je dis ça vu que je connais des concernés par le système “Fax-Fax”…
toutes les réquis seront dématérialisées ?
Le 10/10/2013 à 07h39
A partir d’une URL de site visité horodaté …
Comment un FAI peut être au courant de ce genre de chose? A part faire du DPI?
Le 10/10/2013 à 07h51
Pas besoin de DPI pour ça. L’url est une méta donnée qui transite en clair sur le réseau.
Il me semble que ces informations doivent être conservées par les FAI, mais je n’ai pas de précision sur le sujet, je te laisse chercher " />
Le 10/10/2013 à 07h57
interception du traffic DATA/IP
j’ignorais que l’etat pouvais faire cela
avec ou sans l’autorisation d’un juge?
Le 10/10/2013 à 07h58
Le 10/10/2013 à 07h59
Le 10/10/2013 à 11h32
Le 10/10/2013 à 11h39
Le 10/10/2013 à 11h41
Le 10/10/2013 à 12h17
Le 10/10/2013 à 12h28
Le 10/10/2013 à 12h48
Le 10/10/2013 à 14h13
Le 10/10/2013 à 14h22
Quand tu dis ça :
Le 10/10/2013 à 16h09
Le 10/10/2013 à 17h25
l’État / trésor public devra débourser 24 euros
M’ enfin l’état, le peuple devra payer, ENCORE en fait c’est comme si les tarifs de l’ADSL augmentent, indirectement et pour tout le monde, ceux qui n’ont pas Internet paient aussi !!
Le contribuable paient à fond perdu pour l’id hadopienne !
Pourquoi ceux ne sont pas les majors privés qui payeraient, vu qu’ils ont tout fait pour nous fliquer, sous prétexte de speudo sauvegarde de la création, rémunération des artistes (plutôt train de vie à conserver) ? " />
Le 10/10/2013 à 18h27
Le 10/10/2013 à 19h10
Le 10/10/2013 à 19h10
Le 10/10/2013 à 20h02
Le 10/10/2013 à 20h04
Le 10/10/2013 à 20h09
Le 10/10/2013 à 20h19
Le 10/10/2013 à 20h23
Le 10/10/2013 à 21h40
Le 10/10/2013 à 21h56
Comme Dyblast, j’ai un problème avec cette histoire d’URL.
Pour l’URL, je pense plus a un système de proxy, du coup c’est un intermédiaire technique et on communique l’URL à la quelle on veut se connecter “volontairement” au proxy, donc au FAI, et il peuvent (doivent) sans doute la loguer. Si quelqu’un peut confirmer?
Mais récupérer l’URL dans le paquet contenant la requête http, là non! C’est du DPI.
Pas compliqué certes, mais tout de même du DPI.
La question est, passe t-on forcément par un proxy du FAI, même si le navigateur n’en a aucun de configuré? Je ne sais pas?
En théorie https doit protéger de ce genre de surveillance.
Le 10/10/2013 à 23h52
Le 11/10/2013 à 00h22
Le 11/10/2013 à 07h42
Le 11/10/2013 à 12h36
Le 11/10/2013 à 18h47
Le 14/10/2013 à 07h52
Le 14/10/2013 à 09h08