Quand Axelle Lemaire s’opposait à la surresponsabilité des intermédiaires
Axelle et ses cellules
Le 10 avril 2014 à 08h00
5 min
Droit
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Fraîchement nommée secrétaire d’État au numérique, l’ancienne députée socialiste Axelle Lemaire va pouvoir déjà passer de la parole aux actes. Celle-ci avait en effet marqué, au moins un temps durant, son opposition à un article du projet de loi sur l’égalité entre les femmes et les hommes qui accentue la responsabilité des intermédiaires.
Comme nous l’avons vu encore hier, l’article 17 de ce projet de loi sur l’égalité entre les femmes et les hommes modifie la loi sur la confiance dans l’économie numérique (LCEN) de 2004. Il va obliger les FAI et les hébergeurs à transmettre à la plateforme Pharos les écarts de la liberté d’expression. Le texte est porté par la ministre Najat Vallaud-Belkacem.
Actuellement, les intermédiaires doivent transmettre à cette plateforme policière les faits les plus graves dénoncés par les internautes : l’apologie des crimes contre l’humanité, l’incitation à la haine raciale et la pornographie enfantine. Bref, du lourd. Mais la ministre des droits de la femme veut ajouter à la liste les contenus sexistes, handiphobes ou homophobes en demandant au surplus aux intermédiaires de faire le ménage.
Le texte est maintenant en seconde lecture au Sénat mais on se souviendra cependant des positions d’Axelle Lemaire à l’Assemblée nationale en date du 24 janvier. La députée, devenue hier secrétaire d’État au numérique, demandait par amendement la suppression pure et simple de ce dispositif.
Risque d'inconstitutionnalité
Pourquoi ? Elle faisait valoir plusieurs arguments, visiblement solides : elle soulevait déjà un risque d’inconstitutionnalité de la mesure puisque ces nouvelles infractions dépassent le cadre du « manifestement illicite » cher aux sages de la Rue de Montpensier (voir notre émission avec Arrêt sur Images et notre dossier). « En toute logique, le Conseil Constitutionnel devrait donc à nouveau censurer tout élargissement de la responsabilité de l’hébergeur, tant on peut douter de la capacité de ce dernier à juger du caractère « manifeste » de bien des discriminations entre les hommes et les femmes. »
Il y a aussi un problème sociétal voire philosophique. Si Lemaire admettait la nécessité de lutter contre ces infractions, elle exhortait la ministre de ne « pas confier ce rôle de censeur à des sociétés privées. Hors des cas les plus patents, tels que la pédopornographie ou l’apologie de crimes contre l’humanité, il est essentiel qu’une autorité judiciaire indépendante ordonne ce retrait ». Pour épauler son argumentaire, elle citait l’exemple de Facebook qui n’a pas hésité à censurer « une photo de mammographie ou encore une copie de « L’origine du monde » de Courbet, selon des critères pour le moins arbitraires au regard de notre culture et de nos lois. »
« N’accroissons pas encore le pouvoir de censure d’opérateurs privés » implorait-elle, avant de signaler un autre risque : « une plate-forme de police qui pourrait être noyée sous un très grand nombre de signalements, dont certains, en visant des contenus licites, deviendraient inopportuns. »
Des intermédiaires chargés de mettre fin aux propos sexistes sur Internet
En face, Najat Vallaud Belkacem sera inflexible. Elle demandera malgré tout aux députés de voter ce texte : « le Gouvernement vous propose d’adopter cet article 17 permettant d’imposer aux FAI et aux hébergeurs un dispositif de signalement à disposition des internautes afin que ces derniers puissent dire, à chaque fois que cela se présente, qu’ils ont vu passer des messages de haine (…), qu’ils soient sexistes ou autres et que, ensuite, le FAI ou l’hébergeur prenne des dispositions pour y mettre fin ».
Y mettre fin ? Axelle Lemaire tiendra la barre : « les hébergeurs ne sont pas en mesure de juger efficacement de la licéité des contenus – sachant que, de surcroît, le Conseil constitutionnel leur demande d’opérer un jugement manifeste et non pas certain. Tout cela s’étant fait dans l’opacité la plus totale, nous ne connaissons pas les critères utilisés par les intermédiaires. »
La ministre des droits de la Femme la priera malgré tout de retirer son amendement, lui expliquant la programmation d’un futur texte « cohérent sur les libertés numériques et les bornes à leur fixer ». Sans aucune date affichée, mais croix de bois, croix de fer, « il vous sera présenté dans quelque temps et sera constitué à partir des conclusions du groupe de travail interministériel sur les libertés numériques ». Comme si le texte allait revenir sur ces dispositions.
Fait notable, Axelle Lemaire retirera finalement son amendement. Désormais au poste de secrétaire d’État au numérique, celle-ci aura toute l’opportunité pour passer de la parole aux actes. Nous en sommes certains. Ou presque.
Quand Axelle Lemaire s’opposait à la surresponsabilité des intermédiaires
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Risque d'inconstitutionnalité
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Des intermédiaires chargés de mettre fin aux propos sexistes sur Internet
Commentaires (50)
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Abonnez-vousLe 10/04/2014 à 14h18
Le 10/04/2014 à 15h06
Le 11/04/2014 à 04h59
Il suffira de louer un site aux USA ou la liberté d’expression est très large et là les gens voulant se lâcher seront tranquille.
La police d’internet sera privée et devra être zélée." />
Le 12/04/2014 à 09h28
Le 10/04/2014 à 08h11
Je vous encourage à lire ce livre au vu des derniers remaniements. Valable aussi bien pour la gauche que pour la droite.
Le 10/04/2014 à 08h12
eh ben y’en a qui perdent pas de temps! " />
Le 10/04/2014 à 08h12
Effet Filippetti en vue ? Voyons si les ministres de combat auront le courage de leurs opinions.
Le 10/04/2014 à 08h13
Elle va faire comme Filippetti, devoir garder pour elle ses objections…
Le 10/04/2014 à 08h18
Note perso: faire attention entre ce que pense les gens avant d’arriver sur un poste et ce qu’il font ensuite sur ce même poste ….
Voir aussi NKM est les antennes relais (je me souviens plus exactement des détails mais d’abord pour l’abaissement important des émissions des antennes relais puis une fois au ministère autorise une émission plus forte)
(bref à voir dans la durée)
Le 10/04/2014 à 08h19
Le 10/04/2014 à 08h19
Cèdera-t-elle à la mode de la veste réversible ? Si c’est l’uniforme règlementaire, elle ne va pas avoir trop le choix…
Le 10/04/2014 à 08h22
Le 10/04/2014 à 08h25
Le 10/04/2014 à 08h25
Le 10/04/2014 à 08h29
Le 10/04/2014 à 08h36
c’est vrai que sanctionner le fait de tenir des propos sexistes sur un forum va faire changer les mentalités… donc si je dis “qu’est-ce qu’elle est conne” ce sera du sexisme? de même faire une remarque homophobe sera sanctionnée, par contre je peux continuer à traiter les autres de “petit gros” “petit zizi” parce que certaines discriminations sont moins graves que d’autres?
Le 10/04/2014 à 08h38
La politique, une histoire de brasseurs d’air, et de girouettes.
Le 10/04/2014 à 08h40
Le 10/04/2014 à 08h40
Le 10/04/2014 à 08h41
Le 10/04/2014 à 08h50
Le 10/04/2014 à 08h51
Le 10/04/2014 à 08h52
Le 10/04/2014 à 08h53
Le 10/04/2014 à 08h54
Je vais finir par croire que le gouvernement fonctionne selon le principe de Dilbert" />
Le 10/04/2014 à 08h57
Le 10/04/2014 à 08h59
La ministre des droits de la Femme la priera malgré tout de retirer son amendement, lui expliquant la programmation d’un futur texte « cohérent sur les libertés numériques et les bornes à leur fixer ». Sans aucune date affichée, mais croix de bois, croix de fer, « il vous sera présenté dans quelque temps et sera constitué à partir des conclusions du groupe de travail interministériel sur les libertés numériques ».
Tout le monde sait que Najat Vallaud-Belkacem n’est pas une menteuse." />
Le 10/04/2014 à 09h03
Le 10/04/2014 à 09h10
Le 10/04/2014 à 09h10
Le 10/04/2014 à 09h14
Ce que je ne comprends toujours pas, c’est pourquoi les responsables des autoroutes ne sont pas chargé de faire respecter la loi sur les dites autoroutes.
Enfin, ils peuvent facilement voir les voitures qui roulent trop vite et les bloquer aux péages. Je suis sûr qu’ils ont même moyen de voir les gestes de haines que font certains conducteurs grâce aux caméras de sécurité. Hop, un doigt d’honneur et on empêche le conducteur de passer le péage.
Le 10/04/2014 à 09h16
Le 10/04/2014 à 09h20
Le 10/04/2014 à 09h21
Le 10/04/2014 à 09h26
Le 10/04/2014 à 09h29
Le 10/04/2014 à 09h29
“passer de la parole aux actes. Nous en sommes certains. Ou presque.” Ou pas !
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Le 10/04/2014 à 09h31
ENCORE une reculage… fait CH* " /> " />
Le 10/04/2014 à 09h33
Le 10/04/2014 à 09h33
Le 10/04/2014 à 09h37
Le 10/04/2014 à 09h41
Le 10/04/2014 à 09h45
Le 10/04/2014 à 10h09
Le 10/04/2014 à 10h13
Le 10/04/2014 à 10h27
Ce qui est inquiétant avec les censeurs, c’est qu’ils partent toujours de faits évidents et acceptés par tout le monde : haine raciale, appel au meurtre, pédophilie, sont proscrits ce qui est normal, mais le glissement s’opère sur des choses futiles et mineures selon le même principe, et là il s’agit pourtant d’un autre registre.
« Sale bonne femme » sera sanctionné ?
Comme « Sale type » ? Est-ce du sexisme dans les deux cas ?
« Sale pédé » c’est plus grave que les précédents, ou pas, sachant qu’on traite de « pédé » un individu qui ne l’est pas (pédéraste c’est pédophile), mais s’il est homo, y a-t-il connotation et désignation des homosexuels ?
« Sale gosse » c’est plus grave ou pas ? => Discrimination contre les enfants ?
Hollande est un con, Sarkozy est un con, est-ce une insulte à personne ayant autorité ?
La liste est longue de ce qu’on pourra interdire, selon l’humeur d’un politique par exemple, ou d’une minorité ayant pignon sur rue.
Le 10/04/2014 à 10h32
C’est marrant ces lois fourrre-tout, surtout lorsqu’il s’agit de contrôler les masses, selon les humeurs de personnes plus ou moins influentes, selon l’humeur d’un juge.
Ainsi les censeurs ont à leur disposition un arsenal juridique prêt à l’emploi, se protégeant de leur responsabilité quelque part : un dérapage verbal, un groupe d’opposition un peu gênant, et hop, on peut dégainer à loisir, menacer de sanctions judiciaires, pratique et on se couvre, pas vrai ?
Le 10/04/2014 à 12h45
Le 10/04/2014 à 13h43
Quelqu’un l’a contactée via Twitter pour lui faire une piqûre de rappel ? " />
Le 10/04/2014 à 13h51
Grace à Najat si vous etes pour la neutralité du réseau, vous devenez un sale macho nazi
allez najat fait nous une reforme de la poste pour qu’on controle les odieuses personnes qui ecrivent des propos sexistes dans leur correspondance privée à d’autres personnes
allez demandons à ce que nos courriers soient ouverts et lus et numérisés et stockés pour un an afin de servir contre nous au cas ou